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Graciosa, par les touristes au mouillage Du 8 au 10 Octobre, Traversée
de Madère à Graciosa aux Canaries. A 11 heures, nous nous décidons à tenter
la manoeuvre périlleuse qui nous sortira de notre trou à
rat. Quand nous sommes arrivés 15 jours plus tôt à
la marina de Quinta do Lorde, il n'y avait pas de vent, et peu de bateaux
autour de nous. Le marinero du port nous avait guidé vers une place
d'où il est maintenant difficile de s'extraire: il y a à
peine plus d'une longueur de bateau entre notre arrière et le ponton
suivant, vers lequel le vent nous pousse dangereusement. Heureusement
tous les amis du ponton nous aident en tenant des pare-battages aux endroits
stratégiques, et le marinero nous pousse avec son zodiac pour nous
éviter de se vautrer sur les bateaux voisins. Le lendemain, c'est une belle coryphène qui va redonner du tonus à l'équipage. Vers 11 heures, la canne se plie comme jamais. Nous ralentissons le bateau qui filait à 8 noeuds, et pendant une heure, nous tentons d'épuiser notre prise qui se débat furieusement, saute hors de l'eau, et tente même de nous dépasser. Lorsqu'elle a l'air morte, nous l'approchons doucement de la jupe arrière. C'est un mâle, d'au moins 80 centimètres. Bien que notre épuisette soit deux fois plus petite, j'essaye quand même de le recueillir avec. Erreur fatale (pour l'épuisette) : elle plie comme du beurre sous le poids de la bête, qui elle, en profite pour se débiner sans s'excuser d'avoir cassé le matériel. Deux heures plus tard, une autre coryphène encore plus grosse nous échappe alors qu'on l'avait presque remontée à bord. Il faudra qu'on perfectionne notre technique.
Le reste de la journée n'est plus marqué
par aucun événement notable. J'essaye la thérapie
par le rire sur mon équipage toujours nauséeux en dansant
dans le carré sur les chansons d'un des premiers albums de Serge
Gainsbourg ("du jazz dans le ravin") tout en faisant cuire des
pâtes. Ça fait beaucoup rire les enfants, c'est facile, mais
moins la maman. Dans la nuit la mer s'apaise un peu, et nous réglons
le bateau sur "petite vitesse" (3 à 4 noeuds) pour éviter
d'arriver dans le noir. Au petit matin, dans le crachin, l'île de
Graciosa se dessine sombrement devant la muraille noire des falaises de
Lanzarote. L'atmosphère n'est pas des plus engageantes, et même
plutôt lugubre. A 8 heures nous mouillons devant la "Playa
Francesa" (la Plage Française !), juste à coté
du bateau Estel que nous avions rencontré à Madère.
Evelyne et Jean-Louis viennent immédiatement nous rendre une petite
visite et nous prenons le petit déjeuner tous ensemble. Ils pousseront
la gentillesse jusqu'à plonger dans l'eau pas très chaude
pour nous guider quelques mètres plus loin vers un mouillage plus
fiable sur du sable. Merci encore ! Du 10 au 18 Octobre, Au Mouillage
à Playa Francesca, Ile de Graciosa.
Les jours suivants, le mouillage se peuple de bateaux que nous connaissons. Génépi était arrivé juste derrière nous de Madère. Le lendemain au réveil, surprise, il y a un autre Outremer 45 dans la baie. C'est Kadavu, qui arrive de La Grande Motte par Gibraltar. Nous connaissions un peu Geoffroy et Yannick depuis l'Outremer Cup 2003, nous faisons connaissance avec le reste de la famille, Charles, 10 ans, Alec, 8 ans 1/2, et Mahaut, 6 ans, qui vont devenir les compagnons de jeu et d'aventure de Romain et Bastien. Puis Flipper arrive avec Zoé et Anatole, déjà rencontrés à Madère. Ils nous offrent une grosse part du thon qu'ils viennent juste de pêcher, que nous nous empressons de déguster. C'est le meilleur thon que nous ayons jamais mangé. Nous faisons aussi connaissance avec d'autres bateaux Français, Anglais, et Allemands, tous avec des enfants. Ça fait une joyeuse bande ! Le soir, la plage devient l'endroit de la rencontre et de la fête. Durant nos huit jours au mouillage, il sera difficile de passer une soirée "à la maison". Ce sera d'abord une fiesta générale avec une quarantaine de personnes autour du feu, apéro et dîner pour les enfants. Un autre soir c'est l'anniversaire de Jean-Pierre, de Génépi, 50 ans sur cette plage, il y a pire! Puis celui de François de Flipper. Et d'autres soirées sans "prétexte" officiel.
Pendant que les adultes discutent et boivent un coup (ou deux), les enfants jouent en totale liberté dans le noir, sur la plage et dans le désert qui la borde. Sacrée différence de rythme par rapport à la maison ! Et pourtant, cela n'empêche pas le travail. Les enfants sont d'autant plus motivés pour l'école à bord qu'ils savent que les copains travaillent aussi sur leur bateau. Ils se retrouvent sur la plage l'après-midi, et se font oublier jusqu'au soir. En plus des occupations de plage habituelles (châteaux, coquillages, pêche, ...) Romain découvre la voile légère grâce au petit trimaran des enfants de Kadavu. Un jour nous montons en petit groupe avec les enfants sur le volcan qui surplombe le mouillage. C'est l'occasion de remettre des chaussures, car la roche volcanique est trop abrasive. Nous suivons la ligne de crête de l'ancien cratère, en profitant des vues splendides sur le mouillage, Graciosa, et Lanzarote. Seuls quelques lichens arrivent à pousser sur ce chaos de laves et de roches, et nous n'observons pas d'animaux sur les pentes du volcan. Il y a seulement une énorme quantité de coquilles vides de petits escargots blancs regroupées en petits tas un peu partout. Étonnant vu l'aridité du site.
Les jours s'écoulent doucement, un rythme vraiment relax s'installe, il devient difficile de dire le jour de la semaine (seuls les enfants le savent car ils marquent la date sur leurs cours). On souhaiterait que rien n'interrompe ce bonheur. Mais la mer et le ciel n'en ont cure. La météo annonce un changement du vent à l'ouest, une petite houle commence à agiter le mouillage, les bateaux tournent autour de leurs ancres et se retrouvent au vent des rochers dans la nuit. C'est le signal du départ. Au matin, quelques uns vont s'abriter dans le petit port de La Sociedad et retournerons au mouillage dans quelques jours. Kadavu et nous décidons de mettre les voiles pour Lanzarote, l'île voisine. Nous quittons nos amis avec regrets en espérant les revoir au plus vite dans un autre mouillage de rêve. A suivre ...
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