"2100 miles
du Cap-Vert à Tobago, et arrêt minute à Grenade"
par Pascale
Mindelo - Charlotteville
- du 29 Janvier au 12 Février, 2100 miles en 14 jours
Dimanche 29 Janvier, le jour du départ de Mindelo
A 13h, Imagine est rangé, nettoyé,
vérifié et son équipage, est douché,
a pris les gotas (gouttes
espagnoles contre le mal de mer), déjeuné
d'un en-cas, on quitte donc le mouillage de Mindelo, sereins, qui
plus est sous un beau soleil. "Kador" est parti 3 heures
avant, il ne reste que "La Casa Delmarre" qui attend la
réception d'un nouvel anémomètre envoyé
par transporteur. Ils sont un peu tristes, nous aussi on aurait
bien aimé traverser ensemble, mais on veut avancer dans notre
voyage, il y a une belle fenêtre météo, et puis
nos routes devaient bientôt diverger,
mais qui sait? De toutes façons on se parlera 2 fois par
jour sur la BLU, on suivra avec eux les péripéties
de leur paquet et ils partiront dès que possible. Patrick,
toujours prêt à faire le pitre, avait sauté
à l'eau au passage de Kador, et plonge
tout habillé du haut des bossoirs de "La Casa"
et nage dans notre direction lorsque nous passons à côté
d'eux pour leur dire à bientôt, au son des cornes de
brume... les enfants sont bien évidemment ravis!
|

"La Casa Delmarre" reste à Mindelo |
Le passage du canal de Sao Vicente est rapide par 25
noeuds de vent, la houle n'est pas trop forte, heureusement, car je dois
commencer par écoper les fonds tribord remplis d'eau de la dernière
douche de l'équipage, qui ne s'est pas écoulée correctement!
Pendant presque une demi-heure, j'ai écopé une dizaine de
seaux d'eau savonneuse et je n'ai même pas été nauséeuse,
merci les gotas! Les enfants font un jeu de société,
on dirait que c'est un jour ordinaire pour eux. Je leur dis: "Ça
y est on est parti pour la traversée, ça ne vous fait pas
quelque chose de traverser l'Atlantique pour la deuxième fois?
" et Bastien me répond avant de reprendre son jeu "Ben
non! d'abord c'est la troisième fois qu'on traverse l'Atlantique",
quant à Romain il ne répond même pas, trop occupé
à jouer... Bon tout va bien, le capitaine est dehors en train d'écouter
Cesaria Evora pour la nième fois, il n'y a que moi qui soit émue
avec un petit brin d'angoisse, si je comprends bien! ça n'est pas
anodin quand même...
Lundi 30 Janvier, 2ème jour
Position à 14h UTC: 16°25N, 27°05W
Vitesse moyenne: 6 noeuds
milles parcourus depuis 24h: 128, milles restants sur la
route directe: 1977
Au matin, le vent mollit, avec une houle petite mais croisée,
on n'avance pas vite et les voiles battent. Ce n'est pas très confortable
et pourtant personne n'est malade, les enfants passent plusieurs heures
sur un jeu de société. La pêche ne donne rien. On
est en contact BLU 2 fois par jour avec "Matin Bleu", "Le
Mineur", "Kador", "Ti'Punch" et "La Casa
Delmarre", les capitaines parlent météo et technique,
les enfants se racontent les exploits ou les déceptions de pêche,
et les Mamans parlent cuisine, menu du jour et recettes de poisson, on
se donne nos positions, etc.. Une petite bande de dauphins vient nous
rendre visite dans l'après-midi, puis on aperçoit quelques
ailerons plus gros au crépuscule que l'on n'arrive pas à
identifier.
Mardi 31 Janvier, 3ème jour
Position à 14h UTC: 15°13N, 28°35W
Vitesse moyenne: 4,8 noeuds
milles parcourus depuis 24h: 116,
milles restants sur la route directe: 1885
Les quarts de nuit sont toujours difficiles au début. Je n'arrive
pas encore à trouver le bon rythme de sommeil dans une mer agitée,
tout en assurant le quotidien de la journée, je sais qu'il me faudra
encore quelques jours avant de me sentir en forme. Mais la surveillance
de nuit est vraiment nécessaire, la preuve c'est que Pascal doit
manoeuvrer et barrer pour éviter un cargo pendant son quart. Le
vent est toujours faible et instable, le bateau est secoué et n'avance
pas. Enfin, on empanne à midi, le vent a tourné plus au
Nord, on prend de la vitesse sur la route quasi directe. En début
d'après-midi, 2 coryphènes se prennent en même temps
à nos deux lignes, puis un peu plus tard on en relâche une
autre jugée trop petite. Le vent passe momentanément Nord
jusqu'au soir, on avance enfin à 8 ou 9 noeuds, sur une mer presque
plate.
Mercredi 1er Février, 4ème jour Position
à 14h UTC: 14°51N, 31°22W
Vitesse moyenne: 6,8 noeuds
milles parcourus depuis 24h: 165, milles restants sur la route directe:
1723
C'est un véritable bombardement de poissons volants
pendant la nuit. On entend d'abord un bruit sourd de choc violent,
puis des battements d'ailes désespérés qui
laissent une traînée gluante d'écailles, sans
parler de l'odeur... Au matin, on ramasse une demi-douzaine de cadavres
déjà raides et secs. A 8h, on prend un ris, le vent
est monté à 25-30 noeuds, on affale aussi le gennaker
sur le trampoline. La mer s'organise un peu mieux dans la journée
et le vent se calme légèrement, pour forcir de nouveau
en soirée. On a mangé nos 2 coryphènes et on
n'a rien pêché d'autre. |

Mikado de poissons volants! |
Jeudi 2 Février, 5ème jour
Position à 14h UTC: 14°45N, 34°36W
Vitesse moyenne: 7,8 noeuds
milles parcourus depuis 24h: 189, milles restants sur la
route directe: 1535
On a passé la nuit sous 2 ris et solent. La mer grossit régulièrement,
avec des creux de 4 ou 5 mètres, on part en surf à plus
de 12 noeuds, maximum 13,9. Au matin, le temps se calme petit à
petit, il fait un beau soleil. L'équipage n'est pas au mieux de
sa forme, je suis fatiguée, j'ai du mal à dormir, Pascal
et Romain ont pris un coup de froid à Mindelo, et sont un peu éteints,
surtout Romain dont la toux rauque ne me plait pas; il n'y a finalement
que Bastien qui tienne le choc! Il dévore "vingt mille lieues
sous les mers" de Jules Verne. Le soir la mer grossit encore et le
vent forcit.
Vendredi 3 Février, 6ème jour
Position à 14h UTC: 14°56N, 37°17W
Vitesse moyenne: 6,6 noeuds
milles parcourus depuis 24h: 159, milles restants sur la route directe:
1376
35 noeuds de vent sous les grains. Le vent repasse Est. On ramasse
encore une dizaine de poissons volants au matin. On pêche une coryphène
de 65cm pour 1,6 kg avec un nouveau leurre bricolé par Romain.
L'après-midi on remet le gennaker en ciseaux avec la GV sous 2
ris, et on avance à 6 noeuds sur la route directe.
Samedi 4 Février, 7ème jour
Position à 14h UTC: 13°50N, 39°33W
Vitesse moyenne: 6,3 noeuds
milles parcourus depuis 24h: 151, milles restants sur la
route directe: 1239
RAS, on rencontre quelques grains peu actifs et on avance toujours
en route directe. On n'a pas trouvé de poisson volant aujourd'hui
et on n'a rien pêché. Pascal et Romain retrouvent la forme.
Dimanche 5 Février, 8ème jour Position
à 14h UTC: 13°14N, 42°05W
Vitesse moyenne: 6,5 noeuds
milles parcourus depuis 24h: 156, milles restants sur la route directe:
1089
La nuit a été calme mais la mer
devient plus agitée au matin. Au rendez-vous BLU, on apprend
que "Kador" a cassé sa ferrure d'étai, il
la consolide mais doit ralentir, "La Casa Delmarre" n'a
pas reçu son colis comme prévu. On franchit la mi-parcours
à 16h TU, soit 1050 milles derrière et autant à
parcourir devant. On donne quelques surprises aux enfants et on
ouvre le paquet que nos amis Valérie et Jacques nous avaient
offert au départ: Champagne et foie gras pour nous, bonbons
et livres pour les enfants. Mais la mer est bien agitée et
nous mettons au frigo nos cadeaux pour les apprécier dans
de meilleures conditions. Les enfants se souviennent de la première
traversée et aimeraient bien quelques jours de pétole...
moi aussi d'ailleurs! |

A mi-parcours, contents et en pleine forme! |
Lundi 6 Février, 9ème jour
Position à 14h UTC: 13°18N, 44°50W
Vitesse moyenne: 6,7 noeuds
milles parcourus depuis 24h: 161, milles restants sur la
route directe: 929
A 3h30 TU, il nous reste 1000 milles à parcourir. C'est une
belle journée ensoleillée, ça fait deux jours qu'on
n'a pas touché les réglages du bateau, on avance bien, le
moral est bon. Ce matin, les enfants ont fait le tour du bateau avec un
seau pour ramasser non pas les oeufs de Pâques mais les poissons
volants; ils en ont trouvé 27 de toutes tailles, coincés
et éparpillés un peu partout. Le soir, nous croisons un
pétrolier géant (du moins on le suppose),
très lumineux mais invisible au radar, il doit être très
loin.
Mardi 7 Février, 10ème jour
Position à 14h UTC: 13°19N, 47°43W
Vitesse moyenne: 7,1 noeuds
milles parcourus depuis 24h: 171, milles restants sur la
route directe: 761
Pendant nos quarts respectifs, on croise chacun un autre cargo, allant
vers l'Est. La mer est forte ce matin, sous un gros grain qui dure toute
la matinée. L'après-midi, on a une grosse touche, ça
tire très fort, et ça finit par lâcher au bout de
10 minutes d'efforts pour le remonter. On ne saura jamais ce que c'était!
D'un côté je préfère qu'on n'ait pas trop de
poisson à préparer avec cette mer agitée, non seulement
l'odeur me rend en général nauséeuse mais j'ai déjà
du mal à cuisiner normalement! Même ma balance de cuisine
trouve que c'est trop agité! Il faut dire que je n'avais pas réalisé
en la prenant, qu'une balance électronique ne peut fonctionner
que sur une surface plane sans oscillation.!!! d'où les moqueries
du Capitaine "T'en es contente de ta balance?!". Puisque c'est
comme ça, le gâteau sera pour un autre jour...
Mercredi 8 Février, 11ème jour
Position à 14h UTC: 13°21N, 50°49W
Vitesse moyenne: 7,6 noeuds
milles parcourus depuis 24h: 183, milles restants sur la route directe:
582
La nuit a été agitée et on a bien avancé,
sans grains. Par contre, comme la veille les grains se succèdent
toute la matinée pour faire place à un beau soleil l'après-midi.
Le Capitaine est tiré de sa sieste par une belle coryphène
de 1 mètre et 5 kg, ça en valait la peine! Le soir, j'en
prépare un peu à la tahitienne et en beignets, on se régale!

Coryphène au menu! |

Succession de grains, sous haute surveillance... |
Jeudi 9 Février, 12ème jour
Position à 14h UTC: 13°00N, 53°29W
Vitesse moyenne: 6,9 noeuds
milles parcourus depuis 24h: 166, milles restants sur la
route directe: 424
La mer est toujours agitée, désordonnée. On
empanne vers 5h TU pour faire une route plus directe, mais le vent faiblit.
On lâche toute la GV mais on n'avance pas plus vite, et le gréement
subit beaucoup de secousses. Finalement on affale la GV et on met gennaker
et solent en ciseaux, ça marche beaucoup mieux et en plein sur
la route directe, en tout confort. Au menu du jour, steak de coryphène
poêlée.
Vendredi 10 Février, 13ème jour
Position à 14h UTC: 12°32N, 55°46W
Vitesse moyenne: 5,8 noeuds
milles parcourus depuis 24h: 139, milles restants sur la
route directe: 288
Minuit TU, Romain qui est de quart avec Pascal, lui signale un grain
qui nous rattrape. Ils décident donc de rentrer le gennaker sans
me réveiller... et ils font un beau cocotier au moment où
le grain nous tombe dessus. Romain vient alors me réveiller en
urgence. Il me faut quelques minutes pour m'habiller et pour comprendre
la situation et... je me retrouve sur le trampoline, trempée, en
train d'affaler le gennaker tout entortillé. Bonjour le stress!
Le point positif, c'est qu'on commence à avoir l'expérience
de cette manoeuvre et il n'y a pas de dégâts, le point négatif,
c'est qu'on n'avance plus qu'à 4 noeuds sous solent seul. Au moins
la nuit sera tranquille... Le matin on profite du vent faible pour ré-enrouler
le gennaker correctement. Au menu du jour, coryphène sauce coco.
L'après-midi, une bande de dauphins nous accompagne quelque temps.
Puis, un poisson nous coupe notre leurre à thon, rouge et blanc
sur fil de nylon.
Samedi 11 Février, 14ème jour
Position à 14h UTC: 11°40N, 57°54W
Vitesse moyenne: 5,6 noeuds
milles parcourus depuis 24h: 135, milles restants sur la
route directe: 160
On renvoie la GV et le solent. Il y a encore beaucoup de pluie, 37
noeuds au plus fort sous les grains. Dans la matinée la couleur
de l'eau change et passe au vert sombre. Nous sommes rentrés dans
la zone de courant équatorial sud, qui remonte depuis la Guyane
jusqu'au sud de l'arc antillais. L'après-midi, on remet un leurre
à thon, rouge et blanc sur bas de ligne en acier et on pêche
un barracuda de 56cm et 1,6kg par 2000 mètres de fond.
Nous estimons le risque de ciguatera inexistant, étant au sud
de la zone où cette toxine affecte les poissons et à plus
de 120 milles des côtes. De plus il n'est pas très gros.
On le mange donc cuit au four au repas du soir, même si ce
n'est pas mon poisson préféré, notamment pour l'odeur
forte qu'il dégage (surtout au nettoyage et à la préparation).
Dimanche 12 Février, 15ème jour
Arrivée à 17h15 UTC: 11°19N, 60°33W
Vitesse moyenne de la traversée: 6,47 noeuds
milles parcourus depuis le départ: 2194
Durée de la traversée: 14 jours 3 heures 15 minutes
A 0h TU, on croise un cargo, on passe sous les 100 milles à
parcourir. A 12h45 TU (8h45 heure locale), la terre est en vue. On pêche
un thon de 55cm et 3,2kg que les enfants identifient comme un "skipjack
tuna". On entre à Charlotteville bay à 17h15
TU (13h15 locale), et l'on va mouiller à Pirate's bay
par 15 mètres de fond près de "Matin Bleu" qui
nous a précédé d'un jour. On est au pied d'une falaise
enfouie sous une forêt tropicale luxuriante. Entre les odeurs de
la forêt, les multiples bruits d'oiseaux, les frégates et
pélicans qui plongent autour de nous, on est très vite sous
le charme. En guise de bienvenue, Guy de "Matin Bleu" m'offre
un bouquet de bec de perroquet qu'ils ont cueilli le matin même
lors d'une ballade en forêt. Après une petite sieste, nous
allons manger sur "Matin Bleu" les beignets de thon que Maryline
nous a préparé avec notre pêche...

Notre premier thon |

Accueil fleuri pour cette première escale exotique |
En résumé, cette traversée a été sans
souci majeur que ce soit au niveau du bateau ou de l'équipage.
Les enfants ne se sont pas ennuyés, ils ont beaucoup lu, beaucoup
joué et un peu travaillé. J'apprécie énormément
d'avoir des enfants autonomes et participant à la vie du bateau
quand la mer n'est pas trop agitée: Romain assure la plupart du
temps le premier quart de nuit (avec Pascal veillant d'un oeil surtout
pour vérifier qu'il s'attache quand il sort), Bastien est un excellent
cuisinier pour les gâteaux, les pizzas et les crêpes. Pour
le reste ça laisse encore un peu à désirer...
Le Capitaine est content de sa traversée, moi aussi globalement,
car le temps a été relativement clément même
si j'ai eu l'impression de me faire un peu trop secouer à mon goût
par moment. Ça m'énerve surtout dans les taches quotidiennes
notamment la cuisine où ce n'est pas toujours facile de varier
les menus, préparer le poisson pêché,... et ça
ne facilite pas la récupération du sommeil! Mais ça
a été un vrai bonheur de ne pas être malade, on voit
la vie différemment! Et en repensant à mes débuts
de navigation, je suis contente de mon parcours et d'être de nouveau
là même si je sens bien que je n'ai pas le pied très
marin!
Du 12 au 26 Février,
2 semaines d'exotisme à Tobago
Nous avons passé 2 semaines à Charlotteville,
petit village de pêcheurs plein d'exotisme,
avec ses habitants charmants et accueillants. On n'a pas vu passer le
temps... les journées se déroulant sur un rythme quasi régulier:
le matin les enfants travaillent et terminent la série 7 du CNED
que l'on enverra avant de partir, pendant que les parents nettoient, rangent,
bricolent, font les courses etc... L'après-midi, c'est plage, jeux,
film, lecture, ballade et surtout pêche en fonction des envies de
chacun et du temps.
Charlotteville: 1ère escale dans les
Caraïbes
Charlotteville se trouve au nord
de Tobago. L'approvisionnement en fruits et légumes ne se
fait qu'une fois par semaine en provenance de la capitale Scarborough,
il faut donc faire ses courses en conséquence. Dorénavant,
il faut s'habituer à cuisiner et manger local comme par exemple
christophines, bananes plantain, patates douces, mais aussi ananas, papaye,
et oranges vertes, ce qui ne fait pas toujours l'unanimité! Il
y a 2 épiceries, dont une sert également de poste, où
l'on trouve presque tout ce qu'il nous faut
au quotidien. Il y a internet, une laverie et même 2 restaurants
dont la spécialité "poulet grillé & frites"
ravit les grands et les petits! C'est un village, avec une ambiance très
familiale au bord de la forêt vierge, vivant au rythme du soleil
et des grains assez nombreux. Le seul bémol que j'y verrais c'est
le côté colonie britannique encore fortement ancré
surtout au niveau de l'administration, véritable bureaucratie dans
toute sa splendeur! "Le Mineur" a été le premier
à aller faire son entrée officielle dans le pays et a osé
dire qu'il était arrivé la veille, (erreur fatale que les
autres bateaux, prévenus, éviteront). C'est vrai, on arrive
d'une traversée pas souvent facile, on est fatigué, affamé,
il faut préparer l'annexe et suivant l'heure d'arrivée on
attend le lendemain. Mais non, il faut aller se déclarer dans l'heure
aux administrations compétentes, et remplir au moins cinq questionnaires
différents en quatre exemplaires chacun, sinon on a droit à
un sermon effroyablement long, en anglais bien sûr, et à
la menace d'une amende. De plus, il faut tous y aller car ils vérifient
que les photos des passeports correspondent bien aux personnes présentes,
pas facile surtout pour les enfants! Mis à part ce côté
formel et fastidieux, qu'il faudra également effectuer au départ,
on n'a pas eu d'autre tracasserie administrative et on a pu profiter pleinement
de notre séjour.

La plage et le ponton de Charlotteville |

Une barque typique de pêcheur |
Les événements notoires de notre
séjour
14/02 La Saint Valentin
Le matin pendant que je fais quelques courses, Pascal,
resté à l'annexe, est interviewé par la télévision
pour connaître son avis sur l'état de délabrement
du ponton d'accostage des annexes! L'après-midi, activité
pêche pour les hommes, Pascal rentre bredouille mais Guy ramène
un barracuda et deux langoustes. Le soir, après avoir couché
les enfants, nous dînons en amoureux, foie gras et champagne au
clair de lune, sur fond de forêt vierge scintillant au rythme des
lucioles, c'est magique!
16/02 l'anniversaire de Bastien
10 ans déjà! Pour fêter
comme il se doit ce jour exceptionnel, Bastien est tout d'abord
dispensé de CNED, et Pascal l'emmène plonger le long
de la falaise avec Romain, Nikita et Mélanie. Puis, nous
allons au restaurant sur la plage chez "Jane's quality food"
manger un poulet grillé / frites, en compagnie de "Matin
Bleu" et de "Le Mineur", un vrai régal et
Bastien est ravi de son repas d'anniversaire! Le patron lui offre
même une part de gâteau pour souffler symboliquement
une bougie. Après ce repas de fête exceptionnel, tout
le monde se remet à l'eau pour une nouvelle plongée,
sauf Maryline et moi qui préparons
un bon goûter en l'honneur de Bastien. Vers 17h, tout le monde
est sur Imagine, avec Didier venu se joindre à nous. Après
avoir soufflé ses bougies avec succès, Bastien déballe
ses cadeaux, un livre, un couteau multi-fonctions et un kit de magie.
Le soir, Nikita reste manger sur Imagine avec Romain et Bastien,
à qui Guy a offert la langouste
qu'il avait pêchée l'après-midi!
Grand seigneur, Bastien partage avec les autres... |

10 ans déjà! |
18/02 La ballade dans la forêt
Ce jour-là nous avons rendez-vous à 7h
du matin sur la place de Charlotteville avec "Matin Bleu", "Le
Mineur" et "Ti'Punch" pour une promenade dans la forêt
surplombant le village et la mer. A peine sortis
du village nous rencontrons un chanteur local qui nous joue quelques extraits
de son répertoire tout en essayant de nous vendre son CD, ça
réveille! Et pour ceux qui sont encore un peu endormis, nos sens
sont vite en éveil car on est subjugué par les couleurs,
les odeurs, et les bruits de la forêt: il y a les fleurs plus belles
et plus colorées les unes que les autres, becs de perroquets, roses
de porcelaine, strelitzias,...; il y a aussi l'odeur de la forêt
humide, encore toute imprégnée de la rosée du matin,
et celle de la terre grasse et lourde, encore boueuse par endroits des
grains qui se sont succédés la veille; et enfin il y a les
multiples bruits de la forêt, le vent qui siffle dans les bambous,
le bruissement des feuilles de bananiers, et le vacarme des oiseaux de
toutes sortes qui se répercute un peu partout, des perruches, des
frégates, et de ceux qu'on ne peut distinguer. On pourrait marcher
des heures dans cette ambiance envoûtante, si la chaleur ne devenait
pas de plus en plus étouffante. On fait une pause goûter,
puis on rentre par le même chemin, et on arrive à Charlotteville
à 11h, sous un soleil déjà bien haut et chaud!

Les explorateurs dans la forêt vierge |

Des plantes parasites bien élégantes |
20/02 Expédition à Scarborough
Aujourd'hui, nous avons programmé la visite de
Scarborough, la capitale de l'île, avec Maryline, Guy, Mélanie
et Nikita de "Matin Bleu". Nous prenons le bus qui nous amène
au sud de l'île après une heure trente de trajet, sur une
route toute en lacets qui traverse quelques villages et la forêt
luxuriante qui recouvre la majorité de Tobago. Malgré l'amarrinage
quasi permanent sur le bateau, les enfants et moi arrivons un peu barbouillés
par ces virages interminables et la chaleur moite du bus. Nous décidons
tout d'abord de nous désaltérer. Bastien, toujours le premier,
ouvre la porte du bar et s'y tape l'ongle du gros orteil qui se retourne
et se coupe presque en deux. Elle commence bien la visite! Heureusement,
j'ai ma trousse d'urgence, et avec l'aide de Guy on soigne et on fait
une belle poupée à Bastien qui finit par se calmer avec
l'aide d'un antalgique. C'est vrai que ça fait mal! Remis de nos
émotions, on visite tout d'abord la poste pour envoyer la série
7 de Romain, puis on fait les magasins en attendant l'heure du déjeuner.
Il n'y a pas grand chose à voir à Scarborough, la ville
en pente donne sur le port commercial gigantesque où des paquebots
immenses déversent leurs flots de touristes pour quelques heures,
il y a beaucoup de voitures et avec la chaleur, c'est un peu irrespirable.
On déjeune local, avec en dessert une glace italienne. En attendant
le bus de 14h30, on traverse le marché local et Pascal et Guy achètent
une machette pour ouvrir les noix de coco sur le bateau. C'est également
l'heure où les écolier(e)s rentrent chez eux, en uniforme,
différent suivant l'école et le niveau d'études.
Il fait très lourd, et finalement il se met à pleuvoir sans
interruption jusqu'au soir. On arrive trempés sur Imagine.

Boutique de fruits à Scarborough |

Les collégiens en uniforme attendant le bus |
22/02 Arrivée de "La Casa Delmarre"
"La Casa Delmarre" nous annonce par BLU son
arrivée pour ce soir, après une traversée bien agitée.
On va essayer de leur préparer un petit menu local à base
de poisson pour fêter nos retrouvailles. Pascal et Romain vont donc
passer une partie de l'après-midi à pêcher, et finalement
le bilan est plutôt positif: 1 thazard de 1,5kg que je ferai à
la sauce coco pour les adultes et 4 perroquets dont les filets poêlés
feront le régal des enfants. Ils arrivent finalement à la
tombée de la nuit et Pascal, Romain et Bastien vont les accueillir
en annexe et les guider vers une zone de mouillage qu'ils avaient repérée
dans l'après-midi. Après le repas, les autres bateaux viennent
nous rejoindre sur Imagine où l'on passe une excellente soirée
tous réunis de nouveau; on parle de nos projets différents,
on profite de ces derniers moments ensemble car nos routes vont diverger
dans les jours qui viennent.
26/02 Le départ
"Matin Bleu" est parti hier pour la baie de
Scarborough, pour assister au carnaval de Tobago avant de passer par le
Venezuela, Curaçao pour continuer vers Panama en
faisant une halte aux îles San Blas; "Le Mineur" est également
parti hier pour Grenade, faire quelques provisions avant de remonter vers
les Grenadines puis La Martinique et la Guadeloupe; "Kador"
ira rejoindre "Matin Bleu" avant de continuer sur la Martinique;
Quant à "La Casa Delmarre" ils partent avec nous pour
Grenade où nous fairons un arrêt minute pour refaire un gros
avitaillement, et ensuite direction le Venezuela où
nous aimerions profiter de ses îles désertes ou presque,
aux eaux turquoises et magiques que l'on nous a déjà tant
vanté, Los Testigos, Blanquilla, Tortuga, Los Roques, Las Aves,
ces noms nous font déjà rêver...
Du 27 au 2 Mars, Arrêt
avitaillement à Grenade
Après une nuit de navigation sans problème,
nous arrivons dans la baie de St Georges, la capitale de Grenade
vers 13h. Arrivés mais pas ancrés! Huit tentatives
sont nécessaires pour enfin pouvoir déjeuner, à
chaque fois c'est le même cirque: on pose l'ancre par 2 ou
3 mètres de fond que l'on ne voit pas d'ailleurs, tellement
l'eau est trouble, on recule pour vérifier si ça tient
et soit on dérape de suite, soit il semble que cela tienne
et 5 minutes plus tard on dérape tranquillement mais sûrement...
et quand on remonte l'ancre, on trouve une surprise accrochée
dessus, des sacs plastique, un sac en toile, du fil métallique
et même un pneu à la 7ème tentative. On finit
par s'ancrer correctement derrière "La Casa Delmarre"
plus chanceux de toute évidence, avec seulement 3 essais. |

Un pneu pris dans l'ancre! |
Mais pourquoi y a-t-il autant de cochonneries au fond
de l'eau? En regardant mieux aux alentours, on remarque un bateau à
moitié coulé, des restes de pontons délabrés,
des bateaux ancrés en piteux état, les toits flambant neufs
des maisons, le collège pratiquement rasé, avec des préfabriqués
à côté, etc... C'est sûr, ce sont les séquelles
laissées par le cyclone Yvan, terrible! En se promenant en ville,
et en discutant avec une habitante, on a pu se rendre compte de la violence
du cyclone qui s'est abattu pendant quelques heures sur cette île
qui a été dévastée à plus de 80%. Encore
une preuve du dérèglement climatique, s'il en fallait encore
une! C'était en novembre 2004, et Grenade, normalement
en dehors de la zone des cyclones, refuge des bateaux pendant la période
cyclonique, a pris Yvan de plein fouet et ne s'en remet que lentement.
En urgence, ils ont d'abord reconstruit la plupart des maisons, les écoles,
mais il reste encore beaucoup à faire, certains bâtiments
publics, des églises et la cathédrale, sont encore dans
l'état où Yvan les a laissés, faute de moyens; et
encore, on n'a pas vu l'intérieur de l'île et les dommages
causés aux villages, à la végétation et aux
cultures d'épices notamment.

La cathédrale en ruine après le cyclone Yvan |

Le marché aux épices |
En tout cas, le marché est tel qu'on l'a connu
il y a deux ans, un véritable enchantement pour les yeux et surtout
l'odorat, avec ses senteurs de muscade, safran, gingembre, piment, vanille,...
On y passerait des heures, mais il ne faut pas oublier notre objectif!
Car cette escale est uniquement destinée à refaire un gros
ré-approvisionnement du bateau avant les îles quasi désertes
du Venezuela, les dernières courses datant d'un mois au Cap-Vert!
On passe donc 4 jours marathon à faire des aller-retour dans les
2 supermarchés de la ville, à aller au marché pour
les fruits et légumes, à acheter les fournitures manquantes
pour la plongée et le bateau, à nettoyer, à ranger...
Ouf! le 2 mars, on est prêt! Malheureusement pour "La Casa
Delmarre", Fiona, 6 ans déclare une gastro-entérite
suffisamment sérieuse pour retarder leur départ d'une journée.
On quitte donc seuls Grenade pour une nuit de traversée vers Los
Testigos, premières îles du Venezuela, sur lesquelles
on nous a tellement raconté d'histoires que l'on est plus qu'impatient
de les découvrir...
A suivre ...
Les
photos de la traversée
Les
photos de Tobago
Les
photos de Grenade
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