Les parents ont donc toute la journée devant eux, nous nous retrouvons seuls dès 7 heures du matin, c'est un énorme changement. Nous n'avons pas encore eu le temps de nous ennuyer, entre les bricolages et le nettoyage, les courses, internet et la mise à jour du site (ce n'est pas encore énorme, mais ça va venir), mais surtout toutes les petites tracasseries d'un retour à une vie terrestre et scolaire.
Petits soucis terrestres ... et grosses dépenses!
Pour se déplacer, le stop c'est bien, mais plusieurs
fois par jour on s'en lasse, même si les gens s'arrêtent assez
facilement ici. Et voilà comment on se retrouve au téléphone
pour acheter à un gars qu'on n'a jamais
vu, qui habite dans on ne sait quel village de l'île de Tahiti à
200 km d'ici, une voiture qu'on ne connaît pas, que le gars en question
va lui-même racheter pour nous à une mamie, mais pas avant qu'on
lui ait fait un virement de plus de 3000 euros! C'est ça la Polynésie,
on a confiance ...
La voiture est bien arrivée 10 jours plus tard par le cargo qui ravitaille
Raiatea, surprise, elle est rouge et en très bon état extérieur,
il manque juste quelques détails ... dont la carte grise! Elle a bien
fonctionné pendant 5 jours, mais la première fois que Pascale
l'a prise pour aller chercher les enfants à l'école, elle n'a
jamais voulu redémarrer: rupture de faisceau électrique, une
semaine chez le garagiste, 300 euros.
On a aussi acheté deux vélos, des modèles chinois, simples
et solides, ils faut qu'ils tiennent au moins un an ...
Bastien se plaignait depuis plusieurs mois de voir flou de loin, au début
on n'y a pas trop fait attention, de toutes façons les ophtalmologistes
ne courraient pas les plages aux Marquises ou aux Tuamotu, mais finalement
... il est myope! Romain n'est pas en reste: après examen, il lui faut
aussi des lunettes, mais également un appareil dentaire pour lui façonner
le sourire 41bis du tombeur tropical. Pourtant il a déjà des
tas de copines. Mais il faut bien que les orthodontistes vivent, les pauvres
...
Tout coûte cher ici, la nourriture, le quotidien, les activités
pour les enfants, les journaux (15 euros pour un magazine de voile du mois
en cours!). Heureusement qu'on a l'habitude de se passer de pas mal de choses...
Les enfants à l'école, les parents en vacances ... ou presque!
Les enfants sont à l'école, et ils adorent ça! La rentrée était ici le 7 août, et après 4 semaines de classe, le bilan est excellent. Romain et Bastien ont retrouvé avec plaisir des professeurs, des copains et des copines, des devoirs le soir, et aussi plein de bonnes notes ... pourvu que ça dure! Pourtant, le rythme est beaucoup plus dur qu'avec le CNED: lever à 6 heures, bus scolaire à 7 heures, premier cours à 7h30, pause déjeuner de 11h35 à 13h puis reprise des cours jusqu'à parfois 17 heures (heureusement pas tous les jours). Il faut se réhabituer au cartable, le préparer sans rien oublier, et surtout le porter toute la journée, ce qui pour Bastien est proche du mauvais traitement à enfant: 15 kg de poids sur les épaules pour 29 kg tout habillé, le dos souffre! A midi, la cantine est très bonne alors pourquoi s'en priver?
L'installation à Raiatea
Imagine en "semi-mouillage"
à Apooiti
Après quelques jours au mouillage devant la zone
dite du carénage, nous sommes venus nous installer dans la baie voisine
d'Apooiti, à l'extérieur de la marina: l'avant d'Imagine est
amarré sur la digue, l'arrière sur deux corps morts ancrés
par 30 mètres de fond. On a les avantages d'une marina (eau et électricité),
sans les inconvénients (nous ne sommes pas coincés entre deux
bateaux, les voisins sont plus loin), avec quelques avantages du mouillage:
une eau claire dans laquelle on peut plonger du bateau, le corail sous les
coques où l'on peut observer les poissons, voire chasser quand on a
faim.
Seul problème ici: c'est intenable par coup de vent d'ouest, il nous
faudra alors déménager pour aller s'abriter ailleurs, on n'a
pas encore repéré où exactement, mais il va falloir s'en
occuper avant la mauvaise saison ici qui commence en décembre. Le débarquement
à terre s'effectue en annexe, en se tirant sur le bateau et ses amarres
pour éviter d'allumer le moteur. Ce n'est pas extrêmement pratique,
c'est souvent humide, mais on s'habitue.
Et puis dernier détail qui ne gâte rien: on a une vue imprenable
sur Bora-Bora, au loin à l'horizon ...
Le mont Temehani domine de ses 772 mètres le lagon de Raiatea et
Tahaa. Il abrite une fleur endémique unique au monde, aussi rare
que fragile: le Tiare Apetahi, hélas en voie de complète disparition.
De couleur blanche, elle a la forme d'une demi-corolle, qui s'ouvre
à l'aube dit-on en produisant un petit claquement.
Nous avons réussi une belle journée de randonnée avec
Crin Blanc et les copines de Romain, à travers les forêts,
puis en cheminant sur les sentiers de crête jusqu'au plateau qui précède
le sommet.
Mais nous n'avons fait qu'apercevoir les pétales de cette fleur mythique,
nichée dans un creux de falaise.
Qu'importe, la ballade était merveilleuse, avec la vue sur le lagon
qui devient de plus en plus spectaculaire au fur et à mesure de la
montée, les trempettes dans les ruisseaux, et le bain intégral
final dans un trou d'argile.
D'horribles spectres boueux parcouraient alors la montagne en hurlant et
grimaçant ...
Voilà, ce premier mois est vite passé, nous sommes à peine installés que déjà les premières vacances scolaires se profilent début septembre, une semaine qui va nous donner l'occasion de visiter les îles voisines.
A suivre ...