Le Carnet de Bord de Romain

Du 22/12/05 au 28/12/05
De nos traversées, celle-ci fut certainement une des plus cools. Partis le 22 vers 16h, nous filions à 5 ou 6 noeuds droit vers le sud et l'ouest... Le lendemain fut une journée assez calme, monotonie interrompue par les nombreux contacts avec "La Casa Delmarre", "Matin Bleu", "Kador" et "Le Mineur" sur la BLU et nous apprenons que "La Casa" a pêché un thon avec mon leurre. Le 24, jour tant attendu arriva enfin, après nous avoir fait languir. Nous étions alors au large de Sahara Occidental. La soirée se passa dans la joie et la bonne humeur, durant laquelle nous nous régalâmes de foie gras et de mousse au chocolat. Cependant le champagne manquait. Nous avons ouvert les cadeaux le soir même, tout le monde , moi y compris étant impatient: Bastien fut très content de son lego Star Wars ainsi que du "grey tape", un stylo plume, un leurre et une boite de pêche. Papa a eu une montre neuve, un tripode pour l'appareil photo. Maman une chemise de nuit, un collier de coquillages et toutes sortes de produits à base d'aloe vera. Quant à moi, j'eus un superbe Leatherman et comme Bastien, du "grey tape", un stylo plume, un leurre et une boite de pêche. Le lendemain 25 décembre, le Père Noël nous offrit une bonne petite coryphène juste après un super repas digne de ce nom (serrano "de luxe" et mousse au chocolat). Le 26 et le 27 furent monotones bien que nous pêchâmes une autre coryphène, mais nous en avons profité pour nous reposer. Finalement, nous arrivâmes le 28, ainsi que "Matin Bleu", "Kador" et "La Casa Delmarre". "Le Mineur", lui n'arriverait que le lendemain matin de bonne heure. "Matin Bleu" nous avait précédé avec un thon et "La Casa" avait ramené un Wahoo d'un mètre quarante! Bel exploit! Surtout avec mon leurre!

29/12/05
Aujourd'hui, le vent s'est levé en rafales jusqu'à 33 noeuds. Nous sommes allés sur "Matin Bleu" manger du thon et nous nous sommes trempés. Et le soir idem, quand nous sommes allés goûter au wahoo sur "La Casa Delmarre" .

30/12/05
Le vent a quelque peu diminué. Aussi après avoir effectué les formalités de douane, nous avons été à la capitale Espargos. Super ballade ensoleillée: nous avons enfin trouvé de la chaleur...

31/12/05
Nous allons visiter Sal en taxi avec "La Casa". On se baigna d'abord dans une piscine naturelle au nord de l'île, après avoir traversé le désert, semé de mirages, aride et chaud. Puis nous allâmes à Pedra de Lume admirer les salines. Puis enfin, direction Santa Maria où nous nous baignâmes dans de superbes rouleaux.

Belle journée, mais la nuit le fut encore plus à l'occasion d'un réveillon sans précédent sur "La Casa Delmarre" avec au menu des apéritifs variés et du wahoo au barbecue. Fiesta jusqu'à 2h30 et vive le Nouvel An!...

P.S. Si les lecteurs se demandent pourquoi les fiestas se font toujours sur "La Casa Delmarre", c'est parce-que c'est le plus grand des espaces réduits que sont les carrés d'un bateau!

01/01/06
La grasse matinée fut la bienvenue jusqu'à près de 11h pour certains. Puis, nous nous sommes réveillés par un café sur "Matin Bleu" (ou sirop), suivi par une après-midi cool, sans CNED..

03/01/06
Départ à 9h pour Boa Vista avec "La Casa Delmarre". Nous sommes arrivés sur le soir, après avoir pêché un petit "skipjack tuna". Mouillage superbe....

04/01/06
Si Boa Vista parait à première vue magnifique, elle l'est plus encore lors d'une visite approfondie. Car s'il est vrai que l'on a déjà, antérieurement, croisé dans l'archipel des Bahamas ou des Tobago Cays, le paysage pourrait paraître banal. Seulement Boa Vista, est depuis le début de notre voyage, hormis Graciosa, notre plus belle escale, et du coup j'ai trouvé ça paradisiaque. Le seul défaut (qui est aussi vrai pour tout l'archipel du Cap-Vert est le vent qui donne raison à Delta de nous avoir habitué à de grosses rafales. C'est donc pour essayer de contourner cet infatigable élément que nous essayâmes de travailler l'après-midi au lieu du matin, système qui fut éphémère car nous nous rendîmes vite compte que le vent soufflait finalement aussi fort à l'aube, qu'à l'apogée ou qu'au coucher de l'astre solaire. Mais la chose était faite, le trait était tiré, impossible de revenir en arrière. A 10 heures pétantes, nous étions déjà sur la plage, jouant, bronzant, etc... Léo amena son harpon que j'essayais après lui.Nous ramenâmes chacun un rouget. Puis peu avant midi, on fit notre baptême de plongée avec les bouteilles de "La Casa Delmarre", c'était ma première plongée en bouteilles. "Je trouve ça vraiment génial de pouvoir rester aussi longtemps dans une eau cristalline, en nageant librement autour de poissons multicolores"...

05/01/06
Aujourd'hui, nous sommes allés sur une épave située au sud de la baie. Pour ma part je l'ai trouvée légèrement décevante à cause de la mauvaise visibilité. L'aller et surtout le retour furent sportifs, car le vent soulevait de grosses vagues très courtes et l'annexe tapait beaucoup. Finalement nous avons mangé le bourse graffiti, le sar et le perroquet que nous avons harponnés sur l'épave, lors d'une mini-fiesta, sur Imagine cette fois.

06/01/06
Nous sommes allés visiter l'île de Boa Visa en aluguer avec un guide. Il a fallu se lever tôt, à 8h30 nous étions sur la plage, et à 9h nous roulions en pick-up sur les routes poussiéreuses des déserts de Boa Vista. Partout, des chèvres sauvages broutaient les rares touffes d'herbes qui poussent entre les rochers. Parfois une oasis faisait son apparition, entouré de palmiers et d'énormes baobabs. Nous nous sommes d'abord arrêtés à "Rabil" puis nous avons traversé un immense reg pour arriver à notre deuxième étape: "Praia de Joao Barrosa" un village en ruine maintenant abandonné. Seules les chèvres se promenaient encore parmi les carcasses de maisons à côté desquels une saline ensablée gisait en contrebas. La nature avait repris ses droits, et une superbe plage faisait contraste avec les quelques chaumières détruites. Après une dizaine de minutes à contempler ce paysage, nous avons mis nos maillots et nous nous sommes baignés dans les rouleaux. Ensuite nous sommes remontés en voiture et avons pris la direction de Punta de Ervatao. Là-bas, nous avons pique-niqué au pied d'une immense dune de sable, sur une plage. Puis nous nous sommes re-baignés et avons trouvé nos premiers coquillages cap-verdiens (des porcelaines magnifiques). Enfin, nous avons continué en voiture jusqu'à un superbe désert de sable où on s'est défoulé en sautant des dunes et en se roulant dans le sable fin, aussi blanc qu'au Sahara, ou aussi rose que des bonbons à cause de la lumière déclinante du jour. Vers 15h30, nous retournons au bateau, exténués.

07/01/06 et 08/01/06
Journées décevantes, car le vent qui s'est levé nous a empêché de bouger. De plus, nous devions partir pour Mindelo le 8 et quitter ce mouillage presque de rêve. Mais la météo annonçant du beau temps, nous avons décidé de rester 3 jours de plus afin de profiter et de voir le mouillage de Sal-Rei avec un temps plus clément.

09/01/06

Aujourd'hui, nous sommes allés après le CNED, plonger sur un récif assez poissonneux, pas très loin de la plage. Nous avons vu un banc de carangues, de nombreux perroquets, un mérou, des langoustes (malheureusement pas à la maille!), des chirurgiens, des sars, etc... et aussi une tortue. Nous avons passé la soirée sur "La Casa" , à déguster du poisson tout frais pêché...

Menu du jour ...

10/01/06
L'une des merveilles de ce mouillage, c'est d'être poissonneux, le mot poissonneux signifie non seulement qu'il y a beaucoup de poissons, mais qu'en plus ils sont très variés. Faisons un retour en arrière jusqu'au jour où nous sommes arrivés à Boa Vista. "Marantanne" un bateau qui avait fait la nav. avec nous, avait donné un des deux thons qu'ils avaient pêché à "La Casa Delmarre". Le soir alors que nous dînions chez eux, Patrick avait accroché la tête de thon à un fil et l'avait jeté à l'eau. Un peu plus tard, nous avons éclairé l'eau à l'aide d'un projecteur afin de vérifier la présence de la tête du thonidé et nous avions surpris un requin nourrice de 2 mètres qui tournait autour et a finalement avalé la tête toute entière sous nos yeux!
Ce matin, nous sommes réveillés à 7h (comme tous les matins) par des prédateurs fous chargeant leurs pauvres proies réfugiées près des bateaux, qui tapaient et se cognaient contre les coques. Quand nous sommes sortis dehors, Papa était déjà prêt pour aller en ville et il montait dans l'annexe au moment où nous avons aperçu 3 coryphènes nageant autour du bateau. Vite, j'ai donné son harpon à Papa qui s'est empressé d'aller à la rencontre des 3 prédateurs. Ce fut facile d'en harponner une car elles suivaient l'annexe par curiosité. Mais malheureusement la pauvrette, blessée à mort a quand même pu réussir à se sortir de la flèche et à s'échapper sans qu'on la retrouve. Il est certain qu'elle se fit dévorer par quelque prédateur affamé, requin charognard... Comme quoi "la curiosité est un vilain défaut" est une bonne morale à cette histoire... Puis dans l'après-midi nous sommes allés plonger avec "La Casa" sur le récif près de la plage. Il y avait toujours autant de poissons, nous avons vu une tortue, des langoustes, des perroquets, des sabres, des rougets, etc... mais surtout un requin nourrice. Pour le voir, il fallait plonger, s'accrocher aux coraux et passer la tête dans le trou; et là on se trouvait face à face avec ce squale endormi dans cette position vulnérable où l'on pense toujours que si le requin se réveille, il n'aurait pas de mal à nous donner un coup de dent...

11/01/06
Ce matin, les poissons étaient au rendez-vous à 6h30. Cette fois j'ai pêché 4 ou 5 petits poissons à l'épuisette, que j'ai mis au bout de la canne de traîne. Attirés par le sang, 3 prédateurs sont arrivés, c'était des requins nourrices. Les deux premiers devaient bien atteindre le mètre et le troisième ne dépassait pas 50cm. Mais aucun n'a mordu à l'hameçon car j'ai relevé la ligne à temps, maman ne voulant pas de requin à bord!

12/01/06
Jeudi 12, jour du départ, nous partons avec regrets du super mouillage de Sal Rei. Nous levons l'ancre à 14h45 précédé de "La Casa". Nous filons à 6 noeuds sur une mer pas très agitée. La navigation est agréable et l'arrivée est prévue pour le lendemain matin.

13/01/06
Comme prévu, nous arrivons au mouillage vers 10h du matin. "La Casa", que nous avions dépassé entre-temps, arrive peu après. Nous ne tardons pas à nous faire aborder par les locaux. Ils veulent nous vendre leurs services et nous acceptons non sans quelques négociations. Ils se nomment José et Paul et se proposent de surveiller notre bateau et l'annexe, entre autre, contre d'éventuels vols qui sont ici très fréquents (selon les rumeurs...). Mais nous apprenons par d'autres bateaux que José et Paul sont des gens sympathiques et honnêtes en qui on peut avoir confiance, comme nous le constaterons d'ailleurs plus tard. L'après-midi, nous allons à terre avec "La Casa". C'est un jour férié et la campagne électorale bat son plein. Oh! ce n'est pas une campagne législative et présidentielle tendue, loin de là. A part les affiches, on se croirait plutôt dans un concours de musique ou de concerts. Partout les gens font la fête, les rues sont joyeuses et pleines de musique, éclairées par un soleil radieux. Le soir, nous allons manger dans un resto typique, juste à côté d'un meeting (concert). Tout d'abord,, sur la scène, un genre d'orchestre joue des percussions à casser les vitres puis le représentant local du "PAICV" (le parti au pouvoir qui compte bien se faire réélire) prononce un discours et ensuite, samba jusqu'à pas d'heure. Devant l'estrade, quasi toute la ville agite des drapeaux tout en dansant sous le ciel étoilé...

14/01/06
Le matin, les parents font faire les formalités de douane et Papa récupère mon colis du CNED que l'on attendait (surtout pas avec impatience), de toutes façons l'établissement n'a pas tout envoyé, il manque les sujets d'évaluation... Le soir, tout le monde dort sur "La Casa Delmarre" pendant que les adultes sortent au resto. On regarde des films jusqu'à 11h. José nous surveille gentiment et vient de temps en temps voir si tout va bien.

15/01/06
On se réveille sur "La Casa" vers 8h et on profite des crêpes que Pascale a préparées. Pendant la nuit leur anémomètre a buggé et ne marche plus. Nous ne tardons pas à rentrer sur "Imagine" où le CNED nous attend. L'après-midi, "La Casa" vient goûter sur "Imagine" à l'occasion duquel Léo, Bastien et moi testons le nouveau jeu de société que j'ai inventé.

19/01/06
RAS. Le soir, les parents vont voir les concerts des deux principaux partis: "PAICV" et "MPD", vente de cuisses de poulets grillés et de brochettes excellentes (apparemment). Les deux meetings se déroulent à une rue d'intervalle, fiesta dans la ville... (ils rentrent à 2h du matin).

20/01/06
Le 20 janvier est un jour férié dans tout le Cap-Vert. C'est le jour de la commémoration de l'assassinat du héros national Amilcar Cabral. Papa déniche un guide (Silverio) pour nous emmener visiter l'île de Santo Antao durant 2 jours. Coïncidence: Silverio est un fan de foot et plus précisément de l'OM, tout comme Patrick, avec qui il ne tarde pas à sympathiser. Comme quoi le football est un passeport international. Le soir, nous allons manger dans un restaurant typique (chez Nella's) où un violoniste donne un concert. On s'est régalé.

22/01/06
Nous nous levons à 5h30 du matin et nous déjeunons en vitesse. Nos amis José et Paul sont déjà prêts à nous emmener au ferry. Là-bas, les billets sont tamponnés et nous montons sur le bateau. Alors que nous prenons place, nous voyons successivement "Matin Bleu" et "Kador" arriver! Pour une surprise, c'est raté, ils arrivent à l'improviste quand ce n'était pas prévu juste au moment où l'on s'absente! Nous arrivons tout de même à échanger quelques paroles à la VHF empruntée au Commandant de bord avant de se retrouver sur l'île de Santo Antao où une voiture nous attend. Tout d'abord nous roulons jusqu'au cratère de Cova. Là, nous commençons à marcher jusqu'au sommet du volcan d'où nous admirons la vallée de Paul, surnommée le "Machu Pichu" de Santo Antao. Nous entamons ensuite une marche de 15km en descente en direction du fond de la vallée de Paul par un sentier: le chemin aux 80 virages!... Nous traversons une multitude de champs de légumes, chou, maïs, mais aussi canne à sucre, café etc... A mi-chemin, nous visitons une maison, ou plutôt une chaumière faite en pierres avec un toit en bagasse qu'il faut changer tous les 2 ans. Enfin, nous arrivons exténués à Cabo de Ribeira. Nous achetons des provisions dans une épicerie et nous allons les manger sur une terrasse à vue panoramique. L'après-midi, la voiture nous reprend et nous emmène visiter une distillerie de rhum et une station balnéaire à Ponta do Sol. Nous allons ensuite à Ribeira Grande où se trouve notre hôtel, le Bar Résidential Cantinho de Varzea. Nous prenons tous une bonne douche après que Patrick ait joué au foot avec de jeunes cap-verdiens. Le soir nous allons au resto avec Silverio, notre guide. Patrick lui échange un maillot de l'OM contre un maillot de l'équipe du Cap-Vert.

23/01/06
Lever à 8h. Nous nous empressons de prendre notre petit-déjeuner puis, nous allons d'abord en voiture à Coculi, la ville natale de Silverio, notre guide. De là, nous entamons une marche de 10km. Nous traversons différents villages et reprenons la direction de Coculi en suivant une rivière à sec. Nous arrivons vers midi et reprenons des forces grâce aux fanta orange dénichés dans le bar du coin. Ensuite, nous visitons l'église du village qui possède la plus grosse cloche du Cap-Vert! Par chance, la porte du clocher est ouverte et nous montons tous jusqu'en haut, quel panorama! Et cette cloche que je m'imaginais énorme me parait toute petite. Difficile d'imaginer qu'elle puisse nous rendre sourd! Puis notre guide nous emmène à Pedracin village où nous déjeunons d'un plat local à la coriandre. Enfin, nous repartons au ferry en passant par des routes escarpées situées en haut de pics acérés! Pas rassurant de voir d'immenses gouffres de chaque côté de la route! Parfois nous étions même au-dessus des nuages... Finalement nous arrivons au ferry à 16h30, et à 18h nos obligeants amis Paul et José nous accueillent sur le quai de Mindelo (alors que nous ne leur avions rien demandé!). Nous rentrons donc chacun sur notre bateau, non sans avoir été faire un PETIT coucou à "Matin Bleu" ... d'une heure et demi. Il n'empêche qu'à 9h, tout le monde dormait à poings fermés...

24/01/06
CNED, courses, lessive, etc... Pendant que Papa et Maman étaient en ville, "Matin Bleu" nous dérape dessus; je sors des pare-battages mais heureusement leur annexe avait empêché le choc. Aucun dégât à part que le bout de leur annexe s'est pris dans leur hélice... Patrick essaye toujours de réparer son anémomètre en panne.

29/01/06
Didier part à 11h. Nous le suivons vers 13h. Patrick saute à l'eau tout habillé pour nous dire au revoir. Poussés par 25 noeuds de vent, on descend tranquillement le canal de Sao Vicente, et nous nous éloignons vers le large... "Imagine" et son équipage repartent pour la 3ème traversée de l'Atlantique et cela ne me fait ni chaud ni froid...