17 mai 2007, Rangiroa, passe de Tiputa: première
plongée océan.
Le zodiac montait dans les vagues puis redescendait en
tapant comme dans des montagnes russes. Le vent s'était levé
depuis hier et alimentait la houle d'un clapot désagréable.
Heureusement, le lieu de plongée n'était plus très
loin, car chaque vague nous trempait un peu plus. Mais après tout,
nous allions finir complètement mouillés... Une fois arrivés,
nous nous étions équipés. Ainsi déguisé
en homme grenouille, une bouteille sur le dos, j'étais paré.
Ma palanquée se composait de quatre
plongeurs en dehors du moniteur: Une petite fille de 10 ans, ses
parents et moi. Notre moniteur, Yann, s'était mis a faire
le compte à rebours pour la bascule arrière: il fallait
sauter tous en même temps car les vagues déportant
le zodiac, les premiers dans l'eau risqueraient de se prendre la
bouteille des suivants sur la tête et alors là, imaginez
la bosse! Arrivé dans l'eau, j'avais purgé mon gilet
de son air afin de couler le plus vite possible. Yann, le moniteur,
nous attendait à cinq mètres sous la surface. Et ma
première plongée océan avait ainsi commencé. |

Et hop! Bascule arrière ... |
A vrai dire cela faisait un certain temps que je rêvais
de plonger en bouteille en océan. Mais pour en arriver là,
il avait fallu pas mal d'efforts. A chaque fois que l'on arrivait dans
un lieu de plongée on se renseignait, mais il est vrai que sans
diplôme c'était difficile. Bon d'accord, Papa avait réussi
a plonger vers 25 mètres dans la passe de Fakarava mais bon, c'était
limite. A Rangiroa, on avait pris plus notre temps et on s'était
décidé à passer le niveau 1 du CMAS qui est normalement
international et qui permet de plonger à 20 mètres avec
un moniteur et 29 mètres en Polynésie grâce a une
dérogation. C'est là que l'on a rencontré le "Six
Passengers". Un club de plongée près de la passe de
Tiputa (Rangiroa) dont Frédéric et d'autres moniteurs très
sympas nous ont convaincu de faire ça chez eux. Papa a juste eu
à passer un test pratique pour évaluer son niveau et l'a
réussi. Mais pour Maman et moi il a fallu 3 plongées.
On a appris ou réappris à :
- monter, démonter l'équipement de plongée
et la bouteille,
- savoir faire la bascule arrière,
- enlever le masque sous l'eau, le remettre puis le vider,
- enlever le détendeur sous l'eau puis le remettre
(pas très compliqué!),
- se stabiliser sous l'eau rien qu'avec le gilet gonflable
et les poumons (purge, poumons ballast),
- sauver une personne ayant un problème ou une panne
d'air sous l'eau et savoir quoi faire en cas
de panne d'air sur sa propre bouteille.
Tout cela à faire dans le
calme et sans paniquer. Car, bien sur, l'assurance compte beaucoup
sous l'eau! Faire une bascule arrière parait peut-être
anodin mais si on panique parce qu'on la rate ou autre chose ça
peut amener à faire des bêtises. Parce que quand on
est en bouteille a 15 mètres de fond, on ne peut pas remonter
a la surface comme ça d'un coup de palmes! Maman a juste
eu un peu de mal avec le masque... mais elle a quand même
fini par y arriver et à par ça, ça allait et
on a réussi tout les deux. On a fait ces plongées
d'exercice dans le lagon, près de la passe dans un endroit
appelé "l'Aquarium". |

Exercices au fond du lagon avec Maman et Yann
|
Excepté que l'eau n'est pas très claire
(à cause du plancton), il y a beaucoup de poissons sur des fonds
de 3 à 15 mètres. D'où le nom. Yann, notre instructeur
à tous les deux qui est vraiment super sympa (il nous est arrivé
d'être mort de rire à en cracher le détendeur sous
l'eau avec lui!) nous a remis un certificat provisoire en attendant la
carte officielle que l'on ira chercher à "Hémisphère
Sub" (le club de plongée de Raiatea) quand on y passera.
Et voilà comment je me retrouve dans l'eau, à
purger mon gilet pour descendre. Les coraux de la "pente récifale
externe" sont très jolis et abondants, ce qui généralement
signifie une faune nombreuse et variée. La "pente récifale
externe" est en fait tout simplement le tombant côté
océan qui forme une sorte de replat entre 10 et 20 mètres,
puis redescend jusqu'à environ 50 mètres. Là, deuxième
replat et après ... je n'ai jamais été voir!
Revenons à nos poissons. C'est un Napoléon qui vient le
premier à notre rencontre. Il fait environ 1 mètre, ce qui
n'est pas mal pour un vertébré aquatique! Mais ce n'est
pas vraiment la longueur qui est impressionnante chez lui, mais plutôt
sa corpulence. Celui-ci doit peser au moins 50 kg!
Descendant encore, on se retrouve plus près du fond. Là
on est accueillis par des bancs de perches pagaies. Celles-ci sont d'ordinaire
assez craintives mais en se frottant le pouce et l'index (comme pour dire
"argent" par exemple), elles s'approchent assez hardiment, croyant
trouver là quelque nourriture. Les autres poissons notables que
l'on peut trouver ici sont les poissons papillons, qui nagent dans tous
les sens souvent en couple, les petits poissons-anges tel l'ange flamme
ou l'ange peau-de-citron (qui sont, vous l'aviez deviné (mais si!),
respectivement rouge et jaune) et qui se cachent dans les anfractuosités
du corail, les mérous (dans les trous), les poissons perroquets
et les balistes qui passent leur temps à racler le corail avec
leurs dents (ils vont finir par éclater à force de manger!),
les chirurgiens et les nasons (qui eux se tiennent au-delà du tombant
ou au-dessus des profondeurs abyssales), et enfin quelques carangues qui,
déboulant à pleine vitesse, vous tournent autour à
vous donner le tournis et repartent...

Un napoléon vient à notre rencontre |

On est accueillis par des bancs de perches pagaies |
Un peu plus loin, en continuant vers la passe, nous
croisons (ô heureux hasard!) trois tortues se nourrissant de corail
ou plutôt de sortes d'éponges vivant dans et sous des plaques
de corail qu'elles soulèvent et cassent avec leur bec crochu. Nous
les regardons un moment mais elles ne daignent même pas nous prêter
attention. Une des trois se sentant finalement dérangée,
s'éloigne avec grâce. Soudain, un concert de cliquetis et
de couinements nous fait sursauter, nous scrutons le tombant et la surface
vers le large, hélas trop bleu et trop vide. Et alors, deux dauphins
surgissent d'on ne sait où et arrivent vers nous, l'un reste à
la surface, l'autre fait quelques pirouettes autour de nous avant de rejoindre
son compagnon à la surface, puis ils s'en vont à l'opposé
d'où ils sont arrivés. Wahou! L'évènement
a duré 20 secondes mais ô combien inoubliables!... Les tortues
étant parties, nous arrivons vers "l'Angle" qui est en
fait un des coins extérieurs de la passe, et où l'on a généralement
le plus de chance de voir du "gros" (raies manta, requins, dauphins),
et même en s'appelant "Gontrand Bonheur" ou en plongeant
là-bas tous les jours comme les moniteurs de plongée, on
peut voir des marlins, des requins marteau, des requins tigres et même
des requins baleines ou des baleines mais ça c'est beaucoup plus
rare et en plus ça depend des périodes de l'année!
On croise encore deux ou trois napoléons puis un requin pointe
noire et deux ou trois Rairas (requin gris en polynésien).
Arrivés à l'Angle, ô surprise, une raie manta nage
sur le fond. Bon d'accord, le fond est à 40 mètres et nous
à 15 mètres seulement mais bon, l'eau est tellement claire
que même si elle avait été à 10 mètres
de nous et hors de l'eau on ne l'aurait pas mieux vue!... On l'observe
quelques minutes puis elle disparaît dans la passe. Et là,
signe du moniteur: Fin de plongée! Quoi?! ET oui, cela faisait
déjà 50 minutes que l'on était dans l'eau. Et moi
qui aurait mis ma main au feu (là où l'on est je ne risque
pas grand chose!) que ça ne faisait que 10 minutes...
Et là, pendant le petit palier de sécurité à
3 mètres (histoire de patienter pendant que le marin repère
notre parachute flottant (tellement fluo que ça fait mal aux yeux),
RE deux dauphins. Pas longtemps non plus. Ils venaient respirer à
la surface et ont choisi un endroit à 50 mètres de nous.
Puis ils repartent aussitôt en cliquetant vers le fond...
Pas mal pour une première plongée océan! Qu'est-ce
que j'ai marqué sur mon carnet de plongée déjà?
Ah oui: EXTRA-ordinaire plongée...
17 mai 2007, Rangiroa, passe de Tiputa: exploration "Sunset"
Le soir même de ma première plongée
océan, nous (Papa, Maman et moi) devions faire une deuxième
plongée. Je dis le soir car pour ceux qui ne seraient pas des as
en anglais, "sunset" signifie "soleil couchant" ou
"soleil qui se couche". Seulement Maman se sent très
fatiguée à cause d'un malheureux staphylocoque qu'elle a
attrapé quelques jours avant. Dommage ... nous décidons
tout de même d'y aller Papa et moi. On va donc au club vers 16 heures.
Notre moniteur nous donne notre matériel que l'on installe. Il
s'appelle Julien. Ensuite il nous fait le briefing de la plongée
: la "sunset" nous explique-t-il est une petite plongée
simple et peu profonde car ce n'est généralement pas la
première de la journée pour la plupart des plongeurs. Mais
c'est surtout et souvent la quatrième du moniteur! (enfin ici à
ce club, ce n'est pas une généralité de la sunset).
Le but de la plongée: de temps en temps dauphins et raies mantas,
mais surtout le comportement et l'aspect différent que les poissons
adoptent pour la nuit. Et le clou de la plongée: l'accouplement
des chirurgiens mouchetés et des chirurgiens bagnards.
Donc, nous partons vers le lieu de plongée sur le zodiac. Nous
sommes cinq dans la palanquée. Et la plongée commence. Le
soleil n'est plus du tout haut dans le ciel et pourtant l'eau n'est pas
plus froide que dans la journée. C'est étrange car on dirait
que les poissons ont plus de couleurs le soir. Ou alors, les couleurs
ressortent plus ... En tous cas, moi, je les trouve plus colorés
(et Papa aussi d'ailleurs!).
Autre chose importante, on ne voit aucun poisson perroquet: ils sont déjà
tous en train de chercher un trou pour la nuit et de s'envelopper de mucus
protecteur. Les napoléons et les tortues sont au rendez-vous. C'est
en fait un peu le même parcours que celui que j'ai fait ce matin.
Il y a pas mal de courant et ce surtout si on s'éloigne du replat
pour aller dans le bleu, mais alors il change de sens et devient contraire.
Et tout à coup, hop, les dauphins, enfin les bruits des dauphins.
Car leur présence manque en effet: quelle frustration, entendre
les dauphins et ne pas les voir! Surtout que les cliquetis et couinements
redoublent d'intensité, on les entend tellement fort qu'ils ne
sont sûrement pas loin! Mais où? On scrute le bleu avec insistance
mais les six paires d'yeux ne voient rien ... et les bruits s'arrêtent.
Tant pis, on continue.
Nous arrivons enfin au milieu d'un grand banc de chirurgiens mouchetés.
Lors de l'accouplement, les mâles changent de couleur et deviennent
tout gris. Les femelles gardent leurs "mouchetures" et leur
bande grise au niveau des nageoires pectorales. Là, le courant
est moins fort et l'on peut aisément rester sur place en s'accrochant
à un rocher au fond. Moi, je vide carrément et totalement
mon gilet de son air afin de pouvoir rester allongé sur le sol
sans bouger et sans effort. Le banc de chirurgiens finit par nous encercler.
Nous devons attendre une dizaine de minutes qui me semblent être
une éternité (surtout que sans bouger, on a froid), qu'ils
veuillent bien s'accoupler. Et tout à coup, paf! ça commence.
Des femelles s'élancent au-dessus du banc chacune à leur
tour, toutes poursuivies par une douzaine de mâles, et laissent
un nuage de gamètes mâles et femelles qui ensuite va dériver
jusque dans le lagon (le courant est rentrant) où les ovules fécondés
iront se coller aux algues et aux rochers. Tout cela se passe à
chaque fois en une demi seconde "top-chrono" (si!) et dans une
détonation semblable à un coup de fusil, dûe aux mouvements
très rapides de leurs nageoires caudales. Et là, paf! paf!
paf! ils sont des dizaines de groupes à monter en même temps
dans un bruit de pétarade (avé l'accent du midi c'est encore
plus drôle!) ... Non, non vraiment, c'est unique! Ah oui là,
incroyable, y'a pas à dire! Et de temps en temps les requins excités,
mêlant leur grain de sel, passent au milieu du banc et interrompent
le spectacle.
Le soleil doit se coucher à présent
car l'eau s'assombrit. Et comme on n'a pas pris de lampes, on se
dépêche de continuer pour aller voir les chirurgiens
bagnards. On voit assez souvent passer des bancs de carangues leurres
qui chassent parmi les bancs d'alevins ou encore des requins, des
grands barracudas, et des carangues bleues, qui, toutes excitées
se promènent au milieu des coraux. Nous arrivons enfin au
milieu des chirurgiens bagnards. Là, nous n'avons pas à
attendre. Les mâles perdent leurs rayures et prennent une
couleur uniforme. Même scénario que pour les mouchetés.
Même scène unique... |

Une carangue bleue chassant en solitaire
|
Mais le courant est de nouveau plus fort et Papa ainsi
que d'autres plongeurs sont sur leur réserve d'air, on continue
donc, pour atteindre une sorte de tranchée de corail (après
avoir tourné à l'angle dans la passe), puis une sorte de
plateforme qui surplombe l'intérieur de la passe 25 mètres
plus bas, où le courant est nul. Le moniteur sort son parachute,
le gonfle d'air pour qu'il remonte en surface et que le bateau nous repère.
Nous ne pouvons pas trop bouger car si on avance vers l'intérieur
de la passe on se fait aspirer par le courant, pousser dans le contre-courant
et expédier dans l'océan au milieu de nulle part et en pleine
nuit. Enfin, on remonte à la surface et le marin vient nous chercher
dans le zodiac. On s'avance vers le milieu de la passe car le bateau ne
peut pas s'approcher du bord. Il fait nuit à présent. Pourtant,
je vois encore depuis la surface le fond de la passe 30 mètres
plus bas ...
20 mai 2007, Rangiroa, passe d'Avatoru
En ce moment, le planning est plutôt chargé
en plongées: le lendemain de ma première plongée
océan et de la "sunset", je faisais la dernière
plongée d'évaluation CMAS et obtenait le niveau 1. Maman
l'obtenait le surlendemain et le 20, aujourd'hui en fait, on programmait
une plongée à Avatoru, l'autre passe de Rangiroa. Notre
moniteur? Julien!
Le but de la plongée est de voir les "tapete"
(prononcer tapété) qui sont en fait les requins pointe
blanche du récif, et les carangues noires qui se rassemblent
là-bas en groupes de plusieurs centaines d'individus, nous
explique-t-il lors du briefing.
Les tapete sont normalement des requins qui vivent en grande
profondeur et les adultes remontent rarement au dessus de 100 mètres.
Ils ont une taille moyenne de deux à trois mètres,
ce qui n'est pas mal pour des requins dits "potentiellement
dangereux, surtout en cas d'excitation", ce que justement nous
allons faire. Car pour que ces animaux remontent des profondeurs,
il faut bien les appâter. |

Un superbe tapete |
Ici à Avatoru quelques tapete sont justement
habitués à être nourris par les plongeurs qui viennent
régulièrement. Mais cela fait un certain temps déjà
que nous n'avons plus peur de nous faire manger par des requins assoiffés
de sang. Et tout simplement parce que ça n'existe pas. C'est vrai
que quand on a vu "Les dents de la mer", on a du mal à
y croire. Mais pourtant c'est la vérité! La grande majorité
des cas d'attaques de requins sont des accidents souvent dûs à
des bêtises de la victime. Le reste des attaques, c'est parce que
le requin avait faim. Ce qui est en soi tout à fait normal! Et
puis nous, on mange bien du requin non? De toutes façons, le requin
n'apprécie pas la chair humaine et souvent il ne fait que "goûter"
la victime (oui bon, c'est tout de même embêtant!). Et en
plus, ces cas ne peuvent se produire près d'un récif poissonneux
où le requin n'a qu'à se servir pour manger (comme là
où nous sommes ...). Autre chose: les requins ne sont guère
attirés par le sang, contrairement à ce que beaucoup pensent.
En effet, ils sont surtout capables de ressentir les émotions comme
la peur et sentent l'excitation des poissons. C'est beaucoup plus cela
qui les excite et les rend nerveux. Le sang n'est qu'un mythe (bien qu'ils
aient un odorat très développé) et les prévient
juste qu'il y a de la nourriture et d'autres prédateurs en train
de chasser. J'ai aussi questionné les moniteurs de plongée
du "Six Passengers" et tous ont déjà vu des requins
tigres ou marteaux de plus de quatre mètres et ne se sont jamais
sentis en danger.
Par ailleurs, je pense que nous les humains sommes assez mal placés
pour qualifier les requins de tueurs, nous qui commettons des génocides
(le mot n'est pas trop fort, c'est la définition exacte ...) sur
beaucoup d'espèces de requins, juste sous prétexte de collectionner
leurs dents ou de manger leurs ailerons.
Et une dernière petite anecdote pour clore cette parenthèse
sur les requins; pour les amateurs de langoustes: les requins sont de
grands mangeurs de raies et les raies de grandes mangeuses de langoustes.
Alors comme il y a de moins en moins de requins pour réguler la
population de raies et que la plupart des humains ne mangent pas les raies,
et bien celles-ci prolifèrent et deviennent une des principales
causes de la diminution de la population de langoustes. Voilà.
Ceci était un aparté.
Bon, revenons à notre plongée. Nous sommes une bonne quinzaine
à aller plonger à Avatoru. Plus le marin, le zodiac est
très chargé. Il y a 4 ou 5 milles du club à Avatoru.
Aussi il nous faut une bonne dizaine de minutes pour y parvenir. Et encore,
on a les vagues dans le dos: le retour sera plus long. Enfin nous arrivons
à Avatoru et nous nous retrouvons dans l'eau, chaque groupe à
son tour. On n'a même pas sorti le poisson (congelé) de la
boite en carton que les requins sont déjà là. Ils
ont dû entendre le bruit du moteur. Arrivés au fond vers
20 mètres, on se plaque au sol en s'accrochant. D'autres tapete
remontent des profondeurs au fur et à mesure. Belles bêtes.
Ils doivent bien faire 2m50. Et quand tu vois les dents, ça ne
donne pas envie d'être le poisson congelé qui sert d'appât!
Les requins commencent à nous tourner autour. Ils passent si près
de nous qu'on est parfois obligés de baisser la tête! Ils
ne sont que 5 ou 6 mais c'est assez impressionnant tout de même.
Ils sont vraiment magnifiques ces requins: aérodynamiques, musclés,
l'oeil vif et intelligent, nage lente et assurée ...

Accroché sur le fond, j'oberve les tapete ... |

Un squale à l'oeil vif et intelligent |
Tout à coup, Serge, le moniteur d'une autre palanquée
jette un morceau de poisson. Aussitôt, une nuée de pagres
et de labres se jettent dessus et commencent à le déchiqueter.
Mais un beau squale au regard méfiant s'approche, toutefois sans
se presser. Alors, tous les poissons vont à nouveau se cacher dans
leur trou et le tapete se jette sur le morceau de poisson en
un éclair, le happe dans une demi-vrille latérale, puis
l'avale (j'imagine puisqu'on ne voit pas sa pomme d'Adam!). Et alors là,
tu en restes pantois, les yeux tout ronds et tu dis "BLOOOUP!"
(ben oui, on s'appelle pas James Bond nous: on ne parle pas sous l'eau!).
Non mais sérieusement, c'est quand même une vision incroyable
... on se croirait dans un film! Si vous avez vu le James Bond "Rien
que pour vos yeux", c'est à peu près le même
mouvement que quand un des deux requins mange un méchant tombé
à l'eau. Serge leur donne un deuxième morceau. Même
scénario. Puis, quand il n'y a plus de poisson, ils se désintéressent
totalement de nous et repartent aussitôt! Ils ont beau se donner
en spectacle, ils ne viennent ici que pour manger ...
Nous continuons donc vers l'intérieur de la passe (en fait la plongée
se déroule légèrement en dehors de la passe). Ici,
les coraux me font davantage penser à Fakarava alors que les fonds
de Tiputa ressemblent plus à ceux de Faaite. On constate quand
même une différence des poissons présents. Les Napoléons
par exemple sont absents ici alors que je n'avais pas vu dle baliste bleu
à Tiputa. Il y a beaucoup moins de requins raïras,
de pointes noires, de carangues bleues et de carangues leurres; enfin
nous n'avons pas vu de Napoléon ou de poisson lait, alors qu'à
Tiputa j'ai vu ces deux espèces à chaque plongée.
Nous croisons tout de même un raïra et une superbe
tortue. Plus nous avançons, plus les coraux sont beaux. Les couleurs
bleues, oranges et jaunes sont tout à fait identiques à
celles des coraux de Fakarava. Pour ma part, je dirais qu'il y a plus
de poissons à Tiputa mais que les coraux sont plus jolis à
Avatoru.
Nous avançons donc vers le lieu où l'on devrait normalement
trouver le banc de carangues. Toutefois, je traîne un peu avec Papa
qui prend des photos, observant les minuscules poissons juvéniles
posés sur les coraux, tout en me laissant porter par le courant,
et tout à coup je tombe sur... une anémone! Deux petits
poissons clowns nagent dedans. L'anémone n'est pas grande, 30 cm
environ, mais c'est la première fois que je vois des poissons clowns
dans la nature. J'appelle Papa et Maman qui viennent les photographier.
Ils sont tellement mignons et captivants que j'oublie le moniteur qui
s'éloigne déjà. C'est vraiment dommage; j'aurais
tant aimé pouvoir les admirer plus longtemps, les voir nager au
milieu de l'anémone ondulant avec le courant. De temps en temps,
ils ouvrent la bouche comme pour gober quelque nourriture invisible ou
se frottent et se cachent le plus possible au fond de la petite anémone.

Tout à coup je tombe sur... une anémone!
|

Les carangues tourbillonnent |
Je finis tout de même par quitter ce merveilleux
spectacle et je rejoins Julien, notre moniteur, à grand renfort
de palmes. Nous arrivons au banc de carangues qui tournent en rond près
de la surface. Il y en a une bonne centaine: un sacré garde-manger!
Tout-à-coup, en s'approchant de cette masse, BANG! le tir d'un
boulet de canon se fait entendre: ce sont en fait les carangues noires
qui, toutes en même temps ont donné un coup de queue pour
se retrouver dix mètres plus loin, plus profond. Et c'est cette
centaine de coups de queue qui a produit cette déflagration étourdissante
... Quelle mouche les a piqué? Quelle frayeur, si subite fut-elle,
a bien pu provoquer un mouvement général si soudain? En
tout cas, nous ne voyons rien!
De toutes façons c'est la fin de la plongée et il est temps
de remonter. Nous suivons alors la pente externe pour remonter vers les
10 mètres. Une tortue passe non loin de nous. Le moniteur a l'air
d'attendre un peu sur place. J'en profite pour prendre l'appareil photo
des mains de Papa et pour prendre une photo de Papa et Maman sous l'eau.
Je prends quelques photos d'eux et m'aperçois qu'un truc cloche
dans le viseur de l'appareil: la surface! Non, ce n'est pas un effet d'optique:
Papa et Maman ne sont bientôt plus qu'à un mètre sous
la surface. Juste avant de m'apercevoir que j'ai moi-même perdu
5 mètres de profondeur! Vite, je me mets immédiatement à
souffler tout l'air que j'ai dans les poumons, je purge totalement mon
gilet ... et redescends avant d'avoir dépassé les 4-5 mètres.
Mais Papa et Maman eux sont déjà à la surface! Et
Julien qui les a rejoint s'efforce de faire redescendre Maman... Ce qui
s'est passé est tout simple: Papa et Maman étaient en position
verticale pour la photo et ne faisant plus attention au mouvements de
leurs palmes, ils sont remontés ... comme des bouchons. Quand à
moi, et bien, j'avais l'appareil photo, or le caisson étanche est
plein d'air: cela fait comme un flotteur et il m'aurait fallu un plomb
de plus! Heureusement que nous avions déjà fait un petit
palier de sécurité vers dix mètres, car cela aurait
pu avoir de plus graves conséquences plus profond. Enfin ... c'est
le métier qui rentre!
Arrivés à la surface, le bateau vient nous récupérer.
Nous voyons des dauphins dans la passe, en rentrant au club. La plongée
a duré 45 minutes environ et nous sommes descendus à 25
mètres ... QUE D' EMOTIONS !!!
22 mai 2007, Rangiroa, passe de Tiputa: "Stone-fish
dive, l'Angle"
Nous avions tous bien aimé
la plongée à Avatoru. Aussi ce ne fut qu'à
moitié une surprise quand Maman demanda à refaire
une plongée... La passe de Tiputa est quand même réputée
deuxième site de plongée du monde et Maman ne l'avait
pas faite.
C'est ainsi que nous nous retrouvons à faire la bascule arrière
du zodiac du "Six Passengers" à peu près
à l'endroit de ma première plongée océan
et de la "sunset" aux environs de 14h30, et c'est avec
joie que nous nous replongeons dans cet univers féerique. |

Quel plaisir de plonger en si bonne companie!
|
Cette fois, notre moniteur se nomme Frédéric.
Nous descendons donc jusqu'à 15 mètres de profondeur sur
le surplomb puis nous continuons la descente en nous'écartant du
tombant. Au dessous de nous, du bleu à perte de vue ... un gros
Napoléon d'un mètre cinquante environ vient nous tourner
autour accompagné d'une poignée de nasons. Il s'approche
vraiment près sans que nous puissions le toucher pour autant. Le
profondimètre de Papa indique 31 mètres, nous remontons
un peu (notre licence ne nous autorise pas à dépasser 29
mètres!). Nous suivons Frédéric qui nous ramène
vers l'angle de la passe. Nous voyons 30 mètres plus bas sur le
tombant des centaines de raïras ainsi qu'une raie aigle
de passage. Tout petits vu d'ici. Tout de même, je m'imagine assez
bien par 50 mètres de fond en pleine narcose au milieu de 300 requins.
Bon, revenons les pieds sur terre. C'est le cas de le dire car nous quittons
le tombant pour nous retrouver dans la passe sur le rebord corallien vers
10-14 mètres de fond. Ici l'eau est un peu plus trouble car le
courant sortant charrie toutes les particules du lagon. Mais cela nous
permet de bien voir l'importance et la vitesse du courant à l'intérieur
de la passe.
Pitou (c'est le surnom de Frédéric) veut nous montrer un
poisson-pierre et des oeufs de poissons-clowns. Malheureusement, la mer
est trop agitée et comme l'anémone se trouve par 3 mètres
de fond, cela serait dangereux. Tant pis! Quant au poisson-pierre, je
mets un temps à remarquer que la masse grise que Pitou nous montre
possède deux yeux ... Lui, le touche carrément! Finalement,
le morceau de roc se déplace pour aller se poser un mètre
plus loin. Pitou passe sa main (sans gants!) à plat sous le poisson-pierre
et le soulève. Posée sur sa main, cette étrangeté
de la nature ne bronche pas ...
Il le repose enfin quand arrive une tortue. Elle est en plein repas et
semble casser le corail afin de manger quelque chose dessous. C'est en
fait une sorte d'éponge, petite et noire, que Pitou extrait sans
mal d'une branche de corail mort. Aussitôt, la tortue se jette dessus,
poussant la tête de son bienfaiteur de sa patte. Je trouve moi-même
une éponge que je lui donne par morceaux. Du coup, elle s'intéresse
énormément à moi et ne me lâche plus. Je fait
profiter Maman de cette incroyable moment qu'est cette rencontre avec
la tortue en lui donnant un morceau d'eponge...

Rencontre avec une tortue gourmande ... |

elle adore les morceaux d'éponge |
Celle-ci reste un moment avec nous, son estomac est apparemment
vide ou bien elle ne se rappelle plus à quand remonte un festin
pareil ... Mais une autre fabuleuse rencontre vient interrompre cet épique
moment: alors que la tortue batifolait dans les bras de Pitou, mon regard
est attiré par une pirouette au dessus de sa tête; des dauphins!
Je lève alors, par réflexe, ma main dans leur direction
mais c'est inutile car un concert de cliquetis se fait entendre alors
que les deux coquins sont parvenus juste à la hauteur de notre
groupe, en surface cependant. Mais ce n'est malheureusement qu'un flash,
un rêve éveillé très court, une vision ...
en effet, à l'arrivée d'un troisième compère,
nos deux ... trois lascars s'enfuient ... à l'anglaise. La pauvre
tortue délaissée vient alors nous réveiller, et une
fois la bouche fermée et les fesses relevées du corail nous
nous apercevons (ou plutôt Pitou s'aperçoit ... nous on n'a
pas envie de remonter) que la plongée touche à sa fin. Nous
sommes en effet dans l'eau depuis 50 minutes infiniment trop petites.
C'est donc la tête et le coeur bien remplis que nous remontons dans
le zodiac vers de nouvelles aventures ...
C'est ce qu'on appelle terminer en beauté ...
Que dire de plus? Les photos, les mots seraient vains pour illustrer ce
que nous avons, ce que j'ai vécu durant ces quatre merveilleuses
plongées. J'espère en tout cas avoir fait de mon mieux,
et vous avoir au moins permis de rêver avec mon récit ...
Voilà. Mais avant de vous quitter chers lectrices
et lecteurs ^_^, j'aimerais remercier chaleureusement le "Six Passengers"
et tout particulièrement Yann, Julien, et Pitou.
Et si par le plus grand des hasards vous venez passer quelques jours de
vacances à Rangiroa, et bien je vous souhaite autant de plaisir
que moi à découvrir cette essence de paradis ...
Romain,
le 30 Août 2007
Les
photos de Rangiroa |