Changement de programme
... par Pascal
Los Testigos, du 3 au 7 mars
"Ça crache?
- Non, y'a rien qui sort!
- Tant pis, on va se passer du moteur bâbord"
C'est plus facile à dire qu'à faire avec deux noeuds de
courant et vingt noeuds de vent contre nous, sur un seul moteur, on peine
à atteindre le mouillage, pas le temps de bien choisir, on laisse
tomber l'ancre sur une bande d'eau claire, donc avec du sable au fond,
elle croche, on se stabilise, ça à l'air de tenir.
Il faut le mériter ce paradis des Testigos! Déjà,
toute la nuit, Romain nous a fait son festival de vomi, il a attrapé
le virus de gastro-entérite qui nous tourne autour depuis quelques
temps. La Casa Delmarre qui devait aussi quitter Grenade avec nous hier
soir a du renoncer, le temps de soigner Fiona qui s'était mise
à vomir juste avant le départ. Et maintenant, au matin,
c'est cette pompe à eau qui nous a causé tant de soucis
et de travail de réparation aux Canaries qui recommence à
faire des siennes. Guy, de Matin Bleu, ancré non loin
de là, accourt à notre aide pour démonter la pompe
et voir ce qui se passe. C'est encore le rotor qui est abîmé,
il n'avait que 50 heures alors qu'il doit tenir 500 heures, mais la pompe
ne montre aucun signe particulier de panne, impossible de comprendre pourquoi
elle bouffe autant de rotors aussi vite. Nous restons perplexes, on verra
plus tard. En attendant, on se console en dégustant avec Matin
Bleu les deux germons pris à la traîne au petit matin.

Playa Tamarindo |

Une des maisons sur la plage |
Nous sommes au mouillage de Playa Tamarindo, sur Testigo
Grande, la plus grande des îles de ce minuscule archipel situé
à 80 milles à l'ouest de Grenade, et 40 milles au nord du
continent sud-américain. Paysage de rêve, plages de sable
blanc bordées de cocotiers, petites collines dont le vert de la
végétation contraste merveilleusement avec la palette de
bleus de la mer, oiseaux qui tournoient, planent, plongent autour de nous,
le vent qui nous rafraîchit, quelques lanchas, bateaux
de pêche typique du Venezuela, qui se balancent nonchalamment ...
le spectacle invite à la contemplation tranquille, programme idéal
pour cet après-midi d'arrivée au Venezuela.
4/03
Ce n'est que le lendemain que je débarque sur la plage, seul, pendant
que les enfants travaillent. Je me dirige vers une cabane au nom évocateur
("Erotica Te") peint sur un panneau en bois, qui semble être
un bar. En fait c'est un simple abri, sous lequel deux pêcheurs
et quelques militaires en treillis et rangers discutent, affalés
dans des hamacs ou sur des chaises. Ils se taisent à mon arrivée
et me jaugent du regard. J'engage laborieusement la conversation en espagnol,
ils sont peu causants et ne m'aident pas beaucoup. Il se trouve que par
le plus grand des hasards j'ai rencontré un de leurs amis établi
en France qui m'a parlé d'eux. Dès qu'ils comprennent, leur
visage s'éclaire. Les présentations sont faites. Manolo
et Daniel, les deux pêcheurs, m'expliquent que tous les autres pêcheurs
sont partis sur l'île de Margarita ou sur le continent aux fêtes
du carnaval, il n'y a presque plus personne à part eux, et c'est
vrai que l'archipel semble presque inhabité. Impossible de se procurer
du poisson ou de la langouste, et la chasse sous-marine est officiellement
interdite! Il va falloir se débrouiller ...
Nous retournons au village l'après-midi en famille. Daniel nous
offre un café. Nous rencontrons Nelly, la femme de Chunchun, l'incontournable
patriarche local bien connu des navigateurs parce qu'en plus d'un demi-siècle
il en a vu passer des centaines, anonymes ou célèbres comme
Moitessier, Brel, ou Antoine. Nelly nous raconte l'histoire et la vie
des pêcheurs installés ici. Daniel nous parle de la pêche
au requin "el tiburon", au pagre, à la langouste,
des virées tous les quinze jours à Margarita (45 milles)
pour vendre le poisson, réapprovisionner, et faire la fête.
Manolo et Daniel partent d'ailleurs le lendemain pour Margarita sur leur
lancha, on va se retrouver encore un peu plus seuls ...
5/03
Un peu de sport aujourd'hui, avec La Casa Delmarre, qui nous a finalement
rejoint, nous attaquons le sommet de Testigo Grande par la face sud (qui
culmine au moins à 250m d'altitude!), à travers la végétation
dense et les cactus. On démarre de bonne heure mais il fait déjà
très chaud, et en plus c'est à mon tour d'héberger
le virus de la gastro tournante, je sue à grosses gouttes. Un curieux
chien sans poil nous accompagne, croisement improbable d'une andouillette
et d'un iroquois, il ne nous lâchera pas d'une semelle pendant toute
la balade. La vue de là-haut est magnifique sur tout l'archipel.
On apprécie la baignade après ces deux heures de fournaise.

L'ascension vers le sommet de Testigo Grande |

Le mouillage vu du sommet |
Alors qu'on barbote dans l'eau claire, des gardes-côte
débarquent et nous interpellent : "Qui est le capitaine du
bateau La Casa Delmarre?" Ça y est, ils nous tombent
dessus parce qu'on ne s'est pas déclarés en arrivant, on
va se faire jeter! Mais non, c'est surtout que leur pavillon de courtoisie
vénézuelien était hissé la tête en bas,
insulte suprême au drapeau national, emblème si important
pour le pays que sa description figure même dans les tous premiers
articles de la constitution! Ils leurs demandent simplement et gentiment
de le mettre à l'endroit et de venir nous déclarer dès
le lendemain matin. Nous qui pensions passer plusieurs jours incognito
dans l'archipel, c'est raté!
6/03
Avec Patrick, nous faisons donc une petite visite en annexe à la
base des Guardacostas sur l'île voisine de Iguana. Un militaire
en uniforme et mitraillette nous accueille, nous discutons avec quelques-uns
de ses collègues desoeuvrés, qui finissent par nous diriger
vers l'officier de service. L'homme est aimable mais ferme : il
ne nous accorde que 24 heures pour quitter Los Testigos,
au motif que nous n'avons pas encore fait notre entrée officielle
au Venezuela et qu'elle ne peut se faire qu'à Margarita. Et il
faudra aussi revenir le voir demain matin pour qu'il ajoute quelques tampons
à nos papiers, attestant de notre départ. On apprendra par
la suite qu'un nouveau commandant très zélé a pris
ses fonctions sur cette base des Testigos, "es una mierda"
nous diront même quelques pêcheurs pour nous résumer
le personnage ... En tous cas, c'est une déception pour nous, car
on ne pourra pas explorer et profiter plus de ce magnifique archipel des
Testigos.
On remouille pour la journée vers le sud de Testigo
Grande, en compagnie de Matin Bleu et de La Casa,
dans la petite baie de "Balandra Bay", bien abritée
du vent et de la houle à condition de rester tout près
du rivage rocheux.
L'après-midi, on ne résiste pas malgré l'interdiction
officielle: on sort les fusils-harpons et on va chercher le repas
du soir. Romain s'offre les deux premières langoustes de
sa vie, et nous ramenons au total de quoi agrémenter le dîner
sur La Casa avec Matin Bleu qui part le lendemain
pour Blanquilla.
Encore des adieux ... |

Balandra Bay |
7/03
Retour chez les guardacostas pour le tampon de
sortie des Testigos. Après négociation, on est quand même
autorisé à attendre la nuit pour partir, on grappille ainsi
une journée supplémentaire. Nous mouillons devant Playa
Real, un mince isthme de sable blanc qui sépare Testigo Grande
de sa petite soeur Testigo Pequeño. C'est assez agité
et venté, mais très joli avec son bouquet de cocotiers.
Bastien est malade à son tour après le déjeuner,
il vomit trois fois et reste sur le bateau.
Je débarque avec Léo, Romain, et Pascale D. sur la petite
plage. Un pêcheur nous fait signe du hamac où il fait la
sieste, à l'intérieur de sa cabane de Robinson. Il nous
explique qu'il attend son frère qui doit amener de l'essence et
à manger de Margarita. Et en attendant, il pêche des langoustes,
pour ne pas mourir de faim. Il semble content de nous raconter sa vie.
Chunchun habite ici, dans une petite maison sur la plage.
Il est né à Margarita et est revenu vivre aux Testigos
à l'âge de 10 jours! Il nous raconte que la moitié
des maisons de l'archipel abrite sa nombreuse descendance, nous
parle de sa famille, de son île qu'il aime, des bateaux qu'il
a vu passer, de la pêche, du temps, des cyclones, des autorités,
...
Très cordial, on discute longtemps, il est intarissable.
Il nous offre un grand verre de Coca, qu'on accepte sans savoir
qu'il y a aussi une bonne dose de rhum. C'est un peu tôt pour
le rhum! Mais la politesse nous oblige à boire.
Attachant personnage ... |

L'isthme de Playa Real et la cabane du pêcheur
|
Un groupe de touristes français arrive dans une
barque rapide, un peñero, avec deux puissants moteurs
hors-bord. On apprend qu'ils ont payé pour un "voyage-aventure"
et effectivement ils en ont pour leur argent : ils arrivent du continent
dans cette barque sans confort, et les pauvres sont déjà
rouges comme des langoustes sur une face, et toujours blancs sur l'autre.
Ce soir ils dormiront sur la plage. Mais ça vaut la peine, ils
font un circuit original, hors des sentiers battus, qu'on ne peut faire
qu'en bateau. Leur guide vénézuelien, Draouli, n'en finit
pas de vanter les beautés et la variété de son magnifique
pays.
Peu avant le crépuscule, les guardacostas
amènent sur La Casa Delmarre deux militaires qui
doivent rejoindre Margarita. Ils réquisitionnent le bateau
comme transport de troupes! L'un d'eux est malade et doit y subir
une opération, l'autre l'accompagne. Nous dînons avec
eux et en apprenons un peu plus sur leurs missions, leur vie de
militaire loin de leur famille, sur leur pays, et sur la politique.
Ils vantent les mérites de leur président Chavez,
et de ses actions en faveur des plus défavorisés.
Ils ont l'air sincères. Nous allons nous coucher pour quelques
heures avant la navigation de nuit. |

La Casa réquisitionné! |
Isla Margarita, du 8 au 13 mars
Nous quittons le mouillage dans le noir à 1h30, en compagnie de
La Casa. La nuit est chaude et le vent modéré,
au portant. C'est donc une navigation très tranquille, il n'y a
qu'à veiller pour éviter les collisions. Je ne peux m'empêcher
de penser aux nombreux récits et rumeurs qui circulent sur les
attaques de pirates dans cette région, certains préconisant
de naviguer tous feux éteints. Mais nous nous sentons en sécurité
à deux bateaux, dont l'un transporte des militaires! Au petit jour,
il est vrai que certains pêcheurs sont curieux et n'hésitent
pas à changer de route pour venir nous frôler. Nous échangeons
des saluts et des sourires, sans nous sentir menacés. Nous atteignons
le mouillage de Porlamar à Margarita dans un vent mollissant et
lâchons l'ancre devant l'hôtel Concord, ou ce qu'il en reste
car ce grand hôtel de luxe a entièrement brûlé
il y a plusieurs années et les assurances en sont encore à
chercher les responsables.
Le mouillage est plus propre qu'on ne l'avait imaginé.
Une cinquantaine de bateaux sont ancrés là. C'est
l'endroit de tous les dangers si l'on en croit toutes les histoires
d'attaque de bateaux à mains armées qui circulent.
Bien que la rumeur exagère toujours, certaines sont vraies
et reconnues par les autorités. Les vols d'annexe en particulier
sont fréquents, on sera donc un peu plus sur nos gardes que
d'habitude. Pourtant, on ne se sent pas en danger, rien ne laisse
présager de risques particuliers et l'on imagine mal comment
des actes violents peuvent être commis au milieu d'autant
de bateaux. Inconscience ou naïveté? Ça ne nous
empêchera pas de dormir. |

Le mouillage de Porlamar |
Au Venezuela, les formalités peuvent être
très compliquées si l'on fait le tour de toutes les administrations
(douanes, immigration, autorités portuaires), ou très simples
si l'on se paye les services d'un agent, ce que la majorité des
bateaux se résigne à faire. L'incontournable personnage
ici, c'est Juan Baro, qui s'occupe de tout moyennant un tarif sans doute
très profitable pour lui, mais finalement pas trop prohibitif si
l'on pense à toutes les tracasseries que l'on s'épargne.
Il nous explique les procédures d'entrée et de sortie, obligatoires
à chaque fois que l'on change de territoire administratif dans
ce pays, sans compter l'entrée et la sortie internationale pour
quitter le pays. C'est un vrai casse-tête si l'on veut rester longtemps
dans certains endroits et éviter de revenir contre le vent à
son point de départ. Le plus simple serait de faire tout de suite
une sortie internationale à destination de Bonaire, et de continuer
en transit vers l'ouest en traînant dans les îles du Venezuela,
mais avec le risque de se faire éjecter au premier contrôle.
Nous n'avons pas envie de revivre l'expérience des Testigos, il
serait vraiment dommage de rater toutes les îles de ce pays. Mais
avons-nous vraiment le temps d'en profiter si l'on veut respecter notre
programme qui prévoit de passer le canal de Panama en mai et d'être
à Tahiti en Juillet? Après avoir passé l'après-midi
avec La Casa à réfléchir sur les options
possibles, nous décidons finalement de chambouler tous nos plans
de voyage. La Polynésie attendra, nous avons surtout envie de prendre
plus notre temps, de profiter du présent sans penser trop loin.
Ça veut dire qu'on s'accorde au moins trois mois au Venezuela jusqu'à
l'été! C'est une grande décision, un vrai changement
de programme!
9/03
Nous laissons tous nos papiers à Juan le matin pour qu'il fasse
les formalités. A midi, on mange de la viande rouge au restaurant.
Puis c'est la première expédition "courses en ville".
Nous prenons deux taxis, des vieilles américaines en ruine, les
chauffeurs ont un look genre les méchants dans Starsky et Hutch,
c'est d'ailleurs le surnom qu'on leur donne. Ils sont très sympas,
mais ils racontent eux aussi des histoires
à faire peur: "Surtout ne marchez jamais dans cette avenue,
ici on vous tirera une balle dans la tête sans prévenir avant
de vous piller, même si vous n'avez rien!" Intéressant...
Ils nous emmènent chez DHL pour poster une série du CNED
car par la poste on peut être quasiment sûrs que ça
n'arrive pas (dixit Juan) puis ils nous attendent pendant que l'on fait
quelques courses à CM, grand supermarché où tout
est en abondance. Dans le magasin, on se croirait chez nous en France,
tant les étalages sont bien achalandés, mais il y a une
différence notable : ici des gardes en gilet pare-balle
patrouillent dans les rayons et devant l'entrée, un fusil
à pompe à la main, une ceinture pleine de cartouches à
la taille et un pistolet à la ceinture! Les enfants aiment, ils
se croient à la télé! C'est tellement irréel
qu'on n'arrive toujours pas à se sentir en insécurité,
mais on ouvre l'oeil quand même...
10/03
Les Pascales vont finir les courses de fruits et légumes toutes
seules, sous la garde de Hutch, notre chauffeur de taxi. Tout le monde
au resto à midi, on déguste des ceviche péruviennes,
mélange de poisson cru mariné et de légumes. Le patron
nous rajoute une eau de vie de son pays dans le reste du jus, c'est comme
ça qu'ils font chez lui au Pérou dit-il! On retrouve Daniel
et Manolo, nos amis les pêcheurs des Testigos qui sont ici pour
caréner leur lancha, mais qui boivent surtout bière
sur bière, il fait si chaud ...
Le départ est prévu pour cette nuit en direction de Blanquilla,
75 milles plus au nord. Mais alors que les bateaux sont prêts, la
mauvaise nouvelle tombe en fin d'après-midi: nous n'avons pas les
papiers nécessaires, la capitainerie s'est soit-disant trompée
de formulaire, donc nous ne sommes toujours pas en règle. Et bien
sûr, on est vendredi soir, il faudra attendre lundi pour les refaire
et pouvoir partir. Heureusement qu'on venait de décider de prendre
notre temps! On va avoir tout un week-end à ne rien faire, génial!
En plus, on apprend qu'on ne peut pas remplir notre bouteille de gaz ici,
tant pis, nos réserves devraient nous permettre de tenir au moins
six semaines.
11/03
Promenade au centre-ville de Porlamar,
dans les rues commerçantes autour de la plaza Simon Bolivar,
El Libertador, le héros sud-américain qui
chassa l'Espagnol du continent au 19ème siècle et
tenta de fonder une confédération panaméricaine
des états (Colombie, Venezuela, Equateur, ...). Sa popularité
est toujours immense deux siècles plus tard. Sur cette place,
des gens se signent ou s'agenouillent devant sa statue en passant!
Le bouillant président vénézuelien Chavez a
d'ailleurs fait rebaptiser en 1999 le nom de son pays en "République
Bolivarienne du Venezuela"; Et un autre pays, la Bolivie, lui
doit déjà son nom. |

Simon Bolivar, El Libertador |
Rien de spectaculaire par contre au niveau architectural.
Ce n'est qu'un amoncellement de boutiques, toutes les mêmes: fringues,
sport, bazars, électronique. On baigne dans l'ambiance animée
de la rue en ce samedi matin. Là non plus on ne se sent pas en
danger, malgré les avertissements. L'activité est celle
de n'importe quelle ville de cette taille le week-end. La seule grosse
frayeur nous sera procurée par Nathan, âgé de quatre
ans, qui profite de la foule pour fausser compagnie à ses parents.
Au début on se dit qu'il doit être quelque part juste à
côté, et que blond comme il est on devrait facilement le
repérer, mais rapidement l'angoisse monte, il reste introuvable
pendant un quart d'heure. On agrandit le périmètre au trottoir
d'en face, et à tous les magasins, sans plus de résultats.
C'est finalement un vendeur de lunettes de soleil qui nous le retrouve.
Il avait traversé un carrefour tout seul malgré la circulation
dense et s'était perdu dans la foule grouillante qui déambule
en tous sens, mais il n'était pas inquiet! Après quelques
courses, nous retournons passer l'après-midi aux bateaux et profitons
de la baignade.
Je gratte la coque pour la première fois depuis Graciosa, fin octobre,
il y a presque cinq mois. C'est sale, mais ça part tout seul d'un
coup d'éponge. Pour une fois, j'ai dû choisir le bon anti-fouling!
12/03
On s'offre un dimanche tranquille sur le bateau: école pour les
enfant le matin, et baignade tout l'après-midi, on ne descend même
pas l'annexe pour aller à terre.
13/03
Le temps est gris et pluvieux,
avec de fortes rafales de vent. Super, c'est ce soir qu'on doit
partir!
Nous complétons l'approvisionnement au supermarché
le matin, et faisons le plein de carburant. Ici, pas la peine d'aller
s'amarrer à la station service, c'est la station qui vient
à nous : une lancha ravitailleuse nous aborde, nous
envoie un tuyau, et un gars tourne une manivelle pour pomper le
gasoil stocké dans ses fûts en plastique. Pas de compteur:
c'est lui qui sait combien de litres il nous envoie à chaque
tour! On lui fait confiance, de toutes façons à 4
centimes le litre, il peut bien nous escroquer un peu ...
|

La lancha ravitailleuse |
Nous récupérons enfin le papier manquant
de la capitainerie en fin d'après-midi. Ça y est, le bateau
est autorisé à séjourner 6 mois au Venezuela, on
peut enfin partir vers les îles qui nous font tant rêver.
Ce sera une navigation de nuit vers Blanquilla. Le départ à
21 heures est assez rock'n roll, car on est rapidement pris sous des grains,
au près avec des rafales supérieures à 30 noeuds,
face aux vagues et à un courant très fort qui s'obstine
à nous refuser le passage. Jamais nous n'avions peiné autant
: on mettra 4h30 et 4 bords pour franchir les 5 premiers milles qui nous
séparent de la Punta Ballena, extrémité Est de Margarita!
Ensuite c'est plus facile, vers 2 heures du matin, on choque un peu les
écoutes et on navigue travers au vent en longeant la côte
de Margarita, cap au 310 vers Blanquilla ... enfin!
A suivre...
Les
photos de Los Testigos et Margarita
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