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De La Grande Motte à Minorque par Pascale Mardi 5 août 2003, il est 1h 40 et je viens de prendre mon premier quart de nuit, en route pour Palma de Majorque et j' en profite pour noter les événements qui se sont écoulés depuis notre départ… entre une surveillance attentive du radar pour vérifier si l' on est en route de collision avec les bateaux qui nous croisent, et les sorties dans le cockpit pour vérifier de visu, car il ne se passe pas un quart d' heure sans voir un bateau, un paquebot, ou voire même un cargo suivant les endroits et pour la première fois cette nuit les filets dérivants, et allez savoir pourquoi c' est toujours pendant mon quart que ça se passe ! De plus la nuit est noire sans lune, mais Mars nous accompagne et heureusement, il y a un ciel magnifique, et les plus belles étoiles filantes que je n' ai jamais vues. Bon, revenons à notre départ. Après avoir retardé de plusieurs jours notre départ pour cause de météo passable, le départ est finalement prévu pour le mercredi 30 juillet à 10h. La veille tout le monde s' active dans les derniers préparatifs, courses, rangement du matériel, même les enfants participent et c' est là que Romain essaie de monter dans l' annexe pour la ranger avec Pascal, glisse et tombe à l' eau. Le résultat, c' est une belle entaille au genou gauche, 5 strips posés par le docteur et 4 jours sans baignade… J' en profite pour compléter la trousse d' urgence avant le départ et la mettre bien à portée de main, ça peut servir !
Sur le soir, nous prenons un deuxième ris car le vent forcit et nous sommes au près (N.T. : vent presque de face ce qui n' est pas l' allure la plus confortable). La météo avait annoncé force 5 à 6, mer agitée, Tramontane, et bien nous avons eu tout d' abord force 6, mer agitée, vent du Sud Ouest, puis force 8 (coup de vent) mer forte avec des creux de 4 mètres, et Tramontane… Cool le départ ! Les enfants ont beaucoup dormi (plus de 15h), les parents beaucoup moins, mais tout le monde avait beaucoup de mal à se déplacer dans le bateau sans se sentir mal. Nous avons passé la nuit à somnoler avec le minuteur a portée d' oreille qui nous réveillait toutes les 15 minutes pour surveiller le radar pendant nos quarts. Les repas se sont limités a des sandwiches, bananes et pommes quand on avait un petit creux. Enfin, il a fallu attendre (y a que ça a faire) le lendemain après-midi pour que cela se calme. Voici pour les initiés la Note Technique du Capitaine qui, je
dois le dire, a bien assuré et rassuré son équipage.
Je crois que nous allons quand même continuer avec lui ...
Puis, nous jetterons l' ancre dans la baie de Fornells, à 22h de nuit mais avec une facilité qui m' inquiète un peu tant les événements des heures voire des jours précédents ont été plus compliqués que prévu. Mon sixième sens ne m'a pas trompé, car à 2h du matin je suis réveillée par un vent fort (25 nœuds) et au même instant l' alarme de mouillage se met à sonner pour prévenir que l' ancre dérape (fond d' herbes) et que nous bougeons dangereusement ; Et là c' est le branle-bas de combat, Pascal allume les moteurs pour nous stabiliser, nous remontons l' ancre car nous dérivons sur 1 bouée fixe indiquant un haut-fond, tout en évitant les autres bateaux au mouillage en éclairant avec 1 lampe torche très puissante mais de durée de vie courte qui nous lâchera au milieu de la nuit noire (batterie à recharger régulièrement). Puis nous essayons de trouver un nouvel endroit de mouillage et au bout d' un moment qui semble très long, nous tombons miraculeusement sur un corps mort qui le lendemain se révélera être le seul disponible, et nous nous activons à nous y amarrer (N.T. : Pour ceux qui lisent trop d'Agatha Christie, un corps mort est une bouée flottante munie d' un crochet pour y passer ses amarres, cette bouée étant elle-même attachée au fond par une chaîne généralement sur un bloc de béton). Bon, je vous expose le topo, il est 3h du mat, nous sommes en petite tenue, chaussures bateau, équipés chacun d' une lampe frontale, le feu de pont est allumé, Pascal est aux commandes pour maintenir le bateau au niveau de la bouée pendant qu 'à genoux sur le bord du trampoline, je suis penchée sur l' eau avec la gaffe et l' amarre munie d' un crochet que je tiens ouvert et que je dois refermer sur le crochet de la bouée quand elle arrivera à ma hauteur entre les 2 coques. Et bien, on y est arrivé!!! mais il faudra encore plus d' une heure pour y passer une autre amarre, pour consolider le mouillage, afin que le catamaran puisse tourner autour sans forcer, en fonction du vent. Il est alors 4h30 du matin et nous pouvons enfin dormir d' un sommeil de plomb… Il me faudra bien la journée suivante pour m' en remettre. D' ailleurs pas question de changer de mouillage pour la nuit suivante.
Samedi 2 août au matin, nous partons pour un autre mouillage : la Cala San Saura au sud de Minorque. Nous avons navigué 4 heures environ, pendant lesquelles nous avons traîné notre canne à pêche - pour ceux qui ne savent encore pas, nous n' avons jamais attrapé de poisson malgré tous les appâts et méthodes diverses essayées - Le thon nous l' avons toujours mangé en boite !
Quand Romain dit que Bastien gémissait, c' est un euphémisme,
il hurlait ! Les personnes qui le connaissent, savent de quoi je parle
! Sitôt arrivés sur le bateau, nous avons désinfecté
et fait une tartine de diprosone dans le bas du dos, ça gonflait
à vue d'œil genre brûlure ; Puis nous avons appelé
le CCMM de l' hôpital Purpan - Centre de Consultation Médicale
Maritime - à Toulouse à partir de notre téléphone
satellite. On peut vous dire que ça marche, ils ont confirmé
que nous avions bien agi puis nous ont donné d' autres conseils
pour la suite. Une demi heure après Bastien riait en apprenant
que l' hôpital avait dit de lui mettre de la farine ou de la crème
à raser pour enlever les éventuels restes de la méduse.
Le lendemain il avait une vingtaine de petits impacts de brûlures…
et le retour dans l' eau a été difficile. Les photos du départ et de Minorque
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