Boa Vista

Le Vent, Le Sable, La Mer,   par Pascal


En route pour Boa Vista

Nous sommes le 3 janvier, il fait une journée magnifique, les séquelles du réveillon sont derrières nous, il est temps d'aller vérifier par nous-même si Boa Vista est vraiment si belle que ça. Située 30 milles plus au sud, et la plus à l'est de l'archipel du Cap-Vert, elle est vantée comme étant l'île des dunes et des plages de rêve (parmi les plus belles du monde parait-il!), un petit morceau de sahara posé sur l'océan, une destination paradisiaque, etc ... Ça donne envie d'aller voir, même si en matière de paradis, on commence à être exigeants!

Plusieurs bateaux ont la même idée, dont Marantanne, qui prendra de belles photos d'Imagine sous voiles, et l'inséparable La Casa Delmarre, en compagnie duquel nous sommes depuis plus de deux mois maintenant. Nous laissons Matin Bleu, Kador, et Le Mineur dans la baie de Sal, ce n'est qu'un au revoir ...
En sortant de la baie de Palmeira, nous sommes surpris de voir un bateau de pêche dangereusement amarré à l'extérieur de la digue du port, surchargé de plus de 200 personnes. Les gens attendent calmement. Ce sont des réfugiés africains demandant asile, ils viendront grossir la population immigrée africaine de Sal et du Cap-Vert. Nous prenons le large, deux mondes se regardent et se croisent ...
A huit noeuds de moyenne, la distance est vite avalée, à peine le temps de profiter du soleil, de pêcher un petit thon rouge de 2,5 kg, et Bastien voie la terre le premier, légèrement voilée par une brume de sable. Il vaut mieux arriver de jour dans le mouillage de Sal Rei, car les deux cartes que nous avons ne sont pas tout à fait d'accord sur la position de l'île, avec un écart de 2 milles! L'approche à vue permet rapidement d'éliminer la fantaisiste, c'est finalement l'édition portuguaise de 1905 qui reste la plus correcte.

La zone de mouillage est immense, assez loin d'une plage de sable qui étire ses dunes dorées jusqu'à l'autre bout de la baie de Sal Rei, à plusieurs kilomètres, et à environ 1,5 km de Vila de Sal Rei, la ville principale de l'île. C'est l'enthousiasme général "Ouah, on reste longtemps ici, c'est trop beau" décident les enfants ... on verra.
Le soir, barbecue sur La Casa, nous faisons un festin des poissons pêchés pendant la traversée. Les enfants vont au lit de bonne heure, école oblige, pendant que les parents jouent à la coinche sous les étoiles. C'est vrai qu'on se sent bien déjà à Boa Vista, dont nous n'avons encore rien vu d'ailleurs.

Vila de Sal Rei, vue du mouillage

 

Sal Rei, les joies du mouillage ...

Le lendemain, l'enthousiasme de la veille est légèrement tempéré par le vent fort qui balaye le mouillage. Avec 25 noeuds établis et des rafales à 30, et le rivage à 600 mètres, le plan d'eau est secoué par un fort clapot qui rend la vie un peu inconfortable. C'est pire quand il s'agit de prendre l'annexe. Certains s'abritent derrière des bâches en plastique, d'autres s'habillent en tenue de gros temps, d'autres encore se font tout simplement tremper, stoïques. C'est dans ces conditions qu'on apprécie une bonne annexe: notre Caribe est parfaite avec sa coque en V et ses boudins bien relevés sur l'avant, on peut voyager au sec si on fait un peu attention. Et le vent doit encore augmenter dans l'après-midi!

Exceptionnellement, on décide de profiter de l'endroit le matin, et de réserver le CNED pour l'après-midi quand le vent nous coincera à l'intérieur. Les équipages de La Casa et d'Imagine abordent le petit îlot désert de Sal Rei, équipés pour l'apnée et la chasse sous-marine. Léo, 10 ans, inaugure son nouveau fusil harpon et nous sort un rouget. Romain en fait autant un peu plus tard, les deux chasseurs ne sont pas peu fiers de leur premiers exploits!
Mais à part ça, les fonds s'avèrent décevants et la visibilité est réduite par le clapot, il faudra explorer d'autres coins

Le premier rouget de Romain

Pascale et Patrick, qui nous ont déjà largement fait bénéficier de leur matériel de plongée (voir les épisodes précédents), nous proposent un baptême de plongée avec bouteille pour Romain et Bastien, à partir de leur catamaran. Et voilà nos deux loustics en train de se déguiser en hommes-grenouilles! Sous les instructions avisées de nos deux moniteurs, Romain et moi suivons d'abord Patrick pour une plongée de vingt minutes dans les parages du bateau, c'est un beau baptême. Puis c'est au tour de Bastien d'expérimenter l'apesanteur sous-marine, ... et le mal aux oreilles qui ne lui permet pas de descendre très profond. Mais qu'importe, c'était une belle première fois, malgré l'eau agitée pas très claire et le vent!


Romain paré à plonger

Bastien bien entouré

Premiers pas à terre

Deux jours après notre arrivée, le vent n'a pas molli, mais il est temps d'affronter le kilomètre et demi de clapot qui nous sépare de la ville, Vila de Sal Rei, pour découvrir les lieux et faire quelques courses. Nous débarquons en annexe sur la plage qui sert de port pour les petites barques de pêche locales et partons au hasard dans les rues. Nous longeons le marché au poissons, qui n'est en fait qu'un petit mur de béton sur lequel des femmes et des enfants découpent et vendent la pêche du jour. Sous la chaleur à l'abri du vent, nous découvrons de larges avenues pavées, bordées de maisons bien alignées et colorées, bien que défraîchies pour la plupart. Du linge sèche aux fenêtres béantes d'une belle bâtisse en pierre de taille en ruine à deux étages, d'architecture européenne. Une famille africaine vit entre ses murs délabrés ouverts à tous les vents. La maison donne sur une large place centrale digne d'une grande agglomération. On note partout des traces évidentes d'un passé plus prospère, où l'activité dans les rues devaient être bien plus intense que la torpeur qui règne en ce début d'après-midi.
Boa Vista comme Sal a vécu une période dorée à partir du 17ème siècle lorsque débuta l'exploitation du sel, jusqu'à la fin du 19ème. Puis elle s'est rendormie, partout le sable a envahi les salines, et la ville s'est laissée aller. Mais il semble qu'une nouvelle ère se prépare, avec beaucoup d'aide extérieure, notamment de l'union européenne, et des investissements dans les infrastructures, l'éducation, et le tourisme. Les périphéries de tous les villages visités montrent une quantité impressionnante de chantiers de maisons en constructions, et quelques complexes hôteliers démesurés commencent à émerger au milieu des dunes.
Boa Vista est aussi réputée être le berceau de la Morna, ce genre musical typique du Cap-Vert popularisé dans le monde entier par Cesaria Evora. Mais la seule musique que l'on entende ici est plutôt proche du zouk antillais, et est diffusée à partir de 4x4 qui sillonnent les rues pour la campagne électorale en cours. Les élections législatives et présidentielles auront lieu fin janvier. Tant pis pour la Morna, on attendra d'être à Mindelo.


L'hopital de Sal Rei


Une vendeuse et son bébé au marché

Nous réussissons à faire quelques courses, dans les petites mercearias, petites épiceries de quartier en qui sont en nombre démesuré par rapport à la population, et au marché municipal. Mais apparemment l'île n'a pas été ravitaillée depuis un moment et le choix de fruits et légumes est assez limité, quant à la viande, mieux vaut oublier! Pas d'internet non plus, fermé pour cause de congés, il est vrai que nous sommes début janvier, il a du y avoir un flot de touristes pendant les fêtes, maintenant il ne reste plus grand monde ...
Les courses achevées, c'est avec la conscience tranquille du devoir accompli que Patrick et moi décidons qu'on a bien mérité un petit ponche, histoire de se livrer à une étude comparative avec celui, inoubliable, d'Augustina à Sal. Simple curiosité culturelle. Toujours en quête d'authentique, nous entrons dans le bar le plus modeste possible, une pièce sombre, un sol en terre battue, au mur de vieilles affiches, un comptoir terne avec derrière quelques bouteilles poisseuses, une chaleur humide. Des hommes disputent bruyamment une partie d'awélé sur une table, avec force gestes et exclamations, sans plus nous prêter attention. "Qu'est ce que viennent faire ces deux pingouins en short avec leurs sacs au milieu de notre tripot?" doivent-ils se demander ... Il faudra qu'on insiste poliment pour se faire servir notre breuvage, on est loin de l'accueil légendaire des Cap-Verdiens! Le ponche est bon, mais Augustina peut dormir tranquille, elle reste la reine. Nous dérangeons une nouvelle fois les joueurs d'awélé pour payer, et un peu déçus, regagnons le bord avec nos maigres provisions.

Un chasseur chassant sacher ...

La journée suivante n'apporte aucune accalmie, le vent continue son infernale sarabande et le mouillage clapote de plus belle. Nous entreprenons malgré tout une expédition sur l'épave d'un cargo dont les mats de charge dépassent de la surface de l'eau au loin vers le sud de la baie. Les annexes de La Casa et d'Imagine sont remplies de nos palmes, masques, tubas, fusils harpons, et nous partons avec les garçons à l'assaut des deux kilomètres qui nous séparent du site. Le navire mesurait une cinquantaine de mètres, et sa carcasse rouillée repose sur moins de 10 mètres de fond, en assez bon état malgré la rouille. Bien que la visibilité ne soit pas très bonne, il est facile de profiter du spectacle et des nombreux poissons de toutes sortes qui peuplent ce décor irréel. C'est la première fois que les enfants voient une épave dans de si bonnes conditions. La chasse commence ... pas si facile de surprendre les poissons sur leur territoire, dont ils connaissent la moindre cachette sous les tôles. Je n'ai pas plongé depuis très longtemps et n'ai pratiquement aucune expérience de la chasse sous-marine. Les poissons rigolent quand ils me voient arriver péniblement au fond, et remonter aussi vite. J'ai mal aux oreilles, je n'arrive pas à décompresser, et perd beaucoup de temps avant de pouvoir descendre. Il me faudrait deux ou trois poumons de plus ... Mon matériel n'est pas de première qualité non plus: le mécanisme qui empêche la flèche de ressortir du poisson une fois entrée est grippé, c'est désolant de voir un poisson percé repartir de guingois dans une autre assiette que la mienne! Avec un peu d'insistance, je finis par ramener un joli bourse graffiti peu farouche. Patrick, plus doué, tire deux beaux perroquets. Le repas est assuré, ce sera sur Imagine pour une fois.


au menu : perroquets ...

.... bourse graffiti et rouget

La plongée avec les enfants et la chasse seront au menu quotidiennement. Nous retournerons plusieurs fois sur l'épave soit avec bouteilles pour le plaisir des yeux, soit pour faire notre marché du jour, mais aussi autour des bateaux, découvrant peu à peu les coins rocheux peuplés de tortues, de murènes, de requins, de poissons tropicaux comme les perroquets, les chirurgiens, les diodons, les balistes, etc ... Mais notre objectif principal reste la langouste, qu'on s'était promis de faire griller au barbecue sur nos bateaux. Ce sera pour plus tard: si on a effectivement déniché plusieurs langoustes dans leurs cachettes, elles étaient trop petites, nous avons eu pitié et nous sommes contentés de les observer et de les montrer aux enfants. Les pêcheurs locaux ont été saturés de commandes pour les fêtes et ont apparemment prélevé tout ce qui était décemment possible.
Autre spectacle insolite, celui des nuées de petits poissons agglutinés le long de nos coques chaque matin à l'aube, et parfois même dans la journée. Le premier matin au mouillage, je suis réveillé comme par des bruissements le long des coques, d'abord faibles, puis qui s'accélèrent, et se terminent par un choc sourd. Je saute du lit inquiet, dans mon sommeil j'ai traduit ces bruits par un dérapage de l'ancre et un atterrissage sur un caillou! Mais non, l'explication est moins dramatique ... pour nous, que pour les petits poissons: eux, ils se cachent sous le bateau espérant échapper à leurs prédateurs. Des bonites, des carangues, mais aussi des coryphènes et des requins, qui suivent leurs mouvements mais en nageant un peu plus en profondeur, attendant tranquillement le bon moment. Voyant les prédateurs, les petits poissons font le tour des coques en s'y frottant, agglutinés comme un seul homme. Puis il y a un mouvement de panique, suivi du choc sur la coque: c'est le prédateur qui a chargé et a raté son coup, se cognant sur le bateau! Et le manège recommence... Les poissons sont tellement occupés qu'il est possible de les attraper à l'épuisette, et pas seulement les petits. Un bateau voisin capturera un requin pointe noire d'un mètre de cette façon!
Un matin, je pars au village en annexe, sac au dos. Comme d'habitude, de gros poissons rodent à l'affût, et notamment trois belles coryphènes qui ondulent doucement dans l'eau claire. Au moment où je quitte le bord, les curieuses se mettent à me suivre, sans doute intéressées par les remous de mon hors-bord. La curiosité est un vilain défaut (parait-il), Romain me passe mon fusil, et tandis que je conduis d'une main, je tire et fait mouche sur une coryphène de l'autre. C'est une belle bête, de plus d'un mètre, elle tord ma flèche quand j'essaye de la remonter dans l'annexe. Je décide de la ramener vers Imagine, et alors que j'étais à quelques mètres de la jupe arrière, elle réussit à s'échapper. Maudite flèche qui une fois encore ne retient pas sa proie. Consternation à bord! Je reprend la direction du village, la tête basse...

Alors Boa Vista, si belle que ça?

Le mouillage tient, les ancres sont bien accrochées par 4 mètres de fond sur le sable, on a suffisamment confiance malgré le vent pour laisser les bateaux sans surveillance et partir visiter l'île une journée. La veille, on a arrangé la location d'un Aluguer pour dix personnes, et vaguement défini la liste des sites à voir. Lever aux aurores pour les deux familles, et rendez-vous sur la plage à 8h30. Nous hissons nos deux annexes au-delà de la marée haute, et les laissons en tête-à-tête pour la journée enchaînées l' une à l'autre. On rejoint Vila de Sal Rei en vingt minutes de marche sur le sable. Notre aluguer nous y attend. A la grande joie des enfants, c'est un 4x4 pick-up, et nous nous entassons sur des bancs dans sa benne découverte, sauf les deux Pascales qui vont papoter à l'intérieur.
C'est parti! On comprend vite qu'on va manger de la poussière en quantité, dans les yeux, les narines, les oreilles et les cheveux, mais on profite mieux du paysage de cette manière. La route pavée nous emmène d'abord à travers les dunes jusqu'au village de Rabil, qui domine une oasis verdoyante cernée par un désert de sable doré.

Puis la route se transforme en piste et nous roulons vers le sud à travers de grandes étendues désertiques. Le paysage est somptueux, des bouquets de palmiers dattiers jaillissent du sable ça et là sur fond de montagnes rocailleuses. Partout des chèvres sauvages errent à la recherche de leur nourriture. Une oasis apparaît parfois au fond d'un oued: acacias africains, figuiers, papayers, et même baobab se disputent les maigres nappes résiduelles. Le 4x4 nous secoue pendant plus d'une heure, on sèche au soleil et au vent, mais personne ne se plaint, trop content d'être là.

Palmiers dattiers dans le désert

Le paysage se transforme petit à petit en reg volcanique, des champs de cailloux à l'infini ... et toujours des chèvres. Nous n'avons pas d'idée précise de l'endroit où nous allons, mais qu'importe la ballade dans cette nature exceptionnelle est déjà un objectif à part entière.
Finalement, on discerne au loin la brume bleutée de l'océan, sur laquelle se découpe les ruines d'un petit village qui domine une ancienne saline ensablée bordant une immense plage qui s'étire à l'infini. Quelques cocotiers dégarnis complètent le paysage. Le site est émouvant. Des familles ont vécues là, se sont brûlées au sel et au soleil, usées au vent et au sable. Les gens avaient-ils conscience de la beauté lumineuse de l'endroit ou n'était-ce pour eux qu'un lieu de travail, de subsistance, de souffrance? Paix à leurs âmes, nous profitons de la plage pour nous baigner dans les rouleaux, seuls au monde. Notre chauffeur somnole au volant en nous attendant patiemment. Il nous conduit ensuite à Ponta de Ervataõ, une oasis en bordure d'une anse de sable où les tortues viennent pondre. Malheureusement la saison de ponte est en octobre et novembre, encore raté! Le site est désert, seul un gardien habite sur place pour assurer la protection de l'espèce. Nous pique-niquons et profitons une nouvelle fois de la baignade.


Village et saline abandonnés

L'oasis d'Ervatao

Dans l'après-midi, notre aluguer nous secoue encore sur des pistes caillouteuses en direction du nord. Nous atteignons une succession de petits villages endormis sous la chaleur. Des chiens dorment en plein soleil au milieu de la chaussée. Seules quelques poules s'activent et picorent consciencieusement ce qu'elles peuvent trouver. Quelques habitants nous regardent passer du pas de leur porte. Un camion remplit ses citernes pour aller ravitailler les alentours. Entre deux villages, nous croisons des enfants qui rentrent de l'école, vêtus de leur chemise bleue réglementaire. Il est frappant de voir que même dans ces villages éloignés, de nombreuses maisons sont en construction, signe de croissance économique ou démographique? Seule exception à la léthargie ambiante, la campagne électorale: ici aussi il y a de l'animation autour des bureaux des différents partis. Des gens discutent, des colleurs d'affiches se préparent, et des pick-ups sonorisés circulent sur les routes désertes pour aller porter la bonne parole.
Notre boucle à travers Boa Vista s'achève dans le nord, par la découverte d'un désert de sable qui à lui seul a du inspirer l'image du morceau de Sahara au milieu de l'océan. Beau contraste que ce paysage de douceur par rapport aux montagnes rugueuses et aux champs de pierres que nous avons traversé le matin. Pieds nus, nous nous enfonçons avec volupté dans le sable chaud et marchons à travers les dunes dorées, avec l'impression de fouler un sol vierge dessiné par le vent. C'est un merveilleux terrain d'aventure pour les enfants, qui s'amusent à sauter du haut de ces collines de sable en prenant un maximum d'élan pour s'envoler et retomber le plus loin possible. Les papas ne sont pas en reste et ne résistent pas à la tentation de dévaler les pentes abruptes sur le ventre en nageant dans les coulées de sable qu'ils provoquent.
La ballade est terminée, notre chauffeur nous dépose à Sal Rei, fourbus, sales, la tête pleine des paysages fantastiques de Boa Vista.


Les dunes vierges du désert

La famille Imagine sur le sable ...


Prolongations ...

Le vent, toujours le vent, ce mouillage est infernal, épuisant. Une houle de nord réussit à contourner l'îlot censé nous abriter et vient se combiner avec le clapot. Les bateaux partent en surf sur la houle, et reviennent sagement en arrière. C'est sans danger, nous sommes loin de la plage, mais ces mouvements perpétuels nous saoulent et empêchent de profiter de l'eau. Autant rester sur une bonne impression après la visite de l'île, nous décidons que nous lèveront le camp le lendemain. La Casa Delmarre au contraire veut rester encore longtemps ici, c'est là que nos chemins vont se séparer. Dernier goûter d'adieu, suivi d'un apéro d'adieu, on ne se résoud pas à se séparer. Pourquoi sur terre comme en mer faut-il toujours quitter ceux qu'on aime?.
Mais le lendemain matin au petit déjeuner je subis comme des pressions de la part de mon équipage, et après un vote, il est décidé à 3 voies pour et mon abstention que l'on va rester ici. La météo annonce une période de vent calme, ce serait dommage de ne pas voir ce mouillage sans vent! Et puis le colis du CNED dont on nous a annoncé l'arrivée à Mindelo nous attend en sécurité à l'Alliance Française, et puis, et puis .. pas toujours besoin de se justifier, on a envie de rester encore un peu, c'est tout.
Je vais au village faire des courses supplémentaires et essayer de mettre le site à jour. Contrairement aux autres jours, il y a beaucoup de monde dans les rues, partout des enfants jouent, on entend de la musique dans les bars, l'ambiance est joyeuse et ensoleillée. Par contre, les magasins sont tous fermés, y compris le point internet qui avait pourtant re ouvert après ses congés. Je finis par demander à un passant, il me répond en souriant "mais c'est dimanche, on ne travaille pas le dimanche!". "Ah, je comprend, merci". l'air égaré. Je rentre au bateau bredouille, la prochaine fois, je vérifierai sur un calendrier avant de faire des courses.
Et le vent se calme enfin. On se sent bien, la douceur de vivre s'installe sur le mouillage pendant quatre jours, enfin des vacances! On alterne les plongées, les grandes promenades sur la plage immense, les soirées poisson grillé, les parties de coinche, on approche du paradis ...


Une oasis sur la plage de Sal Rei


Puis le vent annonce son grand retour. Cette fois c'est décidé, on part, pas question de rester coincé là. Le 12 janvier, La Casa Delmarre nous précède et lève l'ancre à 13 heures. Imagine se retrouve seul au mouillage avant de quitter les lieux à son tour. Ça sent la fin de saison.ce mouillage désert ...
Nous mettons le cap sur l'île de Sao Vicente et son port Mindelo, à l'ouest de l'archipel.

A suivre...


Les photos