Bonaire - Curaçao - Aruba

Retour à la civilisation par Pascale


Notre périple au Venezuela s'achève avec notre arrivée à Bonaire. Pas facile de reléguer au rang de souvenirs ces quelques mois de notre vie pour le moins uniques! Mais Bonaire à notre grande surprise va se révéler être une excellente étape pour un retour tout en douceur à la réalité et à la civilisation. Ce sera également l'occasion de faire de nouvelles rencontres et de prendre des décisions importantes pour la suite de notre voyage.

Les îles ABC

Mais d'abord, "Bonaire, Bonaire, vous avez dit Bonaire?"
Cette petite île fait partie des Antilles néerlandaises qui sont un ensemble de cinq îles situées dans la mer des Caraïbes : Bonaire, Curaçao, Saba, Saint-Eustache (Statia) et la partie méridionale de l'île de Saint-Martin (Sint Maarten). C'est un territoire appartenant aux Pays-Bas qui incluait Aruba jusqu'au 1er janvier 1986, date à laquelle l'île s'est détachée des Antilles néerlandaises pour constituer un gouvernement autonome au sein du royaume des Pays-Bas. La monnaie locale est le NAF (Nederlands Antilles Florin) ou guilder, mais le dollar est également très largement utilisé.
Les îles des Antilles néerlandaises sont classées en deux groupes suivant leur situation géographique :
- les Îles au Vent avec Sint-Maarten, Saint-Eustache et Saba qui sont situées au nord des petites Antilles, à l'est de Porto Rico et furent découvertes par Christophe Colomb en 1493.
- les Îles sous le Vent avec Bonaire, Curaçao ainsi qu'Aruba (bien qu'elle n'en fasse plus partie) qui sont situées au large des côtes du Venezuela et furent découvertes par Alonso de Ojeda, lieutenant de Christophe Colomb en 1499. Les ABC est l'abréviation communément utilisée pour désigner ces trois ex-colonies hollandaises, Aruba, Bonaire et Curaçao, même si elles ne sont pas situées dans l'ordre alphabétique (en venant de l'est, c'est d'abord Bonaire, puis Curaçao et enfin Aruba).

Dans les ABC, les langues parlées sont principalement le papiamentu, le néerlandais (langue officielle parlée par les Hollandais mais peu ou pas utilisée par les locaux), l'anglais (pour les touristes principalement Américains), et l'espagnol (avec les Vénézueliens et les Colombiens, et la plus parlée après le papiamentu).
Le papiamentu, comme tous les créoles, s’est formé aux XVIe et XVIIe siècles, à la faveur de la traite des esclaves noirs par les puissances coloniales de l'époque. Ne partageant pas la même langue, les esclaves ont développé systématiquement le créole afin d’assurer la communication entre eux et dans certains cas, s'en sont servi comme une langue secrète, car il restait incompréhensible pour les propriétaires blancs qui parlaient le portugais. Le papiamentu, qui est devenue la langue maternelle des générations suivantes, est à base de portugais émaillé d'emprunts espagnols, néerlandais, français, anglais, africains et indiens, c'est une langue amusante à entendre! Elle a un rythme singulier et semble facile à apprendre. Voici quelques mots et phrases utiles en Papiamentu:

Bon Bini: Bienvenue
Bon dia: Bonjour
Bon tardi: Bonsoir
Bon nochi: Bonne nuit
Bonne journée: Pasa un bon dia
Con ta bai: Comment allez-vous?
Mi ta bon: Je vais bien
Danki: Merci
Mi amor: Mon amour
bin aki: Viens ici

kwanto esaki ta costa: Combien ça coûte?
suku: Sucre
salo: Sel
pika: Poivre
Ranka Lenga: Rouler un patin

Quant à nous, on utilise un patois mélangeant anglais, espagnol, français, plus quelques mots du langage local, en y ajoutant les mains quand on a tout essayé en vain, et ça marche! Les enfants se débrouillent d'ailleurs pas mal du tout!

 

BONAIRE
du 15 Juin au 13 Juillet

L'entrée à Bonaire
On nous avait prévenu que les services d'immigration de Bonaire sont très pointilleux: il faut un tampon de sortie du Venezuela récent pour obtenir l'autorisation d'entrée à Bonaire, sinon on risque de se voir refuser l'entrée sur leur territoire. Et comme beaucoup d'autres bateaux, nous n'avons tout simplement pas fait la sortie du territoire vénézuelien, car des Aves, notre dernière escale au Venezuela, il faut naviguer au moins 24h contre le vent pour aller effectuer la sortie dans un port officiel, alors que Bonaire se trouve à une journée de navigation au portant. De plus, avec mon passeport périmé, on était à peu près sûr d'être recalés! Heureusement, on nous avait conseillé d'attendre 18h pour faire nos formalités: la douane, ouverte 24 heures sur 24, ne s'intéresse pas aux documents de sortie du dernier port visité et, comme les services d'immigration sont fermés après 18h, il faut faire viser son passeport à la police. Le préposé, que l'on avait attendu au moins 5 minutes, juste le temps de s'angoisser et de faire tenir les enfants tranquilles pour qu'ils ne fassent aucun commentaire sur mon passeport le moment venu, nous tend distraitement les formulaires à remplir, puis passe en revue les passeports et comme d'habitude s'attarde sur les photos des enfants qui ont bien grandi, nous fait-il remarquer en souriant! J'essaie de paraître sereine quand il feuillete le mien (s'il me regarde c'est foutu! ou alors je m'évanouie et ça fera diversion), mais il cherche une page vide pour apposer ses tampons, et hop! Il nous les rend en nous souhaitant un bon séjour! Ouf! Ca y est! Nous sommes officiellement entrés à Bonaire, pour une durée de 3 mois renouvelable! Je vais pouvoir enfin m'occuper de mon passeport, ce sera plus facile d'ici!


Les salines en arrivant sur Bonaire

Le Karel's bar à Kralendijk

Bonaire, le paradis de la plongée
Bonaire tout comme ses voisines Curaçao et Aruba ne bénéficie pas de sols riches et irrigués. Au XVII siècle, la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales les utilise comme lieu de transit et d'exploitation des esclaves venus d'Afrique jusqu'en 1863, date de l'abolition de l'esclavage dans ces îles. Aujourd'hui, l'économie de Bonaire est basée sur l'éco-tourisme, c'est un des plus beaux spots de plongée au monde, paraît-il! Les eaux territoriales de Bonaire et de sa petit île voisine, Klein Bonaire sont un parc sous-marin protégé (jusqu'à 60 mètres de profondeur) avec des règles strictes, chasse sous-marine interdite (on doit même signaler et remettre, en principe, ses fusils harpon à la douane le temps du séjour), seule la pêche à la traîne est autorisée et les bateaux ne peuvent utiliser leur ancre mais doivent s'amarrer aux corps morts payants mis à leur disposition. Il faut dire que la configuration des lieux est singulière: le rivage de sable blanc descend en pente douce sur une cinquantaine de mètres jusqu'à 10 mètres de profondeur, puis ce que l'on appelle communément "le tombant", avec ses récifs couverts de coraux multicolores plonge brutalement à 45° dans le grand bleu jusqu'à plus de 100 mètres. Un banc de dauphins passera même un jour à quelques mètres derrière le bateau, amarré à la limite du tombant. Dans ce paradis de la plongée, on a compté pas moins de 16 clubs de plongée et la côte sous le vent comporte une centaine de sites de plongée, répertoriés et indiqués par des bouées, auxquels les plongeurs accèdent en bateau ou en voiture, mais les touristes doivent passer leurs journées sous l'eau, car sur terre on n'a vraiment pas l'impression qu'il y en ait beaucoup. Nous ne ferons pas de plongée en bouteilles, mais nous en profiterons quand même tous les quatre en faisant de longues promenades, avec masque, palmes et tuba, le long du tombant. Nous n'avons même pas à gratter les coques, car en deux jours, une horde de poissons bagnards et pagres colas ayant élu domicile sous le bateau nous la nettoient mieux qu'au karcher! Les algues du Venezuela sont semble-t-il très appréciées, ils n'en laisseront pas une miette!


Pêcheur de thon à quelques mètres de la côte

Poissons bagnards sous le bateau


La visite de l'île
L'île mesure à peine 50 km de long et moins de 10 km de large et est habitée par environ 12000 personnes dont la majorité vit en permanence dans sa capitale Kralendijk, charmante bourgade aux allures tranquilles que l'on parcourra à pied, en long en large et en travers. Autant dire que le reste de l'île est quasi désert. On loue donc un pick-up et l'on part à l'aventure en direction du nord, sur la route étroite et en sens unique la plupart du temps, qui fait le tour de l'île. La végétation de l'île se résume à des cactus de toutes sortes, parfois gigantesques et des épineux. Après avoir dépassé l'usine de gaz, on ne tarde pas à voir les premiers représentants de la faune locale: lézards, perroquets verts, rapace, iguanes,... et même un âne sauvage.
Après la traversée du vieux village de Rincon, on entre dans le parc national Washington Slagbaai à l'extrémité nord de Bonaire. Une piste de terre et de cailloux nous emmène pour quelques heures à travers des forêts de cactus géants, sous un soleil de plomb. Nous y observons des flamants roses dans une lagune, des centaines de lézards aux couleurs fluo, des iguanes, des chèvres sauvages et même un chat au milieu de nulle part.
Sur la côte au vent, nous observons avec précaution le "blow hole", un trou dans la falaise calcaire qui souffle dans un effroyable grondement des embruns brumisés, conséquence de la houle qui s'abat dans une grotte en contrebas. En continuant, nous croisons un couple d'Américains a pied, peinant sous ce soleil écrasant, partis chercher de l'aide car leur voiture de location était en panne. En conjuguant nos efforts, nous arrivons à faire redémarrer leur voiture dont la batterie donnait des signes de faiblesse. Heureusement, car depuis plus d'une heure de voiture, nous n'avions encore vu personne!
Nous déjeunons à l'ombre d'un sous-bois, et nous pouvons observer à loisir toutes sortes d'oiseaux magnifiques dont l'oriole troupiale, espèce endémique des ABC. Il y a d'ailleurs plus de 200 espèces différentes répertoriées sur l'île.
A la vue de nos sandwiches appétissants, les iguanes au premier abord plutôt craintifs, deviennent de plus en plus agressifs et n'hésitent pas à venir nous intimider et même mordre les chaussures, il faut parfois les éloigner avec un bâton. Ils ne nous lâcheront qu'après avoir obtenu un trognon de pomme! En regagnant la voiture, nous assistons fortuitement à une scène d'accouplement d'iguanes sur le bord du chemin, le mâle mordant amoureusement (?!) la crête de la femelle, qui semble sourire (?!). On y va tous les quatre de nos commentaires et on s'éclipse discrètement pour ne pas troubler plus leur intimité après avoir quand même fait quelques photos, que je leur promets de ne pas vendre à "Paris-Match" ou "Voici"!


Oriole aux couleurs éclatantes

Madame Iguane a l'air heureuse!

Dans l'après-midi, malgré la forte chaleur, nous cherchons les perroquets et les perruches dans les bois. On observe quelques spécimens perchés au sommet de cactus géants, en train d'en déguster les fleurs. Puis, au bord de l'insolation, on finit par trouver une plage abritée côté sud-ouest pour se baigner et retrouver un peu de fraîcheur.
On repart ensuite à travers 10km de piste caillouteuse vers la sortie du Parc, où l'on croisera encore flamants roses, oiseaux multicolores et des vols de perruches, dont le piaillement s'entend à des kilomètres.
Nous retrouvons ensuite la route qui mène à Kralendijk. Nous prenons 2 locaux en stop, dont un dans la benne avec les enfants, qui y ont d'ailleurs passé une grande partie de la journée, secoués sur les chemins de terre, poussiéreux mais contents. Après Kralendijk, en direction du sud de l'île on longe les salines sur des kilomètres, toujours en exploitation et dont la quasi-totalité de la production part à l'exportation. Le paysage est particulièrement beau avec une palette de couleurs allant du bleu-vert au rose vif ou blanc lumineux en fonction de l'évaporation de l'eau de mer dans les différents étangs. Le sel est ramassé par des engins mécaniques et stocké en pyramides gigantesques (que l'on avait repéré à plusieurs milles en mer) en attendant d'être acheminé par tapis roulant jusqu'aux cargos. A proximité de l'exploitation, on s'arrête pour visiter deux villages de maisons d'esclaves restaurées. Elles sont bien alignées, minuscules, sombres, et très basses; c'est sordide. Elles étaient utilisées pour loger les esclaves travaillant dans les salines la semaine, et le week-end ils étaient autorisés à retrouver leur famille à Rincon, à 7 heures de marche de là! Puis les ânes ont pris le relais après l'abolition de l'esclavage jusqu'à l'arrivée des moyens de transport moderne, où ils sont alors revenus à l'état sauvage.
On termine le circuit par "Jibe city", le spot de planche à voile de Bonaire sur une lagune appelée "Le Lac", où vivaient les habitants originels de l'île, les indiens Arawaks. On se désaltère et on rentre à Kralendijk pour dîner au coucher du soleil dans un petit restaurant, les pieds sous la table, face au Karel's bar, lieu de rendez-vous incontournable des annexes et de leurs équipages. On est tous ravis de cette journée marathon à Bonaire, qui décidément nous plait beaucoup.


Une perruche mangeant une fleur de cactus

Les salines aux couleurs éblouissantes


La coupe du monde de football
On est arrivé à Bonaire pour le deuxième match de l'équipe de France. Même sans être des fanatiques de foot, mes hommes se sont précipités dans le bar de la ville qui diffusait les matchs sur écran géant et n'ont pas loupé un seul match important à partir des 8èmes de finale! Pendant ce temps-là, j'avais au moins deux heures de calme, pour bouquiner, écouter de la musique ou me balader en ville. J'ai quand même suivi avec eux les rencontres de l'équipe de France a partir des quarts de finale, dans ce bar à l'ambiance toute particulière. Comme c'est une île très cosmopolite, il y avait de nombreux supporters du brésil, puis du Portugal, et nous étions les seuls Français ou presque (il n'y a que 4 ou 5 résidents français permanents sur l'île). Mais moi qui n'apprécie pas l'ambiance généralement tendue et agressive des rencontres de foot, j'avoue avoir été très surprise par le "fair-play" des supporters adverses qui regardaient les matchs avec nous, dans une ambiance attentive mais sereine. Déçus mais sans animosité aucune, on a même été félicités après chaque match gagnant de l'équipe de France! C'est aussi pour nous l'occasion de rencontrer Maud et Cédric qui sont en transit sur Bonaire et remettent à neuf leur bateau "Pourkoi pas", puis Patrice marié à Kerenza, originaire de Bonaire, et leurs deux enfants Dillon et Megan, et habitant Kralendijk depuis 10 ans. Patrice tient le seul restaurant français de l'île "Le Bistro de Paris", (avec son Chef français bien entendu) et sa gentillesse n'a d'égal que son excellente cuisine que nous avons beaucoup apprécié. D'ailleurs sa réputation n'est plus à faire ici car le restaurant affiche quasiment toujours complet! C'est donc ce même petit groupe qui se retrouve chez Patrice et Kerenza pour assister à la finale de la coupe du monde 2006 qui restera dans les annales pour les raisons que l'on sait. Autour d'un excellent barbecue accompagné d'une caïpirinha maison, la défaite de la France a été plus facile à digérer! Et l'on nous a beaucoup consolé pendant les jours qui ont suivi <<on est désolé pour vous et pour Zizou!>> nous dira-t-on plusieurs fois...


Les supporters de l'équipe de France à Bonaire

On y a cru jusqu'au bout...

Le séjour à la marina
Ayant décidé de rentrer en France pour différentes raisons: voir la famille et les amis, renouveler mon passeport, vendre la maison, inscrire les enfants au CNED pour l'année prochaine et bien d'autres choses encore, nous cherchons une marina où laisser le bateau en toute sécurité pendant deux mois environ. Mais les places sont rares car les ABC comme le Venezuela sont en dehors de la route des cyclones (normalement!) qui sévissent dans la mer des Caraïbes à cette période. Nous avions toutefois pu trouver une place à Curaçao et nous apprêtions à y partir début juillet quand Carlos, le responsable de "Harbour Village Marina", nous propose une place à partir du 9 juillet. Nous décidons de changer nos plans et de laisser le bateau ici, en toute confiance dans cette marina bien protégée, et nous prenons les billets d'avion Bonaire-Amsterdam-Paris pour le 13 juillet. Carlos tient parole et nous disposons même d'une semaine pour installer Imagine et le préparer à rester 2 mois en gardiennage ici. Il tiendra compagnie à La Casa Delmarre à quelques encablures de là, également "hiverné" pour quelques semaines. Pendant que nous nous activons dans les préparatifs, Romain et Bastien jouent régulièrement au tennis avec deux raquettes et quelques balles prêtées par Cédric, moniteur de tennis de formation. Il y a un club en face de la marina et Cédric qui y donne provisoirement des cours les autorise à y aller et leur dispensera même des leçons particulières.


Cours de tennis avec Cédric

Arrivée à Roissy pour 2 mois d'escale en France

 

VOYAGE en FRANCE
13 juillet au 25 septembre

Le voyage s'est déroulé sans problème, départ à 2h du matin de Bonaire et arrivée à Roissy 19 heures plus tard après une courte escale à Amsterdam, visiblement mon passeport n'a intéressé personne et c'est tant mieux! Luc nous attendait et il ne nous restait plus que deux heures de voiture pour arriver à Fyé en Bourgogne notre prochaine étape (à quelques kilomètres de Chablis). Trop bien chronométré! C'était compter sans une alerte aux bagages abandonnés à la sortie de l'aéroport qui nous bloque presque 1 heure dans le parking et surtout le départ des Parisiens pour le long week-end du 14 juillet qui nous scotche dans un bouchon interminable! On arrive finalement à destination à 1h du matin! Qu'importe, nous avons bien apprécié ces premières retrouvailles familiales de quelques heures avant de terminer notre voyage sans encombres dans le TGV pour Montpellier, 3 minutes d'arrêt, tout le monde descend!
Après, on a vite perdu la notion du temps, les jours s'écoulent à un rythme soutenu, entre les fêtes de famille, les fêtes chez les amis, les démarches administratives, les divers rendez-vous, les cartons et les visites de la maison mise en vente, etc... Mon agenda ne cesse de se remplir et de biper les rendez-vous à ne pas oublier! Notre maison étant louée, les valises toujours dans le coffre de la voiture, nous squattons pas moins de 7 maisons différentes, avec ou sans enfants car Romain et Bastien eux aussi, chacun de leur côté, s'en donnent à coeur joie chez leurs grand-parents, leurs cousins et leurs copains. On se croise de temps en temps chez nos parents, pour qui ce n'est pas non plus de tout repos! On veut profiter au maximum de tout le monde même si on sait que c'est difficile, voire impossible dans certains cas...

On part également dans la Drôme quelques jours retrouver nos complices du premier voyage, Kadavu, Zed, et Mimosa, tous des outremer 45 qu' Imagine, le seul à être reparti avec le même équipage, aimerait bien avoir encore à ses côtés! Parents comme enfants sont très heureux de se revoir, parlant avec nostalgie de ce tour de l'Atlantique, mais aussi de nos projets en cours ou futurs, délirant sur un nouveau voyage ensemble... Les hommes se voient déjà ramenant Imagine de Polynésie si nécessaire en passant par Panama ou pourquoi pas par le Cap Horn, après m'avoir renvoyé chez ma mère avec les enfants en avion, évidemment!!! On peut toujours rêver...


Les femmes apprennent la vie à la campagne

Et les hommes aussi...

Autre rencontre inattendue de ce voyage en France, Mayra Andrade et Cesaria Evora en concert au théatre de la mer à Sète! Inconditionnels de Cesaria, dont les CDs ont tourné en boucle pendant des heures voire des jours depuis notre passage au Cap Vert, nous ne pouvons manquer ce moment unique de la voir sur scène. Ce fût une soirée magique pour tous, ne serait-ce que par le cadre, le théatre de la mer à Sète, lieu unique où la scène semble posée sur la mer, soir de pleine lune aux reflets d'argent sur une mer d'huile, illuminant un voilier passant au loin, c'est tout simplement magique! Et si vous rajoutez des musiques émouvantes, enivrantes chantées par la voix limpide de Mayra ou la voix rauque et suave de Cesaria, on ne pouvait être que sous le charme! Surtout que Cesaria, un peu éteinte au début de son concert (elle est visiblement fatiguée), s'est déridée avec Bastien seul enfant devant la scène en train de chanter ses chansons cultes qu'il connaît par coeur! Il va même monter sur scène quelques minutes sur une invitation de Cesaria qui lui fait signe de danser... Au moment du rappel, Bastien toujours devant la scène, fait un signe à Cesaria qui lui prend la main et l'écoute quelques instants devant presque deux mille personnes, en attente. Mais que peut-il lui dire? Elle se redresse ensuite et le regarde, désolée en lui faisant un geste d'impuissance tout en commençant sa chanson de rappel. Puis après avoir salué et posé le bouquet de fleurs que vient de lui remettre Mayra Andradre en hommage, elle parle à ses musiciens en montrant Bastien du doigt et attaque sa chanson préférée. C'est une chanson rythmée, entraînante de son album "Café Atlantico" des années 99, et tous les spectateurs se lèvent, tapent des mains et dansent, c'est un superbe final! Plus tard, Bastien nous dira <<Tu sais je lui ai juste demandé: Puede cantar "Nho antone escaderode" ?>>, elle l'a compris et elle l'a fait, merci Cesaria! Et merci au photographe officiel de "Fiest'A Sète" pour nous avoir si gentiment proposé et donné de superbes photos de Cesaria et Bastien.


Cesaria et Bastien complices sur scène...

Puede cantar "Nho antone escaderode" ?

Et puis les vacances se terminent, Romain et Bastien retrouvent les cours du CNED pendant que leurs copains retrouvent le chemin de l'école. On commence à préparer le retour en avion, plus chargés qu'à l'aller évidemment, entre les cours du CNED, la soixantaine de livres rachetés, du matériel divers de rechange, quelques médicaments, une nouvelle garde-robe pour les enfants qui ont encore bien grandi, tout ça finit par rentrer au millimètre près dans nos valises et sacs à dos. Mon nouveau passeport biométrique en poche, la maison vendue, les derniers repas d'adieux (je mets tout le monde au régime en rentrant!), et le coeur plein de souvenirs, nous repartons finalement le 25 septembre pour Bonaire, déjà focalisés sur nos prochaines étapes, Curaçao, où le carénage du bateau est prévu à partir du 5 octobre, puis Cartagene en Colombie et enfin les îles San Blas au Panama. Romain qui a eu du mal à quitter ses copains et la vie terrestre moderne (ordinateur, tchat sur internet, films, vélo,.. ), parle maintenant de rentrer définitivement dans un an; nostalgie passagère de vacances ou véritable besoin d'adolescent, l'idéal serait de rencontrer d'autres jeunes de son âge dans le voyage, enfin, on verra bien...

Donc, de retour à Bonaire, nous restons encore une semaine à la marina le temps de remettre le bateau en état, changer nos batteries de service, faire les vidanges moteur, etc... Puis nous repartons 2 ou 3 jours au mouillage le temps de faire un approvisionnement sommaire, fêter avec quelques jours d'avance l'anniversaire de Romain, 14 ans, et faire nos adieux à La Casa Delmarre, c'est ici que nos routes divergent définitivement, car ils restent encore dans les Caraïbes.

Les photos de Bonaire
Quelques photos de notre voyage en France

 

CURACAO
4 Octobre au 19 Octobre

Les 4 heures de voile qui nous séparent de Curaçao nous remettent doucement dans le voyage, après nos 4 mois sans navigation. L'arrivée à Willemstad est un peu musclée, le vent est monté et il faut appeler à la VHF pour faire ouvrir le pont flottant de la reine Emma qui barre l'accès au large chenal qui coupe la ville de Willemstad en deux. Le pont se referme derrière nous et les piétons qui nous ont regardé passer peuvent continuer leur chemin. Nous remontons le chenal entre les pittoresques immeubles colorés, passons sous le gigantesque pont de la reine Juliana, et entrons dans l'immense baie de Sainte-Anne, la zone industrielle maritime de Curaçao, remplie de cargos, pétroliers, navires militaires, chantiers navals, et autres raffineries de pétrole. L'économie de Curaçao est en grande partie basée sur le raffinage du pétrole vénézuelien. Une demi-heure plus tard, on atteint notre destination finale au fin fond de la baie, le chantier "Curaçao Marine" où l'on doit sortir Imagine dès demain.


En arrivant sur Willemstad

Le quartier Punda aux immeubles colorés

Le lendemain à 15h, Imagine est amené à la darse, où il doit être posé sur le chariot. Après quelques discussions pour savoir où poser les énormes patins sous la coque ce qui peut s'avérer critique pour certains bateaux, Imagine sort tranquillement de l'eau. La coque est vraiment très propre, 15 mois après le dernier carénage à La Grande Motte, surtout pour une seule couche de peinture non érodable, efficace! On aurait pu attendre encore, mais les anodes des hélices ont besoin d'être changées. Après un premier nettoyage au karcher, Imagine est posé sur cales entre deux autres bateaux. Il fait plus de 38° à l'ombre, pas d'air, des moustiques et l'on est épuisé d'avance rien qu'en pensant qu'il faut poncer les coques et passer 4 couches de peinture: 1 couche de primaire pour préparer les coques, et 3 couches minimum de peinture érodable, ici ils n'ont que ça! Il nous faut 5 jours pour terminer le travail, on attaque de bonne heure le matin, il fait moins chaud et la peinture sèche moins vite, les enfants terminent une série du CNED pendant ce temps là. Pascal découvre un problème sur l'attache de l'ancre, que l'on change et on en profite également pour changer la chaîne bien rouillée, on en a désormais 60 mètres. La nuit on a du mal à récupérer à cause de la chaleur étouffante renvoyée par le bitume, j'essaie de dormir dehors sur le trampoline, malgré les moustiques on ne peut plus virulents qui mettent les nerfs à rude épreuve.


Premiers pas d'Imagine!

Courage, plus que 3 couches d'antifooling...


On retrouve aussi "Risho Maru" et "Yara" que l'on avait déjà rencontré à Bonaire, on fait la connaissance de bateaux français qui ont le même programme que nous, mais toujours pas d'enfants de l'âge des nôtres. On loue une voiture pour quelques jours, je vais poster une série du CNED, faire quelques aller-retour dans les supermarchés du coin, Pascal fait les shipshandlers, et les magasins de bricolage. Et on en profite pour faire quelques excursions à Willemstad, découvrir la ville, le quartier Punda sur la rive droite avec ses boutiques de luxe pour les touristes américains des paquebots de croisière ancrés sur la rive gauche, mais aussi son marché flottant de lanchas vénézueliennes, avec poisson frais, fruits et légumes à profusion que nous reviendrons acheter le jour de notre départ pour Aruba. Nous parcourons également le quartier Otrobanda sur la rive gauche et le quartier rénové de Kura Hulanda, inscrit à l'Unesco au patrimoine de l'humanité. La visite du musée de l'esclavage est très impressionnante avec une cale de navire négrier reconstituée, des instruments d'humiliation et de punition des esclaves rebelles, mais torture serait plutôt le mot exact au vu des images et dessins d'époque très explicites. On y apprend aussi que des banques Barclays, Lloyds notamment ont vu le jour grâce à la fortune amassée par leur fondateurs en participant au trafic d'esclaves, et ce n'était qu'un maillon de la chaîne! C'était il y a à peine 150 ans en arrière! Et sur le ticket du musée est inscrite une maxime en 4 langues différentes de Nydia Ecury, dont le papiamentu: "Den kunuku di bo mente: Rosa rabia. Planta pas." ce qui signifie: dans le jardin de ton esprit, élimine la colère pour faire naître la paix! Bien approprié après ce qu'on vient de voir...
On déjeune ensuite au restaurant "Le Gouverneur de Rouville", puis on se rend en voiture dans la baie d'à côté "Spaanse Water" voir "Pourkoi pas" et "Nouvelle Vie" au mouillage.
De petits travaux en dernières finitions, nous resterons finalement 12 jours à sec à travailler sur le bateau. Le 17 octobre, nous sommes enfin prêts à reprendre la mer. Un dernier aller-retour en ville avec l'annexe pour les formalités de départ : douane, immigration, autorités portuaires pour obtenir le droit de mouiller temporairement avant de quitter le territoire, ... c'est très strict à Curacao!. Vers midi, le pont flottant de la Reine Emma nous libère et nous retrouvons avec bonheur la mer, le temps d'atteindre la petite baie abritée de Santa Marta où nous passerons deux nuits bien tranquilles, loin des pollutions de la ville.


Cale d'un navire négrier

Le pont illuminé de Willemstad

ARUBA
19 Octobre au 22 Octobre

Nous n'avons pas prévu de nous arrêter longtemps à Aruba, c'est juste un stop pour nous reposer la nuit après une navigation de jour depuis Curaçao. On ne veut pas y faire d'entrée officielle, aussi on pose l'ancre au sud de l'île, à Rogers Beach à côté d'une grande raffinerie, et usine de phosphate apparemment. On est seuls au mouillage et de temps en temps on reçoit de plein fouet le vent des fumées et ça pue! Qu'importe, on repart demain matin à la première heure sauf que la météo va en décider autrement. Il y a de gros orages pendant la nuit et la pluie ne cesse de tomber une bonne partie de la journée, le vent est toujours contraire à notre route, on décide donc d'attendre le lendemain une météo plus clémente. La journée se déroule tranquillement, CNED, cuisine, lecture, écriture du site, on dîne de bonne heure et vers 21h au moment où nous allions nous coucher, on entend un clapot anormal dans l'obscurité du bateau. En sortant, on voit la silhouette d'un bateau avec plusieurs personnes à son bord, qui se découpe sous les lumières de la raffinerie. Pascal reconnaît le gros pneumatique des garde-côtes d'Aruba. Ils nous tournent autour, inspectant le bateau avec une lampe. Puis ils nous abordent, nous demandent si nous avons fait les papiers d'entrée à la douane et à l'immigration. Pascal leur explique que non, parce-qu'on ne pensait passer qu'une nuit au mouillage, puis que le mauvais temps nous a empêché de partir, mais qu'on n'a pas mis pied à terre, qu'on part demain matin à la première heure, bla bla bla,... "La loi c'est la loi" obtient-il comme toute réponse, et nous intime l'ordre (gentiment mais fermement) de lever l'ancre immédiatement pour aller nous déclarer à Oranjestad la capitale à quelques milles de là. Pascal proteste qu'il fait nuit, qu'il ne connaît pas la côte, pas de problème, deux militaires montent à bord pour nous guider et faire la paperasse, et nous voilà partis, escortés par la vedette des garde-côtes... Après deux heures de navigation au moteur assez tranquille car le vent est tombé, nous accostons au quai où la douane et l'immigration nous attendent déjà, prévenus par les garde-côtes, qui en quittant le bateau, nous serrent la main, nous remercient d'avoir coopéré avec eux, et nous souhaitent bonne route, et prudence près des côtes de Colombie! Après avoir rempli les papiers en triple voire quadruple exemplaires et bien amarré Imagine qui danse dans le ressac de la darse du port pour paquebots (on est en face de Freewinds, paquebot de la scientologie nous a-t-on dit), nous nous couchons enfin vers 1h du matin, pour quelques heures de repos avant notre traversée pour Cartagene!


La raffinerie de Rogers Beach

A quai à Orangestad

Les photos d'Aruba


A suivre ...