Premiers milles dans le Pacifique! par
Pascale
Du 28 janvier au 7 février 2007, Préparation
de la traversée du Pacifique
Ça y est, nous sommes dans le Pacifique! Notre
première étape est le "yacht club" de Balboa,
la ville qui borde l'embouchure du canal. Le flot incessant des porte-conteneurs,
transporteurs de véhicules et navires cargo divers, les vedettes
rapides des pilotes du canal nous secouent régulièrement;
on est toujours impressionnés par ces monstres de fer, parfois
tout rouillés, souvent chargés à bloc, aux pavillons
les plus divers, qui sillonnent les océans par tous les temps,
on se sent si petits et fragiles à côté d'eux...
Monstre de fer "Transporteur de véhicules"
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ou immeuble flottant "Porte-conteneurs" |
Le bateau est en sécurité sur son corps-mort,
pas de risque de dérapage intempestif pendant nos absences répétées
avec une météo médiocre (temps pluvieux et vent fort),
pas d'angoisse avec les marées, car la première différence
avec l'Atlantique ce sont bien les marées, toujours impressionnantes
pour des Méditerranéens comme nous, avec des variations
de 4 à 6 mètres. Les enfants restent souvent seuls à
bord pour travailler pendant que l'on fait des courses en toute tranquillité,
et le yacht club est équipé de wi-fi, de machines à
laver, et assure une navette entre le ponton et les bateaux ce qui nous
évite les aller-retour en annexe et les problèmes de vol.
Nous allons y passer 9 jours, temps nécessaire
pour préparer la traversée du Pacifique pour la Polynésie
Française avec une escale mythique aux Galapagos. On ne voit pas
passer les heures et les jours, à courir d'un endroit à
l'autre, en taxi, en bus, à pieds, on ne verra pas grand-chose
de Panama côté Pacifique mais on a hâte de continuer
le voyage, retrouver des mouillages déserts, se baigner, pêcher,
et traverser le Pacifique avec nos amis Aupaluk et Ushuaia!
Le matériel pour le bateau
Pascal s'active pour trouver les pièces détachées
de rechange qui nous manquent, car on ne sait pas quand on pourra trouver
un shipshandler digne de ce nom dans le Pacifique, sûrement Tahiti
d'ici quatre à cinq mois ! Il faut également faire remplir
nos bouteilles de gaz, remplacer le matériel de pêche perdu,
on compte bien se nourrir de notre pêche dans le Pacifique, s'il
reste un peu de poisson! Ça améliore le quotidien et puis
rien de tel pour entretenir le moral du Capitaine
et des deux matelots!
Les courses
On va visiter Panama City et ses rues piétonnes, le coeur de ville,
aux maisons coloniales à l'état d'abandon et immeubles aux
façades défraîchies, grouille de monde, vendeurs de
rues et étalages de marchandises à bas prix, restaurants
typiques, magasins bon marchés, on rencontre beaucoup de femmes
kunas dans leur tenue traditionnelle, contraste étonnant quand
on les a côtoyées dans leurs îles loin de la civilisation
moderne. La mondialisation a fait son oeuvre, les produits pas chers sont
importés d'Asie et la mode est la même qu'ailleurs. On a
un peu de mal à rhabiller Romain qui vient pourtant
de passer les 1m70 et 52kg, mais ici aussi
les tailles des shorts et pantalons se déclinent plus souvent en
XL qu'en XS...
Même si la capitale a meilleure réputation que Colon, on
ne s'éloigne pas des grandes artères, la police patrouille,
et nous conseille même après 16h de reprendre un taxi et
rentrer chez nous. D'ailleurs certains taxis en profitent, pour le même
trajet les prix varient suivant le client, mais on n'est pas des "gringos",
comme le couple d'Américains devant nous qui a accepté la
course à 7$, on patiente et Bastien nous choisit un peu plus loin
un taxi pour 3$, le prix habituel!
On fera également plusieurs incursions en taxi à "Albrok
mall" installé à l'extérieur de la capitale
Panama City. Après des semaines loin de l'agitation des grandes
agglomérations, on s'immerge dans le brouhaha incessant d'un des
plus grands centres commerciaux qu'on ait jamais vu, avec des galeries
marchandes à perte de vue, des centaines de boutiques, cinéma,
snacks, deux super marchés, on s'y perd malgré le plan...
mais on finit par boucler la liste des courses!
Le CNED
On attend les cours du deuxième semestre de Romain, mais le CNED
n'en a envoyé qu'une partie car ils ont un problème d'imprimerie,
ils ne savent pas dire si c'est une histoire de jours ou de semaines, et
nous sommes coincés ici tant qu'on n'aura pas trouvé de solution,
car les transporteurs ne livrent pas au milieu du Pacifique que je sache!
Finalement on décide de ne plus attendre les cours manquants
que l'on télécharge grâce au wi-fi du Yacht
Club. On achète une petite imprimante,
que Pascal avait jusqu'à présent refusé d'avoir
à bord à cause de la chasse au poids sur le bateau,
mais là c'est un cas de force majeure! On finit
par dénicher la perle rare, peu encombrante et légère
(la norme en vigueur sur Imagine) fonctionnant
aussi en 220V (la norme en vigueur au Panama est le 110V
pour les appareils électriques)! On peut ainsi imprimer
nous-même les cours au fur et à mesure et Romain
se remet à travailler sans perdre de temps.
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L'avitaillement
Les prochains magasins se trouvant aux Galapagos à environ 1600km
de là, voire en Polynésie à plus de 5400km, il n'est
pas question d'oublier quoi que ce soit! Je prévois donc de 3 à
6 mois de provisions suivant les produits, j'écume les différents
supermarchés en taxi, "Rey", "Super 99", "Machetazo",
et j'en passe, la carte bleue en rougit et ... le Capitaine en verdit
car la ligne de flottaison s'enfonce inexorablement un peu plus chaque
jour... "T'es sûre que t'as besoin de tout ça ?"
me demande-t-il à chaque fois que je reviens des courses... Pas
facile de faire l'avitaillement optimal et de ne pas se tromper sur les
quantités!
Quant au marché c'est la caverne d'Ali Baba des fruits et légumes.
J'irai une première fois avec Nathalie et Isabelle sous la surveillance
de Charlie, juste avant leur départ. Il n'y a pas de touristes
mais on s'y sent en sécurité et les prix défient
toute concurrence: 12 pomelos 1$, 10 citrons verts 1$, 50 citrons mandarine
1$, 3 ananas 1$, 3 avocats 1$, 2kg de bananes 1$, 12 christophines 1$.
Comme en Colombie, un porteur se propose pour 3$ de nous guider dans le
marché et de nous trimballer nos courses, pratique et sûr!
Je rentre chargée comme une mule au bateau. Huit jours plus tard,
matin de notre départ, Pascal et moi y retournons pour les derniers
achats de légumes et de fruits, notamment 1 filet de pomelos 2$
(il n'avaient plus que le grand modèle, j'ai dû caser 32
pomelos!), 30 citrons mandarine 1$ (en prévision du poisson pêché
à cuisiner en ceviche!), 48 citrons 4$, 12 oranges 50cts, avec
tout ça, on devrait éviter le risque de scorbut, et survivre
quelques semaines! Il y a des pamplemousses jusque dans les toilettes,
des régimes de bananes suspendus dans le cockpit, on n'a jamais
été aussi chargés...
Les adieux
C'est ici que les bateaux que nous avons côtoyés
en Atlantique jusqu'à Colon et qui ont traversé le
canal se séparent. Les projets sont différents, des bateaux
descendent vers l'Equateur voire encore plus bas au Chili, d'autres remontent
vers le Costa Rica, ou Hawaï, la plupart font route vers l'Ouest,
destinations les Galapagos, la Polynésie avec une escale à
l'île de Pâques pour certains, les Cook, les Tonga, les Fidji,
la Nouvelle-Calédonie, la Nouvelle-Zélande, ... Le Pacifique
est un immense territoire à découvrir. Les choix sont difficiles,
quand le temps est compté! C'est notamment le cas d'Ushuaia et
d'Aupaluk qui sont prêts une semaine avant nous, car ils n'ont pas
ce problème de CNED. Nous allons passer deux soirs avec eux au
mouillage de Playita, derniers apéros, derniers restos. Ce ne sont
toutefois que des adieux provisoires, ils vont d'abord faire escale aux
îles Perlas sur le territoire du Panamà à quelques
heures de navigation.
Du 7 au 9 février 2007, Escale dans
l'archipel de "Las Perlas"
Après une halte pour la nuit au mouillage de Playita pour dire
adieu aux équipages de Nouvelle Vie, Le Mineur, Nez Rouge, nous
levons l'ancre à 9h pour une journée de navigation, direction
l'archipel des Perlas. La mer est belle, le temps superbe, on croise plusieurs
rorquals communs dans la zone de mouillage des cargos par 17 mètres
de fond. On voit bien leur souffle mais l'apparition des cétacés
reste furtive et frustrante! Le vent faiblit, on avance sous grand voile
et gennaker, 4 à 5 noeuds de vitesse pour 6 à 7 noeuds de
vent de travers. Le Capitaine trouve qu'on est trop chargés! Le
vent revient dans l'après-midi et nous prenons une belle bonite
de 2kg avec le nouveau rapala acheté à Panama City, juste
avant d'arriver vers 15h au mouillage de Pacheca, une des îles de
l'archipel des Perlas, où l'on retrouve l'Outremer 45 Aldora. Les
hommes vont plonger, ça les démangeait depuis trop longtemps
mais l'eau est froide, trouble et peuplée d'espèces de poissons
inconnues pour nous!
Le lendemain matin, on s'active en vue du départ
pour les Galapagos, car Ushuaia et Aupaluk qui devaient
nous attendre ici ont profité de l'opportunité d'une bonne
fenêtre météo, et sont partis rapidement vers les
Galapagos. Nous effectuons donc les derniers rangements, lessive, changement
de filtre du dessalinisateur, vérifications des moteurs, Pascal
monte par deux fois en tête de mât pour réparer le
feu de navigation qui a un mauvais contact, le mouillage est rouleur et
ça balance là-haut! Une fois le bateau prêt, l'après-midi
nous allons avec Aldora faire une petite marche sur l'île et admirer
les frégates, pélicans, cormorans et autres oiseaux qui
colonisent les falaises et la côte.
Le bihoreau violacé est un drôle d'oiseau! |
Un couple de frégates dans leur nid d'amour... |
Du 9
au 15 février 2007, Traversée Panama Galapagos
Notre séjour aux Perlas sera de courte durée,
Ushuaia et Aupaluk nous attendent aux Galapagos, Bastien aimerait bien
fêter son anniversaire le 16 février avec eux, la météo
s'annonce clémente, les vents semblent favorables, autant de bonnes
raisons pour partir dès que possible. C'est ainsi que le 9 février
à 11h, nous hissons les voiles, pour partir seuls, direction l'île
de San Cristobal aux Galapagos à 890 milles de distance.
9 février, 1er jour
La mer est belle, le vent souffle à 13 noeuds de travers et Imagine
file à 9 noeuds sous grand-voile et gennaker, aidé par presque
2 noeuds de courant en notre faveur, je n'ose y croire tellement c'est
agréable, pas de problème d'amarinage après une si
longue période sans naviguer. Mais la mer se creuse un peu lorsque
l'on sort du golfe de Panama à la nuit tombée. A part 2
ou 3 cargos repérés au radar, la nuit est calme et sans
soucis.
10 février, 2ème jour
Le vent n'a pas molli, toujours 15 à 20 noeuds de NNE, Pascal décide
de faire route directe vers les Galapagos, sans passer par Malpelo, plus
au sud, détour que font d'habitude les voiliers pour aller chercher
le vent avec un angle normalement plus favorable,
ce qui n'est pas nécessaire au vu des prévisions météo
du jour.
L'île de Malpelo qui se trouve sur les coordonnées
géographiques 3° 51'07'' N et 81°35'40'' O, est un
grand rocher, perdu dans l’océan Pacifique, à
500 km environ des côtes de la Colombie. Partie immergée
d’une cordillère sous-marine, cette petite île
culmine à 375 m et mesure seulement 8 km2. Ses parois abruptes
tombent jusqu’à des profondeurs de 4000 m. D'après
nos lectures, c'est une des îles désertes les plus
fréquentées du Pacifique chaque année par les
scientifiques et plongeurs du monde entier, sanctuaire protégé
et classé "Patrimoine Naturel Mondial de l'Humanité"
par l'Unesco.
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Les sites de plongée de l’île de
Malpelo et des 11 îlots qui l’entourent sont parait-il d’une
rare diversité: tombants vertigineux, une faune et d’une
flore marines d’une densité exceptionnelle. Les requins les
plus variés se partagent les eaux tièdes : marteaux, en
bancs de centaines, requins soyeux, des Galapagos, taureaux, pointes blanches,
baleines et "féroces" (race nouvellement découverte,
probable croisement entre requin blanc et requin taureau). Baleines, dauphins,
raies manta, aigle et léopard, tortues, thons, mérous gigantesques,
dauphins, bancs de carangue et de barracudas se
croisent dans ces fonds riches et leur donnent une vie particulièrement
intense.
Tant pis pour Malpelo! On a bien avancé, nous avons fait 189 milles
en 24h, soit une moyenne de 7,9 noeuds en route directe! Mais le vent
tombe dans l'après-midi et on passera la nuit au moteur, en somnolant
pendant nos quarts, avec le radar en veille.
11 février, 3ème jour
Le Pacifique porte bien son nom et j'apprécie! Pour la petite histoire,
c'est Magellan qui fut le premier Européen à y avoir navigué
en novembre 1520 et qui le baptisa ainsi à cause du temps calme
qu'il rencontra pendant sa traversée de la Terre de Feu jusqu'aux
Philippines. L'océan Pacifique s'étend sur une surface de
180 000 000 km², c'est l'océan le plus vaste du globe terrestre!
Ça explique certainement pourquoi aujourd'hui, on n'aperçoit
ni poissons ni bateaux, la probabilité est
faible. Deux mouettes sorties de nulle part viennent tout de même
se reposer sur Imagine, une aubaine pour elles! Généreuses,
elles nous gratifient d'un petit cadeau avant de repartir vers l'horizon.
Il fait beau, on avance toujours au moteur, on est dans le pot-au-noir,
cette zone de basse pression orageuse et sans vent, signe que l'équateur
approche! Curieusement, je me sens bien au milieu de nulle part avec Pascal
et nos enfants, isolés de toute agitation humaine comme dans une
bulle, une parenthèse dans le temps. Je ne me lasse pas de contempler
cette immensité, la longue houle du Pacifique que mon Capitaine
m'avait vendu et je laisse vagabonder mon imagination. J'imagine que la
Terre respire; comme la respiration sereine d'un enfant s'abandonnant
sans crainte dans les bras de Morphée, l'océan sous
l'effet de la houle se soulève au rythme régulier
et paisible des battements de son coeur. Le ciel et les nuages se reflètent
sur la surface à peine ridée et font apparaître des
nuances de bleu à perte de vue, et j'imagine des collines couvertes
de champs de blés, d'orge et d'avoine, ondulant et frissonnant
au rythme de la brise légère qui nous accompagne, c'est
mon côté terrien qui refait surface!
Mais ma rêverie s'interrompt lorsque l'on traverse une zone de débris
végétaux et malheureusement aussi de déchets ménagers
en tout genre, ça nous attriste toujours de voir ça, l'océan
n'est pas une poubelle!
Aujourd'hui on a fait 132 milles soit 5,5 noeuds de vitesse en 24 heures,
au moteur certes, mais à minuit, le vent revient, on renvoie la
grand-voile et le gennaker, c'est la fin du pot-au-noir!
La longue houle du Pacifique incite à la rêverie... |
Merveilleux spectacle de dauphins au crépuscule! |
12 février, 4ème jour
En fin de matinée on file à 9 noeuds de moyenne grâce
au vent d'ENE qui s'est établi entre 15 et 20 noeuds. Dans la journée
le vent tourne progressivement à l'Est, toujours 15 noeuds, ce
qui nous permet de maintenir notre vitesse de 9 ou 10 noeuds, avec 2 noeuds
de courant favorable! On est toujours bredouille à la pêche
et notre nouveau rapala a cassé.
Les heures s'écoulent tranquillement rythmées par les repas,
les siestes et les occupations diverses, et notamment la lecture, l'ordinateur,
et la partie d'échec journalière pour les enfants, qui sont
à l'âge où la contemplation est plutôt synonyme
d'ennui... Que leur restera-t-il plus tard de ces traversées?
On enroule le gennaker au crépuscule pour assurer une nuit plus
confortable, on ne fait pas la course, c'est une croisière en famille.
On a bien fait car le vent vire en début de nuit au SE et on se
retrouve au près! Finalement, on a effectué quasiment la
même distance qu'hier soit 133 milles en 24h.
13 février, 5ème jour
Toujours en route directe, toujours le courant de 2 noeuds favorable,
Imagine file encore à 9 ou 10 noeuds assez confortablement, la
mer est étrangement peu agitée pour un vent de 15 noeuds,
SE, mais ce n'est pas moi qui m'en plaindrais. On a eu une grosse touche,
on n'a rien vu mais ça devait être gros car le fil a cassé
net, même pas le temps de ralentir le bateau. Le vent mollit en
fin d'après-midi et tourne au Sud, malgré tout, on a fait
8,3 noeuds de moyenne et 200 milles en 24h!
14 février, 6ème jour
Jour de la Saint Valentin, 8h42 heure locale (13h42 TU), le bouchon de
la bouteille de champagne saute au moment précis où nous
passons la ligne de l'équateur! Il y a cinq verres sur la table,
Romain et Bastien ont droit à leur coupe ainsi que Neptune comme
le veut la coutume! Car il faut faire un sacrifice en l'honneur du Dieu
de la mer pour obtenir ses bonnes grâces! Une coupe de champagne
vidée solennellement dans l'océan et une mèche de
cheveux de chaque membre de l'équipage seront nos offrandes pour
obtenir la protection de Neptune. Puis c'est l'heure de la baignade: on
affale les voiles, on positionne le bateau sur l'équateur, et Pascal,
Romain et Bastien se jettent prudemment à l'eau
mais dans le grand bleu la ligne n'est pas très visible par 2000
mètres de fond! Quant à moi, rien que l'idée de me
mettre à l'eau au milieu de nulle part me tétanise, et je
me sens nettement mieux lorsqu'ils sont tous les trois remontés
à bord, ma phobie de l'eau n'est pas guérie! Ceci étant,
on s'amuse comme des fous, on traverse 11 fois la ligne de l'équateur,
6 vers le sud et 5 vers le nord, on passe allègrement de l'hémisphère
nord à l'hémisphère sud en zigzaguant sur la ligne
blanche, on est seuls et il n'y a ni radar ni képi à l'horizon...
On a fait 146 milles en 24h soit 6 noeuds de moyenne, nous allons apprécier
les 72 qui restent pour atteindre les Galapagos car le vent est tombé,
5 noeuds de sud, impossible d'y arriver avant la nuit, aussi nous nous
laissons porter par le courant qui nous pousse à 2,5 noeuds dans
la bonne direction. Notre dernière nuit en mer est très
calme, parfois au moteur, parfois à la voile en semi dérive.
Dans le silence de la nuit noire, on entend parfois les baleines souffler
tout près du bateau, c'est impressionnant et un peu angoissant,
pour me rassurer je me dis que ce sont nos anges gardiens envoyés
par Neptune, grand amateur de champagne, lui aussi, c'est bien connu!
Latitude 0°, on est pile sur l'équateur |
Les hommes traversent l'équateur à la nage... |
15 février, 7ème jour
6h du matin, on arrive à Puerto Baquerizo Moreno sur l'île
de San Cristobal, on jette l'ancre entre Aupaluk et Ushuaia qui nous ont
préparé un super accueil, petit-déjeuner compris,
quoi de mieux pour conclure en beauté notre première navigation
dans le Pacifique, soit 886 milles en 5 jours et 21 heures, et continuer
avec eux à la découverte des Galapagos.
Maintenant que nous sommes arrivés,
je peux dire que mon angoisse concernant cette traversée
s'est estompée doucement au fil des heures! En effet depuis que
j'entends ou que je lis sur internet des récits de navigateurs
autour du monde, les deux endroits sur lesquels j'avais entendu les pires
choses sont... la Méditerranée, pour l'imprévisibilité
de la météo, pétole ou tempête en quelques
heures, c'est vrai on a déjà testé! et la traversée
Panama-Galapagos au près, mer agitée, au moins 2 noeuds
de courant contraire, plus de 10 jours pour
900 milles et des records de 20 milles en 24h au large du rocher de Malpelo!
tout ce que j'aime... Je m'étais donc préparée psychologiquement
ainsi que les moussaillons à une traversée difficile en
mode survie: 48 heures de repas cuisinés à l'avance, les
oreillers et couvertures, la boite de médicaments contre le mal
de mer à portée de mains, le coca-cola au frais contre la
déshydratation, etc... Résultat, ce fut une des plus belles
traversées jamais effectuée, tranquille et sans histoire,
que du bonheur! Apparemment tout est une question de période et
février 2007 est un bon millésime...
A suivre ...
Les
photos de la traversée Panama Galapagos
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