L'archipel des Açores

"Des vaches, des hortensias, ... et des cachalots", par Pascale


Flores, Faïal, Pico, Terceira, Sao Miguel

Un peu de culture...

Les Açores, archipel portugais, sont situées entre 37° et 40° nord et entre 26° et 31° ouest, à 1500 km au large de Lisbonne. Ses neuf îles, qui s'égrènent sur 650 km, couvrent une superficie de 2335 km2. Les Portugais s'y établirent vers 1450 et l'archipel devint une escale importante sur la route des Indes occidentales. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut un point stratégique. Depuis, des bases américaines y sont établies. Cette région autonome compte aujourd'hui 243000 habitants. La capitale, Ponta Delgada, se situe sur l'île de São Miguel.

Les Açores, d'origine volcanique, sont de formation récente et fréquemment soumises à des secousses telluriques. Bordées de falaises hautes, elles présentent un relief montagneux, souvent supérieur à 1000 m et culminant à 2351 m dans l'île de Pico.

Les Açores sont le siège d'un centre permanent de hautes pressions météorologiques (l'anticyclone des Açores). Le climat océanique est tiède (14 °C en janvier, 22 °C en août) et très humide (1800 mm de précipitations annuelles). Il confère aux Açores une végétation luxuriante, largement introduite d'Europe et d'Amérique.

L'agriculture, principale activité, se partage entre cultures diverses (ananas, bananes, fruits de la passion, thé,...) et élevage bovin. L'industrie est donc essentiellement agroalimentaire.

Les eaux des Açores sont réputées pour leur richesse, avec une vie marine très variée. Les sports sous-marins et la pêche au gros attirent de plus en plus de visiteurs. La température de l'eau ne varie guère, et oscille en 17°C et 24°C. La pêche occupe le quart de la population active. L'industrie baleinière fut par le passé la seconde source de revenus (le port de Horta a compté plus de 400 baleinières au début siècle). Il y a 23 espèces de cétacés (baleines, dauphins, marsouins) qui vivent en permanence aux Açores ou traversent leurs eaux. Cinq des sept espèces de tortues existant dans le monde entier, y vivent également.



Flores, l'île aux fleurs
Du 8 au 13 juin 2004

L'île de Flores est l'extrémité occidentale de l'archipel et de l'Europe. Longue d'à peine 17km sur 14km de large, l'île a une surface totale de 143 km2, et compte un peu plus de 5000 habitants. Son économie repose sur l'agriculture, l'élevage, les produits laitiers, et depuis peu, le tourisme.

Après avoir posé l'ancre à Porto Das Lajes parmi la vingtaine de bateaux déja ancrés -pour la plupart français- et déjeuné à terre en compagnie de Kadavu, nous rentrons en fin d'après-midi au bateau et profitons de notre première nuit calme pour bien récupérer. Cette traversée m'a vraiment épuisée, mais je suis quand même contente de l'avoir faite (surtout maintenant qu'elle est finie!), et les enfants aussi! Ils m'ont impressionné par leur forme et leur capacité à dormir par tous les temps! Ils étaient toutefois assez impatients d'arriver pour retrouver leurs copains...


La baie de Lajes das Flores

Vache de mer sur la côte ouest

Le lendemain matin, il y a encore de nouveaux bateaux français, dont Oscar arrivé à 2h du matin. Nous profitons du beau temps pour aller faire une marche, à quelques kilomètres de là, sur un chemin qui longe les falaises de la côte Ouest, en traversant les nombreux pâturages. Nous sommes avec Oscar, Kadavu, Madeo et les filles de Lou Virus, et nous allons pique-niquer dans un pré avec une vue magnifique sur l'océan. Le paysage est grandiose, du vert à perte de vue (ça change du bleu!), avec des haies d'hortensias sauvages partout mais malheureusement encore en boutons, des fleurs à profusion (l'île doit d'ailleurs son nom à l'abondance des fleurs qui y poussent). Il y a d'innombrables troupeaux de vaches, ainsi que quelques moutons. Après plusieurs heures de marche, nous atteignons le hameau de Mosteiro, où une habitante nous offre gentiment de remplir nos bouteilles d'eau. Les enfants sont exténués par cette marche, après des jours de navigation sans courir, et de plus ils ont mal au pied, dans leurs baskets devenues trop petites. Personne n'avait mis de chaussures fermées depuis plusieurs mois! Tout comme à l'aller, nous rentrons en stop par petits groupes, en camion, pick-up, ou voiture et nous nous retrouvons au port. Le stop marche bien (même un taxi nous embarque gratis!), et nous sommes frappés par la gentillesse des gens et leur sens de l'hospitalité. Il faut dire qu'il y a peu de touristes ici, et la majorité sont des navigateurs en escale!


Pique-nique dans un pré

Les randonneurs font la pause!

Le soir, il pleut des cordes et nous allons au restaurant avec tous les bateaux français du mouillage, Kadavu, Oscar, Tibou, Audélie, Lou Virus, Yakwa, Madeo, nous partageons nos expériences marines bonnes ou mauvaises, et écoutons avec grand intérêt l'histoire des bateaux que nous rencontrons pour la première fois. Le mauvais temps que nous avons en partie évité en allant nous abriter aux Bermudes, a touché de plein fouet certains bateaux -vent de 50 noeuds et mer très forte- éprouvant les équipages et le matériel. Finalement, elle était très cool notre traversée!!!
10 juin, une grosse dépression nous passe dessus. Il pleut toute la journée et la houle arrive à rentrer dans le port, la nuit est très agitée, on se croirait au milieu de l'océan... Encore une fois, j'apprécie d'être sur un catamaran quand je vois le mouvement de balancier des monocoques, j'en attrape presque le mal de mer rien qu'à les regarder !!! En début d'après-midi, "Blue", un monocoque anglais est en difficulté. Il était en panne moteur à son arrivée, et avait donc mouillé à la voile, mais trop loin de l'abri de la digue, et bien trop près des récifs du rivage. La grosse houle le fait rouler de 30° bord sur bord. Il demande par VHF l'aide de plusieurs annexes pour le remorquer vers le fond de la baie. Pascal et Jeoffroy avec son annexe de 15CV répondent entre autres à son appel. Mais le bateau, un Moody 47, est trop lourd, le vent trop fort et les 5 annexes qui l'entourent ne sont pas assez puissantes. Son ancre incomplètement remontée fait de dangereux mouvements de balanciers et embroche littéralement une des annexes par en dessous, la crevant immédiatement et éjectant son occupant à la mer, heureusement il n'est pas blessé. Le bateau dérive sur les hauts-fonds et doit remouiller en catastrophe. Finalement, il faut demander l'aide d'un bateau de pêche, qui réussit à le remorquer sans dommages jusqu'au quai. Ouf!
Zed et Mimosa arrivent dans l'après-midi en provenance des Iles Vierges Britanniques. Quatre Outremer 45 sont donc mouillés dans le port! Ce sont d'ailleurs les seuls catamarans. Nous fêtons les retrouvailles le soir au resto, après avoir couché les enfants.
Le lendemain, c'est encore une journée grise et pluvieuse. Nous allons en taxi dans l'après-midi à "la capitale", Santa-Cruz, à 1/2 heure de Lajes, pour trouver des chaussures aux enfants, car depuis un an leur pieds ont bien grandi!
Dimanche 12 juin, nous louons un taxi pour l'après-midi, pour un tour de l'île. Notre chauffeur nous arrête à Faja De Lapo Vaz, une plage noire au pied d'une falaise abrupte, dotée d'un micro-climat tropical, et où poussent des bananes et autres fruits exotiques. Les chutes d'eau de Fajazinha sont dans le brouillard, invisibles. On passe sur des torrents de montagne, Ribeira Grande et Ribeira de Ferreiro, puis on descend vers Faja Grande, station balnéaire, mais elle est également dans le brouillard. On a quand même une belle vue sur ses gigantesques chutes d'eau, et l'on suit à pied un petit cours d'eau pour arriver sous la cascade. On traverse ensuite les montagnes de l'île d'ouest en est, toujours sous la brume. Le soleil revient sur les hauteurs de Santa Cruz et reste avec nous jusqu'à Ponta Delgada à la pointe nord de Flores. Nous apercevons Corvo, la plus petite -17km2- et la moins touristique des îles des Açores. Le mot "isolé" prend ici toute sa dimension! En effet, il y a un petit aérodrome, mais pas de port, et pas de navette régulière pour y débarquer les touristes! Seuls, quelques voiliers y font une courte escale par beau temps, car elle a la réputation d'être splendide.


Cascade de Faja Grande

Côte Ouest de Flores

Puis nous rentrons à Lajes das Flores en longeant la côte Est. Le soir, nous allons au restaurant, manger un steack, avec les bateaux français. Il y en a un de plus, Risorius -2 enfants à bord-, rentrant après 3 ans de navigation.
Lundi 13 juin, il est temps de lever l'ancre, pour aller visiter une autre île, Faïal, et son célèbre port Horta. Après une réunion au sommet des Outremer 45, Kadavu et Imagine décident de partir aujourd'hui, Zed et Mimosa suivront dans un ou deux jours. Nous quittons le port à 15h20 sous le soleil, par mer belle et vent d'est 7-8 noeuds. 137 miles nous séparent de Faïal, que nous nous devrions atteindre demain dans la journée. Quelques dauphins viennent jouer devant les étraves, puis à 15 miles de Flores, on croise un petit groupe de mammifères -4 ou 5 individus visibles-, que nous identifions comme des dauphins de Risso. Ces dauphins sont blancs/gris clair avec un aileron dorsal, nageoire et queue noirs, leur tête est carrée sans bec. Ils ont la réputation d'être indifférent aux voiliers, et en effet, ils nous ignorent complètement. Par contre à la nuit tombée, un groupe de dauphins communs, nous accompagne un bon moment.

Les photos de Flores

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Faïal, l'île bleue
Du 14 au 20 juin 2004

L'île de Faïal mesure 22km de long sur 15km de large, soit une surface totale de 173km2, et compte quelque 18000 habitants. Son économie repose principalement sur l'agriculture, la pêche, et bien sûr le tourisme. L'île est connue pour son célèbre port Horta, escale incontournable pour les navigateurs, mais aussi pour l'éruption volcanique qui aggrandit son extrémité ouest de 1957 à 1959, ainsi que le dernier tremblement de terre de 1998.

Après une navigation de nuit sans problème avec un bon vent de NE, un vent fort (25 noeuds de Nord) nous surprend en doublant la pointe Sud Est de Faial. Des bandes d'oiseaux pêchent et se posent sur l'eau à quelques miles de la côte, ce sont des puffins de Man. Certains ont repéré notre leurre, ça les rend fous, ils réussissent régulièrement à l'attraper et à dérouler le fil de la canne à pêche, et ce malgré les cris des enfants pour les faire fuir. Et avant que nous ayons eu le temps de remonter le fil, nous pêchons... un puffin! Heureusement, l'oiseau s'est juste entortillé le fil dans une aile et nous le remontons jusqu'au bateau pour le délivrer. Il n'est pas blessé, se laisse relativement faire par Pascal qui le libère en quelques minutes, mais en se faisant quand même mordre au passage par cet ingrat!.


La pêche au puffin!


Plus de peur que de mal!

Le paysage est superbe au passage du rocher de Ponta do Castelo Branco, avec le volcan de Pico qui émerge des nuages en arrière plan, sous un beau ciel bleu. Après un bord de près en direction de l'île de Pico proche de quelques miles, nous doublons le phare de Horta à 15h. Bien que le port soit immense, il ne suffit pas à accueillir la multitude des navigateurs qui rentrent en Europe. Il y a plein de bateaux au mouillage, les autres sont à couple sur 3 ou 4 rangées, c'est-à-dire amarrés les uns aux autres, seul le premier bateau contre le quai supportant le poids des autres. Les équipages les plus à l'extérieur doivent enjamber les filières et traverser les ponts de tous les autres bateaux pour atteindre le quai. Nous nous amarrons à couple de Kadavu en face de la capitainerie. Les enfants sont ravis, ils ne peuvent pas être plus près de leurs copains! D'ailleurs le soir, on fait des échanges d'enfants, Bastien et Alec dorment sur Imagine, Romain et Charles sur Kadavu. Après les avoir couché, nous allons avec Yannick et Jeoffroy, prendre un pot, dans le bar le plus célèbre des Açores, le "Peter Cafe Sport", passage obligé et mythique des marins du monde entier en escale à Horta. Le port de Horta est également connu pour les quais et les murs de sa jetée, sur lesquels on peut observer des centaines de peinture et de dédicaces, témoignages laissés par les bateaux qui traversent l'Atlantique. Pour ne pas déroger à la tradition, plus que par superstition (mais il ne faut rien laisser au hasard), dès le lendemain nous faisons une réunion au sommet sur Imagine et Romain dessine un projet de dessin. La journée est pluvieuse et froide, nous nous promenons en ville, après avoir fait quelques courses, une lessive et rangé le bateau.

Le 16 juin, nous avons loué une voiture pour visiter l'île. Après avoir quelque peu cherché notre route -ça manque nettement de panneaux indicateurs pour les touristes-, nous partons en direction de Flamengos, puis le sommet de l'île et sa caldeira, malheureusement dans le brouillard. L'île est couverte d'hortensias magnifiques qui servent de haies, et forment parfois des murs de plusieurs mètres de haut, d'où son surnom, "l'île bleue". Nous sommes encore en avance sur la floraison et c'est bien dommage. Nous déjeunons ensuite à Praia do Norte, avec Kadavu, dans un petit bar, où l'on déguste la spécialité locale, ignames et linguiça (saucisse très épicée) accompagnée d'un petit vin de Pico.

L'après-midi, nous allons visiter le volcan récent, apparu entre 1957 et 1958 lors de l'éruption sous-marine qui s'est produite à 1km de la pointe ouest de l'île près de Capelinhos et qui a aggrandi l'île de 2,5km2. Trois cents maisons au moins furent détruites par les tremblements de terre associés, ou ensevelies sous les cendres. Les falaises nouvellement formées, constituées principalement de cendres et de pierres ponces meubles, ont été érodées par les tempêtes d'hiver et, aujoud'hui, il ne reste qu'un peu moins de 1km2 de la nouvelle zone. C'est grandiose! Les enfants s'en donnent à coeur joie et ramassent plein de cailloux!!!
Puis, nous rentrons en passant par la côte sud, et nous visitons une école d'artisanat où l'on utilise les produits de la nature (écailles de poisson, moelle de figuier et d'hortensia, etc...) pour fabriquer toutes sortes de bimbeloterie et bijoux. Le soir, nous retrouvons Zed et Mimosa, arrivés le jour même.

Le lendemain est une journée de repos, on commence la peinture sur le quai, d'après la maquette de Romain. On ne voit les enfants qu'aux heures des repas, le reste du temps ils pêchent et jouent sur le quai avec la dizaine d'enfants qu'ils ont retrouvés. Chaque jour apporte son lot de bateaux arrivant de leur traversée en provenance des Antilles ou des Bermudes, des monocoques pour la plupart. Les dépressions ont-elles été plus terribles avec le temps anormal de cette année? Toujours est-il que nombre d'entre eux arrivent avec des dommages matériels, racontent leur chavirage (un tour à 360° pour l'un d'entre eux, nombreux mats dans l'eau, intérieur saccagé dû à une vague plus grosse que les autres qui a envahi les cabines, voiles déchirées, haubans cassé, bôme "fracturée", etc ... Plusieurs navigateurs disaient que la traversée retour est souvent plus difficile que l'aller, car il y a plus de dépressions à éviter, cette année en tout cas, ça semble le confirmer... on semble avoir été relativement épargnés!

Le 18 juin, lever 6h du matin, nous allons visiter l'île de Pico en navette, car les ports ne sont pas très adaptés à la plaisance et les mouillages sont incertains. Nous rentrons à 22h30, après une journée marathon, bien fatigués. Le lendemain, dernier jour avant notre départ pour Terceira, nous finissons la peinture d'Imagine sur le quai. Les enfants Kadavu, Mimosa, Zed et Imagine font leur propre peinture qu'ils intitulent "Le clan des Outremers", ils passent la journée à peaufiner leur oeuvre commune et le résultat est superbe!


Imagine, la peinture!

Le clan des Outremers!

Si vous passez à Horta, allez la voir derrière la capitainerie près de l'ancre sur la pelouse, en espérant qu'elle résiste longtemps à l'usure du temps... Le soir ils fêtent ça sur Zed, nos artistes!
Nous quittons Faial le lendemain pour Terceira.

Les photos de Faïal

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Pico, l'île volcan

Le 18 juin 2004

L'île de Pico, 42km de long sur 15,2km de large, est dominée par les 2351 mètres du pic volcanique auquel elle doit son nom. C'est la deuxième île de l'archipel par sa superficie (440km2). Au prix d'un labeur ardu, les gisements de lave solidifiée furent dès le début transformés en vergers et vignobles de qualité de renommée internationale. Jusqu'à la fin des années 70, Pico était le centre de l'industrie baleinière des Açores. Pico est également connu pour ses fromages. Le tourisme y est encore peu développé.

Ce matin, réveil à 6h, car nous allons prendre le premier ferry pour Pico, à 7h30. Après une demi-heure de trajet, nous louons une voiture et commençons notre ascension du mont Pico, point culminant du Portugal avec ses 2351m de haut. Le paysage ressemble à l'Auvergne, de l'herbe a recouvert la lave et des vaches paissent tranquillement dans des champs clos par des murets de lave, à perte de vue. C'est un peu comme le Plomb du Cantal qui plongerait dans l'océan. Puis vers 1500 mètres, les prairies font place à du lichen et à quelques arbustes, et on peut voir le sommet de lave brute, balayé par un vent glacial. Nous avons juste le temps d'admirer cette succession de paysages que les nuages encerclent déjà le mont Pico. Le brouillard, encore une fois, semble faire partie des curiosités touristiques aux Açores! Nous redescendons vers la côte nord, où nous visitons le village typique de Cachorro, avec ses maisons en pierres volcaniques noires, entourées de vignes protégées par des murs de lave noire également. Sous la pluie, c'est assez sinistre, quoique pittoresque, ça doit être beaucoup plus joli sous le soleil! Le village a presque entièrement été déserté, à l'exception d'une petite boutique d'artisanat et de dégustation de vin, de liqueur et de leur tord-boyaux local l'aguardente, l'équivalent de notre trois-six méridional. Ensuite, direction Sao Roque de Pico, au nord, où nous allons visiter l'ancienne usine de traitement des baleines. Les installations sont toutes restées en place, mais ça manque d'explications pour comprendre toutes les étapes de transformation des baleines en farine, vitamines, huiles, ...


Pico, 2351m

Mazet de lave dans les vignes

Après avoir fait des kilomètres pour trouver où nous retaurer, nous déjeunons à Santo Amaro sur la côte nord-est, pour continuer notre excursion en voiture vers les lacs que nous ne verrons pas, tellement le brouillard est épais! Nous redescendons vers Lajes do Pico, où nous visitons le musée de la baleine. Y sont exposés des pièces rares de "scrimshaw", l'art qui consiste à graver des dents et des os de cachalot (maxillaire inférieur), pour y représenter des épisodes de la chasse à la baleine, des personnages et des voiliers.

Pour autant qu'on le sache, ce mot paraît venir du hollandais "Skrimshander", qui signifie "celui qui se laisse vivre". C'est une terme qui peut facilement être transféré à bord d'un navire: c'est ainsi que les soldats qualifient la façon de travailler des marins; rapidement il servit à désigner le type de travail qu'effectuaient les baleiniers pour occuper les longues heures de loisir en mer. Dans un souci d'utiliser au maximum toutes les parties du maxillaire inférieur, l'artisan fabriquait pour son propre usage, pour offrir ou pour vendre, une infinité d'objets comme des boîtes d'aiguilles, des manches d'outils, des broches, des boucles d'oreilles, des épingles, des peignes, des chapelets, des colliers,... Aux Açores, la chasse à la baleine se pratiquait toujours le long des côtes et les canots n'étaient parés qu'après l'avis signalant la baleine, si bien que dans ces îles le "Scrimshaw" n'est pas né à bord mais à terre, et dans les mains d'artisans qui pouvaient être ou ne pas être baleiniers.

scrimshaw sur dents de cachalot

Comme à Horta, deux centres d'observation de baleines et dauphins proposent des sorties, "whale watching", à la demi-journée, pour admirer de près les cétacés qui viennent à quelques miles au large. Nous discutons avec eux des zones de passage les plus empreintées par les cétacés -côte sud de Pico-, regardons leurs statistiques, de manière à y naviguer en partant de Faïal pour rejoindre Terceira. Nous rentrons vers 18h au port de Madalena, après une brève promenade dans les vignes entre les murets de lave donnant sur la mer, vite interrompue par la pluie, et nous finissons dans un restaurant de cuisine locale -morue et espadon- en attendant de reprendre notre ferry à 21h40. La mer est plus agitée et malgré le trajet court d'une 1/2 heure, certains touristes sont malades. Quant à nous, l'équipage arrive sans problème à Horta, me serais-je endurcie? Le bilan de la journée est assez mitigé, on est un peu déçu car la pluie et le brouillard nous ont gaché les balades prévues et caché une partie du paysage! A faire de préférence par beau temps!

Les photos de Pico

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Terceira, l'île aux toros
Du 20 au 26 juin 2004

La troisième île découverte par les navigateurs fut naturellement appelée Terceira ("troisième", en portugais). C'est aussi la troisième île de l'archipel par sa superficie (440km2, 30km de long sur 18km de large) et elle compte quelque 90000 habitants. C'est une base militaire importante de l'OTAN. Les tremblements de terre ont toujours été un problème périodique et dernièrement en 1980, la capitale Angra do Heroismo ville classée Patrimoine Monument Mondial par l'UNESCO, a été particulièrement touchée.

Le 20 juin, nous larguons les amarres à 9h pour rejoindre le port d'Angra do Heroismo sur l'île de Terceira, en compagnie de Kadavu, Mimosa et Zed. C'est la première fois que nous naviguons tous les quatre et nous en sommes très contents. On passe finalement par le nord de Pico et le canal de Sao Jorge, alors que les baleines sont plus généralement près de la côte sud, mais et il faudrait faire du pré sur une mer relativement agitée et la flotte des Outremers décide finalement de glisser sur les eaux plus lisses du canal. Le vent est très variable, passant de pétole à 30 noeuds, sa direction changeante, le mont Pico à quelques miles de là est sûrement la cause de ses turbulences. Très tactique comme plan d'eau! A la sortie du canal, les 4 Outremers naviguent tous à la même vitesse jusqu'à Terceira (entre 9 et 14 noeuds, vent travers à grand largue, 15 à 25 noeuds apparent). La VHF ne chôme pas, les enfants se lancent des défis de pêche -on sera tous bredouilles-, d'animaux marins vus en premier -pas de baleines mais des dauphins et tortue pour certains-, tout est prétexte pour se parler..., mais les hommes la monopolisent également pour parler de leurs réglages de voile, de leur options de navigation, on ne peut même pas faire sa sieste tranquille! Après 9h de navigation pour parcourir ces 75 miles, nous arrivons au port d'Angra do Heroismo à 18h sous un grain évidemment! Bref moment de panique également pour le Capitaine du port quand il voit débarquer 4 catamarans dans la petite marina toute neuve (inaugurée la semaine pécédente), et bien sûr nous n'avions pas prévenu! Heureusement, radio cocotier avait bien fonctionné, et des bateaux français déjà sur place nous ont bien aidé. Nous nous amarrons au quai d'accueil. Le soir nous nous promenons dans la ville magnifique et très animée car ce sont les fêtes de la St Jean, très connues, c'est pourquoi le port est rempli, et de plus le Portugal vient de se qualifier pour les quarts de finale de l'Euro 2004. Nous dînons de spécialités locales avec toute la flotte, après avoir couché les enfants bien entendu. Nous avons retrouvé Oscar, Audélie, Madéo, Mambo One, ainsi que de nouveaux bateaux. Nous passons la nuit au quai d'accueil, très agité par le ressac, je dors très mal, stressée par les "à coup" des amarres qui se tendent et les couinements des pare-battages qui s'écrasent contre le quai, mais apparement je suis bien la seule...


Les équipages et leurs moussaillons

La tourada a corda !

Le lendemain, 21 Juin, c'est l'été! En tout cas pas ici, car il fait froid et il pleut toujours autant, le bateau est humide, rien ne sèche, on a du mal à aérer et l'odeur de moisissure commence à apparaître ça et là. Nous allons quand même en bus jusqu'au village de Sao Sebastian pour assister à un lâcher de taureaux dans la rue. Certains n'avaient jamais vu ça, mais pour nous qui y assistons régulièrement chez nous pendant l'été, ça n'a rien de spectaculaire. Il n'y a pas barrière pour se protéger du taureau mais 5 ou 6 hommes en blanc tiennent la bête par une corde assez longue tout en lui laissant une certaine marge de manoeuvre, et la figure classique consiste à s'approcher le plus possible du taureau et à lui ouvrir un parapluie sous le nez. Mais les pauvres "toros" dérapent sur le goudron mouillé et s'épuisent rapidement, c'est assez navrant, déjà que je ne suis pas amateur de ce genre de spectacle! De retour au bateau, les enfants dînent sur Zed et les grands sur Mimosa. Puis, après le rituel du couchage des enfants, nous allons assister au concert gratuit du groupe "The Wailers", dont le chanteur n'est autre que le fils de Bob Marley, il a vraiment la même voix!

Le matin du 22 juin, le temps s'améliore, nous quittons enfin le quai d'accueil, pour nous mettre à couple d'un monocoque américain, les nuits seront beaucoup plus calme! L'après-midi nous allons visiter le mont Brasil, un ancien volcan sur lequel a été bati le chateau de Sao Joao Baptista. Cette immense fortification, la plus grande construite par l'Espagne dans le monde en dehors de son territoire, protégeait les galions chargés d'or de retour du nouveau monde qui faisaient escale dans la baie très protégée d'Angra. Le chateau abritant toujours une garnison portugaise de l'OTAN, c'est un officier très érudit et charmant qui nous sert de guide pour la visite du fort. Mahaut, Marin et Bastien sont très contents de se faufiler partout et de se planquer dans les oubliettes et les cachots. Pendant ce temps là, Romain est resté jouer sur Mimosa avec Loïs, Alec et Charles. Ils fabriquent leurs premières maquettes de multicoques sous la conduite très professionnelle d'Yvon. Le soir, nous disons au revoir à la famille Kadavu qui part en avion passer une semaine à Paris.


Angra do Heroismo vue de la forteresse

Le catamaran de Romain remonte bien au près

23 juin, encore une journée grise et pluvieuse. Les enfants continuent leurs maquettes et pêchent. Après les corvées quotidiennes, nous nous promenons dans les rues d'Angra do Heroismo. La ville est magnifique, de nombreux batiments et monuments révèlent son passé chargé d'histoire, et les rues décorées pour les fêtes de la Saint-Jean sont très animées. Il reste peu de traces du seisme de 1980. En fait il semble que son statut de patrimoine mondial de l'humanité conjugué avec la présence des militaires de l'OTAN procure beaucoup de moyens à cette ville, très bien entretenue et dont le nombre de magasins en tous genres paraît largement surdimensionné par rapport à la population. Il y a même une grande médiathèque municipale très moderne où nous allons lire nos emails, comme tous les navigateurs de passage. Au retour on réserve une voiture pour le lendemain, en espérant que le temps soit plus clément. Mais le matin suivant, le temps est toujours pluvieux, l'équipage n'est pas motivé, les enfants préfèrent passer leur dernier jour avec leurs copains de Mimosa et Zed qui ont décidé de partir pour Sao Miguel, on annule donc la location de voiture. Le soir les défilés de la Saint Jean se déroulent sous une pluie diluvienne, ça ne s'était pas produit depuis 15 ans!


Eglise da Misericordia

Les défilés folkloriques sous la pluie!

Le 25 juin, c'est encore pire, encore un front froid qui passe, accompagné de fortes rafales et de pluie. Zed et Mimosa repoussent d'un jour, leur départ vers Sao Miguel. Les enfants perfectionnent toujours plus leurs maquettes et les essayent sur l'eau dans la marina, entre deux averses. Elles sont impressionnantes, avec de vraies voiles lattées, bien coupées. Le soir, les hommes vont assister au quart de finale France-Grèce de l'Euro 2004, où la France est éliminée... Puis, nous allons prendre un verre sur Madéo à qui nous faisons nos adieux, nos routes se séparent, pour eux la Bretagne et pour nous une dernière étape à Sao Miguel avant de partir pour la Méditerranée! Nous levons l'ancre le lendemain, à 6h30 pour parcourir les 95 miles qui nous séparent de Sao Miguel, en compagnie de Mimosa et Zed.

Les photos de Terceira

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Sao Miguel, l'île verte
Du 26 juin au 3 juillet 2004

L'île de Sao Miguel, 65km de long sur 14km de large, est nommée l'île verte à cause de ses pâturages et de ses nombreuses forêts. Le climat est tempéré, d'où son exubérance végétale, massifs d'hortensias, azalées, cannas,... L'introduction de nouvelles cultures au XIX siècle comme le thé, le tabac et l'ananas a permis de diversifier son économie. Elle est la plus grande et la plus peuplée des Açores, elle y abrite Ponta Delgada capitale des Açores..

La traversée se fait au moteur, il y a pétole. A 14h, on voit les deux îles à la fois: Terceira derrière et Sao Miguel devant. Il fait beau et une bande de dauphins communs nous accompagne pendant un quart d'heure. L'approche des côtes le long de Sao Miguel au coucher du soleil est magnifique: des centaines d'oiseaux nous entourent, des hautes falaises toutes proches descend une odeur de pré et de vache qui envahit littéralement nos narines, les couleurs du crépuscule sur les nuages et sur la mer sont flamboyantes.


Arrivée magique sur Sao Miguel

Il fait presque entièrement nuit lorsque nous accostons au quai d'accueil de la marina de Ponta Delgada à 21h45. Heureusement il n'y a personne et les 3 catamarans prennent toute la place. D'autres bateaux arriveront et se mettront à couple dans la nuit et au matin. Ce n'est qu'en début d'après-midi, que nous aurons une place dans le port déjà bien complet, à couple du catamaran "Grandeur Nature" qui rentre bientôt sur Sète (Grandeur Nature est une association qui emmène des enfants en difficultés pendant neufs mois sur ce bateau pour un périple autour de l'Atlantique - www.grandeurnature.org). Les enfants passent les deux jours qui suivent à perfectionner leurs maquettes et à en fabriquer de nouvelles. Nous arrivons quand même à les traîner en ville pour une balade et une visite du musée Machado, dans un ancien couvent. On y voit de surprenantes collections d'oiseaux, de mammifères et d'insectes, ainsi que des squelettes de cachalots, dauphins et même des requins vraiment très réalistes.

30 juin, réveillés à 8h par le téléphone, branle bas de combat, les cachalots sont en vue !!! En effet, dépités de n'avoir toujours pas vu de près des baleines aux Açores, alors que c'est un des endroits les plus connus dans le monde pour l'observation des cétacés, nous sommes allés voir un tour opérateur, spécialiste du "Whale watching". Nous avons négocié des conditions spéciales pour Zed, Mimosa et nous, ils nous remboursent si on ne voit pas de baleines, même si on est entouré de dauphins (en général ils ne remboursent que si on ne voit aucun des deux). Or nous, des dauphins on en a vu des milliers !!! Et ce matin, leur vigie a repéré des baleines à quelques miles à l'ouest de Sao Miguel... A 9h 30, nous filons à plus de 20 noeuds sur un gros zodiac équipé d'un moteur de 225 chevaux, à la grande joie des petits et des grands! La mer est calme, on n'est pas trop secoués, et il fait un beau soleil. Une heure après, nous atteignons l'extrémité ouest de l'île, à environ 4 miles au large de Mosteiro. Le pilote du zodiac est guidé par la vigie à terre qui suit le déplacement des baleines aux jumelles, une fois qu'il les a repéré. C'est la raison pour laquelle on a généralement plus de chance d'en observer qu'avec notre bateau en s'en remettant uniquement au hasard! Et sous nos yeux ébahis, nous verrons successivement pendant plus d'une heure, des grands dauphins, une maman cachalot et son petit, un couple de chachalots et son "ado". On a le temps de bien les voir, et de les entendre souffler (son souffle oblique monte à environ 5 mètres), ensuite pour se nourrir ils sondent (plongent en soulevant leur queue triangulaire hors de l'eau) pendant 40 à 60 minutes jusqu'à 3000 mètres de profondeur avec un temps de récupération en surface d'une dizaine de minutes. Quand ils ont disparu de la surface, on les écoute avec un hydrophone, et on distingue nettement leur conversation faite de cliquetis parmi les bruits de la mer. Au retour, nous voyons également deux tortues dont une est parasitée par un crabe qui l'empêche de plonger (il lui mord la queue et resserre la pression quand elle essaye de plonger), il parait que c'est fréquent. Puis après la visite d'un dernier groupe de dauphins, nous rentrons au port, après 3 heures d'une sortie inoubliable.


Maman cachalot et son petit


Le cachalot va sonder!

L'après-midi mes hommes vont se faire papouiller chez le coiffeur, et ensuite faire un plongeon à la piscine de la marina avec leurs copains. Nous allons louer une voiture pour les 2 jours suivants, afin de visiter cette île, notre dernière étape aux Açores. Le soir, c'est la demi-finale de l'Euro 2004 et le Portugal bat les Pays-Bas 2-1: c'est la folie la nuit dans les rues, concert de klaxson pendant des heures. Nous dînons sur Zed en compagnie de Mimosa pour notre soirée d'adieu, car ils partent demain pour Gibraltar. Ils doivent être à La Grande Motte vers la mi-juillet.

1er Juillet, après quelques manoeuvres pour laisser partir le catamaran "Grandeur Nature" sur lequel nous étions à couple, nous partons visiter l'île en voiture. Cap à l'ouest vers Sete Cidades situé sur un cratère de 12km de périmètre où se trouvent 2 lacs jumelés Lagoa Verde (lac vert) et Lagoa Azul (lac bleu). La légende raconte l'amour impossible d'une princesse et d'un berger, qui lorsqu'ils se sont retrouvés pour la dernière fois ont tant pleuré que leurs larmes ont formé les deux lacs: le bleu empli par les larmes des beaux yeux bleus de la princesse, le vert inondé par les yeux verts de son berger amoureux ... sniff!.


Le lac vert et le lac bleu


Baignade en eau froide/eau chaude

La route qui mène à Sete Cidades est bordée par des haies d'hortensias bleus, blancs et mauves enfin en fleurs. Nous mangeons dans un restaurant typique, puis nous repartons vers la côte ouest à la pointe Ferraria. Il y a là une plage de lave et de roches volcaniques, formant de petites piscines naturelles. De l'eau chaude sort sous la surface sans toutefois se mélanger à l'océan qui déverse ses vagues glacées dans la crique. Le jeu est de chercher les poches chaude (et de les trouver vite parce que ça caille!). On a parfois les pieds dans une eau à 40 degrés et le reste du corps à 18 degrés. Etonnant! C'est du moins ce que me racontent mes hommes car je n'y mets même pas un orteil, je les crois sur parole!!! Au retour, nous nous arrêtons faire le plein de produits frais (fruits et légumes, fromages) en vue de notre départ prévu dans deux jours pour Gibraltar.

2 juillet, dernier jour à Sao Miguel, nous repartons visiter l'est de l'île cette fois. Une route en zig-zag nous emmène au lagoa do Fogo qui recouvre le cratère d'un volcan, puis nous redescendons vers Ribeira Grande au nord de l'île où se trouve une des deux centrales géothermiques de l'île. A mi-chemin, nous nous arrêtons à Caldeira Velha, une source d'eau chaude et ferrugineuse qui tombe en cascade sur une petite retenue d'eau. L'eau est à environ 33 degrés, idéale pour un massage tonique, au milieu des roches toutes en dégradés de rouille et de la végétation luxuriante! On a du mal à en sortir! En se promenant on passe à côté de résurgences de soufre (ça sent l'oeuf pourri) qui font bouillonner de petites piscines d'eau marron ocre. Puis, après un déjeuner rapide à Ribeira Grande, sur la côte nord, nous allons visiter la plantation et la fabrique de thé Gorreana créée en 1701. La visite est très intéressante et nous transporte au 19ème siècle car les machines et le processus de fabrication sont restés identiques, puis nous terminons par la dégustation des différents thés, vert, noir, orange pekoe, tous très bons.


La douche est tonique!

Fabrication du thé comme au 19ème siècle!

Nous repartons ensuite vers le centre de l'île à Furnas, un village construit au milieu d'un cratère d'où jaillissent quelques 22 sources d'eaux thermales, qui sont supposées avoir chacune des propriétés médicinales. Au 19ème siècle, Furnas devint une station thermale réputée et un lieu privilégié de villégiature pour les familles nobles et fortunées de l'île. Des flaques d'eau boueuse bouillonnent entre les maisons, répandant une odeur parfois nauséabonde. Sur certaines, les habitants font cuire des épis de maïs dans des sacs plastique. Un peu plus loin, deux jets d'eau naturels sortent d'une même fontaine, l'un est chaud, l'autre est froid. Une petite rivière traverse le village, quand on y trempe la main on sent bien les courants froids et brûlants qui ne se mélangent pas. C'est une sensation très étrange que l'on ressent ici, un peu angoissante tout de même, et pourtant les gens sont sereins. La dernière éruption du volcan, réputé potentiellement actif, a eu lieu en 1630. Nous allons ensuite visiter le parc Terra Nostra, un magnifique jardin botanique tropical construit par un américain à Sao Miguel, à la fin du 18ème siècle. Un vaste bassin alimenté par les sources d'eaux chaudes très ferrugineuses est ouvert à la baignade. L'eau jaillit d'une fontaine à une température d'environ 40° et le bassin maintient lui-même une température moyenne de 35°. L'eau est complètement opaque, d'une belle couleur ocre. Le temps n'est pas très beau, mais c'est un délice de s'y baigner, et les enfants ont du mal à en sortir!




Le parc Terra Nostra
Le bain thermal...
La cuisson au volcan

C'est la fin d'après-midi et nous avons juste le temps d'aller voir le lac, lagoa das Furnas, à quelques kilomètres. Sur ses rives, des sources hyper-thermales, les "caldeiras da lagoa", jaillissent à une température de 61,5°C, accompagnées de nuages de vapeurs sentant le soufre. Tout autour, les habitants creusent des puits dans le sol, et s'en servent pour y cuire leurs aliments et notamment leur pot-au-feu appelé "cozido das furnas", dans des marmites enveloppées dans des sacs, enfouies dans les trous, puis recouvertes sous ces cônes de terre. Il parait que les viandes et légumes mijotés à l'étouffée pendant plus de 5 heures y ont un goût unique (parfum de soufre!) transmis par la chaleur souterraine. Il y a même une recette locale(!) qui commence par ces mots: "Prenez un volcan...". Malheureusement, ce n'est pas l'heure du repas et on ne pourra pas y goûter! Après une journée bien remplie, nous rentrons à Ponta Delgada vers 18h, pour notre dernière soirée aux Açores! On est restés presque un mois et on aurait pu y passer beaucoup plus de temps, on a vraiment apprécié la nature et les habitants, c'est un pays très accueillant! Le seul bémol c'est le temps encore très humide à cette période, et il faudra encore quelques jours de soleil et de grand ménage pour effacer les traces de cette humidité dans le bateau...

A suivre...

Les photos de Sao Miguel

Les mammifères marins

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