Les BVI ou le Paradis
sous-marin par Pascale
Arrivée aux BVI
Il est donc 17h30, en ce dimanche 21 mars, lorsque nous passons le pont
de St Martin en direction des Îles Vierges Britanniques. C'est la
première navigation de nuit depuis la traversée de l'Atlantique,
et l'on retrouve rapidement l'ambiance de la traversée de nuit,
avec ses quarts, une surveillance constante car il y a pas mal de trafic,
et ... les joies de naviguer dans la nuit noire. Le temps est relativement
clément, 15-20 noeuds au portant, la mer est un peu agitée,
et nous nous efforçons de ne pas aller trop vite pour arriver avec
le lever du jour. Vers 1h du matin, au début de mon quart, nous
sommes survolés par un hélicoptère qui quadrille
la mer avec son gros projecteur, il nous survole et nous inspecte, puis
continue son repérage systématique, sans doute pour retrouver
le bateau à moteur disparu, dont l'avis de recherche a été
diffusé par VHF dans l'après-midi. C'est assez impressionnant!
J'essaie de ne pas trop laisser remonter à la surface mes angoisses
maritimes, hostile la mer! et je positive, un excellent bateau avec ce
qu'il faut en matériel de sécurité, communication,
et un Capitaine "père de famille", prudent, rassurant,...
Bon, ceci dit, je reste vigilante mais la fin de la nuit est calme et
sans surprise. L'arrivée au petit matin se fait sans problème
et nous allons mouiller devant Spanish Town sur l'île de Virgin
Gorda, pour faire les formalités d'entrée, et y rester jusqu'au
lendemain matin.
Un peu d'Histoire...
Les Îles Vierges, ainsi dénommées par Christophe Colomb,
sont un archipel d'une quarantaine d'îles et une multitude de petits
îlots. Cet archipel fut dédaigné par les Espagnols
qui étaient plus intéressés par la conquête
des territoires riches en or du continent sud-américain. Choix
néfaste, car ces îles devinrent un repaire de choix de pirates
et flibustiers, Anglais, Français et Hollandais qui étaient
tapis dans ce dédale d'îles et interceptaient sans mal les
bateaux espagnols chargés d'or, qui pour rejoindre les vents portants
vers l'Espagne devaient frôler l'archipel des Vierges. Les Anglais
ne quittèrent plus la partie Est des Îles Vierges (Tortola,
Virgin-Gorda et Anegada), et cela donna naissance aux British Virgin Islands
(BVI pour les intimes), colonie britannique autonome. Les autres îles
à l'Ouest et au Sud-Ouest, St Croix, St-John, et St Thomas, passèrent
successivement sous l'autorité des Hollandais, Anglais, Danois
et Français au hasard des guerres et traités. Le Danemark
les céda aux Etats-Unis pour 25 millions de dollars en 1917 et
ces îles formèrent les US Virgin Islands, territoire rattaché
mais non incorporé aux Etats-Unis. Nous n'irons pas les visiter
car il faut un visa pour y entrer! Comme toutes les îles des Antilles,
la quasi totalité de la population est de couleur suite à
l'importation d'esclaves pour la culture du coton et de la canne à
sucre. Mais ici, contrairement aux îles que nous avons déjà
visitées, on sent l'influence américaine: la fréquentation
touristique, en majorité américaine, la gestion des marinas,
les produits essentiellement américains dans les supermarchés
et surtout la monnaie locale: le dollar US.
Une autre particularité des Îles Vierges
est le risque cyclonique: La moitié des ouragans traversant l'arc
antillais pendant la période cyclonique (Juin à Novembre)
passent plus ou moins partiellement sur l'archipel des Îles Vierges.
Les dégâts sont souvent importants surtout pour les villes
très urbanisées et disposant de nombreuses infrastructures
nautiques, mais généralement vite réparés
pour conserver la principale source de revenus: le tourisme.
Virgin Gorda
Lever 7h, même pas le temps de prendre le petit-déjeuner,
nous partons mouiller devant la plage de "The Baths", autorisée
de jour et sur corps mort uniquement, à quelques miles de là.
C'est Le Must des BVI, mais il faut la visiter avant que les hordes de
touristes des paquebots de croisières, ne soient déversés
par dizaines en navette ou en bus... Donc après un bon petit-déjeuner
dans ce cadre idyllique, nous débarquons sur la plage à
la nage après avoir amarré l'annexe à une bouée,
à cause des rouleaux qui se forment aux abords du rivage. Le site
est absolument fabuleux, un chaos de roches granitiques polies par le
vent et creusées par l'eau forment un incroyable labyrinthe en
trois dimensions. Au travers des rochers, nous sommes éblouis par
la mer d'un bleu/vert menthe. Évidemment les enfants s'en donnent
à coeur joie à se faufiler dans ce dédale de roches
et piscines naturelles, un des plus beaux sites que nous ayons vu, il
est à la hauteur de sa réputation!
"The Baths"... |
dédale de roches et piscines intérieures! |
En fin de matinée la plage est envahie comme prévu par les
touristes et nous rentrons au bateau, pour un déjeuner vite avalé,
car nous repartons pour quelques heures de navigation en direction du
"Gorda Sound" au nord de l'île de Virgin Gorda, sorte
de fjord entouré de petites îles et d'une barrière
de corail, les mouillages y sont nombreux et bien protégés.
En arrivant nous essuyons un petit grain et nous voyons une tornade (une
trombe) en formation dans les nuages sous notre vent heureusement, c'est
toujours impressionnant. Nous posons l'ancre à l'abri du "Calquhoun
Reef", une barrière de corail bien préservée,
face à Necker Island, l'île privée du milliardaire
Richard Branson, propriétaire du groupe Virgin!
Mercredi 24 mars, journée classique, les enfants
étudient le matin, pendant que j'essaie une nouvelle recette "la
marmite mélanésienne" donnée par Evelyne du
bateau Estel que nous avions revus avec grand plaisir à St Martin.
A la base, on fait cuire tous les légumes locaux patates douces,
yams, bananes plantain, ignames, etc... puis on fait mijoter le tout dans
du lait de coco, c'était très bon. L'après-midi,
mes hommes vont explorer un minuscule îlot de sable d'au moins 10cm
d'altitude et 5m de long, qui se découvre à marée
basse près de la barrière de corail. Le lendemain, après
les cours du CNED, nous allons faire quelques courses et un peu d'internet
à la marina de l'autre côté de l'île. Le soir,
nous invitons à l'apéritif, Sylvie et Alexis, un couple
Belge et leurs 2 enfants passant 6 mois par an aux Antilles et auteurs
du très utile guide en ligne www.sailpilot.com,
dont nous nous servons régulièrement.
Necker Island
|
La mangrove de Prickly Bay
|
Le lendemain, nous partons à 2 miles plus à
l'est au mouillage dans Prickly Bay le long de la plage et de la mangrove.
Le temps n'est pas beau, il y a de nombreux grains et nous avons même
froid par moments. Nous allons nous promener sur la petite île de
Statia, où nous remarquons une famille en train de jouer à
la pétanque! On n'a aucun doute, ça ne peut être que
des Français... Effectivement, nous faisons la connaissance de
Anne et Pierre et leurs enfants Nicolas 10 ans et Timothé 8 ans
voyageant sur Marsupilami et terminant leur périple après
2 ans de navigation! "La chance!" comme disent Bastien et Romain...
Samedi 27 mars, pendant que les enfants travaillent,
Pascal part en annexe jusqu'à la marina d'à côté,
"Bitter End", essayer de faire quelques courses et trouver une
connection internet. Il rentre bredouille car les prix sont aussi luxueux
que la marina, 9$ US le steak congelé et 10$ US les 20 minutes
de connection internet...
Tortola
L'après-midi, nous levons l'ancre pour aller retrouver Oscar que
nous n'avions pas revu depuis la Martinique, et retrouvé par radio
cocotier (VHF) à quelques miles de là. Pendant la navigation
pour les rejoindre à Trellis Bay au nord de l'île toute proche
de Tortola, nous pêchons notre premier bonitou, un petit thonidé
de 49cm et un peu moins de 2 kg. Pour info, nous avons acheté un
peson pour connaître le poids exact de notre pêche (jusqu'à
25kg), on ne pourra plus nous targuer de vantardise !!! Nous retrouvons
donc Oscar à Trellis Bay, avec qui nous partageons le bonitou le
lendemain midi cuit au barbecue accompagné d'une bouteille de chablis.
Le 29, nous partons sous un ciel gris et pluvieux pour
Salt Island où nous amarrons Imagine sur une des bouées
disponibles et nous plongeons sur l'épave du "Rhone",
un bateau postal du siècle dernier qui a coulé lors d'un
cyclone. L'épave est longue d'une cinquantaine de mètres,
coupée en deux et gît entre 6 et 15 mètres de fond.
C'est notre première épave et nous sommes tous très
impressionnés. Dans cette eau limpide, on distingue encore bien
certaines parties comme l'hélice, un mât, des ouvertures,
et surtout on repère les 4 ancres dispersées que le navire
avait largué dans une tentative désespérée
pour ne pas aller se briser sur les rochers. Entre les pirates, les cyclones
et les récifs coralliens dangereux, il y a beaucoup d'épaves
signalées sur les cartes marines... à éviter!
Peter Island
Après cette belle plongée, nous repartons mouiller à
Peter Island dans White Bay, avec Elia comme équipière pour
cette traversée de quelques miles. Le lendemain matin, le beau
temps est revenu et nous fait découvrir une grande plage, sauvage,
parsemée de quelques paillotes pour les clients d'un hôtel
situé plus haut, dont les horaires ne coïncident pas avec
les nôtres, ce qui fait que nous avons la plage pour nous tous seuls.
L'eau est très claire, le fond est sableux et l'on aperçoit
aisément les tortues, raies, et autres poissons nageant autour
du bateau. On croit même pendant un certain temps que 4 ou 5 requins
de petite taille, 1 mètre environ, ont élus domicile sous
Oscar, mais en vérifiant plus tard avec masques et tubas (en se
penchant sous l'eau de l'annexe), on identifie que ce sont des rémoras:
un aileron ourlé de noir, la nageoire caudale symétrique,
et une tête aplatie, avec une espèce d'empreinte de semelle
sur le dessus qui leur permet de s'accrocher sur les baleines, requins
et même sur les coques de bateaux!!!. Ouf! on peut continuer à
nager tranquillement dans cette baie et aller l'après-midi admirer
le récif corallien à l'ouest de la plage. Ce sont les plus
beaux coraux de notre périple aux Antilles, aux formes variées,
aux couleurs éblouissantes, l'eau est claire et les poissons nombreux.
Il y a notamment de nombreux poissons anges dont un superbe "ange
des Caraïbes", mais pas de langoustes à l'horizon! Puis
nous allons faire un séjour sur la plage, absolument déserte,
d'où nous contemplons les deux seuls bateaux aux mouillage dans
cette immense baie, Oscar et Imagine. Les enfants font une collecte de
coquillages et Bastien apprend même à plonger en apnée
pour atteindre quelques spécimens hors de portée de sa main,
à quelques mètres du rivage. En rentrant au bateau sur Imagine
au crépuscule, nous voyons nos amis les rémoras, ainsi qu'un
énorme barracuda, entre les deux coques du bateau. Le barracuda
est immobile, il se laisse photographier à quelques centimètres,
par la trappe de survie des toilettes. On le surnomme "Gueule d'amour",
avec ses beaux yeux bleus au regard envoûtant, et ses belles dents,
il parait presque sympathique!
Le lendemain matin, les enfants travaillent puis font une dernière
plongée parmi les rémoras autour du bateau. Pascal gratte
la coque, entouré des rémoras, mais aussi de carangues,
et de raies pastenagues et léopard. Plus tard, pendant qu'il grée
le gennaker, il voit même une raie de bonne taille faire un looping
complet hors de l'eau. Difficile de rester concentré sur le travail
avec un pareil spectacle! Ensuite nous levons l'ancre pour aller à
Norman Island.
Gueule d'amour à White Bay - Peter Island |
Une raie à The Bights - Norman Island |
Bastien Raconte |
Un jour, après avoir plongé
sur une épave, nous allons à une baie qui s'appelait
White Bay. Le lendemain, Papa va dire bonjour à Oscar,
et quand il revient il nous dit: "j'ai vu un requin!".
Nous lui demandons comment il était et il nous dit qu'il
était plutôt gris. Quand Romain a fini de travailler,
nous allons à la plage à la nage. Nous voyons une
raie pastenague et des jolis poissons sur les coraux. A la plage
le sable était brûlant et on y retrouva Basile et
Elia. Avec Papa, Romain, et moi, nous allons sur un sentier où
il y avait des herbes et nous espérons qu'il y avait des
iguanes, mais malheureusement nous ne voyons que des petits lézards.
Après avec Romain nous cherchons des coquillages (que je
perdis tous en remontant ma planche sur le bateau!). Le lendemain,
nous allons nous baigner et nous voyons un barracuda, deux poissons
coffre et de très très beaux poissons. Après
en annexe nous allons voir les requins autour d'Oscar (car quand
Maman et Papa ont été boire le café sur Oscar
nous les avions vu). Comment nous regardons les requins? et bien
c'est très simple. Nous mettons le masque dans l'eau et
nous les regardons passer en dessous. Au bateau, je découvris
que c'était des rémoras communs. Nous prenons un
sac en plastique et allons ramasser des coquillages que je ne
perdrai pas cette fois. Et les coquillages on ne les ramasse pas
comme tout le monde en les cherchant sur la plage. En fait, nous
mettons nos palmes, masque, et tuba, et nous les cherchons dans
l'eau (je plongeais pour la deuxième fois de ma vie, car
je ne vous l'avais sûrement pas dit, mais j'avais déjà
plongé à Bequia pour la même raison). Le lendemain,
Papa nettoyait le pont et il vit sauter une raie. Puis il alla
faire la sous-marine et il vit 3 raies (2 pastenagues et une léopard,
aussi appelée ange de mer). Après nous plongeons
au milieu des rémoras et nous voyons une raie pastenague.
Et puis nous partons pour Norman Island, l'île des pirates. |
Norman Island
Nous arrivons donc à "The bights", la baie de L'île
Norman dénommée "l'île des Pirates", enfin
c'est la légende qu'on y entretient, car le restaurant s'appelle
"The Pirates", la boutique de souvenirs vend des articles à
la mode pirate (hors de prix), il y a même un morceau de faux squelette
semi-enfoui dans le sable devant la plage. Nous faisons une promenade
sur un chemin qui domine la baie, puis nous regardons les raies et les
bancs de poissons qui longent le ponton des annexes. Le soir, nous retrouvons
Oscar et Marsupilami au restaurant pour une agréable soirée
hamburgers et ribs, Cela faisait quelques jours qu'on en rêvait.
Nicolas, Romain, Elia, Thimothé, Bastien |
Le lendemain 1er avril, départ à
8h30 pour aller prendre une bouée sur un site de snorkeling
protégé à 1/2 mile de là. Il y a des
mini grottes creusées dans la roche, près desquelles
vivent une quantité étonnante de poissons multicolores.
Les enfants s'amusent à leur donner du pain et se retrouvent
cernés par les poissons pas farouches qu'ils peuvent observer
de près. En rentrant à la nage au bateau, nous voyons
une belle tortue ainsi qu'une raie léopard majestueuse.
Anne et Pierre de Marsupilami invitent tout le monde à
bord pour se réchauffer autour d'un bon café, qui
se prolonge par un déjeuner impromptu très sympa.
Les enfants sont heureux de jouer ensemble et font des échanges
de livres. |
Je repars avec une nouvelle recette de pain,
excellente et rapide, que le bateau "Père Peinard"
leur a donné quelques mois auparavant. Depuis, on en a
fait un certain nombre car le pain, quand on en trouve, varie
de 4 à 9$ suivant les endroits... Et comme c'est vous,
je vous confie donc les 2 recettes de base les plus souvent cuisinées
sur le bateau: la sauce chien, qui accompagne très bien
les langoustes et poissons grillés, mais aussi la poêlée
de légumes exotiques patates douces, ignames, yucca,...
et le PPP que l'on apprécie à sa juste valeur! |
|
Sauce chien |
PPP (Pain Père Peinard) |
3 cives (ou ciboule, sorte de petit oignon blanc)
2 gousses d'ail
2 échalotes
1 oignon
1 piment (facultatif)
4 branches de persil
1 citron vert
1 cuillère à café de vinaigre
15cl d'huile d'olive
eau, sel, poivre
Peler cives, ail, échalotes, oignon. Hacher finement le
tout, ainsi que le piment, après en avoir enlevé
les graines et le persil.
Placer dans un bol.
Incorporer le jus du citron, du sel, du poivre, le vinaigre et
l'huile d'olive.
Faire chauffer 2 cuillères à soupe d'eau, l'ajouter
puis émulsionner.
Variante: Epépiner 1 tomate
et la couper en petits dés. Incorporer à la sauce
chien.
C'est la sauce antillaise par excellence, qui accompagne poissons
et crustacés.
|
500g de farine
2 cuillères à soupe rases de levure de boulanger
(saf-instant)
1 cuillère à café de sucre roux
1 cuillère à soupe de sel
Dans 1 bol, mélanger le sucre, la levure et 1 cuillère
à café de farine. Remplir à moitié
le bol, d'eau tiède. Mélanger et laisser reposer
10 minutes (jusqu'à ce que le mélange soit prêt
à déborder du bol).
Dans un saladier, mélanger la farine et le sel, puis rajouter
le contenu du bol. Mélanger à la fourchette tout
en rajoutant de l'eau tiède pour avoir une consistance
fluide, mais assez épaisse.
Verser dans le moule à cake et mettre dans le four froid.
Laisser reposer 10 minutes pour faire lever la pâte (sans
qu'elle ne déborde).
Puis allumer le four et faire cuire 50 minutes thermostat 6.
Variante PPP (Petits Plus Pascale):
Ajouter 1 à 2 cuillères de germe de blé (complément
vitaminique) pour augmenter la qualité nutritive du pain.
Ajouter 1 cuillère à soupe d'huile pour rendre le
mélange plus souple (optionnel).
Ajouter des graines de pavot ou de sésame sur le pain après
l'avoir mis dans le moule à cake.
|
Tortola
Nous quittons Marsupilami vers 15h, car nous devons aller sur l'île
de Tortola, à Road Harbour, la capitale, pour faire diverses courses.
Nous mouillons à l'entrée des marinas, à distance
respectable d'énormes paquebots de croisières en escale.
C'est le pire mouillage que nous ayons fait depuis longtemps, très
rouleur, et encore on n'a pas à se plaindre quand on voit le mouvement
de balancier des monocoques!
La journée est chargée, corvée poubelle, internet,
lessives, supermarché, coiffeur. Finalement, on a pu tout faire
dans la journée. Ouf! à 17h on quitte cet affreux mouillage
pour aller passer la nuit à Maya Cove à 3 miles de là,
beaucoup plus calme.
Jost Van Dyke
Cette île est notre dernière
escale des BVI, elle doit son nom à un pirate hollandais.
Nous partons de Maya Cove après le déjeuner, la
navigation est calme, le temps est superbe. Nous avons toutefois
un bref moment de stress car nous pêchons un bonitou (1,7kg
et 50cm) en plein milieu d'une régate, et il nous faut
virer de bord précipitamment pour éviter la meute
et ne pas perdre notre poisson toujours accroché 50m derrière.
Puis, nous passons devant Sandy Cay, îlot de carte postale
mais au mouillage agité, et finalement nous choisissons
Green Cay, juste derrière Sandy Spit, îlot miniature
magnifique, avec sa plage de sable fin et sa touffe de cocotiers... |
Le mouillage devant Sandy Spit |
Ce mouillage abrite un banc gigantesque de petits poissons de quelques
centimètres, que nous avions tout d'abord pris pour des récifs,
tellement ils forment une masse compacte et sombre, qui se déplace
lentement au gré du courant, à quelques mètres du
bateau. Il y a également une bande de pélicans, que l'on
passe des heures à regarder, à suivre leur ballet aérien
à quelques dizaines de mètres du bateau, au-dessus du banc
de poissons bien évidemment. Ça commence par un vol de reconnaissance,
seul ou en groupe ordonné, un piqué vertigineux et plongée
complète dans l'eau, puis ils ressortent et se posent tout en ingurgitant
tranquillement leur nourriture, se reposent quelques minutes et recommencent
inlassablement leur manège. Ils se gavent ainsi toute la journée,
ils ont la vie facile avec ce banc de poissons, même un pélican
aveugle arriverait à se nourrir!
Vol d'approche... |
Attention j'arrive...
|
Plouf! On gagne à tous les coups! |
Après le CNED, Pascal emmène les enfants
à la nage jusqu'à l'îlot, en passant par le banc de
poissons. Ils font le tour de l'île en courant en quelques minutes,
puis jouent dans les vagues, avant de rentrer affamés, comme d'habitude!
Le lendemain matin, nous allons tous les quatre nager
au milieu du banc de poissons -il y en a des millions- qui s'ouvre et
se referme juste derrière nous, nous encerclant et nous laissant
une visibilité de moins d'un mètre, il ne faut pas être
claustrophobe, les premières minutes sont assez angoissantes. Ils
nous évitent dans un ballet d'une précision et d'une synchronisation
étonnante, dans un ensemble de couleurs éblouissantes, le
soleil faisant miroiter leur écailles aux couleurs de l'arc-en-ciel
suivant leur position, c'est magique. Bastien qui s'est mis à plonger
sous l'eau depuis quelques jours, n'arrête pas d'aller voir par
dessous à quoi ressemble ce spectacle féerique. Mais c'est
aussi très impressionnant, car nous nous retrouvons plusieurs fois
nez à nez avec d'autres espèces marines, profitant du banc
pour passer incognito: 3 raies, 1 tarpon de plus d'un mètre -on
dirait une monstrueuse sardine-, et je ne peux m'empêcher de penser
qu'il pourrait même y avoir un requin! Donc par la suite, j'essaie
de persuader mes hommes, et surtout les enfants tout d'abord inconscients
du danger, de rester en périphérie du banc de poissons.
On voit même les pélicans plonger à quelques mètres
de nous et se gaver à la surface, nullement effrayés par
notre présence. C'est drôle de les observer par en dessous.
L'après-midi, nous allons escalader l'île sauvage de Green
Cay, puis nous retournons sur la plage de Sandy Spit. Oscar nous a rejoint
au mouillage, et nous partageons le dîner sur Imagine. Les enfants
sont tout excités car Kadavu, que nous n'avons pas revu depuis
la Martinique, doit arriver demain!
Romain et Bastien explorateurs
|
Sandy Spit vue de Green Cay |
Le lendemain, le programme de la journée varie
peu, si ce n'est le soir où nous fêtons les retrouvailles
avec Kadavu et Oscar. Les enfants dînent seuls sur Imagine, pendant
que les parents partagent un bon repas sur Kadavu!
Les jours se suivent et se ressemblent, le lendemain,
le site et le temps sont toujours aussi magnifiques, et le programme reste
le même. Les enfants font découvrir les fonds marins à
leurs copains de Kadavu: Romain avec Charles, Bastien avec Alec. Ils passent
des heures dans l'eau! L'eau étant exceptionnellement chaude, la
coque du bateau est en train de se transformer en récif corallien
avec ses coquillages et ses algues vertes. C'est beau, mais ça
ralentit le bateau de façon significative; aussi, en prévision
de la navigation des jours prochains, j'aide Pascal à gratter les
coques, et après plus d'une heure de travail, elles sont impeccables
au moins sur la partie supérieure. Le soir, nous partageons notre
dernier dîner aux BVI avec Oscar et Kadavu, car demain Oscar part
pour Turks et Caïcos, notre prochaine destination, avec un jour d'avance
sur nous.
Mercredi 7 avril, Nous quittons avec regrets ce site
enchanteur, et nous allons au mouillage de Great Harbour, la ville unique
de Jost Van Dyke pour effectuer les formalités de sortie du territoire.
Nous essayons de faire le plein, par deux fois dans des baies voisines,
mais sans succès, il y a une pénurie de gasoil! Ce n'est
toutefois pas alarmant, il nous en reste 3/4 des réservoirs, mais
on préfère toujours partir les réservoirs pleins
pour de longues navigations.
A 16h, jeudi 8 avril, nous levons l'ancre avec Kadavu,
par un beau soleil, un vent faible et une mer idéalement plate
comme on l'aime, pour Turks et Caïcos, à environ 450 miles
de là, soit environ 3 à 4 jours de navigation.
Le Carnet de Romain |
De nombreux poissons...! Oh ça
oui!
Nous sommes le 3 avril. Nous naviguons en direction de Green
Cay à Jost Van Dyke qui est un très beau mouillage.
Arrivés là-bas, nous mouillons. Mais nous sommes
contraints à ne pas trop nous approcher de la côte
car des récifs s'étendent au devant de l'île.
En regardant mieux, nous nous apercevons que cette masse de corail
n'a pas toujours la même forme! puis Papa va voir l'ancre
et fait un détour par les mystérieux rochers. En
revenant sur la jupe arrière, il nous dit "Les ombres
là-bas, ne sont pas des récifs; c'est un gigantesque
banc de poissons. De petits poissons, bien sûr mais ils
sont tellement nombreux qu'ils assombrissent la couleur de l'eau!".
Puis nous décidons d'aller à la plage au petit îlot
de sable devant lequel nous sommes mouillés. Sur le chemin,
nous rencontrons un poisson coffre graffiti (qui est très
joli poisson paré de courtes lignes bleues fluo aux extrémités
du corps et sur les nageoires) et un banc de poissons perroquets
feu tricolore (très beau poisson teinté de vert,
de bleu et de jaune-orangé-rouge). Avant d'aller à
la plage, nous décidons de faire un crochet par le banc
imitateur de récif. Soudain, j'aperçois une masse
sombre, croyant apercevoir la côte, je vais demander à
Papa où il nous emmène... quand je m'aperçois
que la masse sombre que je prenais pour la côte est en fait
le fameux banc de poissons! Des milliers de petits poissons s'entassent
sur eux-même du fond à la surface de l'eau. Nous
plongeons au milieu des poissons. C'est vraiment impressionnant
que de se retrouver entouré par des milliers de petits
poissons, ne voyant ni le fond, ni la surface de l'eau pourtant
claire et limpide! Puis nous prenons la direction du mini-îlot
où nous nous amusons dans les déferlantes. Ensuite,
lassés de ce jeu, nous faisons le tour de l'îlot
et rentrons au bateau car le soleil n'allait pas tarder à
se coucher. Le lendemain, nous faisons nos devoirs en attendant
Oscar qui doit arriver aujourd'hui même. Nous finissons
nos devoirs vers onze heures. Mais Oscar n'est toujours pas là.
Nous décidons d'aller plonger, tous les quatre, sur le
banc de poissons. Nous voyons notre premier tarpon sur les bords
de celui-ci; un énorme poisson hideux avec de grosses écailles
et une horrible gueule. Nous nous avançons au milieu du
banc, jusqu'à apercevoir une ombre qui, cette fois, était
bien la côte. Le plaisir de plonger au milieu des poissons
est immense jusqu'à la fois ou la peur et la surprise me
nouent l'estomac: en plongeant, je me retrouve nez à nez
avec une raie, petite mais effrayante. C'est une pastenague qui
a la moitié de la queue coupée. Je nage donc dans
la direction opposée à la sienne et je rencontre
aussitôt une deuxième pastenague, de même taille
que la précédente mais dont la queue n'a pas souffert.
Je change donc de nouveau de direction pour me retrouver face
à face avec une troisième raie de la même
espèce mais beaucoup plus grosse que les deux précédentes.
La peur au ventre, j'essaie alors tant bien que mal de sortir
du piège où je me trouve pour aller rejoindre Papa,
Maman et Bastien qui nagent un peu plus loin. Puis nous retournons
au bateau pour manger, car une fois la peur passée, la
faim commence à me tirailler. L'après-midi, nous
allons visiter l'île de Green Cay, puis nous retournons
à l'îlot où nous retrouvons Oscar. Le lendemain,
c'est au tour de Kadavu de nous rejoindre. Ils arrivent dans l'après-midi
alors que je finis mon devoir de Français. Aussitôt
mouillés, ils viennent nous retrouver, ainsi qu'Oscar.
Ils nous racontent leur escapade au Vénézuela, apparemment
riche en péripéties, et nous, notre remontée
vers les BVI. Puis nous décidons, Charles et moi, d'aller
faire une dernière plongée avant la nuit, car lui,
n'a pas encore vu cette merveille. En allant vers le banc, nous
découvrons un poisson ange français juvénile
qui s'amusait dans une patate de corail (juvénile, les
poissons ange français sont de couleur foncée avec
des rayures verticales jaunes). En arrivant, nous surprenons une
raie (celle à la queue coupée) qui rentre et sort
de la multitude de poissons en les effrayant. En longeant les
bords du banc, nous observons 5 ou 6 tarpons que Charles, tout
comme moi trouve hideux. Comme le temps ne manque pas, nous nous
enfonçons dans le milieu du banc que bombardent les pélicans.
Ceux-ci mangent gloutonnement et assez "salement" car
ils blessent souvent des petits poissons sans les manger que nous
récupérons pour pêcher. En ressortant du banc,
notre plongée est couronnée par l'arrivée
d'un barracuda presque aussi gros que moi! Il nous fonce d'abord
dessus mais, arrivé à notre hauteur, il se contente
de nous passer sournoisement à côté l'air
de dire: "Hé! Hé! Coucou! Faites pas les malins
ou je vous croque un doigt!". Puis il part et nous ne le
revoyons plus. Comme le soleil descend sur l'horizon, nous rentrons
au bateau et nous fêtons les retrouvailles jusqu'à
minuit. Le lendemain matin, devoirs, puis nous refaisons maintes
plongées jusqu'à notre départ à Great
Harbour pour faire les formalités de sortie. |
A suivre...
Les photos
des Iles Vierges Britanniques |