Imagine à Nouméa - Décembre 2009 / Janvier 2010


Un été dans le lagon, oscillant entre plénitude et déboires techniques


Début de vacances entre ados
Pour fêter cette brillante année scolaire de la bande de copains/copines de Romain, nous avons emmenés une dizaine d'ados sur l'îlot Signal camper pour 3 jours. Nous sommes restés au mouillage en surveillance discrète, mais tout s'est bien passé, ils ont joués aux robinsons (de luxe...), seuls sur leur île déserte, avec cerise sur le gâteau, une ponte de tortue en fin d'après-midi, chose rare que nous n'avions pas encore eu la chance d'observer, et que nous avons pu apprécier grâce à eux. Ils se sont régalés, mais se rendent-ils compte de leur bonheur et de leur chance de pouvoir vivre de tels moments d'insouciance dans ce cadre de rêve? on l'espère! Le retour sur Nouméa fut nettement moins agréable, avec 30 noeuds de vent, et le solent qui à quelques milles de l'arrivée se déchire. Il avait déjà été réparé une fois mais la réparation a fragilisé une autre partie de la voile, il va sûrement falloir le changer.

Vacances dans le lagon sur Imagine
Les vacances ont donc commencé avec un gros cadeau de Noël pour Imagine, un nouveau solent commandé en France qui devrait arriver début janvier. En attendant, pour pouvoir naviguer, nous avons fait réparer l'ancien! Approvisionnement fait pour plusieurs semaines, c'est maintenant la météo qui n'y met pas de bonne volonté en ce mois de décembre, vent fort, pluie, tant pis, nous partons quand même le 19 décembre pour la baie des tortues sur l'île Ouen, une baie bien protégée où nous décidons de passer Noël avec d'autres bateaux. Nous en profiterons quand même bien, plongées, balades, apéros sympas entre bateaux et la soirée de Noël entre nous. On a fait dans la simplicité, j'avais préparé des blinis, une poêlée champêtre et ma première bûche de Noël au chocolat, puis les cadeaux traditionnels, dans la joie et la bonne humeur. Le 25 décembre, on a passé une agréable soirée avec d'autres bateaux, Galdu, Nouvelle Vie, Tao. Puis le temps s'améliorant légèrement, nous partons avec "Nouvelle Vie" vers les îlots du Sud, isolés et plus sauvages. Nous avons connu "Nouvelle Vie" avec Alain et Minh Thu à Curaçao en 2006 puis revus à Raiatea, ils sont de passage en Nouvelle-Calédonie avant de repartir dans quelques jours en Nouvelle-Zélande pour y passer la saison cyclonique. Nous avons fait un arrêt à Ua, dont le mouillage a été très agité à cause du vent fort et d'une grosse houle qui nous ballottait de gauche à droite, j'ai failli avoir le mal de mer, mais les fonds sont superbes. Deux jours plus tard, nous avons fait quelques milles jusqu'à Kouaré, un îlot également désert, sauf qu'il est couvert de milliers d'oiseaux, avec des colonies de noddis à cape blanche, sternes huppées, sternes de Dougall, mouettes australiennes qui se partagent l'île en zones bien délimitées. C'est la période de nidification, partout les oiseaux couvent des oeufs à même le sol pour les sternes, ou dans les arbres pour les noddis, d'autres nourrissent leurs petits encore en duvet. Ça sent le guano, les oiseaux chassent en nuées tout autour du mouillage, ça piaille jour et nuit mais c'est assez fantastique à observer. Et ne parlons pas des fonds sous-marins..., coraux splendides, poissons variés, tortues, raies, requins, langoustes, seiche, en un mot magique! En plus le temps s'améliore, le mouillage est idyllique, Romain peut faire de la planche à voile, c'est donc dans cet environnement féerique que nous passons la dernière semaine de l'année 2009, et nous fêtons la saint Sylvestre sur "Nouvelle Vie".

2010 sera une année dense, riche en évènements, on le sait, mais on ne pensait pas sitôt. Le 1er janvier au matin, les ennuis techniques commencent, le moteur tribord refuse de démarrer, le filtre gasoil est colmaté, et cerise sur le gâteau, le démarreur fume et sent le cramé, génial! Pascal et Alain diagnostiquent un problème de contamination du gasoil, bactéries ou simples particules en suspension, peu importe, le résultat est le même, on doit rentrer à Nouméa vidanger et nettoyer nos réservoirs! Car si ça arrive dans l'un, l'autre ne doit pas être mieux et de toutes façons il faut aussi démonter et vérifier le démarreur. Et pourtant, Pascal a toujours mis régulièrement un produit antibactérien dans les réservoirs pour éviter ce genre de problème, car le gasoil acheté dans certaines de nos escales n'était pas forcément d'une qualité irréprochable. Nous rentrons donc la première semaine de janvier au port, finalement sans trop de regrets car la météo se dégrade, et on devra même attendre quelques jours que la pluie s'arrête pour faire les travaux. On a donc transvasé et filtré le gasoil dans des jerricans, aspiré, et nettoyé les réservoirs, Pascal a changé les filtres, pré-filtres, ainsi que le démarreur tribord, une petite semaine de boulot interrompue régulièrement par les grains fréquents. Entre-temps, le nouveau solent est arrivé, installé aussitôt, Imagine est donc paré, réparé et en pleine forme pour de nouvelles navigations...

Le 18 janvier, ça y est, le bateau, les enfants, la météo, plus rien ne nous retient à la marina, on repart dans le lagon, direction l'île des Pins après une halte à Prony. Le temps est magnifique, on s'installe pour quelques jours dans les eaux cristallines de la baie de Gadji, surnommée "la piscine", avec ses deux à trois mètres de fond, que du bonheur! Le lendemain de notre arrivée, premier déboire, le moteur de l'annexe refuse de démarrer, rien, pas le moindre bruit! Et c'est parti, vérification et démontage du moteur, finalement il semble que ce soit encore un problème de carburant, on vide la nourrice, filtre le carburant, le fond est un mélange d'eau et d'huile. Mais le problème n'est pas vraiment résolu, l'arrivée d'essence ne se fait pas bien, il y a une prise d'air dans le tuyau d'alimentation entre la nourrice et le moteur qu'on n'arrive pas à détecter, la solution provisoire c'est de pomper en permanence avec la poire qui se trouve sur le tuyau pour éviter le désamorçage, pas pratique mais moins terrible que de ne plus avoir d'annexe, ce qui signifiait encore un retour prématuré sur Nouméa! Le soir, la série continue, Pascal se casse un morceau de dent, en fait c'est un ancien amalgame qui est parti et je m'improvise dentiste stagiaire en colmatant le trou avec mon kit dentaire de voyage "réparation provisoire". En tout cas, une visite chez le dentiste s'imposera à notre retour! Les jours qui suivent sont nettement plus agréables, plongées magnifiques, rencontres avec d'autres bateaux très sympas, chasse fructueuse avec poissons et langoustes au menu, et pour ne pas en perdre une miette, je les accommode à toutes les sauces, en sushis, en tarte, en rillettes, à l'armoricaine,... Je passe beaucoup de temps à cuisiner, parfois un peu trop à mon goût mais mes hommes sont toujours affamés en plus d'être gourmets et... gourmands!

Une semaine plus tard, nous décidons quand même de bouger et d'aller dans la baie d'Oro à quelques milles de là. En arrivant dans ce mouillage idyllique, Romain sort de sa cabine en disant qu'il a senti une odeur de plastique brûlé! Pascal va aussitôt inspecter le moteur bâbord derrière la cabine de Romain, effectivement ça sent le cramé, mais il ne voit rien. On fait un essai moteur, rien de particulier, si ce n'est que je n'arrive plus à arrêter le moteur; on a trouvé le coupable, c'est le relai électrique qui commande le mécanisme d'arrêt du moteur qui a en partie fondu, pourquoi? mystère! La solution provisoire consiste à se débarrasser de ce relai fondu, et pour stopper le moteur il suffit d'aller directement dans la cale moteur pour actionner le mécanisme à la main, pas pratique mais ça nous évite encore une fois de court-circuiter nos vacances dans le lagon, c'est le cas de le dire! On peut continuer notre séjour avec une petite étape retour de deux jours à Gadji, c'est là que Romain pêche une langouste porcelaine de 5kg, aidé par Pascal car ils n'étaient pas trop de deux pour y arriver.

Nous partons ensuite pour Kuto, la baie principale de l'île des Pins, faire le plein d'essence pour l'annexe, elle consomme plus que de raison à force de pomper en permanence. On en profite pour aller manger un poulet grillé-frites au snack de la plage, les enfants en rêvaient pour changer du poisson et de la langouste! Bastien, comme à son habitude, nous pêche à la turlute quelques calmars dont on se régale à la plancha pour l'apéro. Lors d'une séance de pêche nocturne en annexe avec Pascal, un calmar furieux les macule de grosses taches d'encre noire, on ne peut pas lui en vouloir! Ensuite on fait une halte à l'îlot Brosse, superbe, puis on part vers les récifs et les îlots déserts dans le sud du lagon calédonien, zone mal cartographiée où l'on navigue à vue par beau temps mais où les couleurs sont fabuleuses, la palette des bleus et verts semble irréelle, les fonds sont limpides et les îlots seulement habités de myriades d'oiseaux. Une grosse houle nous empêche de mouiller près des récifs, après avoir longé l'îlot Koko inaccessible, nous faisons une halte à l'îlot N'Da, où une petite visite à terre nous fait compter quelques 87 trous de pontes de tortues bien à l'abri dans la végétation! On souhaite longue vie aux futures petites tortues qui ne devraient pas tarder à naître dans les deux mois qui viennent. Le 1er février, on est de retour à Kouaré, un mois s'est écoulé depuis notre dernier séjour ici. Je crois que c'est mon îlot préféré, magique sur l'eau et sous l'eau, et même par satellite! Cette fois, je n'en profiterai que sur l'eau car une vilaine plaie à la lèvre m'empêche de plonger avec les hommes, depuis quelques jours déjà, ce qui est une véritable punition! Je ne me lasse pas (mes hommes non plus d'ailleurs) de partir à la découverte permanente de la beauté extraordinaire du monde terrestre et sous-marin, surtout lorsqu'il est encore quelque peu préservé de l'Homme, si destructeur par bêtise ou par inconscience, ici ou ailleurs! Cette fois c'est Romain qui fait les superbes photos sous-marines, des tortues, raies, requins et langoustes.

Voilà, de réparation en réparation provisoire ou non, on sera finalement restés 5 semaines à vagabonder dans le lagon, c'est la météo pluvieuse et ventée qui nous oblige à rentrer début février. Finalement, les quelques déboires techniques n'ont été là que pour nous rappeler régulièrement le bonheur de pouvoir vivre de tels moments en famille... si besoin il en était!
Retour à la réalité, il faut faire des courses, réparer, nettoyer, et préparer la rentrée scolaire le 18 février, d'autres occupations plus terre-à-terre nous attendent... et puis le temps de préparer un album de photos pour vous faire partager quelque peu nos tribulations dans le lagon, et un album du monde sous-marin et de ses merveilles que vous aurez je l'espère autant de plaisir à regarder que j'en ai eu à les faire.

 

Les photos des vacances