Imagine prend ses marques
Ce mois de mars est passé tout aussi vite que les précédents,
les activités se mettent en place et chacun trouve son rythme.
Une météo changeante
Ce mois-ci nous ne sommes sortis que deux fois dans le lagon, car la météo
a été moins clémente, beaucoup de pluie, des vents
parfois forts (45 noeuds au port) et surtout une pré-alerte cyclonique
lors du passage de "Jasper", une dépression tropicale
à l'ouest de la Nouvelle-Calédonie qui ne savait pas trop
ce qu'elle voulait!
Pascal comme nos amis marins la surveillait de près sur les cinq
sites de météo du pacifique les plus connus pour le suivi
des cyclones (Australie, Nouvelle-Zélande, Fidji, US, et Météo-France
local) mais ils n'ont pas été d'accord entre eux quant à
sa force et sa trajectoire! La météo locale a finalement
déclenché la pré-alerte cyclonique lorsqu'elle s'est
rapprochée le 24 mars.
La pré-alerte est en fait une mise en garde qui est déclenchée
lorsqu'une dépression tropicale est signalée dans notre
zone d'avertissement météorologique. Les consignes cycloniques
sont alors rappelées par l'ensemble des médias qu'il faut
écouter régulièrement. Nous avons commencé
à préparer Imagine, triplé ses amarres, ficelé
ou rentré ce qui pouvait s'envoler ou faire une prise au vent trop
importante, et à demi immergé l'annexe pour ne pas qu'elle
s'envole. Nous étions prêts mais la pré-alerte a été
levée 24 heures plus tard car la dépression a fait demi-tour
pour finalement se combler et disparaître complètement. Bastien
toujours pragmatique, attendait le niveau d'alerte suivant, le niveau
1, où les écoles sont fermées (le cyclone est alors
prévu dans les 24h), car il avait 3 contrôles le lendemain!
Raté! Pour info le niveau 2 est déclenché quand le
cyclone est prévu dans les six prochaines heures, les gens doivent
rester chez eux jusqu'à nouvel ordre, radio allumée. Peu
de bateaux dans la marina étaient vraiment préparés
pour un cyclone, les gens finissent par s'habituer aux alertes, ou deviennent
fatalistes. Ceux qui n'ont jamais vécu un tel phénomène
ont peut-être moins de raison de s'inquiéter ... Pour les
bateaux au mouillage à l'extérieur de la marina, qui ne
sont pas abrités en cas de vents d'ouest, c'est moins facile. Il
faut décider en fonction de l'évolution des alertes et des
prévisions entre rester ou partir dans une baie plus abritée,
et le faire au bon moment. Quand on travaille et qu'on a des enfants à
l'école, ça complique encore un peu plus la décision.
La saison cyclonique se termine officiellement très bientôt,
et d'après les marins locaux, plus d'inquiétude après
la pleine lune d'avril.
Finalement la seule conséquence de cette dépression pour
nous a été d'annuler le week-end prévu depuis longtemps
à Canala chez des amis sur la côte Est à trois heures
de route, à cause des inondations, du coup on n'est toujours pas
sorti de Nouméa!
Epidémie de dengue
Certains se sont inquiétés de l'épidémie de
dengue qui sévit depuis septembre en Nouvelle-Calédonie
transmise par le petit moustique Aedes aegypti (avec une bonne vue on
le reconnaît paraît-il à ses pattes rayées)
où quelques 5700 personnes ont été touchées
(symptômes généralement équivalents à
ceux d'une forte grippe) et 3 personnes âgées décédées.
C'est surtout en brousse et dans certains quartiers qu'elle a été
virulente. Le quartier où nous habitons n'a eu à déplorer
que quelques cas et dans la marina pas un seul, grâce au vent. La
saison des pluies touche à sa fin et l'épidémie devrait
s'enrayer rapidement toute seule. Il faut savoir que ce moustique ne pique
que pendant la journée, sa piqûre est indolore contrairement
à son cousin, qu'il habite et ne se reproduit que dans des eaux
stagnantes, et n'aime pas l'eau de mer! Les services phyto-sanitaires
après chaque cas viennent épandre un insecticide (deltaméthrine)
par fumigation chez la personne contaminée et son voisinage! Pour
les gens comme nous la prévention, c'est manches longues et pantalons
longs, suivant où l'on va, en attendant la fin de l'épidémie.
Des manifs pour l'emploi local et la crise du
nickel sur fond d'élections provinciales
Ici aussi nous avons des manifs, contre le chômage partiel à
l'usine de nickel lié à la crise économique mondiale,
contre la vie chère, contre l'immigration et pour la protection
de l'emploi local, le principal syndicat l'USTKE (l'Union Syndicale des
Travailleurs Kanaks Exploités) et d'autres viennent régulièrement
devant le bâtiment du gouvernement faire entendre leurs revendications.
Le 10 mai, les élections provinciales auront lieu, des élections
importantes pour les différents partis en lice. Plus que les municipales
ou les législatives, les élections provinciales (un seul
tour) sont celles qui déterminent tout l’échiquier
politique calédonien pour les 5 ans à venir: provinces,
congrès, gouvernement, et tout ce qui s’y rattache en cette
période cruciale (référendum pour ou contre l'indépendance
vers 2012?). La Nouvelle-Calédonie compte 33 communes et 3 provinces,
celle des îles Loyauté (14 élus), celle du Nord (22
élus) et celle du Sud (40 élus), soit un total de 76 élus.
Sur ce nombre, 54 iront siéger au Congrès. Le gouvernement
calédonien est élu par les membres du Congrès à
la proportionnelle. C’est la grande spécificité des
institutions locales. Au gouvernement, c’est un collège de
membres représentant tous les groupes politiques des différents
camps loyalistes et indépendantistes présents au Congrès.
C'est fait ainsi pour que chaque composante de la société
calédonienne ait sa part de pouvoir même si elle est globalement
minoritaire. C’est donc un gouvernement collégial et proportionnel
alors que dans les provinces, c’est la majorité qui dirige.
Les indépendantistes règnent au Nord et dans les Îles,
les non-indépendantistes sont maîtres au Sud.
Pour info, la Nouvelle-Calédonie compte environ
200 000 habitants (recensement de 1996). 70% de la population vit dans
la Province Sud, concentrée sur les communes de Nouméa (40%)
de Dumbéa et du Mont-Dore. La Province Nord compte 20% de la population
de l'archipel et la Province des Iles 10%. La population calédonienne
est une mosaïque d'ethnies: les mélanésiens représentent
44% de la population totale, les européens 34%. Viennent ensuite
wallisiens et futuniens, indonésiens, vietnamiens et tahitiens.
Le prochain recensement démarre en juillet prochain.
Un week-end à la carte
Le dernier week-end de mars était spécial car deux activités
différentes auxquelles nous voulions chacun participer étaient
évidemment prévues en même temps. Nous avons donc
choisi chacun notre week-end en fonction de nos envies différentes:
Pascal, Romain et Bastien sont partis pour le week-end à bord d'un
autre catamaran 'Caramba' participer à un jeu de piste sur l'îlot
Signal organisé par Jean-Baptiste et Annick du bateau Banik (voir
le compte-rendu
de cette magnifique journée sur le site de Banik), suivi d'une
soirée barbecue et baignade le lendemain avec une dizaine de bateaux.
Le Capitaine du bateau en question ne partait également qu'avec
ses filles Jade et Fanny puisque sa femme Caroline restait avec moi sur
Imagine. Nous leur avions néanmoins préparé leurs
repas d'avance, faut pas exagérer...
Quant à nous, nous avons eu un planning chargée orienté
bio et bien-être. Samedi après quelques courses en ville,
nous avons été au parc forestier où se déroulait
le premier marché bio de Nouvelle-Calédonie, puis nous avons
assisté à la projection du documentaire français
"Nos enfants nous accuseront" de Jean-Paul Jaud*, et pour nous
remonter le moral après ce film sans concession mais très
intéressant, nous avons fini la soirée par un petit resto
entre filles. Et le lendemain nous avons participé à un
stage "énergie" sur Nouméa, fort intéressant.
Dimanche soir, nous nous sommes tous retrouvés autour d'un repas
pour se raconter notre week-end peu banal, dans la bonne humeur et la
joie de se retrouver, les ados étant très fiers de nous
annoncer qu'ils avaient fini premiers pour la recherche de l'énigme
policière devant tous les adultes!
*Un documentaire sur les risques que nous faisons courir
à nos enfants avec notre agriculture “moderne”, dépendante
des traitements phyto-sanitaires (76 000 tonnes de pesticides déversées
chaque année sur notre pays), et l’alimentation industrielle
avec laquelle nous les nourrissons. Chaque année en Europe 100
000 enfants meurent de maladies causées par l’environnement.
70% des cancers sont liés à l’environnement dont 30%
à la pollution et 40% à l’alimentation. Chaque année
en France, on constate une augmentation de 1,1% des cancers chez les enfants.
En France, l’incidence du cancer a augmenté de 93% en 25
ans chez l’homme. Le film commence par cette constatation de scientifiques,
suivie de témoignages de médecins, d’agriculteurs
ou de parents d’enfants touchés par des maladies directement
causées par les pesticides, et avec en trame de fond l’exemple
de la commune de Barjac dans les Cévennes qui, autour du passage
de la cantine scolaire en bio, a bouleversé la vie de nombreuses
familles.
La face cachée de l'Eldorado
Et en Nouvelle-Calédonie, sommes-nous loin de tous ces problèmes
d'environnement et de santé qui gangrènent notre société
moderne ? C'est ce que nous avons cru et quelle déception! Certains
ne nous concernent pas directement mais nous consternent depuis notre
arrivée dans le Pacifique: la malbouffe, l'alcool et le pakalolo
(le cannabis) tout comme en Polynésie font des ravages parmi la
population indigène, l'obésité et le diabète
sont un problème de santé publique. Mais ce qui nous concerne
plus directement, ce sont les produits locaux que l'on achète au
marché ou au supermarché, les fruits, les légumes.
L'année dernière des analyses faites au hasard sur des choux
chinois, fraises et petits légumes vendus au marché les
ont catalogués "impropres à la consommation",
car traités avec des doses supérieures à la norme
française ou carrément avec des pesticides interdits en
Europe (comme l'endosulfan, le propham, le carbendazime,... la liste en
comporte au moins 13 importants d'après l'UFC-Que Choisir calédonien!).
Depuis les associations de consommateurs se battent toujours pour en interdire
ou limiter l'utilisation. Les contrôles sont plus stricts mais ce
n'est pas aussi simple puisque des produits importés d'Australie,
de Nouvelle-Zélande en contiennent certains! Sachant cela depuis
quelque temps, j'ai fait ma petite enquête et sélectionné
quelques Mamies au marché, et j'arrive à trouver régulièrement
des fruits et légumes de saison non traités, oranges locales,
bananes, pommes liane, citrons, chou kanak,et j'en passe et des légumes
traités raisonnablement! Je me suis équipée d'un
cuit vapeur douce inox, ce qui élimine au moins une partie des
pesticides. Je fais pousser mes graines germées bio, et comme tout
le monde, j'achète aussi des légumes congelés importés
de France (c'est super écolo!). Surtout en ce moment: il fait trop
chaud ou trop pluvieux pour que ça pousse localement, et même
les prix prennent un coup de chaud:, 10 euros le kilo de salade, 8 euros
le kilo de tomates,... Mais du coup, entre les courses et la cuisine,
ça m'occupe des fois un peu trop à mon goût!
Imagine sent bon l'odeur du pain chaud
Nous avons aussi investi dans une machine à pain (on en a trouvé
une facile à caser ce qui n'est pas encore le cas pour une machine
à laver le linge)! Et depuis, Imagine sent bon l'odeur du pain
chaud, pain complet, pain aux céréales, brioche, pâte
à pizza, bio ou pas,... ce n'est plus qu'une question d'imagin...ation!
Les projets
Des vacances scolaires sont prévues du 4 au 13 avril, nous devrions
partir explorer le lagon sud, si le temps le permet car la météo
annonce un alizé fort à partir de vendredi. On vous racontera
ça le mois prochain...
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