Imagine à Nouméa - Mars 2009


Imagine prend ses marques



Ce mois de mars est passé tout aussi vite que les précédents, les activités se mettent en place et chacun trouve son rythme.

Une météo changeante
Ce mois-ci nous ne sommes sortis que deux fois dans le lagon, car la météo a été moins clémente, beaucoup de pluie, des vents parfois forts (45 noeuds au port) et surtout une pré-alerte cyclonique lors du passage de "Jasper", une dépression tropicale à l'ouest de la Nouvelle-Calédonie qui ne savait pas trop ce qu'elle voulait!
Pascal comme nos amis marins la surveillait de près sur les cinq sites de météo du pacifique les plus connus pour le suivi des cyclones (Australie, Nouvelle-Zélande, Fidji, US, et Météo-France local) mais ils n'ont pas été d'accord entre eux quant à sa force et sa trajectoire! La météo locale a finalement déclenché la pré-alerte cyclonique lorsqu'elle s'est rapprochée le 24 mars.
La pré-alerte est en fait une mise en garde qui est déclenchée lorsqu'une dépression tropicale est signalée dans notre zone d'avertissement météorologique. Les consignes cycloniques sont alors rappelées par l'ensemble des médias qu'il faut écouter régulièrement. Nous avons commencé à préparer Imagine, triplé ses amarres, ficelé ou rentré ce qui pouvait s'envoler ou faire une prise au vent trop importante, et à demi immergé l'annexe pour ne pas qu'elle s'envole. Nous étions prêts mais la pré-alerte a été levée 24 heures plus tard car la dépression a fait demi-tour pour finalement se combler et disparaître complètement. Bastien toujours pragmatique, attendait le niveau d'alerte suivant, le niveau 1, où les écoles sont fermées (le cyclone est alors prévu dans les 24h), car il avait 3 contrôles le lendemain! Raté! Pour info le niveau 2 est déclenché quand le cyclone est prévu dans les six prochaines heures, les gens doivent rester chez eux jusqu'à nouvel ordre, radio allumée. Peu de bateaux dans la marina étaient vraiment préparés pour un cyclone, les gens finissent par s'habituer aux alertes, ou deviennent fatalistes. Ceux qui n'ont jamais vécu un tel phénomène ont peut-être moins de raison de s'inquiéter ... Pour les bateaux au mouillage à l'extérieur de la marina, qui ne sont pas abrités en cas de vents d'ouest, c'est moins facile. Il faut décider en fonction de l'évolution des alertes et des prévisions entre rester ou partir dans une baie plus abritée, et le faire au bon moment. Quand on travaille et qu'on a des enfants à l'école, ça complique encore un peu plus la décision.
La saison cyclonique se termine officiellement très bientôt, et d'après les marins locaux, plus d'inquiétude après la pleine lune d'avril.
Finalement la seule conséquence de cette dépression pour nous a été d'annuler le week-end prévu depuis longtemps à Canala chez des amis sur la côte Est à trois heures de route, à cause des inondations, du coup on n'est toujours pas sorti de Nouméa!

Epidémie de dengue
Certains se sont inquiétés de l'épidémie de dengue qui sévit depuis septembre en Nouvelle-Calédonie transmise par le petit moustique Aedes aegypti (avec une bonne vue on le reconnaît paraît-il à ses pattes rayées) où quelques 5700 personnes ont été touchées (symptômes généralement équivalents à ceux d'une forte grippe) et 3 personnes âgées décédées. C'est surtout en brousse et dans certains quartiers qu'elle a été virulente. Le quartier où nous habitons n'a eu à déplorer que quelques cas et dans la marina pas un seul, grâce au vent. La saison des pluies touche à sa fin et l'épidémie devrait s'enrayer rapidement toute seule. Il faut savoir que ce moustique ne pique que pendant la journée, sa piqûre est indolore contrairement à son cousin, qu'il habite et ne se reproduit que dans des eaux stagnantes, et n'aime pas l'eau de mer! Les services phyto-sanitaires après chaque cas viennent épandre un insecticide (deltaméthrine) par fumigation chez la personne contaminée et son voisinage! Pour les gens comme nous la prévention, c'est manches longues et pantalons longs, suivant où l'on va, en attendant la fin de l'épidémie.

Des manifs pour l'emploi local et la crise du nickel sur fond d'élections provinciales
Ici aussi nous avons des manifs, contre le chômage partiel à l'usine de nickel lié à la crise économique mondiale, contre la vie chère, contre l'immigration et pour la protection de l'emploi local, le principal syndicat l'USTKE (l'Union Syndicale des Travailleurs Kanaks Exploités) et d'autres viennent régulièrement devant le bâtiment du gouvernement faire entendre leurs revendications. Le 10 mai, les élections provinciales auront lieu, des élections importantes pour les différents partis en lice. Plus que les municipales ou les législatives, les élections provinciales (un seul tour) sont celles qui déterminent tout l’échiquier politique calédonien pour les 5 ans à venir: provinces, congrès, gouvernement, et tout ce qui s’y rattache en cette période cruciale (référendum pour ou contre l'indépendance vers 2012?). La Nouvelle-Calédonie compte 33 communes et 3 provinces, celle des îles Loyauté (14 élus), celle du Nord (22 élus) et celle du Sud (40 élus), soit un total de 76 élus. Sur ce nombre, 54 iront siéger au Congrès. Le gouvernement calédonien est élu par les membres du Congrès à la proportionnelle. C’est la grande spécificité des institutions locales. Au gouvernement, c’est un collège de membres représentant tous les groupes politiques des différents camps loyalistes et indépendantistes présents au Congrès. C'est fait ainsi pour que chaque composante de la société calédonienne ait sa part de pouvoir même si elle est globalement minoritaire. C’est donc un gouvernement collégial et proportionnel alors que dans les provinces, c’est la majorité qui dirige. Les indépendantistes règnent au Nord et dans les Îles, les non-indépendantistes sont maîtres au Sud.

Pour info, la Nouvelle-Calédonie compte environ 200 000 habitants (recensement de 1996). 70% de la population vit dans la Province Sud, concentrée sur les communes de Nouméa (40%) de Dumbéa et du Mont-Dore. La Province Nord compte 20% de la population de l'archipel et la Province des Iles 10%. La population calédonienne est une mosaïque d'ethnies: les mélanésiens représentent 44% de la population totale, les européens 34%. Viennent ensuite wallisiens et futuniens, indonésiens, vietnamiens et tahitiens. Le prochain recensement démarre en juillet prochain.

Un week-end à la carte
Le dernier week-end de mars était spécial car deux activités différentes auxquelles nous voulions chacun participer étaient évidemment prévues en même temps. Nous avons donc choisi chacun notre week-end en fonction de nos envies différentes:
Pascal, Romain et Bastien sont partis pour le week-end à bord d'un autre catamaran 'Caramba' participer à un jeu de piste sur l'îlot Signal organisé par Jean-Baptiste et Annick du bateau Banik (voir le compte-rendu de cette magnifique journée sur le site de Banik), suivi d'une soirée barbecue et baignade le lendemain avec une dizaine de bateaux. Le Capitaine du bateau en question ne partait également qu'avec ses filles Jade et Fanny puisque sa femme Caroline restait avec moi sur Imagine. Nous leur avions néanmoins préparé leurs repas d'avance, faut pas exagérer...
Quant à nous, nous avons eu un planning chargée orienté bio et bien-être. Samedi après quelques courses en ville, nous avons été au parc forestier où se déroulait le premier marché bio de Nouvelle-Calédonie, puis nous avons assisté à la projection du documentaire français "Nos enfants nous accuseront" de Jean-Paul Jaud*, et pour nous remonter le moral après ce film sans concession mais très intéressant, nous avons fini la soirée par un petit resto entre filles. Et le lendemain nous avons participé à un stage "énergie" sur Nouméa, fort intéressant. Dimanche soir, nous nous sommes tous retrouvés autour d'un repas pour se raconter notre week-end peu banal, dans la bonne humeur et la joie de se retrouver, les ados étant très fiers de nous annoncer qu'ils avaient fini premiers pour la recherche de l'énigme policière devant tous les adultes!

*Un documentaire sur les risques que nous faisons courir à nos enfants avec notre agriculture “moderne”, dépendante des traitements phyto-sanitaires (76 000 tonnes de pesticides déversées chaque année sur notre pays), et l’alimentation industrielle avec laquelle nous les nourrissons. Chaque année en Europe 100 000 enfants meurent de maladies causées par l’environnement. 70% des cancers sont liés à l’environnement dont 30% à la pollution et 40% à l’alimentation. Chaque année en France, on constate une augmentation de 1,1% des cancers chez les enfants. En France, l’incidence du cancer a augmenté de 93% en 25 ans chez l’homme. Le film commence par cette constatation de scientifiques, suivie de témoignages de médecins, d’agriculteurs ou de parents d’enfants touchés par des maladies directement causées par les pesticides, et avec en trame de fond l’exemple de la commune de Barjac dans les Cévennes qui, autour du passage de la cantine scolaire en bio, a bouleversé la vie de nombreuses familles.

La face cachée de l'Eldorado
Et en Nouvelle-Calédonie, sommes-nous loin de tous ces problèmes d'environnement et de santé qui gangrènent notre société moderne ? C'est ce que nous avons cru et quelle déception! Certains ne nous concernent pas directement mais nous consternent depuis notre arrivée dans le Pacifique: la malbouffe, l'alcool et le pakalolo (le cannabis) tout comme en Polynésie font des ravages parmi la population indigène, l'obésité et le diabète sont un problème de santé publique. Mais ce qui nous concerne plus directement, ce sont les produits locaux que l'on achète au marché ou au supermarché, les fruits, les légumes. L'année dernière des analyses faites au hasard sur des choux chinois, fraises et petits légumes vendus au marché les ont catalogués "impropres à la consommation", car traités avec des doses supérieures à la norme française ou carrément avec des pesticides interdits en Europe (comme l'endosulfan, le propham, le carbendazime,... la liste en comporte au moins 13 importants d'après l'UFC-Que Choisir calédonien!). Depuis les associations de consommateurs se battent toujours pour en interdire ou limiter l'utilisation. Les contrôles sont plus stricts mais ce n'est pas aussi simple puisque des produits importés d'Australie, de Nouvelle-Zélande en contiennent certains! Sachant cela depuis quelque temps, j'ai fait ma petite enquête et sélectionné quelques Mamies au marché, et j'arrive à trouver régulièrement des fruits et légumes de saison non traités, oranges locales, bananes, pommes liane, citrons, chou kanak,et j'en passe et des légumes traités raisonnablement! Je me suis équipée d'un cuit vapeur douce inox, ce qui élimine au moins une partie des pesticides. Je fais pousser mes graines germées bio, et comme tout le monde, j'achète aussi des légumes congelés importés de France (c'est super écolo!). Surtout en ce moment: il fait trop chaud ou trop pluvieux pour que ça pousse localement, et même les prix prennent un coup de chaud:, 10 euros le kilo de salade, 8 euros le kilo de tomates,... Mais du coup, entre les courses et la cuisine, ça m'occupe des fois un peu trop à mon goût!

Imagine sent bon l'odeur du pain chaud
Nous avons aussi investi dans une machine à pain (on en a trouvé une facile à caser ce qui n'est pas encore le cas pour une machine à laver le linge)! Et depuis, Imagine sent bon l'odeur du pain chaud, pain complet, pain aux céréales, brioche, pâte à pizza, bio ou pas,... ce n'est plus qu'une question d'imagin...ation!

Les projets
Des vacances scolaires sont prévues du 4 au 13 avril, nous devrions partir explorer le lagon sud, si le temps le permet car la météo annonce un alizé fort à partir de vendredi. On vous racontera ça le mois prochain...