Tenerife - La Gomera


Tenerife l'escale interminable, par Pascale


La navigation de Lanzarote à Tenerife se passe relativement bien, avec un vent de Nord de 15 noeuds, mer agitée et houle de travers, mais qui m'a permis de tester avec succès un nouveau (pour moi en tout cas!) médicament anti-naupathique que j'avais découvert en discutant avec d'autres navigatrices à Graciosa, le "stugeron en gotas". Et pourtant en tant que grande nauséeuse des transports et notamment dès que la mer devient agitée c'est-à-dire quasiment tout le temps, j'en ai essayé des "trucs" avec plus ou moins de succès (sauf le cornichon moutarde)! Donc, parmi ma panoplie de médicaments anti mal de mer, j'avais l'équivalent français en comprimé (sureptil), mais je dois dire qu'en gouttes je l'ai trouvé plus efficace plus rapidement, et l'avantage c'est que je peux en donner aux enfants (adultes: 10 gouttes 2 heures avant le départ puis 8, toutes les 8 heures, Bastien: 3 gouttes puis 2, toutes les 8 heures, Romain: 5 gouttes puis 3, toutes les 8 heures). En tout cas, les premiers essais m'ont déjà convaincu, surtout qu'en plus, je n'ai ressenti aucun effet secondaire contrairement au patch par exemple,... reste à le tester pour une traversée plus longue!
Donc, la navigation se passe bien sauf que je me réveille en sursaut en entendant Pascal mettre les moteurs pendant son quart. Il surveillait depuis un moment un cargo avec lequel nous étions en route de collision et il était en train de changer de route car de toute évidence le cargo ne nous avait toujours pas vu, et s'approchait un peu trop! On a également allumé le feu de pont pour éclairer les voiles et quelques instants plus tard le cargo mettait barre à bâbord toute et nous passait derrière Ouf!

Au petit matin, après avoir vu des globicéphales, nous pêchons 2 bonites juste avant d'arriver au port de Santa Cruz de Tenerife. Les Marineros viennent nous accueillir et nous guident vers une place étriquée pas loin de "La Casa Delmarre" entre deux petits catways où la marge de manoeuvre en cas de fort vent serait faible voire inexistante et Pascal refuse poliment mais fermement leur "trou à rat" comme il dit. Ils nous installent alors sur le dernier ponton au fond du port près du quai, quasiment à la même place qu'il y a deux ans. Et comme il y a de la place, nous prenons deux pendilles pour nous amarrer à l'arrière en promettant d'en rendre une si un bateau arrive à côté de nous.
 

L'entrée dans le port de Santa Cruz

Ce n'est pas ma place préférée à cause de la poussière et des camions qui passent, mais on se met face au quai ce qui limitera la poussière dans le cockpit et donc à l'intérieur du bateau, l'inconvénient c'est le passage un peu difficile du quai au bateau même avec la passerelle (inclinaison de 30°). Je me console en me disant qu'on ne devrait pas rester bien longtemps, notre objectif étant de traverser pour le Cap Vert dès que possible, le temps de vider la liste de bricolage et faire l'avitaillement. Donc, une fois la manoeuvre d'amarrage terminée, nous avons droit à un excellent petit déjeuner crêpes préparé par Pascale sur "La Casa Delmarre", et le soir nous soupons tous ensemble avec Didier, de nos 2 bonites et de leur coryphène (encore pêchée avec le leurre de Romain, El Pescador...).
Dimanche, on commence à préparer la traversée, je m'attaque au rangement et à l'inventaire des provisions, Pascal monte au mât pour vérifier le gréement, et inspecte le bateau. Quant aux enfants, ils travaillent et jouent avec leurs copains. On fait la connaissance de "Grand Citron Vert" un catamaran (plan Lerouge), avec Maggy, Etienne et leurs 2 enfants Timothée 5 ans, et Thomas 7 ans. Pascal les connaissait de nom pour avoir lu un article sur eux dans un magazine de voile.

Lundi, la journée démarre mal. Tout d'abord, les membranes sont bien arrivées, mais elles sont coincées à la douane, la voile de "La Casa Delmarre" aussi. Il est difficile de comprendre exactement les démarches à effectuer pour débloquer la situation, mais le transporteur nous assure qu'il s'en occupe. Après avoir regardé la météo, Pascal veut retendre les pendilles et renforcer un peu l'amarrage, car la tempête tropicale "Delta" (il y en a tellement eu cette année, que les météorologues ont épuisé l'alphabet et attaquent maintenant l'alphabet grec!) nous arrive finalement dessus avec des vents de 50 noeuds. La passerelle a déjà failli passer à l'eau à cause des mouvements avant/arrière du bateau, on l'enlève, on la pose provisoirement sur le filet, et on descend l'annexe qui nous servira de barge pour faire les 2 mètres qui séparent le bateau du quai! Super pratique! Donc, en s'aidant des moteurs on peut reprendre les pendilles à l'arrière pour s'éloigner encore et ne pas taper dans le quai en cas de vent violent. Dans la manoeuvre, malgré les précautions d'usage, hop! une pendille dans l'hélice... et Pascal s'équipe de sa combinaison et va plonger pour dégager la pendille, dans une eau peu ragoûtante! Le vent monte toujours et les marineros commencent à être débordés pour aider les bateaux à mieux s'amarrer. D'ailleurs on les appelle car le bateau inhabité à notre bâbord commence à sérieusement se vautrer sur nous et manque de casser une borne électrique sur le quai à chaque rafale un peu forte. L'après-midi se passe à ranger, nettoyer, faire le CNED. Pascale de "La Casa Delmarre" vient me chercher vers 17h30 pour aller faire quelques courses en ville. Je trouve enfin mon chlorure de magnésium, et nous achetons du velcro et du tulle blanc pour faire des moustiquaires en prévision du Cap Vert, notamment. Sur le chemin du retour nous programmons un apéro avec "Grand Citron Vert" pour 19h30 et nous rentrons donc toutes contentes de nos courses en ville où le vent avait l'air de s'être calmé. Mais quand j'arrive au bateau, l'ambiance n'est pas joyeuse c'est le moins qu'on puisse dire... Pascal vient de recevoir les dernières cartes météo par BLU, et il nous annonce que Delta va passer beaucoup plus près de nous que prévu, son oeil sera à moins de 100 milles, avec des vents à 65 noeuds et plus. La météo locale annonçait ce matin force 6 à 7 (35 noeuds maxi) et météo france force 7 à 8 (45 noeuds maxi). Là ce n'est plus la même histoire ... Pascal a donc allumé les moteurs pour retendre encore les pendilles et éloigner un peu plus le bateau du quai, et rajouter des amarres car si le vent est tombé pour l'instant, une forte houle de sud rentre dans le port de façon surprenante malgré les différentes digues qui devraient lui barrer le chemin. La houle arrive au fond du port, rebondit sur le quai où nous sommes amarrés et nous projette dans tous les sens avec une force incroyable, telle un lance-pierre avec son projectile. Les amarres sont en tension maximale et couinent à s'en boucher les oreilles. Romain et Pascal doivent se tenir fermement pour ne pas tomber en marchant sur le bateau, Romain commence à avoir le mal de mer.

(Note pour les Méditerranéens ou les non-navigateurs: étant donné qu'en Atlantique il y a une marée de plusieurs mètres, les bateaux s'amarrent généralement de part et d'autres de "catways", petits pontons en bois fixés perpendiculairement et à intervalles réguliers sur de grands pontons flottants en bois ou en béton, qui coulissent le long d'énormes poteaux en métal fixés sur le fond du port. Quand il n'y a pas de catway, ce qui est le cas sur notre ponton, il y a des pendilles, cordages de bonne dimension reliés au ponton et attachés au fond de l'eau sur des plots en béton et que l'on attache aux taquets du bateau).

J 'ai du mal à me tenir debout sur le ponton qui se soulève en accordéon de presque 1 mètre au rythme de la houle.Je sens mon stress monter de plusieurs crans quand un taquet de l'avant tribord menace de s'arracher sous la tension. J'en ai mal au ventre de voir le bateau souffrir. On rajoute donc des amarres à terre, en haut du quai en béton pour limiter les à-coups liés au mouvement d'oscillation du ponton et éviter que le bateau ne parte en résonance ce qui amplifie encore l'effet boomerang! Ça a l'air un peu efficace car les mouvements du bateau prennent un peu moins d'ampleur. Tous les bateaux du ponton multiplient également leurs amarres à terre.
 

Imagine pris dans sa toile

J'en profite pour courir chercher Bastien qui joue sur "La Casa Delmarre". Ce dernier et "Grand Citron Vert" sont en bout de ponton l'un derrière l'autre (il est en forme de T, et ils sont sur la transversale). Je leur explique notre situation, car sur leur ponton ils ressentent assez peu la houle. Etienne et Patrick me raccompagnent pour voir si Pascal a besoin d'aide, Patrick emmenant même une amarre supplémentaire que l'on utilisera pour nous amarrer encore au quai et soulager le taquet qui donne des signes de faiblesse. Imagine est maintenant attaché comme un animal pris au piège dans une toile d'araignée. Patrick et Etienne proposent quand même de maintenir l'apéro du soir mais je ne suis pas tranquille de laisser le bateau dans de telles conditions et je remonte à bord avec Bastien. Nous remontons l'annexe par sécurité, et vérifions que tout est bien fixé sur le bateau. La passerelle est un peu lourde pour moi avec ce vent, je la repose sur le trampoline le temps d'aller aider Pascal qui a un peu de mal à retendre une amarre. Le vent continue de monter, on atteint régulièrement les 40 noeuds et ça monte encore. Romain note régulièrement la descente vertigineuse du baromètre qui n'en finit pas.

Vers 20h, on siffle les marineros qui tournent dans le port, car le bateau d'à côté se vautre de nouveau sur nous dans les rafales. Ils le réamarrent très gentiment, "No esta un bueno dia" nous dit-il! Et s'il s'était douté que la nuit serait pire... Le vent de sud-ouest est subitement devenu très chaud (30°), on sent qu'il va se passer quelque chose d'inhabituel, et qu'on ne peut plus rien faire qu'attendre ... Pas longtemps d'ailleurs, le vent bascule au nord-ouest et instantanément les rafales balayent le port. D'abord, on les entend: un vrombissement d'avion au décollage les précède et indique par quel côté elles vont nous fondre dessus. Ensuite on les voit: les rafales laissent leur empreinte sur l'eau en arrachant des gerbes d'écume dans leur déplacement. Et enfin on les ressent: le bateau vibre, tremble, gémit, couine, le sable et la poussière pénètrent dans les yeux et les narines quand on ne s'abrite pas.. Le vent est chargé de sable et de graviers noirs du quai, les bateaux des autres pontons se couchent instantanément dans les rafales dans un beau mouvement d'ensemble. La houle s'est calmée mais Pascal s'appuie aux moteurs pour maintenir le bateau dans les rafales et soulager les amarres, à moitié caché derrière le roof, car on commence à voir voler des objets à travers le port, tôles, annexes,... Et à chaque fois on a les yeux rivés sur l'anémomètre! il nous indique fréquemment plus de 50 noeuds, mais ce qu'on entend et voit nous parait beaucoup plus violent. "Vivid", par exemple, un très beau monocoque de plus de 30 mètres, amarré perpendiculairement au vent, est littéralement couché sur son quai en béton à certaines rafales, on voit même sa quille, on dirait que le vent va le déposer sur le quai, car on est à marée haute et c'est le cas le plus défavorable. On dirait qu'il est aspergé par des lances à incendie tant l'écume le frappe avec violence tout le long de la coque.

Vers 20h30, les infrastructures du port commencent à céder. La partie du catway sur lequel est amarré "Grand Citron Vert" se détache et le monocoque d'à côté tape sur son étrave bâbord. Dans le noir et les bourrasques, Etienne et Patrick tentent vainement d'arrimer les morceaux de pontons avec des cordages, mais il faut vite se rendre à l'évidence: tout se disloque, il faut partir. Etienne sectionne les amarres et se retrouve à tourner en rond dans le port. Au loin, on le voit s'amarrer à "Vivid" (en fait il a pris un bout dans une hélice et peu manoeuvrant, poussé par les rafales, il est allé se caler contre lui après l'avoir percuté ainsi que le monocoque de derrière). Puis c'est au tour de "La Casa Delmarre" de couper ses amarres en catastrophe au couteau et de faire des ronds dans l'eau, pendant plus d'une heure. D'ailleurs, tous les catways des 2 pontons que l'on peut voir se vrillent ou cassent net sous le poids des bateaux qui se couchent dans les rafales. Sur Imagine, le stress est encore monté d'un cran depuis que "La Casa Delmarre" a rompu ses amarres, on est tétanisé, impuissant devant l'évènement, un vrai cauchemar. Je n'arrive pas à me concentrer sur le repas, les enfants sont très angoissés pour leurs copains, un peu nauséeux, alors je fais des sandwiches pour caler les petites faims, et je leur donne une dose homéopathique de gelsemium, et de "rescue" en fleur de bach. J'essaie de les occuper tant bien que mal, Bastien, allongé, écoute de la musique sur son walkman et Romain note consciencieusement les données du baromètre. Je ne suis pas fière non plus, mais par rapport aux autres bateaux on se sent un peu plus à l'abri. Pas si sûr finalement, car quelques minutes plus tard, dans une rafale, un grand bruit de choc sur le roof nous fait d'instinct baisser la tête. On pense au mât, mais non il est toujours à sa place, ce n'était apparemment que les cordages bien lovés au pied du mât qui ont été projetés au dessus du cockpit.


Les deux algecos des toilettes étaient côte à côte
avant le cyclone ...

Un catway et une borne électrique en vrille

A 21h30, le baromètre atteint le minimum de 989.8 hectoPascal, et la plus grosse rafale enregistrée sur Imagine est de 58.4 noeuds. Le cauchemar continue: une annexe traverse le port, la nôtre se détache d'un côté et pend dans l'eau sous les bossoirs, on consolide l'autre attache, un voilier a ses deux voiles en cocotier qui battent et claquent bruyamment, la "Salvamento Maritimo" (la SNSM locale), débordée, récupère les pontons et catways qui flottent dans le port. Notre moteur tribord se reprend dans la pendille et s'étouffe, on l'arrête en urgence. Le tuyau d'eau sur le quai s'arrache, l'eau jaillit, deux amarres du monocoque à notre tribord cassent net et arrachent les lumières du ponton, "La Casa Delmarre" continue à faire des ronds dans l'eau. Le port se trouve plongé dans le noir, et l'eau est coupée dans les minutes qui suivent. Il y a plusieurs MAYDAY sur le 16. On distingue des gens en train de multiplier encore les amarres.

Comme dit Pascal pour remonter le moral de l'équipage, il n'y a plus qu'à faire le gros dos et attendre... Facile à dire, moins facile à faire! Puis le baromètre remonte aussi vite qu'il est descendu, j'appelle Pascale de "La Casa" à la VHF pour lui dire, que le plus dur est passé. D'ailleurs, l'intensité des rafales diminue légèrement et celles de 30 ou 40 noeuds nous paraissent maintenant bien silencieuses. Une demi-heure plus tard, Pascal descend sur le ponton aider avec d'autres "La Casa Delmarre" à s'amarrer à notre ponton pendant une légère accalmie.
A minuit, je couche les enfants enfin rassurés et vers 1 heure du matin, Pascal et moi nous nous allongeons dans le carré pour dormir et aller régulièrement inspecter les amarres.
 

Vers 8h, on se lève tout groggy de la nuit passée. C'est l'heure du bilan. A priori, on n'a pas de dégâts, et Patrick après avoir inspecté son bateau en plongée nous dégage la pendille de l'hélice et l'inspecte, tout va bien. "La Casa Delmarre" à part quelques traces superficielles sur la coque n'a pas non plus à déplorer de dégâts. Par contre "Grand Citron Vert" a été plus touché: son étrave avant bâbord est perforée sur plusieurs dizaines de centimètres. Il faudra le sortir de l'eau, réparer, et malheureusement ils ne sont pas prêts de quitter Tenerife. Quelques autres bateaux ont également subi des avaries, mais les dégâts sont négligeables comparés à ceux du port qui est sinistré. A part le nôtre, quasiment tous les pontons se sont vrillés ou ne tiennent les uns aux autres que par des bouts de fortune, et leurs catways ont été arrachés. Un algeco faisant office de toilettes sur le quai à côté de la capitainerie s'est déplacé de 20 mètres vers le quai. En fait les 2 pontons les plus sinistrés, se trouvent dans le prolongement d'une grande avenue pentue de la ville, et l'intensité des rafales a sûrement été décuplé à cause de l'effet Venturi. Didier sur "Kador" a noté 105 noeuds sur son anémomètre soit près de 200km/heure, record également enregistré par l'aéroport! Notre anémomètre aurait-il eu un problème? Plusieurs autres bateaux ont enregistré des maximums à 80 et 90 noeuds. En tout cas, je comprends mieux et ça me rassure quelque part de savoir que la violence des rafales que l'on a subies, vues et entendues soit due à 105 noeuds et non pas à 58 noeuds comme on l'a cru au début! L'échelle n'est pas la même... 60 noeuds de vent, c'est rare mais pas exceptionnel, 105 noeuds de vent j'espère que ce sera la première et dernière fois que je le vivrai!


Inspection des dégâts sous la pluie le matin

La passerelle en vrac

Nous ne sommes pas les seuls à avoir souffert, la moitié de l'île n'a plus d'électricité, des pylônes haute tension ont été arrachés ou ont été pliés et broyés comme des fétus de paille, des maisons se sont écroulées et une zone industrielle a pratiquement été rasée. La ville de Santa Cruz n'a pas été épargnée et les gens sont sous le choc. Deux jours plus tard, on apprendra que l'île a été officiellement déclarée "sinistrée par un cyclone", l'état de catastrophe naturelle reconnue, ce qui facilite les démarches administratives auprès des assurances. Le port étant débordé, alors les plaisanciers s'organisent, déplacent et réamarrent les bateaux au mieux dans la soirée car du vent est encore annoncé pour la nuit. De notre place, on ne s'est pas rendu compte de la gravité de la situation sur le ponton où se trouvaient "Kador", "Tao", et d'autres bateaux français. Quant le ponton a vrillé, a commencé à se détacher, et que certains poteaux pliaient sous la pression, certaines familles ont évacué précipitamment les bateaux. Ne sachant où aller, car les autorités locales, sans doute trop occupées ailleurs, étaient totalement absentes du port, les gens se sont d'abord abrités sous des remorques de camion, avant de finalement trouver refuge dans le terminal des paquebots. Quelques uns ont passé la nuit a consolider les amarrages autant qu'ils pouvaient, certains pensant même que les bateaux allaient couler les uns après les autres ...


Un des nombreux catways retournés entre les bateaux. Les coquillages ont souvent bien abimé les gel-coats.

Amarrage maximum sur les poteaux fixés au fond plutôt que sur le ponton. Mais quoi faire quand les poteaux flanchent?

A midi, je prends Léo et Thomas à déjeuner sur Imagine, les enfants aussi décompressent, et pour l'occasion il n'y a pas de CNED aujourd'hui.

Mercredi 30 Novembre, la vie à bord reprend son cours normal, ou presque. Il n'y a toujours pas d'eau ni d'électricité dans le port qui se remet doucement de ses émotions. Les Marineros dégagent les catways et déplacent les bateaux. Jacques de "Voyou" arrive de Lanzarote où le port a bien mieux résisté, pas de dégâts majeurs sauf un petit bateau coulé et quelques cocotiers dans les voiles. Les nouvelles de "Matin Bleu" sont également rassurantes, leur mouillage à Naos a bien tenu, ils sont juste recouverts d'une épaisse couche de poussière noire, Pascale et moi allons faire quelques courses mais tous les rayons frais et les congélateurs du magasin ont été vidés car l'élecricité a été coupée plus de 24h.

Les 2 jours suivants, le moral n'est pas au beau fixe. On surveille maintenant la dépression tropicale Epsilon qui est censée passer plus au nord vers Madère ou Les Açores mais qui hésite... et pourrait aussi venir nous voir! L'eau a été rétablie, et je nettoie au jet d'eau le bateau qui est noir de poussière, de terre et de gravillons. En enlevant les stores extérieurs des hublots, je découvre avec stupéfaction un trou de 2 cm de profondeur sous le grand hublot tribord! On espère que ce n'est pas une pièce tombée du mât, un caillou? on a du mal à trouver une explication plausible. Une fissure sur le ridoir du hauban bâbord inquiète Pascal; si ce n'est pas superficiel il faudra le changer car c'est lui qui tient le mât! Autre bonne nouvelle, les batteries de service ne tiennent plus la charge, il y en a une qui est morte, il va falloir changer les 5! Pascal essaie sans succès de réparer des problèmes informatiques sur notre PC. On n'a toujours pas de nouvelles des membranes. Rien n'avance et la liste des travaux et réparations augmente...

Samedi 3 décembre, Pascal attaque la liste des travaux. Avec sa meuleuse il ponce le trou sur le roof, et on le laisse sécher, il s'en est fallu de peu que le projectile ne traverse le roof. Il lime la fissure du ridoir et découvre avec bonheur qu'elle n'est que superficielle. Je le monte en haut du mât pour une inspection après le cyclone et il ne découvre rien de spécial, tout va bien. Le soir, on est invité sur "Tao" et l'on fait plus ample connaissance avec Catherine, Jean-Philippe et Victor 4 ans, partis cette année pour une durée indéterminée mais bloqués aux Canaries pour quelques temps à cause des réparations à effectuer sur leur bateau qui a escaladé un ponton pendant le cyclone.

Dimanche matin, Pascal me réveille en me disant "Je sais ce qui a fait le trou sur le roof, tu ne vois pas qu'il manque quelque chose sur ce bateau?" A moitié endormie, j'ai beau chercher, je ne vois vraiment pas! "La passerelle..." Ça y est ça fait tilt, ça me revient enfin! persuadée qu'on l'avait finalement rangée dans son emplacement habituel, quelques heures avant le cyclone, je ne voyais même pas qu'elle manquait. Elle a été littéralement soufflée par une rafale, le pied métallique a tapé sur le roof et elle a du finir sa course quelque part dans le port par près de 17 mètres de fond, on est consternés! Pascale et Patrick informés de notre mésaventure, insistent pour plonger l'après-midi et essayer de la trouver. Au bout de 19 minutes de plongée à 15 mètres, sans visibilité, ils la remontent, après l'avoir trouvée in extremis à la verticale sous la coque tribord, à demi recouverte de vase. Pour les remercier, on les invite au restaurant, pendant que tous les enfants, regardent quelques épisodes d'Amicalement Vôtre sur leur bateau, chaperonnés par Romain. Didier sur "Kador" juste à côté est en veille radio.


Un trou de la taille d'un gros oeuf, qui a presque
entièrement traversé le roof ...

Pascale et Patrick, les sauveurs de notre passerelle
qui a séjourné 6 jours au fond du port

Lundi 5 décembre, Pascal commande pour mercredi 5 batteries et un taxi qui ira remplir nos bouteilles de gaz à l'usine. Il passe au moins 15 coups de téléphone à UPS pour avoir des nouvelles de nos membranes, car à la douane où on lui avait conseillé d'aller, ça n'a rien donné. C'est le transporteur qui doit faire les démarches. Finalement, à 17h un Marinero vient nous chercher car le paquet vient d'arriver à la Capitainerie, où le livreur nous attend. On s'acquitte des 52 euros de dédouanement et on repart, Pascal portant fièrement le paquet tant attendu dans ses bras! Enfin!

Mardi 6 décembre, c'est la St Nicolas, et c'est donc un jour férié en Espagne. Pascal voulant bricoler tranquille, Romain, Bastien et moi partons pour la journée avec la famille Delmarre en bus à Puerto de La Cruz de l'autre côté de l'île pour visiter le jardin botanique et le parc de perroquets "loro parque". Première déception en arrivant au jardin botanique, celui-ci est fermé jusqu'au lendemain pour nettoyage à cause du cyclone. On décide d'aller à pied au "loro parque", qui en fait est à 3 kilomètres à l'opposé de la ville... A 13h, épuisés par la chaleur et la marche en ville, on pique-nique à côté d'une plage de sable noir. A 14h, on est devant le "loro parque" qui est en fait un grand parc zoologique et d'attractions, avec des spectacles d'otaries, de dauphins, de perroquets et autres animaux exotiques. Ce n'est pas ce à quoi on s'attendait, mais les enfants sont bien évidemment ravis, ils s'extasient devant les pingouins, les gorilles, les dauphins et veulent profiter de tous les spectacles. C'est donc un véritable marathon pour tout voir en 4 heures. A 18h, un petit train navette nous dépose au centre-ville mais il faut encore marcher 1 km pour aller jusqu'au terminal de bus, et nous rentrons bien fatigués vers 20h30. Nous retrouvons un Pascal bien maussade qui a encore trouvé une panne : l'anémomètre indique désespérément 0 noeuds...


Un dauphin tout calin

Une sacrée brochette de mômes

Mercredi, le moral remonte aussi vite qu'il est descendu: Pascal répare la panne de l'anémomètre, il suffisait de monter en haut du mât et de resserrer une petite vis! Le taxi ramène nos 3 bouteilles de gaz remplies, on a de quoi tenir quelques mois. Les 5 batteries neuves sont livrées comme prévu.

Jeudi, c'est encore un jour férié en Espagne pour "L'Immaculée Conception". Pascal s'attaque au changement des batteries, ce qui à priori est simple, sauf que... elles sont intégrées au bateau vu qu'un tasseau a été collé à la paroi après leur pose et qu'il est impossible de les sortir. Après avoir tourné le problème dans tous les sens, la seule solution que nous trouvons est de découper un petit rebord en résine de quelques centimètres pour y accéder. Pascal utilise donc sa meuleuse pour la deuxième fois! A midi, le bateau est en chantier, de la poussière partout, sans électricité, on va donc manger rapidement en ville. Une fois les batteries installées, nous passons la fin d'après-midi à nettoyer et ranger, tout est prêt juste à temps pour 19h où nous recevons "Tao", "Kador" et "La Casa Delmarre". On fait d'abord manger les 7 enfants, qui vont ensuite sagement jouer dans les cabines et on passe une très agréable soirée, une des dernières ensemble, car nous devrions tous nous séparer d'ici quelques jours après avoir fait le plein de courses et fini de vider la liste des travaux. Le lendemain, le temps n'est pas très beau, et après le CNED, les enfants font une partie de "Richesses du Monde". Le soir, je fais souper les enfants Delmarre car leurs parents sont partis à Carrefour faire les courses.

Samedi, pour que Pascal puisse tranquillement changer les membranes (ce qu'il n'a jamais fait et qui a l'air bien compliqué), les enfants et moi partons pour la journée avec les familles de "Tao", "Grand Citron Vert" et "La Casa Delmarre" qui ont loué des voitures pour faire les courses et en profitent aussi pour visiter. Le matin, nous allons enfin visiter le jardin botanique, créé en 1786 pour faire des essais d'adaptation au climat européen de plantes, arbres et fleurs exotiques du Nouveau Monde mais aussi d'Asie et d'Afrique. Puis nous partons à l'autre bout de l'île, à Adeje, pour aller admirer "el barranco del infierno", le ravin de l'enfer, auquel on accède après 3km de marche dans la montagne, par un petit chemin escarpé et ensoleillé. Cette balade est balisée (il faut d'ailleurs réserver par téléphone), avec des gardes forestiers veillant à la sécurité des randonneurs. Nos neuf enfants de 4 à 13 ans sont très persévérants et se motivent entre eux, du coup on arrive à la cascade 2 heures plus tard, pour un bon goûter bien mérité. Par contre, les enfants sont déçus par la cascade, d'où il ne coule qu'un filet d'eau, mais ils se régalent de la boire car elle est potable et bien fraîche. Le retour parait plus facile et plus court, car le chemin est en pente douce et le soleil est plus bas et moins chaud. Les enfants sont beaucoup plus calmes dans les voitures sur le chemin du retour, après leurs 6 km de marche. Nous arrivons vers 19h, au bateau, où Pascal est encore la tête dans le dessalinisateur, un peu ronchon et à prendre avec des pincettes, normal quand on sait qu'il a passé plus de 4 heures à changer la première membrane! Et en plus il faut attendre de l'essayer lors d'une sortie en mer pour voir si ça fonctionne, ce qu'on ne peut faire dans le port, trop sale.


Les aventuriers du ravin de l'enfer

Clair de lune sur cactus

Dimanche, 15 jours se sont écoulés depuis le cyclone, sauf que les souvenirs pénibles refont vite surface lorsque Etienne vient nous apprendre que son voisin de ponton a vu les informations à la télé et qu'une tempête tropicale force 9 nous atteindra à 18h! Pascal qui surveille régulièrement la météo est très sceptique mais file au cyber-café du coin vérifier les dernières cartes météorologiques sur internet. Il revient en disant qu'il n'y aura rien, que c'est une fausse alerte, mais par précaution, nous triplons tous nos amarres, au cas où... Vers l'heure fatidique, je suis un peu stressée mais le baromètre continue à monter imperturbable, et le vent n'arrive pas à dépasser 10 noeuds! Du coup, le soir, plus sereins, on fait manger les enfants, puis vers 19h30, la même bande de 9 enfants se retrouvent sur "Tao" pour regarder un film, pendant que la même bande d'adultes se fait un ultime dîner d'adieu sur "La Casa Delmarre", à côté, qui doit partir dans deux jours pour le Cap Vert, et que nous suivrons d'ici trois ou quatre jours

Le bilan de la journée de lundi est mitigé: en fin de matinée, je sors de chez le dentiste contrariée, je pensais simplement qu'il allait me refaire un petit amalgame que j'avais perdu quelques jours avant, j'en suis quitte pour me faire dévitaliser la dernière molaire car il y avait une carie profonde sur le nerf! Il faut le faire et j'ai deux rendez-vous pour les deux jours qui suivent, ils sont vraiment serviables et professionnels dans ce cabinet dentaire, une chance dans mon malheur. L'après-midi nous faisons une sortie en mer au moteur pour tester le dessalinisateur, dernière inconnue avant notre départ. La mer est une vraie marmite, on est ballotté dans tous les sens, les enfants sont nauséeux et même Pascal, la tête dans le dessalinisateur est pour une fois un peu "vert"! Je suis la seule à peu près bien, dehors à la barre, occupée à négocier les vagues pour stabiliser au maximum le bateau. Il faut attendre presque une heure pour rincer les membranes neuves avant de pouvoir goûter l'eau. A notre grand soulagement elle est beaucoup plus douce qu'avant. Puis après avoir réparé les quelques mini fuites qui restaient, nous faisons demi-tour et rentrons au port boire un bon thé et remettre nos estomacs à l'endroit! Le départ pour le Cap Vert se précise enfin...

A part mes rendez-vous chez le dentiste, les jours qui suivent sont exclusivement consacrés au ravitaillement, et aux lessives, aux vidanges moteur et enfin au grand ménage intérieur/extérieur du bateau. Munie de ma longue liste, on écumera tous les rayons de Al Campo (Auchan) et de Carrefour, sans oublier les magasins pour les cadeaux de Noël, et enfin le marché pour faire le plein de fruits, légumes, et oeufs. Ensuite, marquage (pour savoir ce que contiennent les conserves), lavage (toujours pour éviter les cafards), essuyage et rangement des courses. Il me faut bien 2 jours pour caser entre autre 25kg de farine dont 15 de farine complète, 10kg de riz, 10kg de pâtes, 4kg de sucre divers (complet, roux, blanc), 4 bidons de 5 litres d'huile d'olive, plus de 50 boites de tapas (thon, sardines, calamars,...), autant de légumes et de fruits en conserve, 62 oeufs, 10kg de céréales et légumineuses (pois-chiches, lentilles, quinoa, semoule,...), 80 litres d'eau minérale, 40 litres de boissons diverses (lait, jus de fruits, coca-cola, vin) sans oublier les gâteaux (salés et sucrés), le chocolat, le nutella, le ketchup et quelques surprises pour les fêtes, les quarts de nuit ou les moments difficiles. Le frigo est également plein à craquer, et au vu de mon expérience passée je n'ai quasiment pas acheté de viande, mais de la charcuterie, des quarts de jambon cru, du fromage (sûrement les derniers dignes de ce nom avant longtemps), ainsi que les produits laitiers habituels (beurre, yaourts, crème fraîche,...) dont on va également se passer très rapidement.


Une des étapes de l'expédition courses: transbordement
de la marchandise du caddy vers le bateau via l'annexe

Moins de fruits et légumes que pour la dernière transat:
on s'arrêtera au Cap-Vert

"Tao" nous quitte pour Gran Canaria, faire les réparations de leur bateau abîmé par le cyclone, peut-être les verrons nous au Cap-Vert. Le 14, nous dînons sur "La Casa Delmarre" pour fêter ensemble l'anniversaire de Nathan, 4 ans. Romain lui a fabriqué un sabre, et Bastien un petit voilier en maquette.

La Gomera, l'escale minute

Le vendredi 16 décembre, nous sommes prêts, mais comme par hasard, la météo doit se dégrader dans les deux jours qui viennent, une dépression va amener un vent de sud, ce qui veut dire faire du près (ce qui est exceptionnel, normalement il y a des alizés bien établis à cette période me dit le Capitaine! ben voyons...), avec en plus mer agitée car la houle normale de Nord va se heurter à la mer du vent de sud! Encore une fois, il faut changer nos plans. Mais rester à Tenerife, il n'en est pas question, donc après discussion, nous décidons d'aller à La Gomera, avec "Kador" et "La Casa Delmarre" retardés par une panne de dernière minute, retrouver "Matin Bleu" et passer Noël là-bas, tous ensemble.

Le samedi 17 décembre à 20h nous quittons enfin Tenerife, escale interminable de 3 semaines que nous ne sommes pas prêts d'oublier! La traversée de nuit se passe sans encombre, un peu agitée mais avec mes gotas contre le mal de mer tout va bien. Le vent se calme au petit matin et on arrive à 10h30 dans le petit port de San Sebastian de La Gomera. Le lendemain matin est consacré au CNED, puis nous déjeunons tous ensemble du thon pêché la veille par "Matin Bleu" et "Le Mineur" dont nous faisons connaissance. L'après-midi la houle de sud commence à rentrer dans le port, on est face à l'entrée du port, et il pleut. On passe une très mauvaise nuit car la houle a considérablement forci et le ressac est violent à l'endroit où nous sommes. Pascal est debout depuis 5h du matin, à remettre des amarres. Le bateau, amarré le long du ponton a des mouvements saccadés et tire violemment sur ses amarres, ça nous rappelle de mauvais souvenirs. Les monocoques derrière nous oscillent de plus de 30°. Je suis d'humeur très nauséeuse, j'en ai ras le bol de ce temps pourri causé par les dépressions successives qui s'enchaînent les unes après les autres! Maryline me propose de couper les cheveux aux enfants ce que j'accepte volontiers et je vais passer le reste de la matinée sur "Matin Bleu". Extraordinairement, je me sens mieux sur leur bateau amarré plus loin dans le port, et c'est bien la première fois que je suis moins malade sur un monocoque que sur un catamaran! On est très gentiment invités à déjeuner avec eux. Il pleut fort toute la journée, les montagnes ruissellent de torrents boueux, l'eau du port est chargée de terre ocre et trimballe des branches d'arbre et des détritus en tout genre, on pourrait presque marcher dessus! La houle se calme un peu sur le soir, le plus pénible est passé.

Mercredi 21 décembre, le Père Noël a décidé de nous faire un cadeau: A partir du 23 décembre il nous offre un créneau météo d'une semaine pour la traversée vers le Cap Vert. Mais, car il y a toujours un mais, c'est une offre limitée dans le temps car si on n'en profite pas il nous faudra attendre janvier... On décide donc d'avancer Noël et de le fêter tous ensemble dès ce soir, je préfère avoir une journée tranquille pour récupérer, avant le départ. Les femmes composent le menu, et l'après-midi on s'active toutes dans nos super cuisines! Au menu, accras de morue, poulet sauce chinoise, pain d'aubergines, tourte au thon, tortilla, cakes et gâteaux au chocolat. Mais c'est également l'anniversaire de Nikita, et nous sommes d'abord tous conviés à un goûter sur "Matin Bleu". La soirée sur "La Casa Delmarre" est très sympa, les 7 enfants, 2 ados et 9 adultes passent un excellent réveillon et poussent même la chansonnette accompagnés par Guy à l'accordéon, jusqu'à 3h du matin.


Imagine, bien en face de l'entrée du port: la plus mauvaise
place de La Gomera par houle de sud

On a surpris le Père Noël en pleine action!

Qui a dit qu'on ne partait jamais un lendemain de fête? Les dernières cartes météo montrent que la nouvelle dépression arrive rapidement, précédée par une zone sans vent. Évidemment le plan initial est changé, il faut partir aujourd'hui! C'est le branle-bas sur les bateaux, dernières courses, repas d'avance à préparer, rangements, nettoyage, douches, sortie administrative,... tout le monde est prêt à 16h et les 5 bateaux quittent le port de San Sebastian de La Gomera à la queue leu leu en se donnant rendez-vous à notre prochaine escale, l'île de Sal au Cap Vert...

A suivre...

A lire ou à relire Tenerife 2003 et La Gomera 2003...

Les photos:
L'arrivée et le cyclone
Tenerife et la Gomera