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De Formentera à Rota par Pascale Jeudi 22 Septembre 2005
à 18h, nous partons de Formentera après avoir enfin
reçu le paquet du chantier Outremer et vainement téléphoné
à presque tous les fournisseurs des Baléares et d'Espagne
pour trouver el motor del molinete (comme Pascal le dit si bien
maintenant), c'est-à-dire le moteur du guindeau, à changer.
Lundi 26 Septembre 2005, Pascal va trouver
le professionnel du chantier du port, Paolo, qui très serviablement
nous promet illico la pièce et la réparation pour mercredi
au plus tard! Le Capitaine a un doute, mais mieux vaut tenir que courir,
et on décide donc de lui faire confiance. On a eu raison car mercredi
soir, le moteur était changé, les câbles et la boite
relais remplacés et il avait en plus installé un coupe-circuit
entre le fusible et la boite relais pour plus de sécurité.
Bon, il semblerait que cet incident de parcours ne soit bientôt
plus qu'une anecdote! Et hop, jeudi midi, on remballe et on part... non
pas direct pour les Canaries comme il était prévu, mais
pour Rota dans la baie de Cadix pour un problème médical
bénin mais qu'il parait raisonnable de régler avant une
traversée de plusieurs jours.
La traversée du détroit dure 2 heures et pendant ce temps le vent monte doucement mais sûrement et au passage de Tarifa c'est un vent force 6 à 8 qui nous expulse de Méditerranée et nous propulse littéralement en Atlantique! C'est un bizutage ou quoi ??? On l'avait pourtant déjà été à notre premier passage avec un vent d'Ouest de face mais aussi violent! Bon, je me console en me disant que je ne suis pas prête de le repasser, normalement! On aura des rafales jusqu'à 39,9 noeuds, dixit l'anémomètre, avec une mer hachée, très courte qui grossit rapidement et nous fait surfer à plus de 11 noeuds. C'est d'autant plus impressionnant que l'étrave du bateau reste plantée dans la vague de devant quand la vague de derrière soulève le bateau! Coincés entre 2 vagues! Je dois réunir les "4 f" à la fois froid, fatigue, faim et frousse et autant dire que je n'apprécie pas du tout les quelques heures qui suivent notre arrivée en Atlantique, surtout que c'est la première fois depuis notre départ que l'on a des conditions aussi musclées. Et moi qui me disait qu'on avait fait le plus dur: La Méditerranée! Parlons-en de la Méditerranée, le bilan est plutôt mitigé:
Bon, pour en revenir à nos moutons (et en mer
je n'aime pas trop ça!), passés le cap de Trafalgar, le
vent et donc la mer se calment, je retrouve un peu de sérénité
dans ce monde de brutes. Au fait, les enfants eux n'ont pas trouvé
ça si terrible, occupés à lire dans le carré
tout en surveillant de temps en temps le GPS en disant "Ouah! un
surf à 11 noeuds!" et en donnant des conseils avisés
à leur père "Pourquoi tu ne sors pas le gennaker ?,
on irait plus vite", alors qu'on venait de rentrer la moitié
du solent! Ils ont bien changé depuis 2 ans... Vendredi 30 Septembre 2005 à 21h, nous nous amarrons au ponton d'accueil du port de Rota, la nuit est déjà noire, et le ponton d'accueil est plongé dans l'obscurité, pas du tout accueillant en fait. Bastien éclaire avec notre puissant projecteur, pendant que le reste de l'équipage se concentre sur la manoeuvre. Nous sommes également déjà venus à Rota il y a 2 ans. Le port jouxte la ville, capitale des tapas, avec ses vieilles rues, son marché et toutes les commodités modernes de la ville notamment le laboratoire d'analyses médicales dont j'ai besoin. Je suis toujours impressionnée par le nombre de banques et de distributeurs automatiques qu'il y a, du moins dans les villes visitées, jusqu'à 3 ou 4 dans les rues commerçantes et au moins une sur chaque place. On en fait des kilomètres à pied! Mais l'ambiance y est très chaleureuse, on s'y sent bien. Le samedi midi nous nous régalons de notre pêche (au four, en papillote), et le soir nous allons manger des tapas, en redécouvrant la vieille ville. En fait, c'est la fête ici, une semaine de fêtes patronales pour honorer la "Santa Virgen de O., Señora del Rosario Coronada", patronne de la ville. Et ça commence ce soir sur le parvis de l'église avec une cérémonie présentant la Dama Mayor (Miss Rota), et ses demoiselles d'honneur. Dimanche après-midi, notre voisin de ponton espagnol nous a offert 4 maquereaux, en rentrant de sa partie de pêche, après une longue discussion en espagnol avec Pascal. Efficace la méthode Assimil! C'est à la fois utile (pour résoudre les problèmes techniques, médicaux, faire ses courses,...) et vraiment agréable de pouvoir tenir une conversation avec les gens; et eux apprécient d'autant que l'on fasse l'effort de parler leur langue! Et comme si ça ne suffisait pas, on suit la méthode du CNED, car l'Espagnol est la deuxième langue vivante qu'à choisi Romain en 4ème. Les quelques jours qui suivent sont dédiés aux courses et travaux quotidiens pour les parents, au CNED pour les enfants (ils doivent terminer la deuxième série d'ici mercredi), sans compter quelques parties de pêche, jeux, et ballades en annexe. C'est la première occasion d'essayer notre nouvelle annexe Caribe en mer, et nous ne sommes pas déçus: "à fond" dans les vagues, elle passe facilement et nous emmène sur la plage sans nous mouiller. Les enfants étrennent aussi leur kayak tout neuf, mais seulement dans le port, seuls maîtres à bord de leur navire parmi les chalutiers et autres embarcations de plaisance.
Jeudi 6 Octobre 2005, c'est l'anniversaire de Romain 13 ans, déjà! Pour fêter cet évènement, nous avons loué une voiture et nous partons passer la journée dans l'arrière pays à quelques 25km de là, à Jerez de la Frontera, alias Xérès en français ou Sherry en anglais. La ville est également connue comme étant le berceau du Flamenco. Il nous faut pour cela contourner l'immense base navale américaine que l'on distingue du port et qui est plus étendue que la ville de Rota elle-même (piste d'aviation pour gros porteurs que l'on voit atterrir, bateaux militaires impressionnants, abris sous terrains). Une fois dans la campagne, on rencontre d'abord des champs de coton, que l'on est en train de moissonner (on a été surpris de trouver ce type de culture), puis les vignes de Xérès, les champs d'oliviers à perte de vue ne commencent que de l'autre côté de la ville en direction de Séville. Jerez de la Frontera est une ville très ancienne, avec une citadelle, l'Alcazar, bâtie au XIIème siècle par les Maures, avec une mosquée, des bains turcs, et dans laquelle on construira un palais baroque au XVIII siècle. Les jardins sont frais et agréables, car il fait 38 degrés aujourd'hui, et c'est un peu étouffant. Nous allons donc déjeuner de spécialités espagnoles sur une petite place ombragée.
Puis nous allons visiter la cave de Tio Pepe, réputée pour son Xérès et qui a la bonne idée d'avoir une guide parlant français. On y apprend que le cépage unique utilisé est le "palomino" (raisin blanc), qu'il sert à fabriquer deux catégories de vins, les fins secs et les parfumés, le reste servant au vinaigre du même nom. En fonction de la maturité, cela donne des vins pouvant se boire de l'apéritif jusqu'au dessert. Le processus de fabrication est vraiment différent des autres vins: tout au long de leur vie, régulièrement on prélève un certain pourcentage de vins vieux d'âges divers (jusqu'à 60 ans) que l'on remplace par des vins plus jeunes eux-mêmes mélangés, et ainsi de suite; Cela redonne une certaine jeunesse aux vins vieux et le vin plus jeune acquiert une certaine maturité, les très vieux vins conservent l'histoire et la tradition au fil des ans, c'est un procédé quasi philosophique! Le Xérès est donc élevé (éternellement?) dans des barriques de chêne américain uniquement celui-ci étant connu pour sa longévité. On y fabrique également du brandy, provenant de la distillation du vin. Une partie de la visite se fait en petit train (on passe à côté de la girouette la plus grande au monde), puis à pied dans les immenses caves, avec les barriques réservées, certaines marquées au nom des membres de la famille royale d'Espagne, et dédicacées lors de leurs visites. D'ailleurs, les personnes célèbres sont invitées à écrire une dédicace sur une des barriques, on trouvera entre autres, celles de Cocteau, Churchill, Prost, Alonzo, Senna, Spielberg,... mais pas les nôtres. Puis, dans une petite cave, la guide nous a raconté une anecdote qui a beaucoup amusé les enfants: Un des ouvriers, au début du siècle, pendant son temps de pose dans la fraîcheur de la cave, a fait goûter du Xérès aux souris qui venaient régulièrement le voir. Voyant qu'elles aimaient, il leur a construit une petite échelle pour qu'elles puissent venir boire à leur guise. La tradition se perpétue encore, mais nous à l'heure de la sieste on ne les verra pas, elle doivent cuver! (ça doit faire quelques générations d'alcooliques! et comme a dit Bastien "C'est dans leurs gènes maintenant"). La visite s'est terminée par une dégustation et il fait bien ses 15° le Tio Pepe! Je dois avouer que je n'ai pas trop apprécié son goût, de barrique (pas assez aéré peut-être). Nous sommes ensuite retournés en ville, avons profité de la voiture pour faire quelques courses dans le "Carrefour" du coin, puis nous sommes allés dans une taverne espagnole manger une spécialité locale et assister à un spectacle de flamenco, superbe! Les danseuses andalouses ont un de ces tempéraments, ce n'est pas une légende! Il était 1 heure du matin quand les enfants épuisés se sont endormis ravis de leur journée.
Le lendemain est plutôt cool, sans CNED. Nous avons la surprise d'avoir la visite de Patrick, et de son co-équipier Etienne. Patrick est un skipper que nous connaissons bien car il a convoyé Imagine avec Pascal pour la Corse, il y a de ça quelques années, nous avons également fait quelques sorties en famille ensemble et nous avons toujours eu grand plaisir à le revoir. Il convoie un bateau de Bretagne en Méditerranée, et est en escale à Cadix en attente de matériel de rechange. C'est en lisant ses e-mails qu'il a appris que nous étions ici, vive internet! Le soir, nous allons voir la procession de "la Santa Virgen de O", précédée d'un cortège des Miss en mantilles et des diverses personnalités de la ville. Il ne faut pas moins de 24 hommes pour porter la Vierge, enfin c'est le nombre que l'on a déduit en comptant les pieds dépassant du monument ambulant sur lequel repose la statue et ses ornements! Et ils ont l'air de souffrir la dessous entre la chaleur et le poids ... surtout que la procession dure au moins 2 heures, vu le circuit qui est prévu. La semaine s'est terminée avec la reprise des
cours. Le temps s'est bien dégradé, le vent est monté
à cause d'une dépression se formant sur Madère et
qui nous bloque donc le passage. Lundi, la dépression s'est transformée
en cyclone de catégorie 1 toujours sur Madère, "Vince"
de son prénom, et s'est ensuite dirigée vers nous à
travers le sud du Portugal et de l'Espagne en s'affaiblissant, ce n'est
plus qu'une "tempête tropicale" quand elle nous tombe
dessus, mais avec des pluies diluviennes, et l'anémomètre
a enregistré des rafales à 47,2 noeuds, record battu! Certains
bateaux ont souffert dans le port, voiles déchirées, étraves
et coques écorchées en cognant les pontons à cause
d'amarrages approximatifs, et biminis arrachés; On attend une situation
plus claire pour partir sur les Canaries, ce qui n'est toujours pas le
cas, il y a toujours des trucs bizarres et inhabituels, donc prudence
... Les photos de Forementera à Rota
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