Un été dans le lagon, oscillant entre plénitude
et déboires techniques
Début de vacances entre ados
Pour fêter cette brillante année scolaire de la
bande de copains/copines de Romain, nous avons emmenés une dizaine
d'ados sur l'îlot Signal camper pour 3 jours. Nous sommes restés
au mouillage en surveillance discrète, mais tout s'est bien passé,
ils ont joués aux robinsons (de luxe...), seuls sur leur île
déserte, avec cerise sur le gâteau, une ponte de tortue en
fin d'après-midi, chose rare que nous n'avions pas encore eu la
chance d'observer, et que nous avons pu apprécier grâce à
eux. Ils se sont régalés, mais se rendent-ils compte de
leur bonheur et de leur chance de pouvoir vivre de tels moments d'insouciance
dans ce cadre de rêve? on l'espère! Le retour sur Nouméa
fut nettement moins agréable, avec 30 noeuds de vent, et le solent
qui à quelques milles de l'arrivée se déchire. Il
avait déjà été réparé une fois
mais la réparation a fragilisé une autre partie de la voile,
il va sûrement falloir le changer.
Vacances dans le lagon sur Imagine
Les vacances ont donc commencé avec un gros cadeau de
Noël pour Imagine, un nouveau solent commandé en France qui
devrait arriver début janvier. En attendant, pour pouvoir naviguer,
nous avons fait réparer l'ancien! Approvisionnement fait pour plusieurs
semaines, c'est maintenant la météo qui n'y met pas de bonne
volonté en ce mois de décembre, vent fort, pluie, tant pis,
nous partons quand même le 19 décembre pour la baie des tortues
sur l'île Ouen, une baie bien protégée où nous
décidons de passer Noël avec d'autres bateaux. Nous en profiterons
quand même bien, plongées, balades, apéros sympas
entre bateaux et la soirée de Noël entre nous. On a fait dans
la simplicité, j'avais préparé des blinis, une poêlée
champêtre et ma première bûche de Noël au chocolat,
puis les cadeaux traditionnels, dans la joie et la bonne humeur. Le 25
décembre, on a passé une agréable soirée avec
d'autres bateaux, Galdu, Nouvelle Vie, Tao. Puis le temps s'améliorant
légèrement, nous partons avec "Nouvelle Vie" vers
les îlots du Sud, isolés et plus sauvages. Nous avons connu
"Nouvelle Vie" avec Alain et Minh Thu à Curaçao
en 2006 puis revus à Raiatea, ils sont de passage en Nouvelle-Calédonie
avant de repartir dans quelques jours en Nouvelle-Zélande pour
y passer la saison cyclonique. Nous avons fait un arrêt à
Ua, dont le mouillage a été très agité à
cause du vent fort et d'une grosse houle qui nous ballottait de gauche
à droite, j'ai failli avoir le mal de mer, mais les fonds sont
superbes. Deux jours plus tard, nous avons fait quelques milles jusqu'à
Kouaré, un îlot également désert, sauf qu'il
est couvert de milliers d'oiseaux, avec des colonies de noddis à
cape blanche, sternes huppées, sternes de Dougall, mouettes australiennes
qui se partagent l'île en zones bien délimitées. C'est
la période de nidification, partout les oiseaux couvent des oeufs
à même le sol pour les sternes, ou dans les arbres pour les
noddis, d'autres nourrissent leurs petits encore en duvet. Ça sent
le guano, les oiseaux chassent en nuées tout autour du mouillage,
ça piaille jour et nuit mais c'est assez fantastique à observer.
Et ne parlons pas des fonds sous-marins..., coraux splendides, poissons
variés, tortues, raies, requins, langoustes, seiche, en un mot
magique! En plus le temps s'améliore, le mouillage est idyllique,
Romain peut faire de la planche à voile, c'est donc dans cet environnement
féerique que nous passons la dernière semaine de l'année
2009, et nous fêtons la saint Sylvestre sur "Nouvelle Vie".
2010 sera une année dense, riche en évènements,
on le sait, mais on ne pensait pas sitôt. Le 1er janvier au matin,
les ennuis techniques commencent, le moteur tribord refuse de démarrer,
le filtre gasoil est colmaté, et cerise sur le gâteau, le
démarreur fume et sent le cramé, génial! Pascal et
Alain diagnostiquent un problème de contamination du gasoil, bactéries
ou simples particules en suspension, peu importe, le résultat est
le même, on doit rentrer à Nouméa vidanger et nettoyer
nos réservoirs! Car si ça arrive dans l'un, l'autre ne doit
pas être mieux et de toutes façons il faut aussi démonter
et vérifier le démarreur. Et pourtant, Pascal a toujours
mis régulièrement un produit antibactérien dans les
réservoirs pour éviter ce genre de problème, car
le gasoil acheté dans certaines de nos escales n'était pas
forcément d'une qualité irréprochable. Nous rentrons
donc la première semaine de janvier au port, finalement sans trop
de regrets car la météo se dégrade, et on devra même
attendre quelques jours que la pluie s'arrête pour faire les travaux.
On a donc transvasé et filtré le gasoil dans des jerricans,
aspiré, et nettoyé les réservoirs, Pascal a changé
les filtres, pré-filtres, ainsi que le démarreur tribord,
une petite semaine de boulot interrompue régulièrement par
les grains fréquents. Entre-temps, le nouveau solent est arrivé,
installé aussitôt, Imagine est donc paré, réparé
et en pleine forme pour de nouvelles navigations...
Le 18 janvier, ça y est, le bateau, les enfants,
la météo, plus rien ne nous retient à la marina,
on repart dans le lagon, direction l'île des Pins après une
halte à Prony. Le temps est magnifique, on s'installe pour quelques
jours dans les eaux cristallines de la baie de Gadji, surnommée
"la piscine", avec ses deux à trois mètres de
fond, que du bonheur! Le lendemain de notre arrivée, premier déboire,
le moteur de l'annexe refuse de démarrer, rien, pas le moindre
bruit! Et c'est parti, vérification et démontage du moteur,
finalement il semble que ce soit encore un problème de carburant,
on vide la nourrice, filtre le carburant, le fond est un mélange
d'eau et d'huile. Mais le problème n'est pas vraiment résolu,
l'arrivée d'essence ne se fait pas bien, il y a une prise d'air
dans le tuyau d'alimentation entre la nourrice et le moteur qu'on n'arrive
pas à détecter, la solution provisoire c'est de pomper en
permanence avec la poire qui se trouve sur le tuyau pour éviter
le désamorçage, pas pratique mais moins terrible que de
ne plus avoir d'annexe, ce qui signifiait encore un retour prématuré
sur Nouméa! Le soir, la série continue, Pascal se casse
un morceau de dent, en fait c'est un ancien amalgame qui est parti et
je m'improvise dentiste stagiaire en colmatant le trou avec mon kit dentaire
de voyage "réparation provisoire". En tout cas, une visite
chez le dentiste s'imposera à notre retour! Les
jours qui suivent sont nettement plus agréables, plongées
magnifiques, rencontres avec d'autres bateaux très sympas, chasse
fructueuse avec poissons et langoustes au menu, et pour ne pas en perdre
une miette, je les accommode à toutes les sauces, en sushis, en
tarte, en rillettes, à l'armoricaine,... Je passe beaucoup de temps
à cuisiner, parfois un peu trop à mon goût mais mes
hommes sont toujours affamés en plus d'être gourmets et...
gourmands!
Une semaine plus tard, nous décidons quand même
de bouger et d'aller dans la baie d'Oro à quelques milles de là.
En arrivant dans ce mouillage idyllique, Romain sort de sa cabine en disant
qu'il a senti une odeur de plastique brûlé! Pascal va aussitôt
inspecter le moteur bâbord derrière la cabine de Romain,
effectivement ça sent le cramé, mais il ne voit rien. On
fait un essai moteur, rien de particulier, si ce n'est que je n'arrive
plus à arrêter le moteur; on a trouvé le coupable,
c'est le relai électrique qui commande le mécanisme d'arrêt
du moteur qui a en partie fondu, pourquoi? mystère! La solution
provisoire consiste à se débarrasser de ce relai fondu,
et pour stopper le moteur il suffit d'aller directement dans la cale moteur
pour actionner le mécanisme à la main, pas pratique mais
ça nous évite encore une fois de court-circuiter nos vacances
dans le lagon, c'est le cas de le dire! On peut continuer notre séjour
avec une petite étape retour de deux jours à Gadji, c'est
là que Romain pêche une langouste porcelaine de 5kg, aidé
par Pascal car ils n'étaient pas trop de deux pour y arriver.
Nous partons ensuite pour Kuto, la baie principale de l'île des
Pins, faire le plein d'essence pour l'annexe, elle consomme plus que de
raison à force de pomper en permanence. On en profite pour aller
manger un poulet grillé-frites au snack de la plage, les enfants
en rêvaient pour changer du poisson et de la langouste! Bastien,
comme à son habitude, nous pêche à la turlute quelques
calmars dont on se régale à la plancha pour l'apéro.
Lors d'une séance de pêche nocturne en annexe avec Pascal,
un calmar furieux les macule de grosses taches d'encre noire, on ne peut
pas lui en vouloir! Ensuite on fait une halte à l'îlot Brosse,
superbe, puis on part vers les récifs et les îlots déserts
dans le sud du lagon calédonien, zone mal cartographiée
où l'on navigue à vue par beau temps mais où les
couleurs sont fabuleuses, la palette des bleus et verts semble irréelle,
les fonds sont limpides et les îlots seulement habités de
myriades d'oiseaux. Une grosse houle nous empêche de mouiller près
des récifs, après avoir longé l'îlot Koko inaccessible,
nous faisons une halte à l'îlot N'Da, où une petite
visite à terre nous fait compter quelques 87 trous de pontes de
tortues bien à l'abri dans la végétation! On souhaite
longue vie aux futures petites tortues qui ne devraient pas tarder à
naître dans les deux mois qui viennent. Le 1er février, on
est de retour à Kouaré, un mois s'est écoulé
depuis notre dernier séjour ici. Je crois que c'est mon îlot
préféré, magique sur l'eau et sous l'eau, et même
par satellite! Cette
fois, je n'en profiterai que sur l'eau car une vilaine plaie à
la lèvre m'empêche de plonger avec les hommes, depuis quelques
jours déjà, ce qui est une véritable punition! Je
ne me lasse pas (mes hommes non plus d'ailleurs) de partir à la
découverte permanente de la beauté extraordinaire du monde
terrestre et sous-marin, surtout lorsqu'il est encore quelque peu préservé
de l'Homme, si destructeur par bêtise ou par inconscience, ici ou
ailleurs! Cette fois c'est Romain qui fait les superbes photos sous-marines,
des tortues, raies, requins et langoustes.
Voilà, de réparation en réparation
provisoire ou non, on sera finalement restés 5 semaines à
vagabonder dans le lagon, c'est la météo pluvieuse et ventée
qui nous oblige à rentrer début février. Finalement,
les quelques déboires techniques n'ont été là
que pour nous rappeler régulièrement le bonheur de pouvoir
vivre de tels moments en famille... si besoin il en était!
Retour à la réalité, il faut faire des courses, réparer,
nettoyer, et préparer la rentrée scolaire le 18 février,
d'autres occupations plus terre-à-terre nous attendent... et puis
le temps de préparer un album de photos pour vous faire partager
quelque peu nos tribulations dans le lagon, et un album du monde sous-marin
et de ses merveilles que vous aurez je l'espère autant de plaisir
à regarder que j'en ai eu à les faire.
Les
photos des vacances
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