Saint Martin - Anguilla - Sint Maarten

Un petit tour et puis s'en vont ...   par Pascal


Saint Martin, 6 Mars 2004
Ils sont là nos visiteurs. Hélène et Michel descendent du taxi devant la marina de Fort Louis, à Marigot, dans la partie française de Saint-Martin. Ça fait vraiment une drôle d'impression de les voir ici, après tout notre périple: on a pris tellement de temps pour arriver jusqu' à Saint-Martin qu'on en oublie à quel point c'est simple d'y venir en avion! On rejoint vite Imagine au mouillage en entassant les bagages dans l'annexe, et après quelques courses, c'est le premier Ti-Punch. Sept mois sans se voir, alors que nous travaillons quotidiennement avec Michel depuis vingt ans ... les retrouvailles s'arrosent! Nous partageons au dîner le thonidé pris à Saint-Kitts la veille.
Au programme cette semaine, découverte de l'île voisine d'Anguilla, ainsi baptisée par Christophe Colomb lors de son second voyage en 1493, en raison de sa forme allongée. Après une histoire classique de colonisation et d'attaques successives d'indiens Caraïbes, de pirates, d'Espagnols, d'Anglais et même de Français, Anguilla est depuis 1971 une colonie autonome de la couronne britannique. C'est la première île non volcanique que nous visitons aux Antilles. Elle est plate, calcaire, aride, et pauvre, mais est entourée de superbes plages de sable blanc.
Nous quittons le mouillage de Saint-Martin vers 9 heures, pour une courte navigation de 15 miles vers Road Bay, unique point d'entrée à Anguilla pour les bateaux. Le moulinet de notre canne ne tarde pas à chanter notre musique préférée, le fil part à toute allure, notre premier barracuda saute au loin, bien accroché. Nous sommes en fait bien embêtés de cette prise, car le barracuda est le poisson le plus empoisonné par la toxine de la ciguatera, étant en bout de chaîne alimentaire. Les gros spécimens sont les plus toxiques. Celui-ci mesure 1m12, il serait trop risqué de le manger, on n'a plus qu'à le relâcher. Oui, mais comment? Les jolies dents pointues et tranchantes qui garnissent la mâchoire agressive ne donnent pas envie d'aller mettre les mains dans sa gueule pour retirer l'hameçon. Nous le laisserons mourir sur la plage arrière, avant de le rejeter à l'eau, un peu dépités et honteux. Il faudrait des leurres plus sélectifs.


 La gueule du barracuda ... et celle des pêcheurs     

Road Bay
A midi, nous mouillons dans Road Bay, dans une eau bleue turquoise sur fond de sable blanc. En nous promenant sur la plage l'après-midi, nous sommes frappés par le côté désert et à l'abandon de cette baie. Alors qu'à 10 km à vol d'oiseau Saint-Martin grouille de monde, de touristes, de magasins de luxe détaxés, et de milliers de bateaux de plaisance, ici il n'y a personne, les maisons à louer sont vides, les restaurants également. L'épave mangée de rouille d'un cargo au bout de la plage, sans doute victime d'un cyclone, renforce l'impression d'abandon. Ce n'est pas pour nous déplaire, d'ailleurs.
Le soir, pendant que les enfants regardent un DVD sur le bateau, nous allons au seul restaurant ouvert sur la plage, où il n'y a pas foule. Anguilla est réputée pour ses langoustes, nous ne pouvons donc pas résister à la tentation du "lobster dinner" présenté sur la carte, et nous ne sommes pas déçus: nous avons droit à une énorme langouste entière pour chacun, délicieuse. Après un très bon "carrot cake" en dessert (gâteau à la carotte et à la noix de coco), nous regagnons le bord en pagayant doucement, sous la pleine lune. L'eau est tellement claire qu'on aperçoit une tortue sur le sable, au fond. Un petit verre de rhum vieux pour la digestion, et tout le monde va se coucher.


La plage de Road Bay

L'épave sur la plage de Road Bay

Le lendemain, Michel et moi débarquons au village pour faire avec un jour de retard les formalités d'entrée. Comme on nous l'avait annoncé, le tarif est élevé: 100 EC (30 €) par jour pour le permis de navigation dans les baies et îles d'Anguilla. Motif de ce racket: protéger l'environnement. Bon, c'est leur choix... mais d'autres îles préservent très bien leur environnement sans avoir à dissuader les bateaux d'y venir. Comme si ce n'était pas assez cher, on manque de cash et on est obligé de prendre un taxi pour aller "à la capitale" chercher des dollars à la banque. Le taxi est cher, mais on en a pour notre argent: c'est un bus qui fait taxi, un vieux bus poussiéreux et poussif, conduit pour nous tout seuls à un train de sénateur par un chauffeur sympa, qui nous commente les environs, nous dépose à la banque et nous attend pour le retour. "The Valley", la capitale, n'a rien de spectaculaire, c'est une juxtaposition de maisons basses, de commerces, et d'administrations, sans véritable centre. Loin du style colonial british des autres îles anglaises. Les paysages que nous traversons à l'intérieur de l'île ne sont pas plus séduisants. Il semble que les plages et les fonds marins soient les seuls attraits touristiques de cette île.
Au retour, tout le monde se baigne autour du bateau. Une tortue rode dans la baie, sortant régulièrement la tête pour respirer. Chaque fois que l'on plonge pour aller l'observer de plus près, elle disparaît. Des bancs de maquereaux chassent furieusement partout autour de nous. On aperçoit même une forme énorme qui passe derrière le bateau, requin ou barracuda? Toute cette agitation sous-marine nous donne envie d'aller plonger sur les fonds rocheux qui bordent la baie. Michel et moi partons avec Romain et Bastien, que nous déposons sur une petite plage, pendant que nous continuons à la nage. L'eau n'est pas très chaude, mais les fonds sont assez beaux et poissonneux. Pendant ce temps, les enfants ont amassé une belle collection de lambis, dont une bonne partie vient rejoindre leur collection de coquillages à bord.

Crocus Bay
Seulement deux miles nous séparent de la réserve marine de Crocus Bay, où nous allons nous accrocher à un corps mort le lendemain. Les fonds sous le bateau n'ont rien d'extraordinaire, il faut aller sous les falaises qui prolongent Little Bay pour que se révèle toute la beauté du site, sous l'eau et au dessus. Les falaises torturées de grottes et de reliefs acérés exhibent toutes les teintes d'ocres. Elles abritent des colonies de pélicans et de fous, ainsi que quelques échassiers, qui guettent tranquillement leurs proies du haut de leur promontoire. Sous l'eau, il se passe toujours quelque chose. Le premier poisson que nous voyons à quelques mètres de la plage de Little Bay est encore un gros barracuda d'environ un mètre de long. Puis ce sont des milliers de tout petits poissons en bancs, ainsi que quelques perroquets, chirurgiens, et autres habitants des récifs coralliens. Le corail lui-même n'est pas très développé, mais il nappe les éboulements tombés des falaises de ses couleurs rouges, jaunes, et pourpres, qui resplendissent sous le soleil. Les grands oursins noirs obligent à la méfiance lorsqu'on explore les trous sous les rochers, dans lesquels se cachent de belles langoustes qu'on dévore ... des yeux, réserve marine oblige. Nous pénétrons dans des grottes et des passages sous-marins. Dans une faille creusée par l'eau sous la falaise, une tortue fait la sieste. Nous la réveillons et nous amusons à la suivre, sans la toucher. Elle n'est pas farouche pourtant, elle se laisse approcher, on pourrait presque lui faire la bise sur les deux joues! C'est une belle plongée, nous resterons deux heures dans l'eau. Le soir, nous ne sommes que deux bateaux au mouillage. Nous terminons cette journée avec quelques ti-punch autour d'un apéro tapas, et par une belote.


Les falaises de Crocus Bay

La plage de Little Bay

Le lendemain ressemble à la veille, mais il y a moins de soleil, et nous voyons moins de vie sous l'eau. Deux tortues quand même, avec lesquelles Romain et moi passons de bons moments. Tout occupé à regarder vers le bas dans mon masque, je me heurte soudain à quelque chose de bizarre qui me fait sursauter. Je lève la tête et me retrouve avec le masque collé sur le cadavre d'un pélican qui flotte à la surface. Pouah! Marche arrière toute! Pas de trace de morsure sur l'oiseau, il a du confondre un rocher avec un poisson lors d'un de ses vertigineux plongeons dans le style kamikaze, banzaï!
Imagine était seul au mouillage aujourd'hui. Les deux autres bateaux qui étaient avec nous hier n'ont probablement pas accepté de payer les gardes-pêche qui, ce matin, étaient venus nous réclamer 15 dollars américains pour avoir utilisé le corps-mort obligatoire de la réserve, et avaient vérifié notre permis de navigation. Nous, dociles, on avait lâché nos 15 billets, le prix de la tranquillité... pour la journée seulement, car le permis expire à 19 heures. Nous levons donc l'ancre pour aller la replanter dans la baie toute proche devant la plage de Crocus Bay. Et pour bien terminer cette journée, tout le monde sort au restaurant, chez "Ray" sur la plage. Encore une orgie de langoustes, et même pour Romain qui se goinfre sans état d'âme une bestiole entière de près de un kilo! La langouste à la créole est vraiment extra, un must, la meilleure que j'ai mangée de tout le voyage. Ray, sur la plage de Crocus Bay, je recommande!

Le Carnet de Romain

Les beautés du monde sous-marin d'Anguilla

Le lendemain de notre arrivée à Road Bay, après avoir fini nos devoirs, nous sommes partis en annexe, Papa, Michel, Bastien et moi en laissant les "filles" à bord. Nous furetions le long de la côte à la recherche de quelque lieu propice au mouillage du grappin, ou alors, une petite "plage secrète" sur laquelle il nous serait possible d'aborder. Finalement, nous trouvâmes une petite "plage secrète" comme je les appelle, planquée au fin fond d'une mini crique. Nous n'abordâmes pas mais nous jetâmes le grappin car la plage était parsemée de rochers et de lambis comme je m'en aperçus plus tard en l'explorant entièrement pendant que Papa et Michel étaient partis "snorkler" le long des falaises. Je laissais Bastien jouer au cargo avec sa planche et ramassais un monceau de ce coquillages en ne gardant que les plus beaux. Mais, comme nous n'en avions jamais vu de plus beaux dans la nature, mon tri n'en élimina même pas un quart de la récolte. Je nettoyais tous ceux restés; j'en étais à mon avant dernier quand Papa et Michel revinrent. Je m'empressais de leur montrer ces trésors. Papa les trouva magnifiques : "Waoh, en effet ils sont très beaux, je n'en ai jamais vu d'aussi lisses et colorés à l'intérieur, hormis dans des boutiques!" Je suppliais Papa : "On peut en ramener??? hein?... s'il te plait Papa...". "Oui si tu veux mais pas tous, quelque uns, une dizaine,...". Une dizaine!!! Mais ils étaient tous beaux, comment choisir? Je m'exécutais tout de même rapidement car Papa me pressait "Allez dépêche-toi, Hélène te Maman doivent nous attendre!". Je pris ceux qui me paraissaient les plus beaux et les chargeais dans notre annexe. Mais au bateau..., je dus encore en rejeter pour n'en garder que quatre: un pour nos vacanciers, un second pour mon frère, un autre pour mes parents et enfin, un pour moi. Le lendemain, nous partons pour la réserve de Crocus Bay. La navigation ne dura qu'une demi-heure car les deux baies n'étaient distantes que de 3 miles. Arrivés là-bas, nous fîmes nos devoirs pendant que Michel et Hélène étaient partis plonger. Nous fîmes un bon repas et partîmes aussitôt à la plage. Sur le chemin, j'admirais la belle et scintillante eau bleue turquoise quand j'aperçus une "espèce" de grande feuille de papier qui flottait à la surface. J'en informais Papa. En se rapprochant, je m'aperçus qu'il s'agissait en fait d'une carte marine! Nous la récupérâmes au passage car une carte marine, c'est précieux; surtout que la carte détaillait Saint-Martin et ses alentours. Une fois arrivés, nous nous mîmes à jouer pendant que Maman et Hélène discutaient assises sur le sable et que Papa et Michel allaient plonger. Ils n'avaient pas fait 100m, qu'ils nous appelèrent car ils avaient découvert 4 ou 5 langoustes qui se cachaient sous un rocher. Je me dépêchais de me déguiser en homme grenouille et nageais à toute vitesse vers la cachette des langoustes, précédé de Bastien et Maman (Hélène n'était pas venue car elle avait froid). Mais mon sprint fût arrêté par un énorme barracuda d'au moins 1m qui me barrait le chemin. Surpris, je me stoppais et m' efforçais de rester calme. Mais le barra, non moins surpris de mon arrivée, partit en sens inverse, vers l'endroit où Papa et Michel avaient découvert les langoustes. Je les prévins et suivais ce redoutable prédateur. Arrivé devant Papa, Michel, Maman et Bastien, il vira à gauche et disparut de l'autre côté de la baie, nous laissant admirer les langoustes. Puis nous continuâmes de nager le long de la côte. Je dis "nous" car Maman et moi avions décidé de plonger avec Papa et Michel: la beauté du site nous avait emballée. En plongeant, nous découvrons un tunnel sous-marin: nous plongeons et je laissais les adultes passer en premier au cas où, de l'autre côté, la grotte ne remonterait pas à la surface. Michel passa donc en premier, ne revenant pas, Papa le suivit. Je fis de même. Le tunnel n'était pas très long mais parsemé de multiples coraux multicolores. De l'autre côté, je ne me retrouvais pas dans une grotte mais dans une sorte de mini-crique. La crique avait deux entrées: le tunnel et un petit couloir peu profond mais où l'on pouvait passer sans plonger. Maman nous rejoignit par ce passage. Nous parlâmes deux ou trois minutes sur la beauté du site puis, nous ressortons; les adultes passèrent par le couloir et moi par le tunnel: c'était beaucoup plus fun! Puis je retournais à la plage suivi de Maman car je commençais à avoir froid, je n'avais pas de combinaison comme Dad et Michel qui continuèrent de snorkler. Ils revinrent vers 5 heures et nous dirent qu'ils avaient vu plein de langoustes et une tortue. Puis nous rentrâmes au bateau.
Le lendemain, nous allâmes de nouveau à la plage, après avoir fait nos devoirs et que les hommes aient fait la sous-marine. Ils repartirent plonger. J'allais avec eux pour voir les langoustes et des tortues. Niveau langouste, la recherche n'a pas été fructueuse : nous n'en avons pas vu une seule. Par contre, nous avons pu admirer deux tortues: la première, nous l'avons vue à l'aller. Elle nageait sur le fond. Je plongeais à côté d'elle pour mieux la voir; elle était assez petite mais très mignonne. Je plongeais une deuxième fois, et cette fois, sous le regard réprobateur de mon père, je ne pus m'empêcher de la caresser longuement, aussi longtemps que je pouvais retenir mon souffle. j'essayais même de m'accrocher à sa carapace mais elle ne bougea pas. Juste avant la tortue, nous avions rencontré un pélican mort. Je ne vais pas vous décrire le cadavre avec précision car ce n'était pas ragoûtant mais je peux vous dire que Papa, en nageant s'était retrouvé nez à nez avec cet oiseau mort. Plus tard, en revenant à la plage, nous rencontrâmes une autre tortue plus grosse que la première, que Papa délogea de sous un rocher. Nous la suivîmes. Mais Papa ne voit pas l'animal qui se rapproche dangereusement de lui... Heureusement, moi je l'ai vu et je le retiens par la palme... Ouf! Il l'a échappé belle, deux centimètres de plus et il heurtait le pélican crevé! Entre temps, la tortue avait pris de l'avance. Nous contournâmes donc le puant cadavre et suivîmes le gracieux animal. Je plongeais pour l'admirer de plus près. Cette fois, je pus me retenir et ne la touchais pas. Je me contentais de la caresser de mes yeux en nageant, sous l'eau, à un mètre d'elle. Puis elle nous quitta et nous repartîmes en direction de la plage. Nous ne revîmes plus rien hormis le barracuda qui nageait le long de la plage à la recherche de proies. Comme il se faisait tard, nous décidâmes de rentrer au bateau avant que la nuit ne tombe. Le soir même, nous partîmes à un mouillage voisin. Là-bas, nous décidâmes d'aller au resto. Le menu était assez varié. Bastien prit des fish & chips, Papa et Maman prirent de la langouste créole et Michel, Hélène et moi avions pris de la langouste grillée. Ils vous servaient d'énormes langoustes d'au moins 1kg! J'ai tout mangé et je me suis régalé! Et tout le monde aussi d'ailleurs!


Mission "Usine à Gaz"
Malgré tous ces repas pris au restaurant, nous utilisons quand même la gazinière du bord, et c'est justement pendant la visite d'Hélène et Michel que nous risquons de manquer de gaz. Ce matin donc, c'est mission "usine à gaz". De l'avis de tous les voyageurs en bateau, le problème du gaz est vraiment l'un des plus pénibles. Il n'y a pas deux bouteilles pareilles, il ne faut donc pas compter échanger les bouteilles vides du bord contre des pleines locales, sauf coup de chance. L'autre solution est de trouver l'usine qui remplit les bouteilles de gaz du pays, d'y amener sa bouteille, et de prier pour qu'ils aient le raccord qui permettra de relier la citerne de l'usine à sa bouteille venue d'ailleurs. Nous voila donc partis Hélène, Michel, ma bouteille de 11 kg et moi, dans un taxi en direction de l'usine à gaz. Et le miracle s'accomplit: sur cette île, ils remplissent de bon propane n'importe quelle bouteille à un prix dérisoire. Le taxi aura coûté deux fois plus cher que le gaz! Mais nous rentrons au bateau mission accomplie.
Après le déjeuner nous tentons l'exploration de Pelican Point, un petit cap rocheux, mais la mauvaise visibilité sous l'eau nous contraint à abandonner, déçus. La journée se termine par une grande séance lecture, sur le bateau pour les uns, et sur la plage déserte pour moi qui surveille les enfants. L'endroit est vraiment paisible. Quand je pense au monde qui s'entasse à Saint-Martin! Le soir, nous dînons sur Imagine (gaz à tous les étages!), couchons les enfants, et ... re-belote. Nos visiteurs nous battent sans vergogne.

Prickly Pear et Sandy Island
Nous levons l'ancre le matin suivant pour aller découvrir un petit îlot rocheux nommé Prickly Pear, malgré une houle de nord-est qui a enflée dans la nuit. En chemin, Michel nous remonte une carangue de 40 cm, que nous relâchons vivante, toujours à cause de la ciguatera.


Romain prépare ses leurres pour la pêche, un vrai pro!

et Michel remonte une carangue

Le mouillage de Prickly Pear s'avère assez agité, et l'île offre peu d'endroits pour accoster en annexe. Nous l'abordons à la nage avec Michel, par un rivage ciselé de rochers coupants, il faut bien calculer son coup pour arriver entre les vagues qui brisent violemment. Nous traversons une partie de l'ilôt en marchant avec précaution sur la roche calcaire déchiquetée qui forme de petites épines (prickly signifie épineux en anglais, d'où le nom de cet endroit). On aperçoit une couvée de fous de bassans, dans un nid. Les oiseaux sont encore "à poils", c'est à dire recouverts de duvet, sans leurs plumes. La baignade près du bateau permet à tout le monde de voir une belle raie pastenague sur le fond. Les fonds le long des rocheux sont assez jolis.
Pascale nous régale au déjeuner avec sa désormais traditionnelle poêlée de bananes plantains, ignames, et patates douces, agrémentée d'une sauce chien. Après ça, il faudrait une bonne sieste, mais nous décidons de visiter une autre petite île, sableuse celle-là, très originalement nommée Sandy Island. C'est en fait une langue de sable étalée sur un récif corallien. Nous sommes seuls au mouillage, il faut dire que la houle n'invite pas vraiment à s'arrêter ici aujourd'hui. Mais il en faut plus pour nous décourager, et nous abordons Sandy Island en annexe, derrière Michel qui lui y va à la nage. Une épave gît sur la plage, depuis plusieurs années. Il y a un bar en planches, qui ne doit pas faire beaucoup d'affaires avec si peu de clients. C'est agréable de faire le tour de l'île déserte, dans la belle lumière du jour qui décline. Les enfants comme d'habitude explorent les lieux et font de belles trouvailles aquatiques. Nous quittons le mouillage avant la nuit pour rejoindre Road Bay, beaucoup moins agité pour dormir.


La plage de Sandy Island


Les trouvailles aquatiques

Départ vers Sint-Maarten
Le lendemain, c'est déjà le dernier jour pour nos visiteurs. Nous devons regagner Saint-Martin, ou plutôt Sint-Maarten, la partie hollandaise de l'île, et son aéroport. Une petite navigation tranquille en début d'après-midi nous permet d'atteindre Simpson Bay, au fond de laquelle un pont levant nous ouvre le passage à 17h30 précise vers le vaste lagon intérieur de Simpson Bay. C'est là que nous mouillons pour notre dernière soirée, et un dernier repas au restaurant. Au menu: des bons gros hamburgers, à l'américaine, pour changer un peu des langoustes!
Dimanche 14 Mars, nous nous levons tôt, chargeons les bagages dans l'annexe, et à 8 heures j'accompagne Hélène et Michel à terre pour qu'ils prennent un taxi. Brefs adieux, encore une semaine trop courte, enfin, on se reverra dans cinq mois ...

Après le départ du taxi, je me retrouve bien seul, c'est dimanche, tout est fermé ou presque, l'ambiance est morose. Je retourne au bateau, où nous avons encore de la visite: un petit lézard (que l'on appelle un anolis aux Antilles) s'est invité chez nous, il loge de préférence dans l'étui du baladeur, et se promène à son aise sur les hauteurs du carré. Nous le garderons quelques jours à bord, avant de nous résoudre à le rendre à son élément naturel, au grand désespoir des enfants.

Notre passager clandestin

L'après-midi, nous nous promenons tous les quatre à pied jusqu'à l'aéroport. Nous longeons les marinas où sont entassés des yachts tous plus démesurés les uns que les autres, c'est la plus grosse concentration de richesse que nous ayons jamais vu. Il y a même le magnifique yacht de Bill Gates, "Limitless" (sans limites, n.d.t.). J'espère pour lui qu'il y a moins de bugs dans son bateau que dans ses logiciels ...
La semaine à Sint-Marteen ressemble à toutes les escales techniques: courses, lessives, bricolage dans le bateau, vidanges des moteurs, pleins de carburants, d'eau, de gaz (encore!), etc ... Nous pensions sortir le bateau de l'eau pour refaire le carénage, mais le prix élevé et la perspective d'habiter trois jours dans un chantier nous fait renoncer. Il va falloir continuer à gratter les coques sous l'eau, après tout c'est un excellent exercice.
Nous nous octroyons tout de même une journée de repos pour visiter Philipsburg, la capitale de Sint-Maarten. L'histoire raconte que les Français et les Hollandais, qui ont toujours occupé ensemble ce territoire depuis sa découverte par l'inévitable Christophe Colomb en 1493, se sont mis d'accord un jour de 1648 pour tracer une frontière. Le moyen employé fut assez original: une course à pied autour de l'île, un français partant dans un sens, et un hollandais dans l'autre. Le point de rencontre des deux coureurs relié à leur point de départ dessina la frontière. Aujourd'hui, Saint-Martin et Sint-Maarten cohabitent toujours, avec pourtant bien des différences (langues, culture, monnaie, populations, ...). La partie hollandaise que nous visitons aujourd'hui est vraiment très (trop) américanisée. Philipsburg sa capitale n'est qu'une succession de boutiques pour touristes: bijoux, alcool, électronique, souvenirs, tout est détaxé.

Les immenses paquebots (nous avons même vu le Queen Mary II, plus gros paquebot du monde, sorti des chantiers de Saint-Nazaire en 2003) déversent leur cargaison de touristes, plusieurs fois par jour, qui dépensent leurs dollars et repartent aussitôt. Nous faisons comme eux, modestement, quelques folies: une machette en bois peint pour Romain et Bastien, et un pendentif en coquillages et en pierre pour chacun de nous. On s'en sort pour 30 dollars, et on est content.

Les paquebots de Philipsburg

Le soir, nous avons la joie de retrouver nos amis Evelyne et Jean-Louis, du bateau Estel, avec qui nous avions passé de si bon moments à Madère et à Graciosa. Nous ne les avions pas revu depuis Octobre, nous fêtons ces retrouvailles sur Imagine.

Les trois jours suivants sont consacrés au ménage et au bricolage. Nous avons amarré Imagine à la marina de Simpson Bay pour avoir l'électricité et l'eau courante, de temps en temps on a des envies de luxe... Les enfants peuvent finir tranquillement une série de plus pour le CNED. Pour fêter ça, Pascale les emmène au parc animalier de Sint Maarten pendant que je fais les vidanges des moteurs et divers bricolages. Romain et Bastien sont très intéressés par les oiseaux tropicaux multicolores (toucans, perroquets, ibis) et surtout par un petit perroquet vert et jaune qui parle, imite des sons, et répète tout ce qu'il entend. Les enfants rient tellement à l'écouter que l'oiseau se met à rire aussi!


Avec le perroquet rieur


Bastien Raconte

Nos activités à Sint Maarten

Après avoir passé une bonne semaine à Anguilla avec Michel et Hélène, nous allons à Sint Maarten, côté hollandais de St Martin, dans une marina. Le deuxième jour, nous allons à Philipsburg, que nous visitons. En passant devant les magasins, je m'aperçois qu'il y a des machettes en bois peint et j'ai bien envie de m'en acheter une avec un perroquet dessus (car ma Mamie nous avait offert 15€ chacun, ce qui fait 18 dollars, pour nous acheter des souvenirs). A un moment nous allons dans un magasin où il y en avait plein mais sans perroquet. A mon avis le marchand nous mentit (vous le comprendrez plus tard) en nous disant que l'on ne trouverait pas de machette avec un un perroquet dessus. Alors je lui en achetais une avec un paysage dessus à 3$. Nous allons dans un autre magasin, et là qu'est-ce que nous voyons? 2 machettes avec des perroquets dessus qui coûtaient 5$. Alors, comme j'étais triste, Papa échangea 2$ et ma machette contre celle avec le perroquet. Nous allons dans une autre boutique car Romain voulait aussi une machette avec un perroquet mais pas la même que moi. Il s'achète la sienne. Puis nous allons au marché, et nous voyons plein de colliers ce qui nous donna envie d'en acheter un. Moi j'en choisis un avec un fil en cuir et une tortue comme pendentif, et Romain s'achète le même que moi sauf qu'il prend un dauphin en pendentif (j'ai oublié de vous dire que le dauphin et la tortue sont en pierre de lave). Papa et Maman se sont achetés un collier aussi. Après nous reprenons le bus et nous rentrons. Un autre jour, pendant que papa travaille et comme nous avons fini une série du CNED, Maman nous emmène au zoo de Sint Maarten. Là-bas c'était très joli. Il y avait des perroquets, des serpents, des iguanes, des singes, des chauve-souris, des toucans, une chouette, un crocodile, etc... A un moment, nous trouvons un perroquet dans une cage et quand nous rigolons il rigole aussi ce qui nous faisait encore plus rire. Il répétait hello et imitait le bruit du téléphone. Aussi il y avait des lapins et un qui saignait un tout petit peu. Puis nous sommes rentrés au bateau. Quelques jours plus tard, nous partons pour les Iles Vierges.


Nous quittons la marina le 20 mars, et allons mouiller à coté d'Estel, dans la partie française du lagon, près du village de Sandy Ground. Le sondeur ne peut plus nous donner la profondeur sous la coque, tellement c'est peu profond, il doit rester à peine 10 cm sous le bateau! Après un dernier complément de courses, nous passons la fin de l'après-midi sur Estel, Jean-Louis organise une séance impromptue de guitare et chants avec les enfants, un très bon moment.

Notre séjour à Saint Martin s'achève le lendemain après-midi, en passant sous le pont ouvrant de Sandy Ground à 17h30. Il faut bien viser, il n'y a que 10 mètres de large, et du courant. Des gens qui nous regardent passer depuis la berge nous crient "vous avez un super bateau!".
Merci, ça fait toujours plaisir.
Forts de ces compliments anonymes, nous mettons le cap sur les Iles Vierges, au crépuscule.


Ça passe ?

A suivre...

Les photos de St Martin - Anguilla