Sal, au Cap-Vert

De retour sous les tropiques,   par Pascal


Joyeux Noël!

Il y a des guirlandes, il y a un sapin, il y a des cadeaux sous le sapin, et des enfants autour avec les yeux qui brillent. C'est le 24 décembre, on est en mer, à 300 kilomètres au large de Dakhla, Sahara Occidental. Le ciel nous a gratifié d'une période de calme, une mer plate et un vent quasi nul, pour nous permettre de célébrer Noël. Au menu: foie gras, poelée de haricots, mousse au chocolat, le tout arrosé (modérément, il faut quand même assurer les quarts de nuit) par un très apprécié Saint-Joseph. Après le repas, nous ouvrons nos cadeaux. Il y a encore des legos, et d'autres cadeaux "comme à la maison", mais aussi des objets plus "bateau" comme un outil multi-fonction pour Romain le bricoleur, des boîtes de rangement pour le matériel de pêche, des leurres, des rouleaux de gros scotch gris, et des cadeaux "fait-main" par les enfants, colliers de coquillages, dessin d'Imagine ... Pascale fait aussi le plein de produits de beauté à base de l'aloe vera des Canaries. Dernier cadeau, du Père Noël peut-être, le passage du tropique du cancer dans la nuit vers 1h30. 23°27' de latitude, cap au sud, Imagine est à nouveau sous les tropiques, ça c'est une grande nouvelle!


Le repas de Noël en mer ...

et les cadeaux autour du sapin


On ne regrette pas notre départ précipité de La Gomera le 22 décembre, sous la menace d'une nouvelle dépression qui visait les Canaries et aurait fermé la fenêtre météo pour un bon moment. A 16h, après un dernier nettoyage (on ne verra plus de port avant longtemps!) et les dernières courses, nous avions pointé les étraves vers le Cap-Vert, conscients que le vent n'allait pas être tout à fait idéal. Et finalement nous avons pu avancer correctement, parfois aidés du moteur, mais sous un beau ciel et sur une mer tranquille. Aucun malade à déplorer, un vrai plaisir.
Maintenant que Noël est passé, le vent revient, 15, 20 noeuds, puis 25 à 30 noeuds en approchant de Sal. Mais la traversée restera maniable et agréable jusqu'au bout. Les activités sont celles de toutes les traversées: pêche (peu fructueuse pour nous), bricolage (les enfants fabriquent des leurres, Pascale confectionne des moustiquaires pour les hublots), jeu de legos, siestes, réglage du bateau, contemplation de l'océan, du ciel. Nous sommes en contact radio BLU plusieurs fois par jour avec les bateaux partis le même jour. Nous arrivons à Sal, au mouillage de Baia da Palmeira le matin du 28 décembre, après 5 jours et 19 heures de navigation. Nos amis de Matin Bleu nous ont précédé de quelques heures, et viennent nous offrir une partie du gros thon qu'ils ont pêché, on les retient à déjeuner.

Sal, Baia da Palmeira

Le Cap-Vert, c'est l'été toute l'année, disait une affiche dans une agence de voyage. Mais vu depuis notre mouillage de Baia da Palmeira, rien ne ressemble à une destination tropicale de rêve. Devant nous, une raffinerie Shell et une usine de gaz. Derrière, un quai en béton où s'entassent des containers rouillés, déchargés d'un petit cargo qui a oublié à quand remonte sa dernière peinture. Au milieu, s'étale le village de Palmeira, un ensemble de petites maisons basses au toits plats, dont les couleurs tentent d'égayer le paysage. Le tout est noyé dans un fog de poussière et de sable ocre soulevés par les 30 noeuds de vent qui soufflent depuis notre arrivée ce matin. Une bruine tiède dégouline du ciel grisâtre et laisse des coulées brunes sur le pont d'Imagine ...


Le vent de sable a au moins le mérite de cacher ...

le paysage de Palmeira, ici la raffinerie Shell

Mais nous sommes contents d'être là, j'aime ce paysage, il est authentique, au sens où c'est tout simplement là que vivent les gens. Nous sommes enfin au Cap-Vert, première destination nouvelle pour nous depuis ce nouveau départ. Et puis nous retrouvons nos amis du voyage, Matin Bleu, La Casa Delmarre, Kador, Le Mineur.

Les formalités d'entrée ... chez Augustina

“Um Sagres por favor”, c'est la seule boisson que je sais demander dans mon portugais très approximatif, dans ce petit bar où la musique nous a attiré Patrick et moi. Sagres, c'est la bière locale, il est 11 heures du matin, normalement je suis descendu à terre pour faire les papiers d'entrée avec l'immigration et la police du port, mais il y avait foule dans le petit bureau, plusieurs skippers essayant vainement de négocier avec le fonctionnaire local pour contourner le règlement cap-verdien qui oblige à laisser les papiers du bateau en dépôt jusqu'au départ de l'île... alors la musique chaude et rythmée nous a facilement détourné de notre mission administrative et conduit jusqu'à ce petit bar, dans une petite maison du village de Palmeira que rien ne distingue des autres, sauf ce rythme ...

La patronne, sympathique doudou au regard plein de gentillesse nous sert les deux bouteilles. En buvant les premières gorgées, j'observe Augustina (c'est son nom) qui sort du frigo une grosse bouteille pleine de fruits baignant dans un liquide transparent.
“Qu'est ce que c'est ça?
- du ponche, répond-elle surprise par la question
- quoi? du ponche?
- ben oui, des fruits et du grogue!
- euh, du ... grog?
- oui du grogue, le rhum du Cap-Vert!”
Avant qu'on ait pu poursuivre cette conversation, elle nous sert un verre de ponche à coté des bières.
Hum, mais c'est bon ça!

Le Bar Maritimo, un des nombreux bars de Palmeira.
Celui là m'a inspiré ma première aquarelle

On sirote alternativement le ponche et la bière, en écoutant la musique. A peine le temps de vider verres et bouteilles, le reste de la troupe des skippers et équipiers débarque dans le bar, et c'est la tournée générale. C'est bien plus sympa que le bureau du fonctionnaire ici, les formalités d'entrée attendront! Une adolescente nous demande de lui payer un verre de ponche. Tout plein de nos bon principes nous lui payons un jus d'orange. Vexée, elle l'accepte ... et l'échange discrètement contre un ponche et une cigarette quelques instants plus tard. Elle nous sourit en coin, genre “je vous ai bien eu”. Il commence à faire chaud dehors et dans la tête. Il est plus de midi maintenant, je vais devoir rentrer au bateau l'haleine un peu chargée en expliquant que ce n'était pas possible de faire les papiers d'entrée... Va falloir être convaincant! Bah, j'expliquerai que sous ces latitudes on ne contrôle pas toujours le cours des choses, mieux vaut se laisser porter par les événements!

A la capitale ...

Espargos, capitale de l'île de Sal. Un aluguer nous y a conduit, pour 100 escudos par personne (un peu moins de un euro). L'aluguer, c'est le taxi collectif au Cap Vert. Comme dans de nombreux pays du monde, c'est le mode de transport en commun le plus approprié: pas besoin d'infrastructures et d'organisation compliquée, il y a toujours un mini-bus, une camionnette, ou même un camion qui se propose d'embarquer des passagers. Pour certains c'est un job officiel à plein temps, pour d'autres simplement un moyen d'arrondir les fins de mois.
L'aéroport international de Sal ressemble à beaucoup d'aéroports, rien d'intéressant si ce n'est qu'on y trouve les seuls distributeurs de billets qui fonctionnent sur l'île. C'est aussi par là qu'on accède à l'archipel par les airs quand on vient de l'étranger, avant d'embarquer sur un avion ou un ferry local pour rejoindre une autre île. Parfois, quand le vent d'Est chargé de sable, l'Harmatan, souffle trop fort, c'est aux voiliers comme nous qu'on demande d'acheminer les passagers, moyennant une petite rétribution.
Espargos n'a rien pour séduire l'amateur de belles images. Un entassement de maisons simples, cubiques, aux façade parfois peintes de couleurs vives ou laissant apparaître les cairons gris et le ciment, quelques rues pavées au centre ville, laissant place à la terre lorsqu'on s'éloigne un peu. Mais on est vite pris par l'animation de la rue: des gens qui s'activent dans leurs occupations quotidiennes, des vendeuses sur les trottoirs, des enfants qui jouent, des hommes qui discutent, le bruit des voitures, les musiques qui sortent des bars, les regards échangés avec les passants (et les passantes!), les bonjours amicaux ou intéressés de certains ...


Les marchandes de fruits et légumes

Poulet grillé sur le trottoir

Bien qu'il y ait très peu de touristes, il y a des marchands ambulants d'artisanat, de pacotille, de montres et de lunettes, comme en France et dans la plupart des endroits touristiques. Ici ils sont en majorité sénégalais, et c'est avec eux que la discussion est la plus facile puisqu'ils parlent bien français. On rencontre Mamadou, et la discussion s'engage aussitôt sur le terrain du football, Patrick et lui fraternisent spontanément à la seule évocation des noms de joueurs ou de clubs. On s'aperçoit quand on voyage que le foot est un puissant moyen de communication, il permet d'entrer immédiatement en contact y compris avec les gens qui ne parlent pas la même langue, il déclenche des sourires, des poignées de mains, des tapes dans le dos, des yeux qui brillent. En regardant Patrick (grand spécialiste et supporter de l'OM) et Mamadou discuter, je me dis qu'il faudrait lire une encyclopédie du foot comme on lit un guide avant de partir en voyage!
Mamadou, son bonnet noir vissé sur la tête au ras des yeux, son regard sombre et malin, son maillot de foot bien voyant, sa démarche tranquille et chaloupée, a un style inimitable. C'est la star des vendeurs ambulants d'Espargos, le mister-débrouille de la place. Il nous présente ses frères, on s'étonne qu'il y en ait partout, mais ce sont ses frères au sens large... Il se propose de nous organiser une visite de l'île, pas de problème, prix d'amis, bonne voiture, et, bien que le programme, le tarif, et le rendez-vous pour le lendemain semblent assez flous, le marché est conclu par une poignée de main. C'est vrai qu'il y a des agences de voyage professionnelles, ou même des aluguers officiels, mais Mamadou, ça ressemble plus à l'aventure!
Qu'est ce qu'on risque? on verra bien demain ...

Sal, sable et poussière ...

Le lendemain matin, nous sommes dix au rendez-vous de Mamadou: la famille Delmarre et nous. Il est 10 heures du matin, pas de Mamadou sur la place d'Espargos. C'est l'Afrique ici, le temps est différent, on ne s'inquiète pas... mais on ne se refait pas: au bout d'un quart d'heure les occidentaux que nous sommes commencent à s'impatienter. “Tu sais où est Mamadou? demande-t-on à un des ses frères,
- Mamadou? il va venir, pas de problème, il habite pas loin ...
- on a rendez-vous avec lui pour la visite de Sal,
- Ah? il va arriver, il se prépare, il s'est couché tard ...
- Bon, on attend.”
Mamadou apparaît vingt minutes plus tard, nous salue, les yeux injectés de sang et l'air bien fatigué, et nous demande d'attendre un peu, il doit voir des gens. Il revient finalement un quart d'heure plus tard avec une proposition plus précise que la veille: une voiture pour la journée, une liste des sites que nous allons visiter, le prix par personne ... petite négociation d'usage et tope là, l'affaire est conclue. On embarque les six enfants à l'arrière d'un petit mini-bus qui semble en assez bon état, les quatre parents montent au milieu, Mamadou et l'un de ses frères s'assoient devant à côté du chauffeur.

Musique sénégalaise dans l'auto-radio, et nous voilà partis, à peine une heure de retard sur le programme initial, autant dire que tout se déroule comme prévu ... L'aluguer sort peu à peu de la ville, les maisons sont de moins en moins colorées, la plupart sont en construction, genre provisoire définitif, le pavé des rues a laissé la place à la terre et au sable. Rapidement, nous sommes dans les faubourgs désertiques et notre mini-bus bringuebale sur une piste poussiéreuse à travers des habitations précaires de tôles, de ciment et de bois.

L'habitat à la sortie d'Espargos

Puis la piste disparaît, nous cahotons sur un chemin de sable. Il faut fermer les vitres, elles sont recouvertes de sable et de poussière opaques, impossible de voir au travers. Nos trois sénégalais discutent en wolof à grand renfort de gestes de la main, et malgré mes faibles connaissances des langues africaines occidentales, je traduirais à peu près par: “eh, mais tu vas où là? c'est pas par là!
- t'inquiètes pas mon frère, je te dis que c'est la bonne piste!
- qu'est ce que tu me racontes, faut qu'on aille là-bas, et la piste va de l'autre coté!
- euh, ben alors d'accord, moi j'vais par là si tu veux, pas de problème”
Un court instant, j'ai comme un doute sur notre Mamadou et je me dis in petto qu'on aurait peut-être du emmener des réserves d'eau et de nourriture, une couverture de survie et le téléphone satellite!
Finalement, on coupe à gauche. Le paysage désertique défile, quelques montagnes sèches et pelées, de temps en temps un arbre sculpté par le vent, au loin un mirage qui brille sur l'horizon, un tourbillon de poussière s'élève, erre, puis s'évanouit. Tiens! un troupeau de vache normandes ... mais non, pas un mirage cette fois, ce sont bien des vaches blanches et noires comme chez nous, sauf qu'ici elles sont plus occupées à chercher l'herbe qu'à la brouter! Partout, des chèvres tiennent compagnie aux cailloux ...


Un arbre sculpté par le vent

C'est où la Normandie?

On rejoint une route, enfin plutôt une vraie piste bien traçée, que l'on ne tarde pas à quitter en direction de la côte. Nos guides veulent nous montrer une baignoire naturelle creusée par la houle dans la roche noire. Bien qu'elle domine la mer de plusieurs mètres, elle est remplie d'eau.
“Mamadou, elle arrive comment l'eau dans cette baignoire?
- Magiquement.
- Ah?
- Oui, oui, elle se remplit ma-gi-que-ment.”
C'est tout ce que je pourrai obtenir comme explication. On peut s'y baigner, et il semble que ce soit l'attraction touristique de Sal car plusieurs aluguers sont déjà là à faire barboter leurs clients dans cette piscine. C'est beau, nous nous baignons aussi, mais le chemin était certainement plus inoubliable que le but ...

Prochaine étape: les salines de Pedra de Lume, à l'autre bout de l'île, c'est à dire à 20 km. Va-t-on refaire une expédition à travers le désert? Non, cette fois, notre chauffeur semble résolu à faire comme ses collègues, et nous rejoignons Espargos en dix minutes par la piste principale, puis les salines par une belle route étroite, mais goudronnée. Nous longeons le terrain de foot, incroyable tâche verte éclatante entourée d'un grand mur, au milieu des étendues désertiques. L'eau ne manque pas partout dans l'île on dirait ... En fait, j'apprendrai plus tard que le gazon était synthétique.
Les salines sont installées dans un ancien volcan. On y accède à travers un tunnel artificiel creusé dans la montagne, et on débouche au dessus d'un cratère gigantesque dont le fond est à peu près au niveau de la mer. L'eau s'infiltre lentement par des fissures, le soleil fait le reste, il n'y a plus qu'à ramasser le sel. Les salines ont assuré une certaine prosperité à l'île au 19ème siècle, mais aujourd'hui elles ne fournissent plus que la demande locale du Cap Vert. En effet, on ne peut pas dire qu'il y ait une énorme activité. Seuls les enfants s'agitent et jouent dans ce paysage complètement surnaturel, sous une chaleur écrasante.


Les salines dans le cratère de Pedra de Lume

Les enfants dans le sel

Il est plus d'une heure de l'après-midi, les estomacs commencent à râler, les enfants aussi. “Quand est-ce qu'on mange?”. Ce sera pour un peu plus tard, le temps de rejoindre la côte sud, à Santa Maria, où il n'y a ... rien à voir! C'est le coin à touristes de l'île: des hôtels et des immeubles partout, heureusement bien concentrés pour ne pas défigurer trop de kilomètres des magnifiques plages qui bordent tout le littoral dans cette partie de Sal. On retrouve évidemment les inévitables magasins de souvenirs, et les magasins à touristes internationaux en général. Aucun intérêt. Sauf pour les enfants qui finalement iraient bien se baigner tout de suite dans les vagues sans manger. Pas question! dans un restaurant à touristes, nous arrivons quand même à dénicher un plat traditionnel cap-verdien, la cachupa. C'est du maïs écrasé cuit pendant des heures avec des haricots, des fèves, du chou, des pommes de terre, du gras, de la viande de poulet et du chorizo. Les enfants préfèrent manger des sandwichs, moins aventureux, sauf Romain, qu'on ne peut plus vraiment compter comme un enfant surtout quand il s'agit de manger!
Ensuite, direction la plage. A notre étonnement, notre chauffeur nous a abandonné, parti avec sa voiture. Mamadou nous explique qu'il a été rappelé par son patron, qu'il est désolé, qu'on va trouver un autre moyen pour rentrer ... on verra bien. Pour marcher dans la rue, Mamadou m'a confié son stock de breloques et d'artisanat. Il m'a expliqué qu'il n'est pas en situation régulière au Cap Vert, comme beaucoup d'africains d'ailleurs, et que si la police le prend à vendre ça, il risque des coups de bâton et une grosse amende ... je me demande si ce n'est pas plutôt une question de partage de territoire avec ses collègues vendeurs. En tout cas, j'ai l'impression d'être à mon tour dans le commerce ambulant, un peu plus j'irais parcourir la plage et vendre aux touristes qui font bronzette!
Pendant que les enfants s'en donnent à coeur joie dans les grosses vagues, Mamadou et son frère nous quittent finalement, non sans s'être fait payé pour ses services bien sûr. Sacré Mamadou, pas très fiable comme guide, mais on ne lui en veut pas, c'est un personnage! Nous rentrerons tout seuls à Palmeira en fin d'après-midi, les aluguers ne manquent pas.

Bonne Année, Bonne Santé, etc, etc ...

Le réveillon s'organise. Comme d'habitude, c'est le bateau le plus confortable qui se retrouve envahi et c'est donc La Casa Delmarre qui invite. Nous sommes une quinzaine, dont la moitié d'enfants. Chacun amène sa contribution, à boire ou à manger, ce ne sont certes pas les mets délicats que l'on déguste traditionnellement en France, mais ça a quand même de la gueule: wahoo au barbecue, des cakes, pizzas et autres tartes salées et sucrées. On pille encore un peu plus la cave de Bordeaux de nos hôtes, et on pousse le luxe jusqu'à s'offrir un ersatz de champagne espagnol aux douze coups de minuit, pour la forme. La soirée s'écoule au rythme des chansons, beaucoup de Brassens, jusqu'à deux heures du matin.


le réveillon des enfants ...

... et celui des parents

Après avoir couché les enfants, la musique qui nous parvient des maisons de Palmeira ne nous incite pas à dormir, nous partons pour une incursion au village. A trois heures du matin, il n'y a presque plus personne dans les rues, sauf quatre marins en goguette à la recherche du bon plan pour la fin de la nuit. Hélas, les quelques fêtes bien sonores qui nous ont attirées ici sont des soirées privées, familiales ou associatives où nous ne sommes pas les bienvenus. Nous négocions avec le club de foot local pour qu'ils nous laissent rentrer une heure ou deux. Peine perdue! Le président du club nous explique gentiment que les gens dedans, verraient d'un mauvais oeil manger dans leurs assiettes si chèrement payées. Il faut dire aussi que nous ne sommes pas spécialement en tenue de soirée, et que nous devons avoir l'air un peu bohême à côté de leurs tenues soignées. Une autre tentative dans un réveillon chez des particuliers ne donne pas plus de résultats. Si on renverse la situation, imaginez en France un groupe de black mal habillés, l'air d'une bande de joyeux fêtards sur le retour, en train de parlementer avec vous dans leur langue que vous ne comprenez pas pour rentrer gratis dans votre sélect réveillon au beau milieu de la nuit... L'hospitalité a des limites, même au Cap Vert. Qu'importe, c'était amusant cette ballade dans Palmeira by night.

Le 3 janvier, après avoir bien récupéré nous quittons Sal pour Boa Vista, une autre île 30 milles plus au sud ...

A suivre...


Les photos