Les Iles Canaries (1)

Graciosa, par les touristes au mouillage


Du 8 au 10 Octobre, Traversée de Madère à Graciosa aux Canaries.
274 miles en 1 jour et 21 heures

Pascal

A 11 heures, nous nous décidons à tenter la manoeuvre périlleuse qui nous sortira de notre trou à rat. Quand nous sommes arrivés 15 jours plus tôt à la marina de Quinta do Lorde, il n'y avait pas de vent, et peu de bateaux autour de nous. Le marinero du port nous avait guidé vers une place d'où il est maintenant difficile de s'extraire: il y a à peine plus d'une longueur de bateau entre notre arrière et le ponton suivant, vers lequel le vent nous pousse dangereusement. Heureusement tous les amis du ponton nous aident en tenant des pare-battages aux endroits stratégiques, et le marinero nous pousse avec son zodiac pour nous éviter de se vautrer sur les bateaux voisins.
Enfin libres, nous quittons avec soulagement cette marina et envoyons toute la toile. Notre dernière belle navigation à voile remonte à plus de trois semaines et j'ai soif de vent et de glisse. Le vent est modéré, la mer est peu agitée, le bateau marche entre 7 et 9 noeuds sous un beau soleil, ça fait du bien. Les habituels dauphins viennent nous examiner et jouer autour de nous. C'est Bastien qui les a vu en premier cette fois, et il n'est pas peu fier. Nous rejoignons bientôt Bamako parti un peu plus tôt et allons lui faire un petit bonjour en mer. Ensuite nos routes se séparent car nous mettons le cap sur l'île de Graciosa, à l'est de l'archipel des Canaries. Nous resterons toute la journée à portée de VHF, et chaque événement (dauphins, pêche, ...) sert de prétexte aux enfants pour appeler les bateaux par radio et leur raconter leur vie (et aussi la nôtre !). Nous communiquons aussi avec Génépi, un OVNI 33 qui emmène Jean-Pierre et Evelyne vers leur deuxième périple autour de l'Atlantique. Nous pêchons une belle Bonite qui nous régale au dîner. Progressivement, le vent tourne à l'est, ce n'était pas prévu au programme car nous devons une fois de plus faire du près alors que nous étions censé faire cette traversée au portant. La mer devient agitée et les vagues nous arrivent par le travers. L'équipage devient vite vaseux et va se coucher. Je fais de même ... tous les quarts d'heure. La nuit s'écoule sans histoire.

Le lendemain, c'est une belle coryphène qui va redonner du tonus à l'équipage. Vers 11 heures, la canne se plie comme jamais. Nous ralentissons le bateau qui filait à 8 noeuds, et pendant une heure, nous tentons d'épuiser notre prise qui se débat furieusement, saute hors de l'eau, et tente même de nous dépasser. Lorsqu'elle a l'air morte, nous l'approchons doucement de la jupe arrière. C'est un mâle, d'au moins 80 centimètres. Bien que notre épuisette soit deux fois plus petite, j'essaye quand même de le recueillir avec. Erreur fatale (pour l'épuisette) : elle plie comme du beurre sous le poids de la bête, qui elle, en profite pour se débiner sans s'excuser d'avoir cassé le matériel. Deux heures plus tard, une autre coryphène encore plus grosse nous échappe alors qu'on l'avait presque remontée à bord. Il faudra qu'on perfectionne notre technique.


La bête rusée fait la morte ...

... mais c'est l'épuisette qui trépasse

Le reste de la journée n'est plus marqué par aucun événement notable. J'essaye la thérapie par le rire sur mon équipage toujours nauséeux en dansant dans le carré sur les chansons d'un des premiers albums de Serge Gainsbourg ("du jazz dans le ravin") tout en faisant cuire des pâtes. Ça fait beaucoup rire les enfants, c'est facile, mais moins la maman. Dans la nuit la mer s'apaise un peu, et nous réglons le bateau sur "petite vitesse" (3 à 4 noeuds) pour éviter d'arriver dans le noir. Au petit matin, dans le crachin, l'île de Graciosa se dessine sombrement devant la muraille noire des falaises de Lanzarote. L'atmosphère n'est pas des plus engageantes, et même plutôt lugubre. A 8 heures nous mouillons devant la "Playa Francesa" (la Plage Française !), juste à coté du bateau Estel que nous avions rencontré à Madère. Evelyne et Jean-Louis viennent immédiatement nous rendre une petite visite et nous prenons le petit déjeuner tous ensemble. Ils pousseront la gentillesse jusqu'à plonger dans l'eau pas très chaude pour nous guider quelques mètres plus loin vers un mouillage plus fiable sur du sable. Merci encore !

Du 10 au 18 Octobre, Au Mouillage à Playa Francesca, Ile de Graciosa.
Pascal

Avec le soleil qui se lève, ce mouillage se révèle superbe. C'est une anse qui abrite une quinzaine de bateaux, avec une belle plage de sable, au pied d'un volcan nappé de chocolat et de caramel. L'endroit est inhabité, le plus proche (et unique) village de l'île est à une demi-heure de marche en longeant le rivage. Nous y partons en expédition le lendemain pour faire des courses, pieds nus et sacs à dos. En fait c'est à la rame que ça commence, pour rejoindre la plage en annexe (j'ai eu la flemme de monter le moteur). Puis nous marchons dans le sable d'abord le long de la plage, puis à travers des paysages désertiques entourés de volcans érodés. Nous traversons une lagune sans déranger les oiseaux, pour ensuite rejoindre le rivage et finalement le petit village de La Sociedad. Les maisons basses, d'un blanc éblouissant bordent des rues de sable tracées au carré, dans lesquelles nous ne croisons presque personne. Quelques Land Rover d'un autre âge sont garées ici et là. Il est midi, le soleil tape et la chaleur est écrasante. Une dame se dirige vers le petit port en transportant ses valises dans une brouette. Plusieurs de ces moyens de transport sont d'ailleurs alignés contre un mur, à disposition.
Autour du port, nous trouvons un "super mercado" avec tout ce qu'il faut, et climatisé! Nous trouverons même un cyber-café! Les courses faites, nous refaisons le chemin dans l'autre sens, bien chargés. Malgré la faim, la chaleur et le sable brûlant, les enfants ne se plaignent pas: ils courent partout dans ce merveilleux paysage de liberté, et je me demande en les regardant comment ils pourront se réadapter à une cour de récréation plus "civilisée"...
Nous retournerons plusieurs fois faire les courses, avec grand plaisir.

Mouillage au pied du Volcan, Estel au premier plan

En allant faire ses courses ...

La Sociedad

Les jours suivants, le mouillage se peuple de bateaux que nous connaissons. Génépi était arrivé juste derrière nous de Madère. Le lendemain au réveil, surprise, il y a un autre Outremer 45 dans la baie. C'est Kadavu, qui arrive de La Grande Motte par Gibraltar. Nous connaissions un peu Geoffroy et Yannick depuis l'Outremer Cup 2003, nous faisons connaissance avec le reste de la famille, Charles, 10 ans, Alec, 8 ans 1/2, et Mahaut, 6 ans, qui vont devenir les compagnons de jeu et d'aventure de Romain et Bastien. Puis Flipper arrive avec Zoé et Anatole, déjà rencontrés à Madère. Ils nous offrent une grosse part du thon qu'ils viennent juste de pêcher, que nous nous empressons de déguster. C'est le meilleur thon que nous ayons jamais mangé. Nous faisons aussi connaissance avec d'autres bateaux Français, Anglais, et Allemands, tous avec des enfants. Ça fait une joyeuse bande !

Le soir, la plage devient l'endroit de la rencontre et de la fête. Durant nos huit jours au mouillage, il sera difficile de passer une soirée "à la maison". Ce sera d'abord une fiesta générale avec une quarantaine de personnes autour du feu, apéro et dîner pour les enfants. Un autre soir c'est l'anniversaire de Jean-Pierre, de Génépi, 50 ans sur cette plage, il y a pire! Puis celui de François de Flipper. Et d'autres soirées sans "prétexte" officiel.

  

Pendant que les adultes discutent et boivent un coup (ou deux), les enfants jouent en totale liberté dans le noir, sur la plage et dans le désert qui la borde. Sacrée différence de rythme par rapport à la maison !

Et pourtant, cela n'empêche pas le travail. Les enfants sont d'autant plus motivés pour l'école à bord qu'ils savent que les copains travaillent aussi sur leur bateau. Ils se retrouvent sur la plage l'après-midi, et se font oublier jusqu'au soir. En plus des occupations de plage habituelles (châteaux, coquillages, pêche, ...) Romain découvre la voile légère grâce au petit trimaran des enfants de Kadavu.

Un jour nous montons en petit groupe avec les enfants sur le volcan qui surplombe le mouillage. C'est l'occasion de remettre des chaussures, car la roche volcanique est trop abrasive. Nous suivons la ligne de crête de l'ancien cratère, en profitant des vues splendides sur le mouillage, Graciosa, et Lanzarote. Seuls quelques lichens arrivent à pousser sur ce chaos de laves et de roches, et nous n'observons pas d'animaux sur les pentes du volcan. Il y a seulement une énorme quantité de coquilles vides de petits escargots blancs regroupées en petits tas un peu partout. Étonnant vu l'aridité du site.

 
La troupe au sommet du volcan et le mouillage de Playa Francesa vu d'en haut

Le Carnet de Romain

Une Promenade Volcanique

Jeudi 15 Octobre, nous sommes allés escalader un volcan. Nous nous étions mis d'accord pour se retrouver "Imagine", "Kadavu" (des amis rencontrés, mais nous en reparlerons plus tard, et ils sont décrits dans le journal), et Flipper (d'autres amis qui ont aussi été décrits sur le journal) sur la plage à 9h30 (Anatole et la mère de Zoé ne sont pas venus).
Nous commençons donc la montée du volcan. Au début, nous faisions du hors-piste dans une coulée de lave. Mais elle se termina bientôt alors, Charles, Alec et moi sortons de la coulée pour grimper, toujours en hors-piste, vers le sommet du volcan. Mais bientôt, la montée se fit plus rude et les parents nous appelèrent pour marcher à côté d'eux, comme Bastien, Mahaut, et Zoé. Nous allons donc vers les parents, laissant derrière nous le hors-piste. Mais le chemin se fit bientôt presque aussi dur qu'en hors-piste et Bastien, Mahaut, et les Mamans commencent à peiner. Enfin, nous sommes tous en haut ! La vue devrait être belle ... seulement ... il ne fait pas beau ! Tant pis, nous prenons les photos qui sont intéressantes à faire et continuons de marcher sur le volcan qui était en fait un arc de cercle.
Puis nous décidons de descendre, ce qui se fit au début à la vitesse de la tortue, car les petits avaient peur et étaient devant, et donc nous n'avancions pas vite, mais finalement les adultes nous ont fait passer devant et là, nous étions en bas "en moins de deux". En attendant les parents, nous faisions des "mini-avalanches" et une fois que nous étions tous en bas, nous avons goûté car après cette "promenade volcanique" nous avions faim.
Au retour Bastien et Mahaut se tenaient par la main. Papa n'a pas pu s'empêcher de les prendre en photo. Ce qui est dommage, c'est que cette photo il l'a appelée "Mahaut et Bastien". Moi je voulais l'appeler "Les deux amoureux" car avec Charles et Alec c'est vraiment ce qu'on pensait, mais Papa n'a pas voulu.
Et sinon voilà, nous sommes rentrés et avons mangé. Moi j'ai bien aimé cette ballade.

Les jours s'écoulent doucement, un rythme vraiment relax s'installe, il devient difficile de dire le jour de la semaine (seuls les enfants le savent car ils marquent la date sur leurs cours). On souhaiterait que rien n'interrompe ce bonheur. Mais la mer et le ciel n'en ont cure. La météo annonce un changement du vent à l'ouest, une petite houle commence à agiter le mouillage, les bateaux tournent autour de leurs ancres et se retrouvent au vent des rochers dans la nuit. C'est le signal du départ. Au matin, quelques uns vont s'abriter dans le petit port de La Sociedad et retournerons au mouillage dans quelques jours. Kadavu et nous décidons de mettre les voiles pour Lanzarote, l'île voisine. Nous quittons nos amis avec regrets en espérant les revoir au plus vite dans un autre mouillage de rêve.

A suivre ...

Bastien Raconte


Les Canaries

La première île a été Graciosa. Nous avons retrouvé Flipper, rencontré Kadavu et Belle de Ré (ce sont des catas). Nous retrouvons aussi Génépi et Estel. Nous jouons avec les enfants de Kadavu, Charles, Alec, et Mahaut, ceux de Flipper, Zoé et Anatole, et avec ceux de Belle de Ré, Lola, Thomas, et Clio. Un jour, c'est la fête avec un feu de camp sur la plage, organisée par les anglais, un autre jour c'est l'anniversaire de Jean-Pierre, le monsieur de Génépi, un autre jour nous escaladons le volcan, et un autre jour c'est l'anniversaire de François, le Papa de Zoé.

Les photos de Graciosa