Mai, Imagine fait ce qu'il lui
plaît (ou presque)!
Les ponts du mois de mois de mai
Les longs week-ends du mois ont été bien occupés
et appréciés:
Pont du 1er au 3 mai
Pascal est parti faire une randonnée de trois jours avec Régine,
Florence et Jean-Baptiste, quatre marins devenus randonneurs le temps
d'un week-end! Ils ont effectués les premières étapes
du GR1, premier sentier de grande randonnée balisé de Nouvelle-Calédonie
qui avait été inauguré le mois dernier. Je les ai
accompagné en voiture jusqu'au village de Prony (ancien centre
pénitentiaire de 1873 à 1911) situé à une
cinquantaine de kilomètres de Nouméa sur la côte Ouest
dans le sud de l'île. Il m'a fallu la matinée pour faire
l'aller-retour, les 30 derniers kilomètres s'effectuant sur une
piste plus ou moins minée de nids de poules et relativement peu
fréquentée pour un jour férié.
Deux jours plus tard, nous irons à deux voitures les récupérer,
ce qui permettra aux enfants de venir. Cette fois c'est à l'entrée
du parc de la rivière bleue que nous attendrons après avoir
été admirer les points de vue du lac artificiel de Yaté,
son barrage, et fait le tour du village sur la côté est.
Le temps avait été clément pour leur randonnée
mais on est rentré sous la pluie après un pique-nique tous
ensemble au bord d'un creek (rivière).
Pont du 8 au 10 mai
Nous avons profité de ce beau et long week-end pour nous aventurer
un peu plus loin dans le lagon. Direction nord-ouest, nous avons mouillé
devant l'îlot Ndue où Pascal et Romain ont été
pécher notre repas du soir. La nuit a été remuante,
la houle faisant le tour de l'îlot et nous prenant par le côté,
ce n'était pas très agréable mais je plaignais encore
plus les monocoques qui roulaient d'un bord à l'autre!
Le lendemain nous avons été plonger et déjeuner devant
la barrière de corail au milieu de nulle part, seuls au milieu
du bleu lagon...
En fin d'après-midi nous avons été rejoindre Caramba
devant l'îlot Moro jusqu'à dimanche avant de rentrer sur
Nouméa. Malheureusement le temps s'est dégradé, nous
avons quand même effectué une plongée décevante
car la lumière n'était pas au rendez-vous et l'eau trop
trouble à mon goût!
Commémoration
Plusieurs journées de cérémonies ont été
organisées début mai en Nouvelle-Calédonie pour marquer
le vingtième anniversaire de la mort du leader kanak indépendantiste,
Jean-Marie Tjibaou. Jean-Marie Tjibaou a été assassiné
à l’âge de 53 ans le 4 mai 1989 à Ouvéa
alors qu’il participait à la levée du deuil de 19
militants kanaks, morts lors de l’assaut de la grotte d’Ouvéa,
un an plus tôt. Le leader, ainsi que son fidèle lieutenant,
Yeiwéné Yeiwéné, ont été tué
à bout portant par un indépendantiste ultra, Djubelly Wéa,
qui refusait la paix des accords de Matignon. Jean-Marie Tjibaou, ancien
prêtre, avait signé ces accords avec le député
Jacques Lafleur et le gouvernement français de l’époque
dirigé par Michel Rocard. Accords instaurant un rééquilibrage
économique et un partage du pouvoir politique entre les communautés.
Ils ont été prolongés en 1998 par l’accord
de Nouméa, qui a instauré une large autonomie assortie d’un
référendum d’autodétermination entre 2014 et
2018.
Du 21 mai au 7 juin, vacances scolaires de fin
de 1er trimestre
Les vacances scolaires jouxtent le pont de l'ascension ce qui fait 18
jours de congés consécutifs pendant lesquels nous décidons
d'aller passer une semaine au Vanuatu sur l'île de Tanna renommée
pour son volcan actif leYasur. Mais la météo idéale
n'est pas au rendez-vous, pluie, vent et front froid nous obligent à
patienter jusqu'au dimanche pour pouvoir prendre la mer...
A lire et à voir:
Le
récit du séjour au Vanuatu
L'album
photo du Vanuatu
Les
photos du mois de mai à Nouméa
Juin, Premier séjour aux Îles Loyautés,
retour à Nouméa, Culture et Environnement
Fin
de Vacances à Lifou, Tribu de Drueulu
Nous étions encore en vacances début juin, de retour du
Vanuatu. Comme à l'aller le Pacifique ne nous a pas fait de cadeaux,
le vent fort de sud et le courant se sont ligués pour nous écarter
de la route directe vers la passe de la Havannah (l'accès au lagon
vers Nouméa). Après une mauvaise nuit, pendant laquelle
le solent se déchirait peu à peu en plusieurs endroits,
l'équipage fatigué s'accordait une escale à Lifou
qui se profilait devant les étraves, le temps de réparer
sommairement la voile et de laisser passer le mauvais temps.
Lifou c'est l'île principale des Loyautés, cet archipel de
Nouvelle-Calédonie qui s'étend parallèlement à
la côte nord de la grande terre, et qui comprend aussi les îles
d'Ouvéa, et de Maré. Après quelques derniers bords
de pré laborieux, nous mouillons enfin à l'abri devant la
tribu de Drueulu. Nous sommes seuls dans cette baie magnifique, posés
dans deux mètres d'eau sur un sable blanc, tout près de
du rivage bordé d'une longue cocoteraie qui abrite le village.
Sans tarder nous débarquons pour aller "faire la coutume"
avec le chef de la tribu. Dans toutes les civilisations du monde, on a
une attention, un geste lorsqu'on arrive chez quelqu'un. Chez les kanak
ça s'appelle faire la coutume: on offre traditionnellement un manou
(un morceau d'étoffe colorée), un billet de 500 ou 1000
francs, ou tout autre présent plus personnel. Ce geste coutumier
est resté en usage en Nouvelle-Calédonie lorsqu'on visite
une tribu, et il se pratique également entre kanak. Nous respectons
cet usage et parcourons donc le village à la recherche du petit
chef. Celui-ci est absent, mais nous trouvons sa femme assise à
l'intérieur d'une belle case traditionnelle, qui nous invite à
entrer. Nous baissons la tête en passant sous le chambranle (disposé
assez bas à dessein pour obliger les visiteurs à s'incliner),
et nous nous asseyons en tailleur sur une natte de pandanus, puis nous
offrons notre présent.
Tout
en bavardant, nous admirons cette habitation ancestrale de forme ronde
et au toit conique très pentu, construite entièrement en
bois, palme, et paille, qui est toujours aujourd'hui l'habitat de prédilection
kanak grâce à ses nombreux avantages: construction simple
et écologique (matériaux végétaux récoltés
dans l'environnement immédiat), résistance aux intempéries
(cyclones, pluies torrentielles), isolation thermique, convivialité,
... Nous visitons ensuite un petit bâtiment rectangulaire en béton
au toit de tôle ondulée, jouxtant la case, utilisé
comme cuisine et salle à manger. Pour chaque famille, ces constructions
en dur avoisinent et complètent les cases traditionnelles, chaque
bâtiment ayant une fonction séparée, couchage, cuisine,
repas, stockage, etc. Le village est donc un curieux mariage de tradition
et de béton, dispersé sous les cocotiers. Dans cette cuisine,
on nous offre gentiment moult tartines de pain kanak et de confiture,
et du thé. Comme nous sommes gourmands et polis, on ne peut pas
refuser! Nous apprécions la simplicité et la gentillesse
de cet accueil, c'est finalement la première fois depuis que nous
sommes en Nouvelle-Calédonie que nous sortons de Nouméa
pour visiter une tribu, nous ne connaissions pas encore autre chose que
l'ambiance peu mélanésienne
de la capitale où l'on a rarement
l'occasion d'être invité dans une famille kanak.
Quand nous rentrons au bateau à la nuit tombante, Imagine n'est
plus seul. Un deuxième Outremer mouille dans la baie derrière
lui, c'est "Cheval" qui parcourt le Pacifique depuis plusieurs
années avec à son bord une famille anglaise. Nous ferons
connaissance le lendemain.
L'eau très claire de la baie nous incite à la plongée,
c'est l'occasion d'inaugurer nos nouvelles combinaisons d'hiver qui nous
permettent de résister héroïquement à sa température
glaciale (22 degrés, ici c'est glacial!). Les quelques pâtés
de corail sont très jolis, mais le poisson est rare et petit, le
tableau de chasse sera maigre.
Une autre promenade à terre nous permet d'assister au rempaillage
d'une des cases du village, scène de la vie ordinaire en tribu,
mais étonnant spectacle pour nos yeux profanes. On est immédiatement
frappé par l'effervescence régnant sur le chantier. Dans
la vie communautaire kanak, la construction d'une case est toujours un
ouvrage collectif: tout le village est présent pour rempailler
la case de cette famille, c'est un travail d'équipe où chacun
s'affaire à une tâche bien précise avec l'efficacité
évidente des gestes répétés depuis des générations.
Seuls les hommes travaillent à la construction, qui consiste à
assembler et ligaturer plusieurs strates de fagots de paille sur l'ossature
en bois. Les femmes ont procédé la veille à l'arrachage
de la paille (entre 1500 et 2000 bottes suivant
les cases) et à son transport jusqu'ici, elles s'occupent
aujourd'hui de la cuisine et préparent la fête du soir. Quelques
fumets s'échappent de grandes marmites sur lesquelles Romain et
Bastien lancent des regards affamés qui n'échappent pas
à nos hôtes: on leur offre quelques portions d'igname et
de taro frits qui calme un peu leur appétit gourmand. Le propriétaire
de la case nous explique le procédé de construction, nous
fait visiter l'intérieur où d'autres équipes coordonnent
leurs efforts avec ceux qui disposent les fagots sur le toit. On ne soupçonnait
pas la somme d'intelligence, de savoir-faire, et de symbolisme aussi,
associé à chaque détail de cette architecture ancestrale.
L'observation de ce chantier communautaire plein de vie est enthousiasmante,
je me plais à imaginer la même scène en France: tous
les gens d'un village construisant en une journée la maison d'un
de ses habitants, et festoyant le soir en chantant ...
Le temps d'aller faire un tour dans le village, de dire au revoir à
la femme du petit chef, d'acheter un "pain-marmite" sur la route
à la voiture du boulanger (un gros pain kanak cuit à la
marmite), quand nous revenons le rempaillage de la case est quasiment
terminé: il ne reste plus qu'à fixer la coiffe au sommet
du toit. Il est l'heure pour nous de rentrer au bateau et de quitter Lifou
pour une traversée de nuit vers la grande terre, à petite
vitesse pour économiser notre solent consolidé provisoirement
avec du scotch gris. Alors que nous allons lever l'ancre, un pêcheur
qui rentre de sa journée en mer avec sa famille nous aborde pour
faire connaissance, et nous invite à rester pour aller pêcher
ensemble. Ça sera pour les prochaines vacances! Encore un contact
chaleureux qui donne envie de revenir ...
Activités culturelles
Ce mois-ci a été chargé en activités
culturelles et musicales, notamment avec la fête de la musique où
nous avons apprécié plusieurs concerts de jazz, malgré
le froid et la pluie. A l'occasion de "la Semaine des Aborigènes
et des Insulaires du détroit de Torres", nous avons également
assisté à la projection d'une fiction et d'un documentaire
sur l'acteur aborigène australien David Gulpilil qui a notamment
joué dans "Crocodile Dundee", vraiment intéressant!
Home, le film de Yann-Arthus Bertrand
Après quinze jours passés loin de la civilisation, nous
apprenons la diffusion de ce film à la télévision.
Quelques jours plus tard, nous assistons à sa projection dans une
salle de cinéma municipale "le Rex". Pour mémoire,
ce documentaire saisissant sur l'état de la Terre vue du ciel avec
des images à couper le souffle, montre la pression que l'Homme
fait subir à l'environnement, (l'épuisement des ressources,
l’extinction des espèces), et les conséquences que
cela entraîne sur le changement climatique (les ravages de la pollution,
des usines, du réchauffement climatique). Le film dresse un constat
terrible sur l'état de la planète, et n'accorde à
l'humanité que dix ans pour se donner les moyens d'inverser la
tendance! Heureusement que Yann-Arthus Bertrand termine sur un message
d'espoir, en rappelant qu'il est trop tard pour être pessimiste
et que certaines initiatives commencent à émerger, car le
message hélas réaliste est d'une violence inouïe notamment
pour les jeunes. Notre voyage en bateau nous a permis de vivre plus près
de la nature, à terre, en mer, de côtoyer des civilisations
différentes, et donc de voir, de toucher, d'écouter, de
sentir, et de nous enivrer de toutes ses merveilles, mais aussi de nous
sentir impuissants, frustrés et déconcertés, en constatant
en permanence, les dégâts causés par l'homme "moderne"
sur la nature et par conséquence sur lui-même.
Romain et Bastien, déjà bien conscients et sensibilisés
aux problèmes d'environnement, ont été extrêmement
touchés par ce film. C'est vrai que c'est difficilement soutenable
pour un enfant ou un adolescent de réaliser dans quel état
est la planète, d'entendre qu'il ne reste que 10 ans pour inverser
la tendance du réchauffement climatique, alors qu'à son
âge il ne peut pas encore être acteur comme un adulte, et
que finalement son avenir dépend du bon vouloir des générations
précédentes, celles justement par qui on en est arrivé
là! Que dire à nos enfants? Comment justifier un
tel constat? Nous en avons beaucoup discuté tous ensemble, pas
facile de trouver les mots justes et vrais pour redonner espoir, rebondir
et agir. Depuis, Bastien cherche à faire voir ce film à
des gens qui ne l'ont pas encore regardé, il a demandé à
ce qu'il soit diffusé au collège et a plein de projets pour
aider la planète, il se bat avec ses moyens, il n'est pas de nature
pessimiste, heureusement! Si comme lui, chaque personne pouvait y réfléchir
et agir, du simple papier jeté par terre, à l'économie
d'eau ou à l’énergie renouvelable, en passant par
son mode de consommation... convaincre, éduquer et y mettre de
la bonne volonté sont à la portée de tout le monde.
A ce sujet quelqu'un a dit: "Un petit « rien » de chacun
d’entre nous peut devenir un « grand beaucoup » pour
notre planète", j'y rajouterai "et pour nos enfants".
Pour ceux qui ne l'auraient pas encore vu: Site
officiel du film Home
La Maison de la Femme à Nouméa
Ouverte depuis quelques mois à peine, cette structure créée
par la Mission à la Condition féminine de la province Sud,
est un lieu de rencontre et d'écoute pour répondre aux interrogations
et préoccupations des femmes mais pas interdite aux hommes! Ces
messieurs peuvent accompagner leur femme lors d'une visite ou venir assister
aux conférences organisées. Elle propose des services très
divers (conseils juridiques, services administratifs, accès internet,...)
ainsi que des activités (cours de gym, initiation au théâtre,
à la couture, à la cuisine, au tressage...), des conférences
dans une ambiance très agréable et conviviale. Je me suis
inscrite à une session de gym une fois par semaine avec d'autres
navigatrices, ainsi qu'à l'initiation au tressage qui se déroule
une fois par mois. A l'occasion de la journée mondiale de l’environnement,
des expositions, des projections et des ateliers destinés à
initier et sensibiliser les femmes à la protection de l’environnement
ont été mis en place. J'ai notamment assisté à
une conférence sur l'alimentation bio, rien que je ne sache vraiment
mais ici il y a un gros travail d'éducation à faire sur
l'alimentation au quotidien! J'ai surtout été effarée
d'apprendre qu'en Nouvelle-Calédonie, 60% des adultes et 20% des
enfants sont obèses ou en surpoids, et que 10% de la population
calédonienne est diabétique contre 3% en France. En matière
de surpoids et d'obésité, la Nouvelle-Calédonie se
place au même niveau que les américains!
Alimentation, consommation, développement durable,
tout est lié. Un énorme besoin d'information et d'éducation
reste à faire, notamment parmi les femmes, qui parce qu'elles gèrent
le quotidien ont un impact sur le mode de vie de la famille, et donc sur
l'environnement. Pour cette raison, j'ai accepté de devenir "ambassadrice
de l'environnement" à la maison de la femme à partir
du mois de juillet. A suivre ...
Voir les
photos du mois de juin
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